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(Un quatrième pouvoir mis à mal. Tourmentes économiques et éthiques)
 
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"On est ce que l’on mange", affirment les nutritionnistes. Va pour le corps. Et l’esprit ? Et si l'on était ce qu’on lit ? Dans le paysage démocratique, la presse est considérée comme le quatrième pouvoir. Un pouvoir qui se doit de contrebalancer et d’équilibrer les trois autres –l’exécutif, le législatif, le judiciaire. C’est dire l’enjeu.
  
"On est ce que l’on mange", affirment les nutritionnistes. Va pour le corps. Et l’esprit ? Et si l'on était ce qu’on lit ? Dans le paysage démocratique, la presse est considérée comme le quatrième pouvoir. Un pouvoir qui se doit de contrebalancer et d’équilibrer les trois autres –l’exécutif, le législatif, le judiciaire. C’est dire l’enjeu.
 
  
'''Un quatrième pouvoir mis à mal. Tourmentes économiques et éthiques.'''
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== Un quatrième pouvoir mis à mal. Tourmentes économiques et éthiques ==
  
La presse, comme d’autres secteurs, fait face à de nouveaux défis. La concentration toujours plus importante des médias a jeté le discrédit sur leur diversité, sur leur qualité et sur leur objectivité. Volonté de profit, course à l’audience : le journalisme qui permet des gains maximums est celui qui traite de sujets sensationnels. Les stars, les accidents, les nouvelles à consommer sur le champ. Bonnes à jeter juste après. Cela crée une culture du court terme, de la réaction dans l’urgence, et l’économie « de la panique ». Le journalisme qui cherche des gains maximums c’est celui qui utilise le temps de cerveau disponible des lecteurs et des téléspectateurs en entretenant et en favorisant les collusions douteuses avec la publicité (publi-journalisme, journaux gratuits.) Une société du spectacle et du spectaculaire où tout se joue dans l’urgence, sans recul. D’autres modèles ont vu le jour grâce au numérique : blogs, journaux participatifs, médias sociaux permettant la diffusion décentralisée d’informations et l’éclosion du journalisme citoyen. « Tous journalistes ! ». Un mot d’ordre qui a fait frémir la corporation craignant pour ses acquis, et sa survie. Or, le journalisme numérique, même s’il se cherche encore un modèle économique viable, représente une avancée décisive contre la malinformation. Il est participatif : impliquer le lecteur dans le respect d’une charte de déontologie, faire jouer son expertise, l’associer à celle des journalistes permet de multiplier les regards, d’approfondir les sujets. Il est multimédias : il permet d’associer au texte, le son, l’image, la vidéo, les hyperliens. Un article s’enrichit ainsi de plusieurs degrés de lecture. Nourriture physique et nourritures abstraites se rejoignent donc : le slow food a la même philosophie que le slow journalism.
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La presse, comme d’autres secteurs, fait face à de nouveaux défis. La concentration toujours plus importante des médias a jeté le discrédit sur leur diversité, sur leur qualité et sur leur objectivité. Volonté de profit, course à l’audience : le journalisme qui permet des gains maximums est celui qui traite de sujets sensationnels. Les stars, les accidents, les nouvelles à consommer sur le champ. Bonnes à jeter juste après. Il en résulte une culture du court terme, de la réaction dans l’urgence, et l’économie « de la panique ».  
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Le journalisme qui cherche des gains maximums est celui qui utilise le temps de cerveau disponible des lecteurs et des téléspectateurs en entretenant ou en favorisant les collusions douteuses avec la publicité (publi-journalisme, journaux gratuits.) Il devient un rouage d'une société du spectacle et du spectaculaire où tout se joue dans l’urgence, sans recul.  
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Toutefois, d’autres modèles ont vu le jour grâce au numérique : blogs, journaux participatifs et médias sociaux permettent une diffusion décentralisée d’informations et favorisent l’éclosion du journalisme citoyen. « Tous journalistes ! ». Ce mot d’ordre a fait frémir la corporation craignant pour ses acquis et sa survie. Or, le journalisme numérique, même s’il se cherche encore un modèle économique viable, représente une avancée décisive contre la malinformation. Il est participatif : impliquer le lecteur dans le respect d’une charte de déontologie, faire jouer son expertise et l’associer à celle des journalistes permet de multiplier les regards, d’approfondir les sujets. Il est multimédias : il permet d’associer au texte, le son, l’image, la vidéo, les hyperliens. Un article s’enrichit ainsi de plusieurs degrés de lecture.  
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Nourriture physique et nourritures abstraites se rejoignent donc : le slow food a la même philosophie que le slow journalism.
  
