L'identité numérique

De Wiki livre Netizenship

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Question : Je mets mon profil Web régulièrement à jour, je sélectionne avec attention les communautés virtuelles auxquelles je participe, je vérifie les traces numériques que je laisse, je veille à ne pas diffuser d'informations privées sur le Web. Qui suis-je ?

  1. Un geek passionné par tout ce qui est lié à l'informatique ;
  2. Un internaute maître de son identité numérique ;
  3. Un parano de l'informatique ;
  4. Un digital natif pour qui le Web coule de source.

La bonne réponse est la proposition n°2.

Prenez un moteur de recherche, saisissez votre prénom et votre nom (ex. Jean Dubuc). Regardez le résultat : vous y verrez une série de traces numériques d'une personne, sans doute les vôtres, mélangées à des traces d'autres personnes avec le même prénom ou nom de famille. D'autres éléments existent, qui ne sont pas nécessairement disponibles via un moteur de recherche. Notamment les photos que vous avez pu déposer sur un espace sécurisé ou simplement sur le disque dur de votre ordinateur personnel ou encore les informations qui se promènent dans les bases de données de votre pays de résidence, de vos assurances, etc.

L'ensemble des informations publiques qui vous concernent, c'est votre identité numérique, au même titre que l'ensemble des informations relatives à une organisation ou un groupe. Mais finalement, en quoi cela peut-il nous être important ? Sommes-nous malades de l'ego au point de vouloir absolument tout contrôler de notre réputation et de savoir tout ce qui se dit de nous, sur le Web ou ailleurs ? Non. Les enjeux sont plus subtils, plus profonds et, finalement, plus sains. Il s'agit de choisir si l' « on veut que son identité soit définie par d'autres ou par soi-même ».

Lorsque la première page du résultat d'un moteur de recherche est un profil nourri d'éléments que vous maîtrisez, vous aurez simplement permis à ceux qui souhaitent en savoir plus sur votre identité d'être aiguillés vers quelque chose que vous cautionnez. Cette démarche est la même que celle que vous adoptez lorsque vous rencontrez les gens en face à face. Un profil Web, c'est l'équivalent d'une page officielle, d'un choix volontaire de se profiler plutôt que de se laisser profiler par d'autres. Fichez-vous, avec tact et conscience, plutôt que de vous laisser ficher !

Dans l'identité numérique, on distingue trois parties :

  1. L'ePortfolio, qui devrait avoir une place centrale. La majorité des internautes gèrent parfois un ePortfolio sans le formuler ainsi : ils créent une page Facebook, un compte LinkedIn ou Viadeo, publient leur CV sur un site perso, créent un blog et un espace photo. En réunissant toutes ces informations sur une personne, on voit son passé, son présent, comment le contacter, ses réseaux, ses sources d'informations et ses activités. C'est justement ça, un ePortfolio !
  2. Les données privées, par exemple votre numéro de carte bancaire, vos lettres rédigées et sauvegardées sur votre ordinateur personnel, votre fichier d'adresse, etc.
  3. Les données non-maîtrisées, qui constituent aussi votre réputation, c'est-à-dire tout ce que les autres laissent comme trace à votre sujet, et que l'on ne peut pas maîtriser (par exemple la trace de votre participation à un événement).


La privatisation de la société ?

La mise à nu obligée est lourde de dérives, on l’a compris. Mais cette menace en cache d’autres, probablement plus graves encore. Parmi elles, le passage du GGG en mains privées. GGG, ou Global Giant Graph3, tel que l’a baptisé (!!!) le découvreur du Web lui-même, Tim Berners-Lee, représente une nouvelle étape dans le développement

Se profiler

Pour devenir un « netizen », un citoyen du Net, première étape logique : partager avec la communauté des internautes certaines informations sur vous. Se profiler, c'est donc réaliser des sortes de fiches. Les fiches sont généralement utiles si vous les produisez spontanément, sans vous inscrire dans un cadre fixé par un gouvernement ou par une entreprise de services. Vous devez garder le contrôle entier et inconditionnel de votre profil. C'est le cas dans les médias participatifs. Personne ne doit pouvoir modifier ou manipuler votre profil sans connaître votre mot de passe. C'est le cas sur les communautés virtuelles (CoVi) animées par la fondation Ynternet.org et dans d'autres réseaux citoyens. Vous créez un compte dans une CoVi. Puis vous présentez des preuves de vos contributions à la société. Pour cela vous réalisez un édito et des articles, avec textes et images modifiables à tout moment. Il s'agit de répondre à la question : qui êtes-vous ? Vous le faites progressivement, sur des années, et à votre manière : poésie, histoires, faits, rapports, conseils… Vous distinguez profil public et profil privé.

Tout d'abord, trois items-clés :

  1. Cadre social : quel est votre foyer, votre origine, votre éducation, votre réseau social (amis, collègues, connaissances, etc.) ?
  2. Légende : votre raison d'être sur la planète, votre engagement volontaire, choisi librement, pour rendre la Vie autour de vous plus agréable, pour être un peu plus en harmonie avec votre environnement ?
  3. Projets (les projets rendent heureux[1]) : quels sont vos ambitions, vos passions, vos espoirs ?
    Ensuite vos références essentielles. Ce sont des documents attachés et des liens qui vous permettent de présenter vos références essentielles du moment :
  • Quel genre de musique écoutez-vous, quels livres lisez-vous, qu'avez-vous vécu de marquant ?
  • Quels sont vos pôles d'intérêts dans la vie ?
  • Quels sont vos forces et vos faiblesses ?
  • Quel est votre souvenir le plus agréable ?
  • Quel est souvenir le plus pénible ?
  • Qu'est-ce qui vous énerve le plus ?
  • Qu'est-ce qui vous enthousiasme le plus ?
  • Qu'est-ce que vous proposez aux internautes qui visiteront votre profil sur le Web ?
  • Qu'est-ce qui vous représente le mieux ?


