Le contrat social de Debian : Différence entre versions

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'''''Notions-clés:''''' [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Debian ''Debian''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/m%C3%A9ritocratie ''méritocratie''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/comp%C3%A9tences ''hiérarchie de compétences''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22%C3%A9galit%C3%A9+des+chances%22 ''égalité des chances''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernance ''gouvernance''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/contribution ''contribution''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/transparence ''transparence''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/communaut%C3%A9 ''communauté''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22bien+commun%22 ''bien commun''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22logiciel+libre%22 ''logiciel libre''],[http://www.linguee.fr/francais-anglais/traduction/reconnaissance+par+les+pairs.html ''reconnaissance par les pairs''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/m%C3%A9ritocratie ''méritocratie''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22mod%C3%A8le+%C3%A9conomique%22 ''modèle économique''].
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'''''Profils-clés''''' :[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Debian ''Debian''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/GNU_LINUX ''GNU/Linux''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Ian_Murdock ''Murdock Ian''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/ubuntu ''Ubuntu''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Wikipedia ''Wikipedia''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Principes_du_logiciel_libre_selon_Debian ''Debian Free Software Guidelines(DFSG)''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/FSF ''Free Software Foundation (FSF)''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Source_Initiative  ''Open Source Initiative (OSI)''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Rousseau ''Rousseau Jean-Jacques''].
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== Un géant méconnu ==
 
== Un géant méconnu ==
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Début des années 1990, Ian Murdock, un étudiant en informatique aux USA, découvre le système d'exploitation GNU/Linux.<ref> Site officiel de Debian : [http://www.debian.org www.debian.org]</ref> Comme beaucoup d'autres informaticiens sensibles au partage du savoir, il commence à y ajouter des fonctions logicielles de manière à constituer autour du noyau GNU/Linux des fonctions complémentaires, comme on assemble diverses pièces de Lego sur un socle commun. On nomme ces assemblages « des distributions ».
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''Deborah'', la femme de ''Ian'' le soutient. Très vite, leur coopération avec d'autres développeurs de logiciels libres permet l'émergence de la distribution ''Debian''.
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Depuis, Debian est devenue la base de nombreuses autres distributions plus complexes encore, dont la plus utilisée est Ubuntu. Debian est actuellement la distribution Linux la plus populaire sur les serveurs web, il est aussi le système d'exploitation qui enregistre la plus grande croissance dans son utilisation sur les serveurs web. À sa manière, Debian est donc non seulement un projet durable, mais aussi et surtout un projet leader dans le domaine des serveurs informatiques.
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Bien que très intéressant, ce succès socio-économique est rarement mis en valeur par les médias traditionnels. On connaît Microsoft, Google, Facebook, mais rarement les logiciels libres et encore moins Debian. Par son très haut degré d'innovation organisationnelle, le fonctionnement de Debian fait par contre l'objet de nombreuses recherches universitaires en économie, sociologie, anthropologie des organisations...
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Comme Wikipédia, le projet Debian doit son succès à son mode de fonctionnement social ; car au-delà d'un regroupement de programmeurs passionnés par la création logicielle, la ''communauté Debian'' s'est dotée d'une organisation très efficace ressemblant beaucoup à une démocratie.
  
