Les fruits du libre

De Wiki livre Netizenship

Les envahisseurs sont parmi nous ! Les pionniers que certains voient comme une bande d'illuminés ont diffusé leurs idées dans tous les secteurs de la société. Prenant sa source dans le domaine du logiciel, l'esprit du Libre souffle à présent aussi dans la recherche, l'éducation, la culture et même l'agriculture et la médecine. On ne parle pas là d'expérimentations marginales, de « quatre potes dans un garage », mais de projets de grande ampleur, qui concernent des millions de personnes et modifient durablement leur environnement. Incontestablement, le Libre a produit de beaux fruits, mûrs et durables, et dans lesquels chacun est invité à croquer sans limite.

Voici donc une revue des plus belles success stories du Libre.

Les logiciels

Avant tout, le mouvement du Libre a été formalisé pour les logiciels, et l'adoption de ses principes a donné des logiciels largement déployés. Par exemple, n'importe quel utilisateur naviguant sur le Web est, de fait, un utilisateur de logiciels libres : ces derniers sont omniprésents dans le code qui forme la colonne vertébrale d'Internet. Mais le logiciel libre ne se cantonne pas à la sphère Internet : tous les domaines d'application ont leurs logiciels libres.

Apache

Plus de 60% des ordinateurs qui forment le Web utilisent le logiciel libre Apache[1]. Autant dire que tout internaute y est confronté, même sans aucun logiciel libre sur son poste de travail, même sans connaissance des principes du Libre et, surtout, même sans être informaticien. Son nom est un jeu de mots qui fait référence à son histoire, car il était à l'origine un ensemble de modifications (en anglais, des "patches", sortes de rustines logicielles) apportées à un logiciel du domaine public, HTTPd[2]. Les développeurs qui en assuraient la maintenance étaient conscients qu'il s'agissait d'un serveur web créé petit à petit, en assemblant des petits morceaux, comme des patchs sur un pantalon. Passionnés de jeux de mots, ils le qualifiaient ainsi : "a patchy web server", prononcé comme «Apache web server». Littéralement : un serveur web fait avec des patchs. Cependant le projet a pris de l'ampleur, amélioré ses performances et étoffé ses fonctionnalités. En 1999, la création de la Fondation Apache a permis non seulement de soutenir le développement du serveur web éponyme mais a aussi créé un cadre d'incubation de projets de développements divers. En 2013, dans toute multinationale ou département militaire d'un gouvernement, si on demande à un informaticien quel est le meilleur logiciel pour un serveur web, il y a plus de 60% de probabilités qu'il réponde... Apache !

À travers le projet Apache, on peut dire sans exagérer que nous avons la preuve par A + B que la culture libre domine dans des domaines-clés tels que celui des serveurs web.

Firefox

En 2013, au moins 20%[3] des internautes explorent le web au travers du navigateur libre Firefox ! Même s'ils ne sont pas majoritaires, ils représentent, à l'échelle mondiale, un nombre colossal d'utilisateurs de logiciels libres sur des ordinateurs personnels. Au-delà de la transparence inhérente à ces logiciels, les internautes utilisant Firefox bénéficient d'un paramétrage à dimension écologique : un greffon qui bloque les publicités intrusives est installé et activé par défaut, minimisant ainsi le temps de chargement des pages et allégeant la mémoire de l'ordinateur d'informations non essentielles à la navigation sur les sites visités.


OpenOffice.org / Libre Office

Avec 14% d'implantation dans les grandes entreprises en 2004, 100 millions de téléchargements dépassés depuis septembre 2009, la suite libre OpenOffice.org contribue à la diversité des suites bureautiques. OpenOffice.org regroupe un traitement de texte (Writer), un logiciel de dessin (Draw), un tableur (Calc) et un logiciel de présentation assitée par ordinateur (Impress). Le format d'échange de fichiers que lit et génère OpenOffice.org de manière optimale fait l'objet d'une normalisation : OpenDocument. Ceci lui permet d'être totalement compatible avec les autres applications qui gèrent ce format, notamment des applications de bureautique hébergées dans le Cloud.


GNU / Linux

Debian se situe en tête du classement des OS Linux installés sur les serveurs web, soit 9.6% des sites web mondiaux, 33.6% en France, 39.7% en Allemagne http://w3techs.com/ 2013 (chiffres Unix, etc.)

En 2011, 20% des entreprises française utilisent Linux sur des postes de travail[4]. Le Libre confirme sa percée dans les parcs informatiques et est sorti depuis longtemps du cadre confidentiel des militants et des convaincus. Même pour les utilisateurs de systèmes non libres, c'est une bonne nouvelle : l'existence d'alternatives crédibles est le gage d'une pluralité et d'une interopérabilité qui garantissent un environnement sain pour chacun.

Android

Fin 2012, Android est le système libre utilisé par plus de 50% des terminaux mobiles (smartphones et tablettes principalement)[5]. Ce système repose sur une base Linux (quasiment dépourvu de l'environnement GNU) et dispose d'une licence open sourc[6]. A la fois c'est une victoire du logiciel libre mais les libertés des utilisateurs restent menacées par ailleurs : des logiciels non libres installés par défaut sur Android réduisent les libertés ; et des éléments logiciels espionnent leurs agissements[7]. Cela démontre une fois de plus que la liberté peut s'appuyer sur un outil technique, comme le droit, mais ne s'y cantonne pas.

