Coopétition : Différence entre versions

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''Coopération, compétition, coopétition, fourche, bien commun.''
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''Coopération, compétition, coopétition, fourche, bien commun, commerce équitable.''
 
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Version du 4 avril 2013 à 23:38

Coopération, compétition, coopétition, fourche, bien commun, commerce équitable.


La notion de « coopétition » (mot-valise issu de « coopération » et « compétition ») désigne un mode de travail coopératif entre des acteurs qui sont en compétition sur d'autres aspects (visibilité, reconnaissance ou plan économique). L'objet est alors d'éviter une compétition délétère qui se déploierait au détriment du public ou des clients. La coopétition s'observe ainsi entre entreprises concurrentes qui partagent et mutualisent des investissements ou d’autres ressources, souvent pour réaliser des économies d’échelle.

Cette logique est à l'œuvre dans la licence Creative Commons portée par une organisation à but non lucratif, qui a pour mission de faciliter la diffusion et le partage des œuvres, tout en accompagnant les nouvelles pratiques de création à l’ère numérique, notamment la création collaborative.

La coopétition est un symbole magistral des changements de société induits par internet. Pour bien saisir cette notion, il faut comprendre la différence qui existe entre les individus qui coopèrent et ceux qui sont en concurrence. Auparavant régnait la culture du secret : il n'était pas question d'informer ses concurrents de ses intentions et de ses activités. Le secret de fabrication n'était pas un vain mot.

Aujourd'hui en revanche, plus on publie sur le web ses manières de faire, ses critères-qualité, et plus on transmet aux autres, plus on rentre dans une dynamique de commerce équitable. Si la coopétition n'est pas encore largement enseignée dans les milieux académiques, elle fait déjà l'objet d'études approfondies dans le monde de la recherche et de l'entreprenariat et elle est déjà pratiquée de façon informelle. La coopétition est une manière d'être proche de la culture du don : son principe moteur se résume au fait que donner un peu permet aussi de recevoir beaucoup.

La possibilité de fourcher

Dans de tels systèmes, le leader va être reconnu non seulement en tant que pionnier, mais aussi en tant que formateur. La coopétition s'applique fréquemment dans le monde du logiciel libre. À partir d'un logiciel existant – comme LibreOffice.org ou GNU/Linux – tout un chacun est à même de proposer une alternative qui en dérive. Si toutefois, les leaders actuels n'acceptent pas son alternative, le dissident peut tout simplement dire : « Je fourche ! ».

Le principe de la fourche[1] intervient lorsque l'utilisateur d'un logiciel propose des alternatives stimulantes ou des améliorations dans le développement de son architecture. C'est là une différence par rapport à l'architecture matérielle d'un bâtiment qui ne permet pas de dire : « Je copie cette maison en 5 minutes, je la pose 100 mètres plus loin et, à la place des fenêtres carrées, je vais créer des fenêtres rondes ». Dans le monde du logiciel, et du cinéma d'animation pour donner deux exemples, une telle procédure est possible car la copie se fait à un coût dérisoire, et en quelques clics.

Appliquée au monde de la culture Libre, la coopétition est porteuse d'un immense espoir : dans la culture numérique où tout tend vers le partage d'informations et vers les quatre libertés fondamentales du logiciel libre, la qualité et la reconnaissance du mérite réel sont souvent au bout du chemin. Un mérite qui se fonde sur la transparence, dans un contexte où chacun a la possibilité de fourcher et de proposer une alternative stimulante. Ainsi, intervenir sur l'architecture d'un logiciel revient à annoncer : « Je vais prendre le code qui est sous licence libre, mentionner tous les auteurs qui ont contribué jusqu'à présent et mentionner ce qu'ils ont fait. Mais à partir de maintenant, le projet aura un nouveau nom et un nouveau leader. Et qui m'aime me suive... »

La fourche peut aussi s'appliquer à des œuvres non-logicielles, comme justement, les modes d'emploi, recettes, etc. On parle alors plutôt de déclinaison, d'adaptation. Les licences libres en tant que telles sont des modes d'emploi, et les communautés d'utilisateurs de licences libres participent régulièrement à leur mise à jour, leur adaptation et leur déclinaison. Par exemple en 2012, la licence CC-BY-SA en est à la version 3. Elle est utilisée pour des milliards d’œuvres, que ce soit par les contributeurs de Wikipedia, les pédagogues qui ont compris et apprécié les enjeux du libre pour la formation, les artistes et créateurs de recettes qui publient leurs photos, musiques ou vidéos sous licence CC-BY-SA.

Concurrence non-violente

À ce stade survient la troisième étape : à terme, la coopétition n'est possible que dans un milieu (écosystème) où sont mises en œuvre des alternatives qui fortifient la diversité, voire la saine concurrence. Dans un tel cas, la concurrence devient non-violente : on informe et l'on rend le principe de coopération réciproque.

C'est-à-dire que[2] :

  • je coopère ;
  • si l'autre ne coopère pas, j'agis avec réciprocité (et je fourche) :
  • j'offre le pardon. Très concrètement : la fourche n'est pas nécessairement définitive. Il peut y avoir un projet qui se scinde en deux mais les deux projets pourront fusionner si les divergences de point de vue s'estompent. Cela s'est vu pour le logiciel GCC du projet GNU[3].

La fusion ultérieure n'est pas toujours l'issue. Les projets vivent alors des vies indépendantes, au risque de scinder, souvent, la communauté qui y participe.

Notes et références

  1. Fourcher : to fork en anglais
  2. Page Wikipédia sur la stratégie Coopération-Réciprocité-Pardon[1]
  3. Cf.: L'histoire du projet GNU