Au début des années 1990, '''Deb'''orah et '''Ian''' Mac Culloch, un couple de développeurs informatique, avaient découvert le système d'exploitation GNU/Linux. Comme beaucoup d'autres informaticiens sensible au partage du savoir, ils avaient commencé à y rajouter des centaines de fonctions logicielles renforçant l'utilité du système. C'est ainsi qu'on développe une ''distribution Gnu/Linux'', en rajoutant des briques comme des pièces de légo, pour la construction d'un château. Très vite, leur manière de coopérer avec d'autres développeurs a permis l'émergence de la distribution ''Debian''. Elle est la base pour de nombreuses autres distributions, dont la plus utilisée est Ubuntu. A sa manière, Debian est donc non seulement un projet durable, mais aussi et surtout un projet leader dans le domaine très important des serveurs informatiques. Depuis le début des années 2000 et sans discontinuer, la majorité des informaticiens professionnels recommandent Debian comme solution serveur la plus performante. C'est ainsi qu'une bonne moitié des serveurs qui affichent les pages web tournent sous Debian. Cette distribution est leader dans son segment de marché, et le marché est énorme. Bien que très intéressant, ce succès socio-économique  est rarement mis en valeur par les médias traditionnels. On connait Microsoft, Google, Facebook, mais rarement les logiciels libres et encore moins Debian. Par son très haut degré d'innovation, le fonctionnement de Debian fait par contre l'objet de nombreuses recherches universitaire en économie, sociologie, anthropologie des organisations... Comme Wikipedia, le projet Debian doit cette position leader en bonne partie à son mode de fonctionnement social, et non pas à ses prouesses technologiques. Car au-delà d'un regroupement de programmeurs passionnés par la création logiciel, la ''communauté Debian'' s'est doté d'une organisation très efficace ressemblant beaucoup à une démocratie.
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==Fonctionnement méritocratique ==
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Chacun peut contribuer au projet Debian. Plus les contributions sont utiles, plus la reconnaissance est grande. Il y a plus de 2 000 membres actifs et compétents qui assurent la qualité des mises à jour du logiciel Debian. Pour un informaticien libre, être ''développeur Debian''<ref>Les participants au projet Debian s'appellent ''développeurs Debian'', et sont nommément enregistrés comme tel auprès d'un système de gestion interne très complet.</ref>
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aboutit à une reconnaissance sociale exceptionnelle. De fait, cette reconnaissance assure de pouvoir en tout temps justifier de contributions au projet Debian pour se faire facilement engager, si nécessaire, dans une entreprise du secteur informatique, toujours à la recherche de talents.
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Le leader de la communauté Debian est élu pour deux ans, par tous les développeurs cooptés. Les discussions (par liste de diffusion électronique) sont ouvertes aux non-membres. Tout est débattu ouvertement, toute proposition d'amélioration est étudiée. La communauté définit et fait évoluer un code de conduite public et un processus d'intégration très strict, pour éviter les privilèges du statut et miser uniquement sur la compétence, la reconnaissance ''par les pairs''. En outre, Debian a produit sa propre définition du logiciel libre (DFSG pour ''Debian Free Software Guidelines''), qui fait office de référence dans son domaine, en parallèle à la définition du logiciel libre de la ''Free Software Foundation'' (FSF) et de la définition de l'Open Source par l'OSI (''Open Source Initiative'').
  
=== Fonctionnement méritocratique ===  
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==Une nouvelle manière de gagner sa vie.==
  
Tout humain peut contribuer au projet Debian. Plus les contributions sont utiles, plus la reconnaissance est grande. Il y a plus de mille membres très actifs et extrêmement compétents qui assurent la qualité des mises à jours du logiciel Debian. Pour un informaticien libre, être reconnu comme "debianiste" est non seulement sociale une reconnaissance sociale, mais aussi l'assurance de pouvoir en tout temps justifier des contributions au projet Debian pour se faire facilement engager, si nécessaire, dans une entreprise informatique, toujours à la recherche de talents. Le ''leader'' de la communauté Debian est élu chaque 2 ans, par tous les développeurs enregistrés. Les discussions (par liste de diffusion électronique) sont ouvertes aux non-membres. Tout est débattu ouvertement, toute proposition d'amélioration est étudiée. La communauté a défini et fait évoluer un code de conduite public et un processus d'intégration très strict, pour éviter les privilèges de statuts, et miser uniquement sur la compétence. En outre, ils ont produit leur propre définition du logiciel libre (DFSG pour ''Debian Free Software Guidelines''), qui fait référence dans le domaine, en parallèle avec la Définition du logiciel libre de la ''Free Software Foundation'' (FSF) et de la définition de l'open source  par ''Open Source Initiative'' (OSI).  
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Dans les petites entreprises traditionnelles, le patron prévoit généralement de transmettre la structure à l'un de ses enfants, en les affectant aux tâches non qualifiées. Ainsi, le fils devait gravir lentement les échelons, en occupant la plupart des postes de l'entreprise, sans discrimination. Ce faisant, il apprenait tous les métiers de l'entreprise, progressivement, jusqu'à prendre la place de son père... S'il le méritait.
  
=== Une nouvelle manière de gagner sa vie ===
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Dans les modèles socio-économiques du libre, particulièrement dans ceux basés sur des règles de gouvernance discutées par l'ensemble des contributeurs, c'est presque la même chose. Seuls les plus méritants peuvent prétendre à un rôle de leader : il faut d'abord avoir acquis une vision d'ensemble du projet, démontré des capacités d'adaptation rapide et une expérience globale des activités de la communauté. Ainsi, on apprend d'abord en faisant du plus simple au plus complexe, on obtient de l'aide des plus expérimentés qui nous guident et nous aident. Puis, on devient expert, on peut aider les autres et vendre ses compétences.
  