L'éducation

Les fruits du Libre se sont étendus bien au-delà de la seule sphère informatique. Et c'est sans doute le domaine de l'éducation et de la diffusion des savoirs qui pouvait être le plus réceptif à les accueillir. Car la mission de partage de la connaissance, propre au monde éducatif, est dans la continuité des pratiques de partage du code qui caractérisent les communautés du logiciel libre. Pourtant, une fois n'est pas coutume, cette communauté d'esprit n'a pas été correctement identifiée dans l'immédiat au sein des institutions d'enseignement et d'éducation. Comme souvent, ce sont des acteurs totalement extérieurs qui vont révolutionner le domaine en créant une initiative majeure, directement héritée des objectifs et des méthodes qui sont propres au logiciel libre, mais appliquée à un domaine très différent : l'encyclopédie.

Wikipedia

XXX. C'est le nombre de notices publiées dans Wikipédia, toutes langues confondues. Aujourd'hui, Wikipédia, c'est aussi XXX contributeurs actifs, XX versions linguistiques, plus de XX actions d'édition par jour. Wikipédia est emblématique de l'application des principes du logiciel libre aux contenus textuel : présence d'une communauté de contributeurs volontaires et bénévoles, accès ouvert aux contenus et libre réappropriation. Et le succès est au rendez-vous car, malgré quelques critiques et tentatives de décrédibilisation, Wikipédia est un des sites les plus fréquentés au monde [8] et auquel tout le monde se réfère. Tout le monde utilise et se réfère à Wikipédia, mais il faut savoir que la fondation Wikimedia abrite d'autres projets d'importance qui ne déméritent pas du vaisseau-amiral qu'est la célèbre encyclopédie ne ligne. Le Wiktionnaire par exempe est un dictionnaire en ligne, riche de XXX définitions et en plusieurs langues. WikiSource est un équivalent du projet Gutenberg. XXX livres du domaine public ou sous licence libre sont proposés en libre accès et peuvent être librement réutilisés. On ne pourrait terminer ce petit tour d'horizon des différents projets de la fondation Wikimédia sans évoquer Wikimedia commons, le grand entrepôt de médias de la fondation. C'est de Wikimedia Commons que proviennent en particulier toutes les images qui illustrent les notices de Wikipedia. Mais saviez-vous que vous pouviez réutiliser librement chacune de ses illustrations car elles sont diffusées sous licence libre ? Et comme il existe au moins une notice Wikipédia sur à peu près tous les sujets imaginables, cela donne une idée de l'ampleur du projet qui constitue une des plus importantes bases de données de médias au monde.

MIT OpenCourseware

Le MIT OpenCourseWare (MIT OCW) est une initiative de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) qui propose du matériel pédagogique de premier et deuxième cycle en ligne, en usage libre et donc librement accessibles à tous, partout. Le MIT OpenCourseWare est une proposition éducative à grande échelle, basée sur le Web et sur la publication des matériels de cours du MIT. Le projet, mis en place en Octobre 2002, utilise la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Partage de licence Initiales à l'Identique. Le programme a été soutenu financièrement par plusieurs fondations. Il vit aussi désormais grâce à de nombreux dons. En Novembre 2011, plus de 2 080 cours étaient disponibles en ligne. Si quelques-uns d'entre eux se limitent à des listes de lecture chronologiques et à des sujets de discussion, une majorité se compose de devoirs et de sujets d'examens (souvent avec des solutions) et de cours complets. Certains cours proposent également des démonstrations interactives sur le Web en Java, de manuels complets rédigés par des professeurs du MIT et des vidéo conférences en streaming. L'initiative est une source d'inspiration pour beaucoup d'autres institutions et s'inscrit dans un mouvement plus large, le OpenCourseWare.

Les sciences

Publications scientifiques

On l'a dit, c'est dans les départements informatiques des universités que sont nés la plupart des logiciels libres. Pas étonnant dès lors que les scientifiques aient très vite compris l'intérêt d'en appliquer les principes à leurs propres travaux : jusqu'à présent, les résultats de la recherche sont publiés dans des revues dont l'achat est très coûteux. Résultat, seul un petit nombre de personnes, en général dans les universités riches des pays riches, ont accès à ces publications. Depuis le début des années 90, un nombre croissant de chercheurs ont fait le choix de rendre publics leurs articles en les déposant sur des serveurs web en libre accès. On appelle cela des "archives ouvertes". Créé par le physicien Paul Ginsparg, le serveur "ArXiv" <http://arxiv.org/> est la plus connue des bases archives ouvertes. Elle donne un accès complètement libre à plus de 820 179 articles essentiellement dans les domaines de la physique, des mathématiques et de l'informatique. Depuis, les archives ouvertes se sont multipliées dans le monde et certains organismes de recherche rendent obligatoire la diffusion en libre accès des publications issus des recherches qu'ils financent. C'est le cas de l'Université de Liège en Belgique ou du NIH aux Etats-Unis.

