Introduction aux enjeux du libre : Différence entre versions

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("copier-coller de la version 1.1 mai 2016 de l'ODT CDN")
 
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''cyberespace, pirate, propriété intellectuelle, propriétés du numérique, multinationales, société de l'information, exclusivité, libre accès, liberté''.
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'''Notions-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/cyberespace cyberespace],  [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/cybercitoyennet%C3%A9 cybercitoyenneté], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/pirate pirate],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22propri%C3%A9t%C3%A9+intellectuelle%22 propriété intellectuelle],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_d%27auteur droit d'auteur],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22propri%C3%A9t%C3%A9s+du+num%C3%A9rique%22 propriétés du numérique],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/multinationales multinationales],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22soci%C3%A9t%C3%A9+de+l%27information%22 société de l'information],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/exclusivit%C3%A9 exclusivité],  
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22libre+acc%C3%A8s%22 libre accès],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/brevet brevet],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/licence%20libre licence libre],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/copyleft copyleft],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/culture%20libre culture libre], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/open%20source open source], 
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[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22choix+politique%22 choix politique]''.
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'''Profils-clés :''' [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Google Google], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Facebook Facebook], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Microsoft Microsoft], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Apple Apple], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Homo%20Numericus Homo Numericus].
 
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Depuis le début des années 1990, nous nous trouvons en pleine guerre froide du numérique. Même si les confrontations restent courtoises dans les salles feutrées des conférences internationales, le sujet est très chaud. C'est bel et bien d’une transition majeure à l’échelle de l’humanité dont il s’agit ! ''Homo numericus'', tel un gros poussin de plus en plus à l’étroit dans sa coquille, s’apprête à éclore et à bouleverser notre environnement, et pas seulement devant nos écrans.
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Depuis le début des années 1990, nous nous trouvons en pleine guerre froide du numérique. Même si les confrontations restent courtoises dans les salles feutrées des conférences internationales, le sujet est plutôt chaud. C'est bel et bien d’une transition majeure à l’échelle de l’humanité dont il s’agit ! ''Homo Numericus'', tel un gros poussin de plus en plus à l’étroit dans sa coquille, s’apprête à éclore et à bouleverser notre environnement, et pas seulement celui de nos écrans.
 
 
Situation inédite à l’échelle de l’humanité, quelques PDG, choisis par la main invisible du marché mondialisé, contrôlent des systèmes qui permettent à des milliards d’humains de communiquer gratuitement entre eux. En 2013, ces outils sont notamment ceux de Google, Facebook, Microsoft ou Apple. Nos journées dépendent en partie d’eux. “Eux”, les outils autant que les PDG qui les pilotent. Nous n’avons jamais eu autant de possibilités offertes pour communiquer entre nous, partager des informations et faire des choix. Mais les limites deviennent plus confuses entre gratuité et liberté de choix, entre concurrence et coopération, entre intérêts commerciaux et intérêt général.
 
 
 
Le cyberespace est un champ de batailles sanglantes, avec action et suspense. Pour l’instant, les multinationales de l'information occupent le devant de la scène. Pourtant, à l'ombre des projecteurs, d'autres acteurs jouent un rôle crucial. Multi-milliardaires plus ou moins philanthropes, informaticiens interconnectés aux quatre coins du globe, artistes libérant leurs œuvres, cybercitoyens et pirates. Ce jeu, où la réalité dépasse largement la fiction, a aussi ses héros. Ils sont un puissant moteur d'innovation de notre société. Ils ont déjà modifié en profondeur notre manière de voir le monde... sans passer par la télévision.
 
 
 
Les enjeux sont colossaux : financiers, politiques, sociaux, et même écologiques... Si un scénario semble se dessiner en faveur d’une certaine évolution, les dés ne sont pas encore jetés.  
 
  
La grande clé de lecture, le cœur de l’enjeu, c’est la manière dont les créateurs utilisent les droits de paternité sur leurs productions. On a entendu parler des principes de droits d'auteurs, de brevet, de licence. Si nul n’est censé ignorer la Loi, rares sont ceux qui se sentent à l’aise avec ces enjeux de propriété intellectuelle, d’accès pour tous... Mais tant que ces sujets nous sont étrangers, il est impossible de comprendre la guerre qui fait rage pour contrôler l’innovation.
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Situation inédite à l’échelle de l’humanité, une poignée de multinationales contrôlent la majorité des systèmes d’information permettant à des milliards d’humains de communiquer gratuitement entre eux. Dans les premières décennies des années 2000, ces systèmes sont notamment ceux de Google, Facebook, Microsoft ou Apple. Nos journées dépendent en partie d’eux. Eux, les systèmes, autant que les multinationales qui les contrôlent.
  
