Longue traîne : Différence entre versions

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(Et autres théories)
(Une vision à long terme plus qu'une réalité ?)
 
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''longue traîne, modèle économique, économie de niches, ''
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'''''Notions-clés''''' :[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22longue+tra%C3%AEne%22 ''longue traîne''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22mod%C3%A8le+%C3%A9conomique%22 ''modèle économique''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22%C3%A9conomie+de+niche%22 ''économie de niches''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22%C3%A9conomie+num%C3%A9rique%22 ''économie numérique''], [https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rencement ''référencement''].
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'''''Profils-clés''''' :[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Anderson%20Chris ''Anderson Chris''],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/wired  ''Wired''].
 
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== Les petits ruisseaux font les grandes rivières==
  
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Le saviez-vous ? Contrairement aux librairies traditionnelles dont le chiffre d'affaires repose essentiellement sur la vente de quelques best-sellers, les librairies en ligne tirent la plus grande part de leurs bénéfices non pas de la vente des meilleurs titres[[File:Long_tail.PNG|thumb|Long tail]], mais de la vente de l'ensemble des livres les moins lus.
  
== ...ou comment les petits ruisseaux font les grandes rivières ==
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La ''longue traîne'' (''Long Tail'' en anglais) est une théorie qui décrit cette structure particulière du marché à l’ère d’internet, dans un grand nombre de secteurs. Le modèle économique ne repose plus sur une offre limitée d'articles produits à grande échelle, mais sur une offre très variée d'articles produits à peu d'exemplaires.
  
Contrairement aux librairies traditionnelles dont le chiffre d'affaire repose essentiellement sur la vente de quelques best-sellers, les librairies en ligne tirent la plus grande part de leurs bénéfices non pas de la vente des meilleurs titres, mais de la vente de l'ensemble des livres les moins lus.
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Ce cas de figure se manifeste particulièrement lorsqu'on mesure l'audience dans un segment de marché. Comme le révèle l'analyse de la fréquentation des sites web : les 100 sites web les plus visités reçoivent autant de visiteurs que les 900 sites suivants. Si on extrapole en considérant non pas seulement les 1 000 premiers sites, mais les 10 000 ou 100 0000 suivants, on se rend compte que la part des sites les plus fréquentés dans un domaine spécifique devient de moins en moins significative par rapport à l'audience générale du web.
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Cette nouvelle approche suggère un modèle économique basé non plus sur la quantité, mais sur la diversité de l'offre.
  
La longue traîne ("Long Tail" en anglais) est une théorie qui décrit cette structure particulière du marché sur Internet.
 
Le modèle économique ne repose plus sur une offre limitée d'articles produits à grande échelle, mais sur une offre très variée d'articles produits à peu d'exemplaires.
 
  
Ce cas de figure se manifeste particulièrement lorsqu'il s'agit d'audiences comme le révèle l'analyse de la fréquentation des sites Web : les 100 sites Web les plus visités reçoivent autant de visiteurs que les 900 sites suivants. Si on extrapole en considérant non pas seulement les 1 000 premiers sites, mais les 10 000 ou 100 0000 suivants, on se rend compte que la part des sites les plus fréquentés devient de moins en moins significative par rapport à l'audience générale du Web.
 
  
Cette nouvelle approche suggère un modèle économique basé non plus sur la quantité, mais sur la diversité.
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==L'économie de niches==
  
== L'économie de niches ==
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Dans la dynamique de longue traîne, il ne s'agit plus de vendre les produits phares en grande quantité, mais un large éventail d'articles moins demandés, en quantités plus limitées. La longue traîne illustre la transition d'une économie basée sur la rareté vers une économie basée sur l'abondance. Enfin, cette conception modifie en profondeur la structure de l'économie qui ne reposerait plus sur quelques grands producteurs, mais sur une myriade de petits producteurs : on passe ainsi d'une économie de masse à une économie de niches.
Il s'agit non plus de vendre les produits phares en grande quantité, mais un large éventail d'articles moins demandés, en quantités plus limitées. La longue traîne illustre la transition d'une économie basée sur la rareté vers une économie basée sur l'abondance. Enfin, cette conception modifie en profondeur la structure de l'économie qui ne reposerait plus sur quelques grands producteurs, mais sur une myriade de petits producteurs : on passe ainsi d'une économie de masse à une économie de niches.
 