Arts et patrimoine

En 2011, plus de 500 millions d'oeuvres ont été diffusées sous licence Creative Commons. [9] Culture et liberté : comment ne pas les penser ensemble ? D'ailleurs, cet esprit de liberté est aussi ancien que la culture elle-même. Lorsqu'au XVIIIe siècle on a commencé à codifier le droit d'auteur, on l'a toujours limité en étendue et dans le temps. Il s'agissait déjà de protéger le "domaine public", 'est-à-dire la capacité pour l'ensemble d'une société de profiter, de se réapproprier, de faire fructifier la création. Aujourd'hui, cet équilibre entre une juste protection des intérêts des auteurs et un principe légitime de préservation du domaine public est rompu. L'extension démesurée de la durée du droit d'auteur mais aussi de son application conduit un certain nombre d'acteurs à prendre les devant et à diffuser librement des collections entières d'oeuvres culturelles. A commencer par les institutions culturelles elles-mêmes, bibliothèques et musées, fidèles à leur mission première de diffusion de la culture pour tous, y compris dans le numérique.

Flickr Commons

Flickr est une des nombreuses plateformes qui permet à chacun de partager ses photos personnelles avec ses amis, ses proches, mais aussi le reste de la planète ! Déjà plus de 250 millions de photos produites par des centaines de milliers d'utilisateurs individuels sont déjà diffusées sous licence Creative Commons sur cette plateforme (février 2013 [10]. Mais on sait moins que des bibliothèques et des musées du monde entier y déversent les parts les plus importantes de leur collections numériques selon les mêmes conditions, ou, encore mieux, directement dans le domaine public. Sur Flickr Commons - c'est le nom du projet, plus de 50 institutions culturelles proposent en effet près de 200 000 oeuvres numérisées. Et les plus grandes institutions y sont déjà représentées, comme la Bibliothèque du Congrès à Washington, la NASA, La Bibliothèque Royale du Danemark ou même la Bibliothèque Municipale de Toulouse.

Projet Gutenberg

42 000 livres numériques libres sont mis en ligne sur le site gutenberg.org.[11]

Internet Archive

C'est en 1996 que Brewster Kahle, créateur du moteur de recherche Alexa, décide de prendre une initiative majeure en matière d'archivage des contenus diffusés sur Internet. C'est en effet la pire des plaies du Réseau qui frappe la plupart de ces contenus : leur volatilité qui les rend indisponibles très rapidement après leur diffusion. Qui n'a jamais eu l'expérience de la fameuse erreur 404 "document non trouvé" ? Brewster Kahle décide de créer Internet Archive pour contribuer à la résolution du problème. Ce sera une fondation à but non lucratif qui d'un côté archivera de manière automatique le plus grand nombre de sites web déjà disponibles sur Internet (en 1996 leur nombre était encore limité), mais surtout offrira à tout producteur de contenus de diffuser gratuitement ses matériaux par l'intermédiaire de ses serveurs, avec toutes les garanties possibles de pérennité. Aujourd'hui, c'est plus de 67 millions de sites web en 37 langues, 500 000 films, 1 000 000 d'enregistrements audio, 3 000 000 de livres, 36 000 logiciels, qui sont diffusés par Internet Archive, toutes ces collections étant dans le domaine public ou sous licence creative commons [12]

Musées, oeuvres d'art, etc.

Depuis Mars 2012, la National Gallery of Art (NGA) de Washington a mis en place une politique de libre accès qui permet aux visiteurs en ligne de télécharger des images haute résolution des collections du domaine public : 22 988 images début 2013. Ces images sont disponibles pour tous les usages. La NGA rejoint ainsi le Walters Art Museum et l’Université de Yale. Un des objectif est, selon la NGA, d’éliminer le recours à des images de mauvaises qualité qui dénaturent les oeuvres. En 2014, la NGA espère ainsi proposer 45 000 images en téléchargement sur www.museesopendata.wordpress.com[13]. La bibliothèque du congrès des Etats-Unis met également en ligne un très grand nombre de ressources du patrimoine américain : pas moins de 5 millions de documents appartenant au domaine public[14].

Notes et références

  1. 63.4% des serveurs Web dans le monde, janvier 2013.
  2. Wikipedia : NCSA HTTPd
  3. Parts de marché de Firefox, janvier 2013 : 21,42 % (Statscounter) [1]
    Carte d'utilisation des navigateurs dans le monde [2] (intéressante pour le rapport Nord/Sud)
  4. France : 2 entreprises sur 10 sous Linux (Insee 2011)
  5. Vente de mobiles à des utilisateurs finaux, classées par système d'exploitation, 3e trimestre 2012 http://www.gartner.com/newsroom/id/2237315
  6. http://source.android.com/source/licenses.html
  7. http://www.gnu.org/philosophy/android-and-users-freedom.fr.html
  8. XXXXXX
  9. [3]
  10. [4]
  11. [5]
  12. http://archive.org/about/
  13. [6]
  14. www.loc.gov [7]