Passage des -isme en -ité : Différence entre versions

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Si on admet qu'une transition subtile et fondamentale est à l'oeuvre, voici une grille de lecture pour mieux la percevoir.
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Version du 5 mars 2011 à 18:11

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"Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés: celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la "troisième voie" vers laquelle nous nous engageons."

Source: Joël de Rosnay in Le macroscope: vers une vision globale

Processus d'hominisation

Une transition intéressante qui est à l'œuvre aujourd'hui est celle que l'on pourrait nommer métaphoriquement la transformation des -ismes en -ité. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle avec le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif à celui de savoir-faire et de pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition demande un changement de comportement très profond.

Dans l'ancien paradigme, les choix de modèles de société se nomment capitalisme, communisme, socialisme ou, auparavant, christianisme, royalisme, etc. Dans une société globalisée où tout est relié, il n'est plus question de modèles, mais de boîte à outils. Il faut en permanence passer d'un modèle à l'autre et s'adapter en fonction des contextes. La clé du succès est l'adaptation. Il s'agit de modifier ses critères d'analyse en fonction de la culture. Certaines expressions sont des embryons de nouveau paradigme. C'est le cas du système D.

Ainsi, on se confronte en permanence à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. On passe d'un système de pensée unique, rejetant tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée, de modes d'actions, plus riches, plus complets et bien plus variés.

C'est cela, le processus d'hominisation : maîtriser une plus grande part de notre potentiel humain grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent à priori plus complexes. La boîte à outils est plus complexe, elle s'exprime par critères, par conditions. Le monde n'est plus seulement relatif, il est aussi conditionnel. Les conditions de succès ici ne seront pas les conditions de succès là-bas. Un signal de ce changement est l'usage des termes en "-ité". Il symbolise le fait que les choses sont de moins en moins tranchées et contradictoires (système communiste ou capitaliste pour ne citer qu'une opposition classique). Les réalités sont de plus en plus nuancées. Les formulations émergentes sont sociabilité, "compatibilité", "évolutivité". Le concept qui sous-tend la fin des mots en "-ité" est celui de la fluctuation. On parle de "degré" : d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité...

Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Par exemple, nous développons tous des capacités de sociologue en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.

Ce passage révèle celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être ; il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.

Certains termes permettent de réunir des pratiques qui sembles contradictoires à certains. Notamment: entrepreneuriat social, un concept qui encourage autant la dynamique d'entreprendre que la culture du bien commun. Pionniers du changement: passeurs de la transition. Créatifs culturels: ils développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux. Ou encore les médiateurs: dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur à la consommation, médiateur social, médiateur internet), les médiateurs et les modérateurs créent du lien.

Une transition difficile

La position dominante, c'est d'être d'accord sur le principe, les institutions, la presse, l'enseignement; tout le monde est d'accord sur le principe mais peine à le mettre en oeuvre, car ça demande un changement de comportement très profond. Typiquement, ce qu'on appelle une approche écosystémique où on prend en compte tous les aspects parce que justement la boîte à outils fait qu'on fait appel à tous les outils et non plus à un seul outil. La théorie est assez admise, tout ce qui est développement durable, etc. va dans ce sens, mais dans la pratique, c'est assez dur à mettre en oeuvre.

Un choc entre générations

Il s'agit de promouvoir des pratiques vraiment durables, un engagement en profondeur et pas juste en superficie, tout en sachant qu'il se fait malheureusement souvent avec des ruptures. Comme par exemple la rupture qu'on peut constater au niveau de l'école, où il y a de plus en plus de rejets du système scolaire par les étudiants qui disent « Nous, on veut un système d'approche qui soit beaucoup plus flexible, beaucoup plus modulaire et beaucoup moins dogmatique ». Et là on a un choc de génération qui est certain... Il s'exprime aussi dans d'autres domaines, comme au niveau politique, où il y a de plus en plus d'organisations de la société civile qui disent « Nous, on s'engage en tant qu'organisme qui va peser dans le processus politique, mais qui ne présente pas de candidat et qui ne représente pas un mouvement politique, mais plutôt le droit à une citoyenneté active. » Cette dynamique citoyenne a toujours existé, mais elle est plus forte encore aujourd'hui.