  
Ce phénomène s'explique par le passage de la distribution physique à la distribution assistée par le numérique. D'une part, Internet permet à un vendeur de proposer une gamme quasi infinie de produits. D'autre part, l'information sur les produits circule avec une plus grande fluidité. <br>Par exemple, dans le cas de la librairie en ligne, les recommandations de lectures peuvent mettre en avant des livres peu achetés ou même tombés dans l'oubli, grâce à des liens établis en fonction des thèmes, des auteurs ou des recommandations d'autres lecteurs, voire des achats combinés constatés par le système informatique. Le phénomène s'accentue dans le monde des produits 100&nbsp;% numériques, où la reproduction et le stockage d'un bien (par exemple, un fichier musical MP3) ne coûte rien. Ainsi, la vente de quelques unités suffit pour que cela soit rentable pour le distributeur.
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Ce phénomène s'explique par le passage de la distribution physique à la distribution assistée par le numérique. D'une part, internet permet à un vendeur de proposer une gamme quasi infinie de produits. D'autre part, l'information sur les produits circule avec une plus grande fluidité. Par exemple, dans le cas des librairies en ligne, les recommandations de lecture peuvent mettre en avant des livres peu achetés ou même tombés dans l'oubli, grâce à des liens établis en fonction des thèmes, des auteurs ou des recommandations d'autres lecteurs, voire des achats combinés constatés par le système informatique. Le phénomène s'accentue dans le monde des produits 100 % numériques où la reproduction et le stockage d'un bien (par exemple, un fichier musical MP3) ne coûte rien. Ainsi, la vente de quelques unités suffit pour que cela soit rentable pour le distributeur.
  
== Une prédiction plus qu'une réalité ==
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==Une vision à long terme plus qu'une réalité ?==
C'est en 2004, dans la revue ''Wired'', que Chris Anderson publia l'article mettant en lumière cette figure particulière. Depuis lors, des études ont remis en cause la validité de sa théorie.
 
  
Il semblerait en effet que la diversité de la consommation ne corresponde pas à la richesse de l'offre proposée. Par exemple, en ce qui concerne la vente de musique en ligne, sur 13 millions de titre proposés, près de 10 millions ne sont pas vendus et moins de 10&nbsp;% des produits représentent 90&nbsp;% des ventes, soit l'inverse de ce que prédit la théorie de la longue traîne.
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C'est en 2004, dans la revue Wired, que Chris Anderson publia l'article mettant en lumière la figure particulière de la longue traîne<ref>[http://archive.wired.com/wired/archive/12.10/tail.html ''The long trail''], Weird Magazine.</ref>.  
  
Par ailleurs, tous les acteurs économiques ne bénéficient pas de la longue traîne. Par exemple, dans le domaine culturel, les éditeurs et les auteurs seraient les grands perdants au détriment des distributeurs. En effet, ces derniers peuvent vendre avec profit un seul exemplaire, en revanche cette vente ne permet ni à l'auteur ni à l'éditeur d'être suffisamment rémunérés.
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Depuis lors, certaines études ont émis des réserves sur le potentiel d’application de la longue traîne dans l’économie d’aujourd’hui, car la mise en réseau de tous les petits acteurs d'un domaine nécessite des technologies encore passablement coûteuses. Aussi tous les acteurs économiques ne bénéficient pas de la longue traîne.
  
Toutefois, si les critiques sont nombreuses, elles s'accordent en général sur un point. La longue traîne n'est pas une loi mécanique comme celle de la gravité, mais un modèle économique en puissance. Cela signifie que les conditions pour que ce modèle se réalise ne sont pas encore réunies et doivent être développées. Parmi ces condition, l'évaluation par les consommateurs eux-mêmes grâce à des systèmes de recommandations, hors des circuits de distribution traditionnels<ref>[http://fr.readwriteweb.com/2010/05/20/nouveautes/toi-tu-tlcharges/ Et toi, tu télécharges, Alban Martin]</ref>. Les réseaux sociaux tendraient justement à faciliter ce type de référencement.
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Toutefois, même si les défis pour mettre en œuvre la longue traîne dans les divers secteurs de l’économie sont nombreux, un point fait l’unanimité : la longue traîne n'est pas une loi mécanique comme celle de la gravité, mais un modèle économique en puissance. Cela signifie que les conditions pour que ce modèle se réalise ne sont pas encore réunies et doivent être développées.
  
