Les blogueurs et autres consomm'acteurs

De Wiki livre Netizenship
Révision datée du 15 septembre 2011 à 23:45 par Livia (discussion | contributions) (Mots clés)

Mots clés

Communication, contribution, acteur, consommateur,

Il était une fois ...

Oui, avant Internet, il y avait déjà des hommes. Ils communiquaient par oral en vis à vis. Puis ils ont créé les livres, les journaux, le téléphone, la radios et la TV. Mais dans cet ancien monde, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités au pouvoir. La qualité des projets se mesurait à la force des idées émises. L'avis du public était pris par sondage, mais ils avaient assez peu leur mot à dire dans la grande marche du monde. Et le numérique a tout bouleversé.

Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d’information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. N’était-ce qu’un simple moyen de communication parmi d'autres ? Progressivement vous avez compris que non. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d’une vitrine de magasin virtuel, vous pouviez devenir un vrai acteur. Vous pouviez vous mettre à intervenir dans des forums. Commenter des articles. Évaluer des produits. Définir vos préférences dans votre profil utilisateur d'une communauté virtuelle. Inviter tous vos amis sur un réseau social. Poster deas annonces. Vendre vos biens et services. Modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipedia. Et voir vos contributions affichés en temps réel sur toute une série de site-relais.

Contribution, c'est le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde. En contribuant, vous avez pu découvrir des options socio-techniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… Elles permis aux simples spectateurs de devenir acteurs de cette société de l’information. C’est dans cette optique de consomm’action que les wikis ont été découverts, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs... qui sont autant d'applications de ce que l'on nomme maintenant les médias sociaux.

Leurs points communs : authentification, personnalisation, participation, interaction, confrontation, modération, auto-régulation, combinaison. Et tout cela instantanément, simultanément, sans pouvoir central, à coût très modeste. Le pouvoir citoyen à portée de clic. Une fois connecté au réseau des réseaux, on peut y créer son propre journal, maintenir son public en haleine dans un fil de discussion, interagir avec tout son carnet d’adresse dans l’espace et le temps, contribuer à son rythme à nos encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un virus. C'est une vague de fond comme un tsunami. Elle entraînant au passage les anciens médias dans cette nouvelle manière de communiquer.

Oui, la participation aux médias sociaux est au coeur de la transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée. Cette production participative améliore les nouvelles compétences cognitives comme la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Certains risquent aussi sont amplifiés. De nouveaux pièges émergent. Car les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans limite autre que notre conscience. Ils sont une nouvelle source d’information, un espace d’expression libre par excellence où se côtoient politiciens, artistes, commerçants et autres bipèdes, toutes générations et origines confondues. C’est pourquoi il existe autant de motivation à publier du contenu sur le Web que de… publications.

Dans les écosystèmes numériques la force d’un projet ne réside plus dans son idée mais par la quantité et la qualité des acteurs et de leurs contributions. Prenez un étudiant nourri par cette culture de la consomm’action. C’est tout naturellement qu’il chattera avec des camarades, commentera les résultats sportifs sur un forum, corrigera une erreur de date sur une page Wikipedia. Imaginez le choc qu’il vit lorsqu’il se retrouve assis sur un banc d’école à suivre un programme prédéfini sans pouvoir picorer et montrer sa force de contributeur de cette société de l’information. Inversement imaginez une personne qui a appris à disserter sur les bancs d’école, face à une page Wikipédia et à un chat elle aura une barrière psychologique et neurolinguistique. Elle sera programmée pour attendre qu’on lui donne le cadre plutôt que de le cocréer elle-même. Elle ne se sentira pas légitimée malgré ses connaissances potentiellement intéressantes. Certains les appellent prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d’autres des nétocrates (Wired; Bard & Söderqvist), d’autres encore des utilis’acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteur (Pisani). Quel que soit le terme, l’intention est là. Les médias numériques sont l’œuvre de toute la société.