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Exemples de nouveau journalisme participatif : Ohmynews, Mediapart, Rue89, AgoraVox, Huffington Post, BondyBlogs, Drudge Report etc.
  
Exemples de nouveau journalisme participatif : Ohmynews, Mediapart, Rue89, AgoraVox, Huffington Post, BondyBlogs, Drudge Report etc.
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== Un cinquième pouvoir pour la vigilance citoyenne ==
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Le pourvoir des médias indépendants n'est il pas en train de migrer vers un Internet citoyen? Se pourrait-il alors que le quatrième pouvoir ne se résume plus qu'aux intérêts commerciaux de grands groupes privés et qu'un cinquième pouvoir émerge, celui des citoyens du net?
  
« Le principe de la liberté de la presse n’est pas moins essentiel, n’est pas moins sacré que le principe du suffrage universel. Ce sont les deux côtés du même fait. Ces deux principes s’appellent et se complètent réciproquement. La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l’une, c’est attenter à l’autre » Victor Hugo, Discours à l'Assemblée constituante de 1848.
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== Ils ont dit ==
  
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« Le principe de la liberté de la presse n’est pas moins essentiel, n’est pas moins sacré que le principe du suffrage universel. Ce sont les deux côtés du même fait. Ces deux principes s’appellent et se complètent réciproquement. La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l’une, c’est attenter à l’autre »
  
"Les faits sont sacrés, mais les commentaires sont libres." Beaumarchais
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Victor Hugo, Discours à l'Assemblée constituante de 1848.
 
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'''Le Saviez-vous ?''' En 1983, 50 grosses entreprises dominaient le marché international. En 1987, elles n'étaient plus que 29. En 1990, elles sont passées de 29 à 23. En 1997, elles n’étaient plus que 10. En 2003, l’industrie mondiale des médias était dominée par un peloton de tête composé de 9 entreprises géantes. Les cinq plus importantes sont Time Warner (47 milliards d'euro de CA en 2008), Disney (36 milliards US$), Bertelsmann (15 milliards US$), Viacom (13 milliards US$) et News Corporation de Rupert Murdoch (11 milliards US$).
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== Les infos en plus ==
  
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En 1983, 50 grosses entreprises dominaient le marché international des médias. En 1987, elles n'étaient plus que 29. En 1990, elles sont passées de 29 à 23. En 1997, elles n’étaient plus que 10. En 2003, l’industrie mondiale des médias était dominée par un peloton de tête composé de 9 entreprises géantes. Les cinq plus importantes sont Time Warner (47 milliards d'euro de CA en 2008), Disney (36 milliards US$), Bertelsmann (15 milliards US$), Viacom (13 milliards US$) et News Corporation de Rupert Murdoch (11 milliards US$).
  
'''Le Saviez-vous ?''' En Australie, Rupert Murdoch possède 7 des 12 quotidiens nationaux. En Italie, Silvio Berlusconi contrôle six des sept chaînes de télévision du pays.  
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En Australie, Rupert Murdoch possède 7 des 12 quotidiens nationaux. En Italie, Silvio Berlusconi contrôle six des sept chaînes de télévision du pays.  
 