Enfin, le modèle reste valide lorsqu'il s'agit de la structure de l'audience sur Internet, qui correspond bien à la forme de la longue traîne. C'est d'ailleurs, faut-il le souligner, la transposition d'une analyse portant sur l'audience des blogs dans le domaine commercial qu'est née la théorie de la longue traîne telle que Chris Anderson l'a popularisée.
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Parmi ces conditions, les outils internet en ''marque blanche''<ref>Article [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=marque+blanche « Marque blanche »], Wikipedia.</ref> (chaque vendeur peut mettre son logo pour s’approprier un espace de commerce en ligne, comme s’il louait un stand dans une foire), et bien sûr l'évaluation par les consommateurs eux-mêmes grâce à des systèmes de recommandations, hors des circuits de distribution traditionnels<ref>[https://rww.zergy.net/2010/05/20/nouveautes/toi-tu-tlcharges/index.html ''Et toi, tu télécharges?''],Alban Martin,pearson, Montreuil-sous-Bois(2010).</ref>.
  
== Et d'autres théories ==
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Les réseaux sociaux tendraient justement à faciliter ce type de référencement. Enfin, le modèle reste valide lorsqu'il s'agit de la structure de l'audience sur internet, qui correspond bien à la forme de la longue traîne. C'est d'ailleurs d'une analyse portant sur l'audience des blogs dans le domaine commercial qu'est née la théorie de la longue traîne, telle que Chris Anderson l'a popularisée.
  
Au cœur du Web 2.0, quatre théories se traduisent par des applications à travers les outils développés sur Internet :
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==Vers une nouvelle économie ? ==
# La « longue traîne » qui remplace la loi de Pareto sur le Web : « le poids représenté par les produits rares est au moins équivalent à celui des produits phares ». Elle se vérifie avec les titres proposés sur Amazon, ceux téléchargés sur iTunes Music Store, à travers les clips visualisés sur YouTube, les mots saisis dans les recherches des moteurs, etc...
 
# La loi de Metcalfe : l'utilité d'un réseau croît de façon proportionnelle au carré de ses membres (même si dans la réalité celle-ci est à nuancer car certains membres sont plus actifs que d'autres) ; La Loi de Metcalfe dit simplement que plus il y a d'utilisateurs dans un réseau, plus ce réseau aura de la valeur.
 
# la loi des médias participatifs ou loi des 1/10/89 pour-cents : 1 % des internautes publient du contenu, 10 % participent (commentaires, votes, évaluations) et 89 % consultent simplement les informations sans intervenir.
 
# L'effet du « petit monde » que l'on observe à travers les réseaux sociaux où la distance moyenne (c'est-à-dire le nombre d'intermédiaires entre deux personnes) qui sépare deux individus pris au hasard est de cinq ou six.
 
  
[[Fichier:Loi de metcalfe selon Fernando S. Aldado.jpg]]
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On peut voir ici un signal fort en faveur de l’économie sociale et solidaire : composé de petits groupes d’acteurs cultivant la coopération en réseau, favorisant la diversité de produits et de services adaptés, le secteur tend progressivement à modifier la structure actuelle de l’économie, encore dominée par de grands groupes qui imposent leurs pratiques et produits. La dynamique de la longue traîne, si elle poursuit sa croissance, permet d’imaginer un renversement de la tendance en faveur de l’économie sociale et locale, au détriment des poids lourds de l’économie mondialisée.
Représentation de l'effet de réseau à travers un simple réseau de téléphone. Par Derrick Coetzee (Wikimedia Commons)
 
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
 
<references/>
 
<references/>
  
== Annexes ==
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== Liens externes ==
 
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* [http://www.wired.com/wired/archive/12.10/tail.html Article ''The Long Tail'' dans Wired Magazine]
=== Liens externes ===
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* [http://www.internetactu.net/2005/04/12/la-longue-traine/ Article ''La Longue Traîne'' dans InternetActu.net]
* http://www.wired.com/wired/archive/12.10/tail.html
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* [http://www.telco2.net/blog/2008/11/exclusive_interview_will_page.html ''Interview The Long Tail Interrogated'' sur Telco 2.0]
* http://www.internetactu.net/2005/04/12/la-longue-traine/
 
* http://www.telco2.net/blog/2008/11/exclusive_interview_will_page.html
 

Version actuelle datée du 21 juillet 2016 à 15:52

Notions-clés :longue traîne, modèle économique, économie de niches, économie numérique, référencement.

Profils-clés :Anderson Chris,Wired.


Les petits ruisseaux font les grandes rivières[modifier]

Le saviez-vous ? Contrairement aux librairies traditionnelles dont le chiffre d'affaires repose essentiellement sur la vente de quelques best-sellers, les librairies en ligne tirent la plus grande part de leurs bénéfices non pas de la vente des meilleurs titres
Long tail
, mais de la vente de l'ensemble des livres les moins lus.