Le symbole du 2.0

Technologiquement, la transition d'un web statique, alias web 1 vers un web dynamique alias web2 s’est fait dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, éditeur de livres sur la culture informatique libre, a diffusé l'expression "web2.0" dès 2005. Elle s'est ensuite peu à peu déclinée dans tous les domaines, pour symboliser le changement culturel qu'apporte un web dynamique et participatif à notre société : gouvernance 2.0,


Un XXIe siècle sous le signe de l'inform'action

2011, le Web a 20 ans. Avec ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, on parle désormais de Webosphère. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia sont les plus connus. Cela représente des centaines de milliards d’articles et de billions de champs différents remplis (titre, corps du message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes). Le Web est le cœur de la convergence de tous les outils numériques qui possède une interface ouverte, standardisée en libre accès, accessible par tous les outils, téléphone, tablette, ordinateurs. Les sites les plus intéressants sont justement ceux où l’on peut interagir en commentant, modifiant, ajoutant des texte, images… Sans ces fonctions un site n’a pas un grand avenir. Quelle crédibilité donner à un site d’achat/vente entre particuliers en ligne s’il n’y a pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur et même l’acheteur ? Quelle légitimité a un scoop sur l’actualité mondiale publié par un blog indépendant s’il n’est pas possible de commenter et proposer des sources alternatives ?

D'autre part, si la dominance des médias sociaux semble évidente, la qualité des contenus n'est pas dans sa nature. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite ou sms sont nombreuses, mais bien que pas toujours. C koi ton pb ? Faut-il rejeter ces nouveaux médias sous prétexte d’un manque de crédibilité et de professionnalisme ? Ou, au contraire, saluer l’effacement progressif des barrières entre journalistes, dont c’est le métier, et de la fonction de "communicateur" comme base essentielle d’une citoyenneté active ? Le débat fait rage. On peut ici faire référence à la corporation des journalistes, détentrice du 4e pouvoir, qui dénigre l'idée que les médias sociaux soient des médias à part entière, voire les organes médiatiques de référence de demain. Ce faisant, les journalistes qui ne reconnaissent pas les bloggeurs comme leurs pairs répètent le modèle de toute les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Des précédents ? La corporation des chauffeurs de voiture au début du 20e siècle, qui fut choquée par l'idée que de simples quidam puissent diriger une automobile sans professionnel au volant pour aller au travail. Les samouraïs en 1870, qui refusèrent pour moitié de céder le pouvoir militaire à l'empereur, effrayé par l'idée de troquer leur statut de seigneurs de la guerre pour le statut de maître du commerce de la péninsule japonaise. Ceux qui acceptèrent, pourtant, ont conservé leur nom en haut de l'affiche : les fils descendants des samouraïs sont à la tête de grandes entreprises comme Sony ou Suzuki.

D'autre effets pervers commencent à être connus tel que la dictature de l’immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers (voir tableau). Ce sont autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm’action. On comprend mieux pourquoi le web2 suscite les passions, mélange d'attirance et de répulsions.


Piano, sano, lontano

Ces changements troublant induits par les médias sociaux peuvent jeter le doute. Toute transition ne peut s'effectuer sans dérives. Dérives qu'il s'agit de détecter précocement. Facebook, Twitter et Google revendent nos données, castrent notre vie privée ? C'est vrai, c'est un problème. Mais faut-il jeter le bébé Web 2.0 avec l’eau du bain des médias sociaux servant les intérêts de leurs actionnaires ? On voit pourtant que même les plus spéculatifs des médias sociaux sont des outils d’alerte, de renforcement de l’interaction, de la culture de la coopération synergique… Ils sont des outils au service de la démocratie, par exemple dans les mouvements arabes de 2011. Nous y retrouvons anciens camarades, y trouvons des opinions libres, des initiatives hors du commun, qui n'existent que par la force de ces médias participatifs.