21 critères pour comprendre les 2 tendances au le 21e siècle

Si on admet qu'une transition subtile et fondamentale est à l'oeuvre, voici une grille de lecture pour mieux la percevoir.


21 critères pour 2 tendances
Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers. Tendance et croyance géocentriste, la terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète
Cloisonnement Ouverture
Statique Dynamique
Conformisme Adaptibilité
Incompatibilité Compatibilité
Extrémisme Modération
Invariance Evolutivité
Autarcie Mutualisation
Institutionnalisation Modélisation
Répression Prévention
Monolithisme Modularité
Ignorance Attention
Informelles Formalisation
Homogénéité Diversité
Opacité Transparence
Mécanique Organicité
Non coopération Coopération
Spéculation Valorisation
Centralisation Décentralisation
Eloignement Proximité
Exclusivité Non exclusivité
Dispersion Finalisation



Article connexe

La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex


Encart 1

"Il est devenu presque banal de constater l'échec des deux projets de société: celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la "troisième voie" vers laquelle elle s'engage."

Joël de Rosnay in Le macroscope: vers une vision globale

Encart 2

Histoire vraie : Show me the code

Un exemple issu de l'histoire de l'informatique libre est assez parlant à ce sujet : Linus Torvalds, peu après avoir diffusé le logiciel Linux dès 1991, recevait beaucoup de messages de professionnels de l'informatique, qui lui suggéraient des modifications ou des améliorations, souvent complexes et longues à mettre en œuvre. Pendant un certain temps, il a montré profil bas, en pensant qu'il aurait tort de ne pas tirer parti de l'expérience de personnes plus expérimentées, mais il a fini par se lasser de ces donneurs de leçons. Il a répondu à ceux, toujours prêts à suggérer mais jamais à s'impliquer : Parler ne coûte rien. Montrez-moi plutôt le code (Talk is cheap. Show me the code en anglais). Il marquait ainsi sa préférence pour ceux qui lui faisaient une proposition solide avec une mise en œuvre qui marche plutôt que ceux qui se contentaient de prodiguer des conseils sans mettre la main à la pâte.

Encart 3

Le saviez-vous ?

Howto: "Vient de how to (do) (comment faire). Document, souvent court, décrivant comment réaliser certaines tâches. Il est généralement créé dans le but d'aider les moins expérimentés. Ainsi, dans une volonté de simplification, il laisse de côté certains détails réservés aux experts. On trouve par exemple un nombre important de howtos ou de « mini-howtos » pour la réalisation de certaines tâches sous Linux. La forme en un seul mot est préférée dans le but de simplifier la recherche en excluant naturellement les documents contenant des occurences de how et de to sans lien entre eux"


Schéma 21 critères

Introduction

Dans le nouveau paradigme d'une société globalisée, ce qui compte pour trouver sa place, c'est de définir les bons critères d'analyse, en fonction des bonnes valeurs qui les sous-tendent. Et ensuite d'utiliser ces critères pour obtenir les indicateurs les plus fiables possible de l'état d'une situation. Est-elle basée sur les critères anciens, d'un monde basé sur des modèles ou sur les critères nouveaux d'un monde basé sur des boîtes à outils ? Ce tableau se pose en outil pour distinguer les deux tendances.


tableau 21 critères à mettre ici


Sources et notes

http://fr.howto.wikia.com/wiki/Accueil http://kjcornell.files.wordpress.com/2009/11/20070416-how-to-tie-a-tie.gif


Sources iconographiques

http://www.bivingsreport.com/wp-content/uploads/2006/09/WindowsLiveWriter/ProBloggersHowto.Contest_C6B3/how%20to%5B3%5D.gif