Contrôler l’innovation ? Eh oui. L’Histoire est remplie d’anecdotes démontrant que les visionnaires avaient souvent une intention initiale très pure. Ils souhaitaient mettre leurs découvertes à disposition de tous, en libre accès, comme c’est le cas avec internet. Ils se sont souvent fait spolier leurs idées, ont parfois finis pauvres et méconnus. Parallèlement, d’autres paradaient après s’être approprié l’exclusivité de leurs idées.  
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Intéressant : nous n’avons jamais eu autant de possibilités offertes pour communiquer entre nous, partager des informations et faire des choix. Risqué : les limites deviennent plus confuses entre intérêt public et intérêts privés. Exemple phare : tous ces sites gratuits dans lesquels la liberté de choix est réduite, et dans lesquels nous acceptons que nos données soient revendues et que nos informations privées soient transformées en marchandises.
  
Aujourd’hui, de nouveaux leviers d’innovation existent. On les surnomme copyleft, culture libre, open source, autant de concepts qui mettent à l’honneur la notion de biens communs à l’ère du numérique. Leurs symboles sont le gnou (une antilope d’Afrique) et le pingouin. Ils apportent un nouveau regard sur la manière d’innover et de créer de la valeur. Mais cela implique des remises en question collectives profondes...  
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Oui, le cyberespace est un champ de bataille sanglant, avec action et suspense. Pour l’instant, les multinationales de l'information occupent le devant de la scène. Pourtant, à l'ombre des projecteurs, d'autres acteurs jouent un rôle crucial. Multimilliardaires plus ou moins philanthropes, informaticiens interconnectés aux quatre coins du globe, artistes libérant leurs œuvres et cybercitoyens. Ce jeu, où la réalité dépasse largement la fiction, a aussi ses héros. Ils sont moteurs d'innovations pour notre société. Ils ont déjà modifié en profondeur notre manière de voir le monde... sans passer par la télévision.  
  
Un bovidé tropical et un oiseau des mers froides, appuyés par une armée de souris, peuvent-ils bouleverser l'économie mondiale, les rapports sociaux et la politique ? Étrange question n'est-ce pas ? Et pourtant, ils occupent déjà une bonne partie du cyberespace, appuyés par des tribus de plus en plus nombreuses, pour qui le ''copyleft'' est une évidence, un nouveau bazar dans lequel ils peuvent s’épanouir de manière constructive et durablement. Vous allez découvrir ces acteurs d’internet qui apportent d’autres repères, décrivent de nouveaux risques et opportunités, proposent des critères d'analyse atypiques.
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Les enjeux des systèmes d’information sont colossaux : financiers, politiques, sociaux et même écologiques... La grande clé de lecture, le cœur de l’enjeu, c’est la manière dont les créateurs utilisent les droits de paternité sur leurs productions. On a entendu parler des principes de droits d'auteurs, de brevet, de licence. Si nul n’est censé ignorer la loi, rares sont ceux qui se sentent à l’aise avec les enjeux des droits d'auteurs, d’accès pour tous, etc. Mais tant que ces sujets nous sont étrangers, il est impossible de comprendre la guerre qui fait rage pour contrôler l’innovation.
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Contrôler l’innovation ? Eh oui. L’histoire est remplie d’anecdotes démontrant que les visionnaires avaient souvent une intention initiale très pure. Ils souhaitaient mettre leurs découvertes à disposition de tous, en libre accès, comme c’est le cas avec internet. Ils se sont souvent fait spolier leurs idées, ont parfois fini pauvres et méconnus. Parallèlement, d’autres paradaient après s’être appropriés l’exclusivité de leurs idées.  
  
La question n'est plus seulement de savoir s'il est bien ou mal de pirater un logiciel ou de la musique ; il s'agit désormais de s'interroger sur l'aspect irrépressible de ces pratiques de partage, et leur viabilité tant économique que socio-politique.  
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Aujourd’hui, de nouveaux leviers d’innovation existent. On les surnomme ''copyleft, culture libre, open source ''; autant de concepts qui mettent à l’honneur la notion de « bien commun » à l’ère du numérique. Leurs symboles (ou mascottes) sont le gnou (une antilope d’Afrique) et le pingouin. Ils apportent un nouveau regard sur la manière d’innover et de créer de la valeur. Mais cela implique des remises en question collectives profondes.
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Un bovidé tropical et un oiseau des mers froides, appuyés par une armée de souris, peuvent-ils bouleverser l'économie mondiale, les rapports sociaux et la politique ? Étrange question, n'est-ce pas ? Et pourtant, ils occupent déjà une bonne partie du cyberespace, soutenus par des tribus de plus en plus nombreuses, pour qui le ''copyleft'' est une évidence, un nouveau bazar dans lequel ils peuvent s’épanouir de manière constructive et durablement. Vous allez découvrir ces acteurs d’internet qui apportent d’autres repères, décrivent de nouveaux risques et opportunités et proposent des critères d'analyse atypiques.
  
Et au fond, n'est-ce pas plutôt le numérique qui, par nature, encourage cette évolution, jusqu'à modifier en profondeur la notion de propriété intellectuelle ?
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La question n'est plus seulement de savoir s'il est bien ou mal de partager un logiciel ou de la musique ; il s'agit désormais de s'interroger sur l'aspect irrépressible de ces pratiques de partage, et leur viabilité tant économique que sociopolitique. Et au fond, n'est-ce pas plutôt le numérique qui, par nature, encourage cette évolution, jusqu'à modifier en profondeur la notion d'appropriation des créations de l'esprit ?  
  