Alors, plutot que méfiance, visons le débat. Mettons les bons gardes-fous. Distinguons les fonctions de médias sociaux, potentiellement excellente, des produits comme Facebook ou Twitter, dont les intentions sont très discutables. Il n’est jamais trop tard pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0 en devenant un acteur à part entière, car partout on trouve des pionniers bienveillants, qui au-delà de leur statut influent ont fait des contributions significatives. Des gens éveillés qui vont encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés, leurs élèves à devenir des consomm’acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles aux sources, apprenant à jongler élégamment avec les risques et opportunités. Plus que de simples consommateurs, en les accompagnant dans leurs premières contribution, ils favorisent leur développement personnel, social et professionnel. Et puis il y a Wikipedia, avec plus de 100'000 contributeurs actifs, dont une majorité de moins de 20 ans. Il y a les réseaux sociaux éthiques comme Diaspora Zen3. La liste est si longue.

Nous sommes en plein naissance d'une nouvelle espèce, heureusement qu'il y a des accoucheurs qui modèrent les blogs, créent des plate-formes de média sociaux éthiques, évitent les pièges. Ils ont contribué. Ils ont fait leur part. Tout doucement, sainement, pour aller loin. Peut-être suffit-il de donner de la force à ces pionniers, de les mettre en valeur pour avoir eu d’avoir le courage de nager à contre-courant ?


'Social media: blogs, wikis et autres consomm'actions'
Leaders dans le domaine Durée de vie de l'information (tendance générale) Effets pervers* Effets positifs* Spécificités
Les wikis Wikimédia et son projet phare Wikipédia Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente... Guerre des clochers Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main Patrimoine de l'humanité, 100% licence libre, simple et fiable
Les "weblog" ou "blogs" Open Diary, Live Jounral, Blogger Court, moyen terme Faible qualité des contenus Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires Journal de bord avec articles chronologiques
Les réseaux sociaux Facebook Court, moyen terme Société de spectacle La distance n'est plus un problème Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
Les "Instant" ou "micro-blogs" Twitter Très court terme Dictature de l'immédiat Outils "d'avis à la populace" 144 caractères, style sms, roi du mobile, alerte immédiate
  • Liste non exhaustive

Slashdot.org et Linuxfr.org

Ces deux sites web, le premier anglophone et le second francophone, créés respectivement en 1997 et 1998 traitent de l'actualité informatique. La particularité qu'ils ont développée depuis la fin du XXe siècle est de permettre aux utilisateurs de commenter librement le contenu publié. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits. Ceux-ci possèdent un karma virtuel qui augmente pour toute contribution améliorant la qualité du site et offrant des informations intéressantes. A l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiales.

Avec Wikipedia c'est probablement l'agora la plus raffinée, démocratique et consciente des enjeux socio-techniques des médias sociaux. Méconnus du grand public ce sont ces membres qui font et défont les technologies sur des critères tant technologiques qu'éthiques. Il y a tant à dire que leur commmunauté vaudrait bien une collection de livres à part entière.

Splog

Le splog est au blog ce que le spam est au mail. En clair le splog est un commentaire en général désagréable est inutile posté sur un blog, pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif

Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0

Dans son Best-seller Socialnomics, Erik Qualman met en lumière des statistiques impressionnantes sur les réseaux sociaux. L'une d'elles nous apprend que la pornographie a été détrônée, après des années de suprématie par... Facebook et ses frères. Visionnez cette vidéo pour de plus amples informations: [1]


Deux mantras de la culture Web

"Publier tôt, mettre à jour souvent"

"Briller ou disparaître"


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Sources d'information et contenus connexes

http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog

http://fr.wikipedia.org/wiki/Splog

TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.

Sources iconographiques

http://www.journaldunet.com/cc/03_internetmonde/intermonde_blog.shtml



Vidéos

Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman) [2]

Social Media Revolution 2 (sous-titrée français) [3]