Dans les petites entreprises dites traditionnelles, le patron planifie de transférer l'entreprise à son fils biologique. On dit qu'on bon patron commence par faire balayer le sol par son fils. Ainsi le fils apprend à gravir lentement et sûrement les échelons. Ce faisant, il apprend tous les métiers de l'entreprise, progressivement, jusqu'à prendre la place de son père... s'il le mérite. Dans les modèles socio-économiques du libre, et particulièrement les modèles basés sur des règles de gouvernance discutée par l'ensemble des contributeurs méritants, c'est presque la même chose. peuvent prétendre à un rôle de leader et à une bonne génération de revenus, il faut d'abord avoir acquis une une vision d'ensemble du sujet, des capacités d'adaptations rapides à des besoins divers et une expérience globale sur les activités de la communauté. Ainsi d'abord on apprend en faisant, de plus simple au plus complexe, on obtient de l'aide des pairs plus expérimentés, qui nous  guident et nous aident. Puis on devient expert, on peut aider les autres, et vendre ses compétences à prix d'or. Il n'est pas rare de voir un debianiste, souvent consultant informatique indépendant, résoudre en quelques heures un problème de bug informatique qu'une équipe d'informaticiens employés d'une entreprise à passé plusieurs semaines à tenter de réparer sans y parvenir. Le consultant pourra ainsi facturer au forfait quelques milliers d'Euros avec une garantie de résultat, et dans les faits ne passer qu'une seule journée passé à résoudre un problème. Mais avant cela, il a passé des centaines d'heures à s'auto-former. C'est une nouvelle manière de faire, qui peut tout à fait porter ses fruits.  
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Il n'est pas rare de voir un debianiste développer une activité de consultant informatique indépendant, capable de résoudre en quelques heures un problème de bug informatique qu'une équipe d'informaticiens chevronnés n'a pas réussi à élucider en plusieurs semaines. Le consultant pourra ainsi facturer à bon prix ses services, avec une garantie de résultat, et ne passer qu'une seule journée à résoudre un problème. Mais avant cela, il aura consacré d'innombrables heures à s'auto-former. Cette nouvelle manière de faire peut tout à fait porter ses fruits et donc générer un revenu...
  
Voici des extraits de l'introduction de la thèse de doctorat en sociologie de Michael Vicente <ref>http://www.utc.fr/costech/v2/pages/infos-chercheur.php?p=ar&id=76 </ref>. Titre : '''La professionnalisation des développeurs de logiciel libre: Métiers, trajectoires et réseaux de coopération.''' 
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==Contrat social ==
''Depuis la fin des années 1990, nous sommes face à un constat que les économistes n'ont pas omis de souligner : l'activité du logiciel libre occuperait une place de plus en plus centrale dans l'industrie logicielle et serait même devenue l’une des perspective de croissance du secteur. Nous pouvons dresser ce constat non seulement par les chiffres de diffusion du logiciel libre (que l'on pense aux logiciels Linux ou Firefox), mais également sur le marché du travail des informaticiens, où l'on voit qu'un nombre significatif de développeurs sont rémunérés pour participer au logiciel libre.
 
  
Ces développeurs sont alors dans un double engagement : '''à la fois professionnel et bénévole au sein de mêmes communautés de pratiques autour de la conception de logiciels'''.
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Le concept de contrat social a été approfondi par l'humaniste Jean-Jacques Rousseau. Son livre sur le sujet, publié en 1762, a constitué un tournant décisif pour les sociétés modernes<ref>Du contrat social, ou principes du droit politique, Jean-Jacques Rousseau, Collection complète des œuvres (1780-1789).</ref>.  
  
=== Contrat social ===
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En affirmant le principe de souveraineté du peuple, ''Du Contrat Social ou Principes du droit politique'' s'est imposé comme l'un des textes majeurs de la philosophie politique. Deux siècles et demi plus tard, garantir un droit à un bien commun de base, comme l'accès à l'air, à l'eau et à l'information, est considéré comme l'une des bases de la vitalité de l'économie de marché. &nbsp;
  
Le concept de ''contrat social'' a notamment été valorisé par l'humaniste Jean-Jacques Rousseau. Le contenu de son livre sur le sujet, publié en 1762, a constitué un tournant décisif pour la modernité. La notion de contrat social s'est imposé comme un des textes majeurs de la philosophie politique, en affirmant le principe de souveraineté du peuple. Deux siècles et demi plus tard, garantir un droit à un bien commun de base, comme l'accès à l'air, l'eau et l'information purs, est devenu une des bases pour assurer la vitalité de l'économie de marché.  
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Aussi, pour que le projet Debian ne dévie pas en cours de chemin, les développeurs Debian ont créé leur propre contrat social, pilier auquel chacun se réfère pour les prises de décisions critiques.
  
