Natifs et migrants numériques : Différence entre versions

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Version du 12 janvier 2015 à 14:22

Notions-clés : digital native, digital migrant, hominisation, culture numérique, propriétés sociotechniques, homo numericus, génération C, Slash Génération.

Profils-clés : Joël de Rosnay, Pierre Mounier, Josée Bélanger, Olivier le Deuff, Benoît Sillard, Gamers.


« Non, tu n'as pas été téléchargé : je t'ai mis au monde ! »
Le savoir au bout des doigts…
Un digital migrant en difficulté
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Un quiz pour l'apéritif

Question : Je m'impatiente très vite. J'ai tendance à fuir les bancs d'école. Mon plaisir à apprendre se développe principalement à travers le jeu et la consommation. Je suis à l'aise pour accomplir plusieurs tâches à la fois. J'ai de bonnes intuitions. Je suis flexible. Le compliment qui me touche le plus, c'est lorsqu'on me dit que je suis un être spécial et unique. Qui suis-je ?

A) Un rebelle moderne

B) Un génie informatique

C) Un digital natif

La bonne réponse est « natif numérique » – en anglais digital native.

À la différence des « migrants numériques », qui doivent progressivement se « reprogrammer pour adopter de nouvelles pratiques bizarres et ne pas se retrouver exclus », les natifs numériques, ont intégré dès l'enfance les outils numériques tels que l'ordinateur et le téléphone portable. Pour les natifs, le monde numérique est naturel. Ainsi les enfants d'aujourd'hui savent de plus en plus souvent photographier avec un smartphone avant même de savoir lire. L'écrivain et chercheur Joël de Rosnay les décrit comme des sortes de mutants, à qui on ne fait que trop rarement confiance. On les dit superficiels, incapables de se concentrer, n'appréciant que l'ultrarapide. Mais ces défauts peuvent être convertis en qualité et favoriser la spontanéité, l'interactivité, la gratification spontanée, la solidarité, le partage, la gestion naturelle de la complexité, la vision stratégique…

Néologisme

Nous vivons le passage spectaculaire de l' Homo Sapiens à l' Homo Numericus. Expression chère au chercheur français Pierre Mounier, auteur précurseur du livre Les maîtres du réseau et du blog Homo Numericus, sous-titré « Comprendre la révolution numérique ».

Au Québec, un terme émergent est « génération C ». Une étude de Josée Bélanger en 2009, intitulée Portrait d'une jeunesse citoyenne, montre que dans les motivations à s'engager de la nouvelle génération sont différentes.

  1. La possibilité de connaître de nouvelles expériences de travail
  2. La présence des amis
  3. Leur intérêt pour la cause ou pour l'organisation
  4. L'impression de pouvoir faire une différence
  5. La possibilité de pouvoir faire des rencontres

Le chemin vers la qualité

Une maxime du film Matrix est restée célèbre : « Certaines choses changent, et d'autres ne changent pas. » En l'adaptant au sujet de cet article, on peut dire que même si les natifs numériques disposent de nouvelles compétences par rapport aux générations qui les ont précédées, l'époque et l'environnement contemporains ne doivent dispenser personne de l'effort à se connaître soi-même , c'est là une base incontournable si l'on espère être heureux. La culture numérique, qui est née au cœur de la société de consommation, et qui continue d'y baigner, comporte de nombreux effets pervers. Il est essentiel de savoir les identifier et les éviter. C'est ainsi que certains des « usagers » se laissent dominer par l'outil et échouent par conséquent à mettre en place une démarche durable et saine à l'égard du numérique.

Le défi principal consiste à résister à la dictature de l'immédiat – à l'impatience – et à la tentation de rejeter loin de soi toute responsabilité, par manque de suivi et de finalisation de ses « faits et gestes numériques ». Or, apprendre à respecter ses engagements, à préserver et à magnifier les biens communs sont des démarches indispensables, qui le demeureront tant que nous resterons nous-mêmes en devenir, membres d'une espèce en voie d'hominisation.

Dans un effort de dialogue et d'enrichissement mutuel, chacun d'entre nous, qu'il soit digital migrant ou natif, est donc à même de proposer de grilles de lecture pertinentes, complémentaires par leurs différences, et non exclusives. L'important reste la transmission, la connaissance des clés de la culture du numérique et des enjeux qu'elle pose.

Les propriétés sociotechniques du numérique (nous revenons sur ce point dans l'article dédié « Numérique : cinquième élément ? ») s'apprécient par raffinements successifs. Leur compréhension n'apparaît que progressivement. Insuffisante, elle peut, sur certaines périodes, donner lieu à des déviances ou à des excès dans l'usage des outils numériques. En la matière, la vigilance est donc requise : l'excès est toujours nocif — le mieux est l'ennemi du bien.