   
 
   
 
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=== Sources iconographiques ===
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== Sources et notes ==
 
 
http://www.leravi.org/IMG/jpg/05rv60charmag_prozac.jpg
 
 
 
http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L444xH270/bottom-up5jpabc6-2c8fe.jpg
 
 
 
http://www.pensee-unique.fr/images/mediablog0.jpg
 
 
 
http://lou.quetiero.free.fr/ARCHIVES/2006-Medias-France.jpg
 
 
 
http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L540xH436/media-88a5a.jpg
 
 
 
http://libreria.sourceforge.net/library/Free_Culture/images/media-concentration-alt.png
 
 
=== Sources et notes ===
 
  
 
Concentration des medias en Suisse : http://www.acrimed.org/article1078.html
 
Concentration des medias en Suisse : http://www.acrimed.org/article1078.html
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http://www.press.uchicago.edu/Misc/Chicago/042848.html
 
http://www.press.uchicago.edu/Misc/Chicago/042848.html
  
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'''Comment nous manipuler en 10 leçons'''
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''Article paru dans Nexus, novembre-décembre 2010''
 
  
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Pressenza International Press Agency a résumé, fin septembre, les dix commandements de la manipulation médiatique, selon le célèbre sociologue Noam Chomsky. Les voici en bref:
 
1)'''La stratégie de la distraction''' : élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d'informations insignifiantes (...).
 
2)'''Créer des problèmes, puis offrir des solutions''' : (...) Par exemple : laisser se développer la violence urbaine (...) afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
 
3)'''La stratégie de la dégradation''' : pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l'appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de dix ans (...).
 
4)'''La stratégie du différé''' : une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter  comme  « douloureuse mais  nécessaire »,  en  obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur
 
qu'un sacrifice immédiat (...).
 
5)'''S'adresser au public comme à des enfants en bas âge''' : si l'on s'adresse à une personne comme
 
si elle était âgée de douze ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine
 
probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d'un enfant de cet
 
âge.
 
6)'''Faire appel à l'émotionnel plutôt qu'à la réflexion'''.
 
7)'''Maintenir le public dans l'ignorance et la bêtise''' : (...) la qualité de l'éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre,de telle sorte que le fossé de l'ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.
 
8)'''Encourager le public à se complaire dans la médiocrité''', à trouver « cool » le fait d'être bête,
 
vulgaire et inculte...
 
9)'''Remplacer la révolte par la culpabilité''' : faire croire à l'individu qu'il est seul responsable de son malheur (...). Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique,  l'individu  s'auto-dévalue  et  culpabilise,  ce  qui engendre un état dépressif dont l'un des effets est l'inhibition de l'action (...).
 
10)'''Connaître les individus mieux qu'ils  ne  se  connaissent  eux-mêmes''' : grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l'individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même.
 
  
''Nexus, novembre-décembre 2010''
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Version actuelle datée du 8 septembre 2011 à 17:26

"On est ce que l’on mange", affirment les nutritionnistes. Va pour le corps. Et l’esprit ? Et si l'on était ce qu’on lit ? Dans le paysage démocratique, la presse est considérée comme le quatrième pouvoir. Un pouvoir qui se doit de contrebalancer et d’équilibrer les trois autres –l’exécutif, le législatif, le judiciaire. C’est dire l’enjeu.


Un quatrième pouvoir mis à mal. Tourmentes économiques et éthiques[modifier]

La presse, comme d’autres secteurs, fait face à de nouveaux défis. La concentration toujours plus importante des médias a jeté le discrédit sur leur diversité, sur leur qualité et sur leur objectivité. Volonté de profit, course à l’audience : le journalisme qui permet des gains maximums est celui qui traite de sujets sensationnels. Les stars, les accidents, les nouvelles à consommer sur le champ. Bonnes à jeter juste après. Il en résulte une culture du court terme, de la réaction dans l’urgence, et l’économie « de la panique ». Le journalisme qui cherche des gains maximums est celui qui utilise le temps de cerveau disponible des lecteurs et des téléspectateurs en entretenant ou en favorisant les collusions douteuses avec la publicité (publi-journalisme, journaux gratuits.) Il devient un rouage d'une société du spectacle et du spectaculaire où tout se joue dans l’urgence, sans recul. Toutefois, d’autres modèles ont vu le jour grâce au numérique : blogs, journaux participatifs et médias sociaux permettent une diffusion décentralisée d’informations et favorisent l’éclosion du journalisme citoyen. « Tous journalistes ! ». Ce mot d’ordre a fait frémir la corporation craignant pour ses acquis et sa survie. Or, le journalisme numérique, même s’il se cherche encore un modèle économique viable, représente une avancée décisive contre la malinformation. Il est participatif : impliquer le lecteur dans le respect d’une charte de déontologie, faire jouer son expertise et l’associer à celle des journalistes permet de multiplier les regards, d’approfondir les sujets. Il est multimédias : il permet d’associer au texte, le son, l’image, la vidéo, les hyperliens. Un article s’enrichit ainsi de plusieurs degrés de lecture. Nourriture physique et nourritures abstraites se rejoignent donc : le slow food a la même philosophie que le slow journalism.