Aussi, pour que le projet Debian ne dévie pas en cours de chemin, les développeurs Debian ont créé leur propre ''contrat social'', qui est le pilier auquel chacun se réfère pour les prises de décisions critiques dans leur communauté de développeurs.
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Ce contrat <ref> Le contrat social Debian : [https://www.debian.org/social_contract.fr.html] </ref> est un engagement à destination de la communauté du logiciel libre, à laquelle Debian se consacre, et dit de façon synthétique :
  
Ce contrat est à destination de la communauté du logiciel libre, à laquelle Debian se consacre, et dit en synthèse :
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* Debian demeurera totalement libre&nbsp; ; 
* Debian demeurera totalement libre.
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* nous donnerons nos travaux à la communauté des logiciels libres&nbsp; ; 
* Nous donnerons nos travaux à la communauté des logiciels libres.
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* nous ne dissimulerons pas les problèmes&nbsp; ;
* Nous ne dissimulerons pas les problèmes.
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* nos priorités sont nos utilisateurs et les logiciels libres.
* Nos priorités sont nos utilisateurs et les logiciels libres.
 
* Prise en compte des "Travaux non conformes à nos standards sur les logiciels libres".
 
  
Comme vous pouvez le constater, ce contrat social constitue un parti-pris très radical envers le logiciel libre et ses utilisateurs, donc orienté définitivement vers le bien commun.
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Comme vous pouvez le constater, ce contrat social constitue un parti-pris très radical en faveur du logiciel libre et ses utilisateurs, donc orienté définitivement vers le bien commun.  
''Inspirant, non ?''
 
  
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Inspirant,n'est-ce pas?
  
<références/>
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== Notes et références ==
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Version actuelle datée du 23 avril 2020 à 16:33

Notions-clés: Debian, méritocratie, hiérarchie de compétences, égalité des chances, gouvernance, contribution, transparence, communauté, bien commun, logiciel libre,reconnaissance par les pairs, méritocratie, modèle économique.

Profils-clés :Debian, GNU/Linux, Murdock Ian, Ubuntu, Wikipedia, Debian Free Software Guidelines(DFSG), Free Software Foundation (FSF), Open Source Initiative (OSI), Rousseau Jean-Jacques.


Un géant méconnu[modifier]

Début des années 1990, Ian Murdock, un étudiant en informatique aux USA, découvre le système d'exploitation GNU/Linux.[1] Comme beaucoup d'autres informaticiens sensibles au partage du savoir, il commence à y ajouter des fonctions logicielles de manière à constituer autour du noyau GNU/Linux des fonctions complémentaires, comme on assemble diverses pièces de Lego sur un socle commun. On nomme ces assemblages « des distributions ».

Deborah, la femme de Ian le soutient. Très vite, leur coopération avec d'autres développeurs de logiciels libres permet l'émergence de la distribution Debian.

Depuis, Debian est devenue la base de nombreuses autres distributions plus complexes encore, dont la plus utilisée est Ubuntu. Debian est actuellement la distribution Linux la plus populaire sur les serveurs web, il est aussi le système d'exploitation qui enregistre la plus grande croissance dans son utilisation sur les serveurs web. À sa manière, Debian est donc non seulement un projet durable, mais aussi et surtout un projet leader dans le domaine des serveurs informatiques.

Bien que très intéressant, ce succès socio-économique est rarement mis en valeur par les médias traditionnels. On connaît Microsoft, Google, Facebook, mais rarement les logiciels libres et encore moins Debian. Par son très haut degré d'innovation organisationnelle, le fonctionnement de Debian fait par contre l'objet de nombreuses recherches universitaires en économie, sociologie, anthropologie des organisations...

Comme Wikipédia, le projet Debian doit son succès à son mode de fonctionnement social ; car au-delà d'un regroupement de programmeurs passionnés par la création logicielle, la communauté Debian s'est dotée d'une organisation très efficace ressemblant beaucoup à une démocratie.