La longue traîne (Long Tail en anglais) est une théorie qui décrit cette structure particulière du marché à l’ère d’internet, dans un grand nombre de secteurs. Le modèle économique ne repose plus sur une offre limitée d'articles produits à grande échelle, mais sur une offre très variée d'articles produits à peu d'exemplaires.

Ce cas de figure se manifeste particulièrement lorsqu'on mesure l'audience dans un segment de marché. Comme le révèle l'analyse de la fréquentation des sites web : les 100 sites web les plus visités reçoivent autant de visiteurs que les 900 sites suivants. Si on extrapole en considérant non pas seulement les 1 000 premiers sites, mais les 10 000 ou 100 0000 suivants, on se rend compte que la part des sites les plus fréquentés dans un domaine spécifique devient de moins en moins significative par rapport à l'audience générale du web. Cette nouvelle approche suggère un modèle économique basé non plus sur la quantité, mais sur la diversité de l'offre.


L'économie de niches[modifier]

Dans la dynamique de longue traîne, il ne s'agit plus de vendre les produits phares en grande quantité, mais un large éventail d'articles moins demandés, en quantités plus limitées. La longue traîne illustre la transition d'une économie basée sur la rareté vers une économie basée sur l'abondance. Enfin, cette conception modifie en profondeur la structure de l'économie qui ne reposerait plus sur quelques grands producteurs, mais sur une myriade de petits producteurs : on passe ainsi d'une économie de masse à une économie de niches.

Ce phénomène s'explique par le passage de la distribution physique à la distribution assistée par le numérique. D'une part, internet permet à un vendeur de proposer une gamme quasi infinie de produits. D'autre part, l'information sur les produits circule avec une plus grande fluidité. Par exemple, dans le cas des librairies en ligne, les recommandations de lecture peuvent mettre en avant des livres peu achetés ou même tombés dans l'oubli, grâce à des liens établis en fonction des thèmes, des auteurs ou des recommandations d'autres lecteurs, voire des achats combinés constatés par le système informatique. Le phénomène s'accentue dans le monde des produits 100 % numériques où la reproduction et le stockage d'un bien (par exemple, un fichier musical MP3) ne coûte rien. Ainsi, la vente de quelques unités suffit pour que cela soit rentable pour le distributeur.

Une vision à long terme plus qu'une réalité ?[modifier]

C'est en 2004, dans la revue Wired, que Chris Anderson publia l'article mettant en lumière la figure particulière de la longue traîne[1].

Depuis lors, certaines études ont émis des réserves sur le potentiel d’application de la longue traîne dans l’économie d’aujourd’hui, car la mise en réseau de tous les petits acteurs d'un domaine nécessite des technologies encore passablement coûteuses. Aussi tous les acteurs économiques ne bénéficient pas de la longue traîne.

Toutefois, même si les défis pour mettre en œuvre la longue traîne dans les divers secteurs de l’économie sont nombreux, un point fait l’unanimité : la longue traîne n'est pas une loi mécanique comme celle de la gravité, mais un modèle économique en puissance. Cela signifie que les conditions pour que ce modèle se réalise ne sont pas encore réunies et doivent être développées.

Parmi ces conditions, les outils internet en marque blanche[2] (chaque vendeur peut mettre son logo pour s’approprier un espace de commerce en ligne, comme s’il louait un stand dans une foire), et bien sûr l'évaluation par les consommateurs eux-mêmes grâce à des systèmes de recommandations, hors des circuits de distribution traditionnels[3].

Les réseaux sociaux tendraient justement à faciliter ce type de référencement. Enfin, le modèle reste valide lorsqu'il s'agit de la structure de l'audience sur internet, qui correspond bien à la forme de la longue traîne. C'est d'ailleurs d'une analyse portant sur l'audience des blogs dans le domaine commercial qu'est née la théorie de la longue traîne, telle que Chris Anderson l'a popularisée.

Vers une nouvelle économie ?[modifier]

On peut voir ici un signal fort en faveur de l’économie sociale et solidaire : composé de petits groupes d’acteurs cultivant la coopération en réseau, favorisant la diversité de produits et de services adaptés, le secteur tend progressivement à modifier la structure actuelle de l’économie, encore dominée par de grands groupes qui imposent leurs pratiques et produits. La dynamique de la longue traîne, si elle poursuit sa croissance, permet d’imaginer un renversement de la tendance en faveur de l’économie sociale et locale, au détriment des poids lourds de l’économie mondialisée.

Notes et références[modifier]

  1. The long trail, Weird Magazine.
  2. Article « Marque blanche », Wikipedia.
  3. Et toi, tu télécharges?,Alban Martin,pearson, Montreuil-sous-Bois(2010).

Liens externes[modifier]