Exemples de nouveau journalisme participatif : Ohmynews, Mediapart, Rue89, AgoraVox, Huffington Post, BondyBlogs, Drudge Report etc.

Un cinquième pouvoir pour la vigilance citoyenne[modifier]

Le pourvoir des médias indépendants n'est il pas en train de migrer vers un Internet citoyen? Se pourrait-il alors que le quatrième pouvoir ne se résume plus qu'aux intérêts commerciaux de grands groupes privés et qu'un cinquième pouvoir émerge, celui des citoyens du net?

Ils ont dit[modifier]

« Le principe de la liberté de la presse n’est pas moins essentiel, n’est pas moins sacré que le principe du suffrage universel. Ce sont les deux côtés du même fait. Ces deux principes s’appellent et se complètent réciproquement. La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c’est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l’une, c’est attenter à l’autre »

Victor Hugo, Discours à l'Assemblée constituante de 1848.

Les infos en plus[modifier]

En 1983, 50 grosses entreprises dominaient le marché international des médias. En 1987, elles n'étaient plus que 29. En 1990, elles sont passées de 29 à 23. En 1997, elles n’étaient plus que 10. En 2003, l’industrie mondiale des médias était dominée par un peloton de tête composé de 9 entreprises géantes. Les cinq plus importantes sont Time Warner (47 milliards d'euro de CA en 2008), Disney (36 milliards US$), Bertelsmann (15 milliards US$), Viacom (13 milliards US$) et News Corporation de Rupert Murdoch (11 milliards US$).

En Australie, Rupert Murdoch possède 7 des 12 quotidiens nationaux. En Italie, Silvio Berlusconi contrôle six des sept chaînes de télévision du pays.


Sources et notes[modifier]

Concentration des medias en Suisse : http://www.acrimed.org/article1078.html

Concentration des medias en France : http://www.observatoire-medias.info/imprimer.php3?id_article=103/

http://www.mediapart.fr/club/edition/association-des-lecteurs-de-mediapart-alm/article/010209/faisons-le-point-sur-la-concen

Chiffres internationaux : http://www.youthxchange.net/fr/main/b261_media-concentration-a.asp

Appel de journalistes : http://www.mediapart.fr/club/edition/etats-generaux-de-la-presse-le/article/131008/presse-notre-lettre-ouverte-aux-etats-gen

Charte : http://www.journalistes-cfdt.fr/charte-1918/charte-de-munich.html

François Heinderyckx, La Malinformation Paris, éditions Labor, 2002.

Journalisme de demain: http://hackshackers.com/about/

W. Lance Bennett, Regina G. Lawrence, and Steven Livingston When the Press Fails, Political Power and the News Media from Iraq to Katrina University of Chicago Press, 2007

http://www.press.uchicago.edu/Misc/Chicago/042848.html

Sources iconographiques[modifier]

http://www.leravi.org/IMG/jpg/05rv60charmag_prozac.jpg

http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L444xH270/bottom-up5jpabc6-2c8fe.jpg

http://www.pensee-unique.fr/images/mediablog0.jpg

http://lou.quetiero.free.fr/ARCHIVES/2006-Medias-France.jpg

http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L540xH436/media-88a5a.jpg

http://libreria.sourceforge.net/library/Free_Culture/images/media-concentration-alt.png