Fonctionnement méritocratique[modifier]

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Chacun peut contribuer au projet Debian. Plus les contributions sont utiles, plus la reconnaissance est grande. Il y a plus de 2 000 membres actifs et compétents qui assurent la qualité des mises à jour du logiciel Debian. Pour un informaticien libre, être développeur Debian[2] aboutit à une reconnaissance sociale exceptionnelle. De fait, cette reconnaissance assure de pouvoir en tout temps justifier de contributions au projet Debian pour se faire facilement engager, si nécessaire, dans une entreprise du secteur informatique, toujours à la recherche de talents. Le leader de la communauté Debian est élu pour deux ans, par tous les développeurs cooptés. Les discussions (par liste de diffusion électronique) sont ouvertes aux non-membres. Tout est débattu ouvertement, toute proposition d'amélioration est étudiée. La communauté définit et fait évoluer un code de conduite public et un processus d'intégration très strict, pour éviter les privilèges du statut et miser uniquement sur la compétence, la reconnaissance par les pairs. En outre, Debian a produit sa propre définition du logiciel libre (DFSG pour Debian Free Software Guidelines), qui fait office de référence dans son domaine, en parallèle à la définition du logiciel libre de la Free Software Foundation (FSF) et de la définition de l'Open Source par l'OSI (Open Source Initiative).

Une nouvelle manière de gagner sa vie.[modifier]

Dans les petites entreprises traditionnelles, le patron prévoit généralement de transmettre la structure à l'un de ses enfants, en les affectant aux tâches non qualifiées. Ainsi, le fils devait gravir lentement les échelons, en occupant la plupart des postes de l'entreprise, sans discrimination. Ce faisant, il apprenait tous les métiers de l'entreprise, progressivement, jusqu'à prendre la place de son père... S'il le méritait.

Dans les modèles socio-économiques du libre, particulièrement dans ceux basés sur des règles de gouvernance discutées par l'ensemble des contributeurs, c'est presque la même chose. Seuls les plus méritants peuvent prétendre à un rôle de leader : il faut d'abord avoir acquis une vision d'ensemble du projet, démontré des capacités d'adaptation rapide et une expérience globale des activités de la communauté. Ainsi, on apprend d'abord en faisant du plus simple au plus complexe, on obtient de l'aide des plus expérimentés qui nous guident et nous aident. Puis, on devient expert, on peut aider les autres et vendre ses compétences.

Il n'est pas rare de voir un debianiste développer une activité de consultant informatique indépendant, capable de résoudre en quelques heures un problème de bug informatique qu'une équipe d'informaticiens chevronnés n'a pas réussi à élucider en plusieurs semaines. Le consultant pourra ainsi facturer à bon prix ses services, avec une garantie de résultat, et ne passer qu'une seule journée à résoudre un problème. Mais avant cela, il aura consacré d'innombrables heures à s'auto-former. Cette nouvelle manière de faire peut tout à fait porter ses fruits et donc générer un revenu...

Contrat social[modifier]

Le concept de contrat social a été approfondi par l'humaniste Jean-Jacques Rousseau. Son livre sur le sujet, publié en 1762, a constitué un tournant décisif pour les sociétés modernes[3].

En affirmant le principe de souveraineté du peuple, Du Contrat Social ou Principes du droit politique s'est imposé comme l'un des textes majeurs de la philosophie politique. Deux siècles et demi plus tard, garantir un droit à un bien commun de base, comme l'accès à l'air, à l'eau et à l'information, est considéré comme l'une des bases de la vitalité de l'économie de marché.  

Aussi, pour que le projet Debian ne dévie pas en cours de chemin, les développeurs Debian ont créé leur propre contrat social, pilier auquel chacun se réfère pour les prises de décisions critiques.

Ce contrat [4] est un engagement à destination de la communauté du logiciel libre, à laquelle Debian se consacre, et dit de façon synthétique :

  • Debian demeurera totalement libre  ; 
  • nous donnerons nos travaux à la communauté des logiciels libres  ; 
  • nous ne dissimulerons pas les problèmes  ;
  • nos priorités sont nos utilisateurs et les logiciels libres.

Comme vous pouvez le constater, ce contrat social constitue un parti-pris très radical en faveur du logiciel libre et ses utilisateurs, donc orienté définitivement vers le bien commun.

Inspirant,n'est-ce pas?

Notes et références[modifier]

  1. Site officiel de Debian : www.debian.org
  2. Les participants au projet Debian s'appellent développeurs Debian, et sont nommément enregistrés comme tel auprès d'un système de gestion interne très complet.
  3. Du contrat social, ou principes du droit politique, Jean-Jacques Rousseau, Collection complète des œuvres (1780-1789).
  4. Le contrat social Debian : [1]