Les limites de la réputation : calomnie et diffamation

Dans tout pays démocratique, chacun est légalement en droit d'exprimer une opinion sur une autre personne, pour autant que cette opinion ne soit pas calomnieuse, ni diffamatoire. La limite est déterminée par la loi et précisée par la jurisprudence, mais il est parfois difficile de déterminer la limite entre liberté d'expression et discrimination. En cas de doute, n'hésitez donc pas à demander conseil.

Exemples : « Je trouve que cette entreprise ou cette personne n'est pas correcte » est une opinion, même si elle n'est pas étayée, il ne s'agit pas de diffamation. En revanche, « cette personne fréquente un club de mafieux qui n'hésite pas à enfreindre la loi » peut être considéré comme de la diffamation ou de la calomnie s'il n'existe aucune preuve légale de cette assertion. Il est toutefois acceptable de dire que « Vito Corleone est un célèbre mafieux » (puisqu'il a été condamné plusieurs fois sur la base de ce chef d'accusation).


ePortfolio, kesako ? La partie maîtrisée de l'identité numérique

Dès l'apparition du Web, les pionniers ont adopté le principe « tout d'abord, je me présente », qui a directement inspiré, sur les blogs, la page « à propos de l'auteur ». On l'appelle maintenant ePortfolio. Ce qui compte, ce n'est pas son effet sur le Web, comme s'il s'agissait d'une carte de visite virtuelle, mais la réflexion que l'ePortfolio amorce, la démarche qu'il inspire durant sa réalisation et sa mise à jour permanente.

Cela pousse à se demander : « Qui suis-je ?  Quels sont mes projets ? Comment les présenter, les archiver, les mettre à jour ? Quelles informations partager ? Quelles limites fixer entre domaine public et monde privé ? » C'est aussi le meilleur moyen d'évaluer le degré d'eCulture générale d'une personne, en cherchant sur le Web les traces de tout ce qu'elle a publié volontairement et involontairement, consciemment et inconsciemment.


Une inspiration : la recette du corps humain de Bernard Werber

Nous, humains, sommes tous très proches, nous savons au fond qui nous sommes.

Tout est inscrit dans le moindre fragment de vous. Il est même possible d'y percevoir les traces de vos ancêtres. Dire qu'il a fallu des milliers de gens qui ne meurent pas trop jeunes, qui s'apprivoisent et s'accouplent pour arriver à votre naissance.

Aujourd'hui, j'ai l'impression de vous voir en face de moi. Non, ne souriez pas, restez naturel. Regardez profondément en vous. Vous êtes beaucoup plus que vous ne le croyez.

Vous n'êtes pas seulement un nom et un prénom et une histoire sociale.

Vous êtes : 71 % d'eau claire, 18 % de carbone, 4 % d'azote, 2 % de calcium, 2 % de phosphore, 1 % de potassium, 0,5 % de soufre, 0,5 % de sodium, 0,4 % de chlore. Plus une belle cuillère à soupe d'oligoéléments divers : magnésium, zinc, manganèse, cuivre, iode, nickel, bromure, fluor ou encore silicium. Et une pincée de cobalt aluminium, molybdène, plomb, étain, titane ou encore bore.

Voilà la recette de votre existence.

Tous ces matériaux proviennent de la combustion des étoiles. Et ils sont répartis ailleurs que dans votre corps. Votre eau est similaire à celle du plus anodin des océans, votre phosphore vous rend solidaire des allumettes et votre chlore est semblable à celui qui sert à désinfecter les piscines. Mais vous n'êtes pas que ça.

Vous êtes une cathédrale chimique, un jeu de construction faramineux avec des dosages, des équilibres et des mécanismes d'une complexité à peine concevable. Car vos molécules sont elles-mêmes formées d'atomes, de particules, de quarks et de vide, le tout lié par des forces électromagnétiques, gravitationnelles et électroniques d'une subtilité qui vous dépasse. D'une subtilité qui vous dépasse ? Pas sûr. Si vous avez réussi à trouver ce document, c'est que vous êtes malin et que vous connaissez déjà beaucoup de choses du monde. Qu'avez-vous fait de ce savoir ? Peut-être une révolution ? Peut-être une évolution ? Peut-être rien.

Maintenant, installez-vous un peu mieux pour lire. Tenez votre dos droit, respirez plus amplement. Décontractez votre bouche. Inspirez-vous de l'énergie universelle. Tout cela, tout ce qui vous entoure dans le temps et dans l'espace ne sert pas à rien. Vous ne servez pas à rien. Votre vie éphémère a un sens, elle ne mène pas nulle part.

Tout a un sens. Ce n'est pas un hasard si vous êtes là en train de lire.

Respirez amplement, détendez vos muscles, ne pensez plus à rien d'autre qu'à l'univers dans lequel vous n'êtes qu'une infime poussière. Imaginez le temps en accéléré.

Pfout, vous naissez, éjecté de votre mère comme un vulgaire noyau de cerise. Tchac, tchac, vous vous empiffrez de milliers de plats multicolores transformant ainsi quelques tonnes de végétaux et d'animaux en excréments.

Pif, vous êtes mort.

Qu'avez-vous fait de votre vie ? Pas assez ?

Faites quelque chose, n'importe quoi, de tout petit même, mais bon sang, faites quelque chose de votre vie avant de mourir. Vous n'êtes pas né pour rien.

Trouvez pourquoi vous êtes né. Quelle est votre minuscule mission ?

Vous n'êtes pas né par hasard.


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Notes et références