C'est à cette question cruciale que nous tentons de répondre ici.
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C'est à cette question épineuse que nous tentons de répondre ici.

Version actuelle datée du 22 juillet 2016 à 10:36

Notions-clés : cyberespace, cybercitoyenneté, pirate, propriété intellectuelle,droit d'auteur, propriétés du numérique, multinationales, société de l'information, exclusivité, libre accès,brevet,licence libre,copyleft,culture libre, open source, choix politique.

Profils-clés : Google, Facebook, Microsoft, Apple, Homo Numericus.


Depuis le début des années 1990, nous nous trouvons en pleine guerre froide du numérique. Même si les confrontations restent courtoises dans les salles feutrées des conférences internationales, le sujet est plutôt chaud. C'est bel et bien d’une transition majeure à l’échelle de l’humanité dont il s’agit ! Homo Numericus, tel un gros poussin de plus en plus à l’étroit dans sa coquille, s’apprête à éclore et à bouleverser notre environnement, et pas seulement celui de nos écrans.

Situation inédite à l’échelle de l’humanité, une poignée de multinationales contrôlent la majorité des systèmes d’information permettant à des milliards d’humains de communiquer gratuitement entre eux. Dans les premières décennies des années 2000, ces systèmes sont notamment ceux de Google, Facebook, Microsoft ou Apple. Nos journées dépendent en partie d’eux. Eux, les systèmes, autant que les multinationales qui les contrôlent.

Intéressant : nous n’avons jamais eu autant de possibilités offertes pour communiquer entre nous, partager des informations et faire des choix. Risqué : les limites deviennent plus confuses entre intérêt public et intérêts privés. Exemple phare : tous ces sites gratuits dans lesquels la liberté de choix est réduite, et dans lesquels nous acceptons que nos données soient revendues et que nos informations privées soient transformées en marchandises.

Oui, le cyberespace est un champ de bataille sanglant, avec action et suspense. Pour l’instant, les multinationales de l'information occupent le devant de la scène. Pourtant, à l'ombre des projecteurs, d'autres acteurs jouent un rôle crucial. Multimilliardaires plus ou moins philanthropes, informaticiens interconnectés aux quatre coins du globe, artistes libérant leurs œuvres et cybercitoyens. Ce jeu, où la réalité dépasse largement la fiction, a aussi ses héros. Ils sont moteurs d'innovations pour notre société. Ils ont déjà modifié en profondeur notre manière de voir le monde... sans passer par la télévision.

Les enjeux des systèmes d’information sont colossaux : financiers, politiques, sociaux et même écologiques... La grande clé de lecture, le cœur de l’enjeu, c’est la manière dont les créateurs utilisent les droits de paternité sur leurs productions. On a entendu parler des principes de droits d'auteurs, de brevet, de licence. Si nul n’est censé ignorer la loi, rares sont ceux qui se sentent à l’aise avec les enjeux des droits d'auteurs, d’accès pour tous, etc. Mais tant que ces sujets nous sont étrangers, il est impossible de comprendre la guerre qui fait rage pour contrôler l’innovation.

Contrôler l’innovation ? Eh oui. L’histoire est remplie d’anecdotes démontrant que les visionnaires avaient souvent une intention initiale très pure. Ils souhaitaient mettre leurs découvertes à disposition de tous, en libre accès, comme c’est le cas avec internet. Ils se sont souvent fait spolier leurs idées, ont parfois fini pauvres et méconnus. Parallèlement, d’autres paradaient après s’être appropriés l’exclusivité de leurs idées.

Aujourd’hui, de nouveaux leviers d’innovation existent. On les surnomme copyleft, culture libre, open source ; autant de concepts qui mettent à l’honneur la notion de « bien commun » à l’ère du numérique. Leurs symboles (ou mascottes) sont le gnou (une antilope d’Afrique) et le pingouin. Ils apportent un nouveau regard sur la manière d’innover et de créer de la valeur. Mais cela implique des remises en question collectives profondes. Un bovidé tropical et un oiseau des mers froides, appuyés par une armée de souris, peuvent-ils bouleverser l'économie mondiale, les rapports sociaux et la politique ? Étrange question, n'est-ce pas ? Et pourtant, ils occupent déjà une bonne partie du cyberespace, soutenus par des tribus de plus en plus nombreuses, pour qui le copyleft est une évidence, un nouveau bazar dans lequel ils peuvent s’épanouir de manière constructive et durablement. Vous allez découvrir ces acteurs d’internet qui apportent d’autres repères, décrivent de nouveaux risques et opportunités et proposent des critères d'analyse atypiques.

La question n'est plus seulement de savoir s'il est bien ou mal de partager un logiciel ou de la musique ; il s'agit désormais de s'interroger sur l'aspect irrépressible de ces pratiques de partage, et leur viabilité tant économique que sociopolitique. Et au fond, n'est-ce pas plutôt le numérique qui, par nature, encourage cette évolution, jusqu'à modifier en profondeur la notion d'appropriation des créations de l'esprit ?

C'est à cette question épineuse que nous tentons de répondre ici.