Le pouvoir de l'ici et maintenant

Une étude réalisée par la BBC chiffre à neuf secondes la tolérance moyenne de l'utilisateur à l’attente sur internet. Le temps moyen passé sur un site est, lui, de 56 secondes. 65 % des digital natives considèrent internet comme leur première source d’information. Entre 2008 et 2009, le temps consacré par les internautes aux réseaux sociaux a augmenté de 200 %. Et 74 % des 11-15 ans utilisent désormais le Net pour communiquer entre eux[1].

L'école de demain

En France, selon une étude réalisée par Le Monde de l'éducation ainsi qu'une étude BVA pour France Info, seuls 30 % d'étudiants se disent satisfaits du système éducatif, contre 60 % il y a moins de 20 ans. Il est vrai que l'utilisation d'internet et des outils numériques se développe fort peu à l'école. Dès lors les digital natives supposent, intuitivement, qu'ils apprendront davantage hors du cadre scolaire. La culture participative n'en émerge pas moins, petit à petit, en milieu scolaire, et de nombreuses initiatives d'enseignants vont dans le sens des nouveaux paradigmes de la culture numérique : utiliser Wikipédia à l'école, encourager les élèves à partager leurs savoirs sous la supervision du professeur…

Bon points et mauvais points

La culture digital native a ses avantages et inconvénients:[2]

Positifs :

  • Travailler en multitâche, cool, en jouant ;
  • Approche intuitive, apprend en faisant ;
  • Culture hypertexte, très flexible.

Négatifs :

  • Importance de la consommation et des loisirs ;
  • Dictature de l'immédiat, frustration rapide ;
  • Demande de reconnaissance individuelle.


Gamers[3]

Ils symbolisent très bien les digital natives. Gamers, c'est le nom que se donnent les amateurs de jeux électroniques. À leur propos circulent de nombreux stéréotypes, émanant le plus souvent de commentateurs dépourvus de la moindre expérience en la matière : ils réduisent les gamers à des caricatures de princes sauveurs de princesses ou de tueurs nihilistes évoluant en permanence au sein d'univers ultraviolents.

Ce qu'ignorent ces observateurs inquiets, c'est qu'avec la culture internet, les jeux ont considérablement évolué. La plupart d'entre eux traitent de sujets sérieux : l'édification d'une ville, la gestion d'une ferme, l'animation d'un collectif, la levée de fonds à objet social… Si le risque de dépendance au jeu existe, il ne faut pas pour autant négliger ses aspects positifs. Aujourd'hui, ceux qui sont nés avec les jeux sur écran sont trentenaires. Ils ont mûri et les jeux avec eux. Si l'esprit ludique permet, au final, de mieux s'engager dans des projets concrets, le passage par l'étape du jeu virtuel prend tout son sens.

Connaissez-vous la Slash Génération ?

La culture digital native, c'est déjà du passé pour la génération slash, alias SlashGen. Voici un extrait du blog d'une slasheuse qui explique ce qu'on entend par cette nouvelle typologie socio-culturelle :[4]

« Je suis une slasheuse, what else ? Ça fait des années que je ne rentre plus dans aucune case, et encore je ne suis même pas sûre d’être rentrée un jour dans une case. Ça fait des années que je suis bien incapable de répondre à la question « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? », et encore moins à celle « Quel est votre métier ? ».
Analyste programmeur / spécialiste systèmes réseaux / Ingénieur après vente / Product marketing manager / Chargée de com / Webmaster / Chargée de projet Web / Responsable markcom / coordinatrice technique dans la PAO / Rédactrice technique / auteur à l’occasion et encore je ne mets pas tout, respirons, respirons… j’ai rebondi de « / » en « / » (slash dans le texte) en fonction des situations, du chômage, de mes envies et opportunités.
Pas de la génération « X », et encore moins de la génération « Y », je me reconnais par contre dans la génération slash dite #slashgen, cette génération transversale sans critère d’âge (et là j’insiste) où l’on retrouve les touche à tout en quête de renouvellement permanent. Ceux qui ont compris qu’il y a bien longtemps qu’on ne garde plus un job ou une activité pour la vie ! Certains slasheurs slashent uniquement pour assouvir leurs passions, moi j’alterne ou je cumule les envies et les obligations. Et oui, on ne fait pas toujours ce que l’on veut, surtout passé un certain âge, et il faut bien vivre mon pauvre Monsieur. Alors, ce que je ne peux pas assouvir dans ma vie active, je le slash dans ma vie privée, et là je deviens photographe amateur / blogueuse / socialnetworkeuse / curieuse de tout / électron libre.
Je suis une slasheuse quoi ! »

Notes et références

  1. The Nielsen Company. Social Networking and Blog Sites Capture More Internet Time and Advertising, article du 24 septembre 2009, sur blog.nielsen.com
  2. Olivier le Deuff. Le Monde de l'éducation. Avril 2008.
  3. Benoît Sillard. Maîtres ou esclaves du numérique. Eyrolles, Paris. 2011.
  4. Sophie Ménart. Je suis une slasheuse, what else?

Liens externes