Passage des -isme en -ité : Différence entre versions

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« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés : celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la ''troisième voie'' vers laquelle nous nous engageons. »<ref>Joël de Rosnay in ''Le macroscope'' : vers une vision globale.</ref>
 
« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés : celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la ''troisième voie'' vers laquelle nous nous engageons. »<ref>Joël de Rosnay in ''Le macroscope'' : vers une vision globale.</ref>

Version du 3 octobre 2011 à 01:45

Hominisation, transformation des -ismes en -ité, transition, 21 critères, show me the code, howto


Homme-blanc-papalagui.jpg

« Il est devenu presque banal de constater l'échec de deux projets de sociétés : celui qui est offert par le capitalisme sauvage et celui qui est offert par le communisme bureaucratique. Mais il est plus difficile de définir la troisième voie vers laquelle nous nous engageons. »[1]

Processus d'hominisation

Une transition intéressante est aujourd'hui à l'œuvre : la transformation des -ismes en -ité. Elle induit la notion d'un retournement radical de modèle, plus précisément le glissement d'un modèle dominant transmis verticalement à un public passif à un modèle privilégiant des savoir-faire et des pratiques transversaux, raisonnés et responsables. Cette transition s'accompagne nécessairement d'un « Net » changement de comportement.

Selon l'ancien paradigme, les différents choix de modèles de société se nommaient capitalisme, communisme, socialisme ou, auparavant, christianisme, royalisme, etc. Dans une société globalisée où tout est relié, il n'est plus question de modèle, mais de boîte à outils. Il faut être capable de passer en permanence d'un modèle à l'autre et savoir s'adapter en fonction des contextes. L'adaptation, de fait, est la clé du succès : il s'agit désormais de modifier ses critères d'analyse en fonction de l'évolution culturelle. Certaines méthodes ou recettes connues, comme le système D, font d'ailleurs figure d'embryons du nouveau paradigme. Nous sommes constamment confrontés à d'autres modes de fonctionnement. La diversité des cultures et des approches se mélange dans notre tête, dans nos pratiques quotidiennes, dans notre être tout entier. Nous passons d'un système de pensée unique, qui rejette tous les autres, à une combinaison de systèmes de pensée et de modes d'actions plus riches, plus complets et bien plus variés. C'est cela, le processus d'hominisation : la maîtrise d'une part toujours plus grande de notre potentiel humain, grâce à la maîtrise de dynamiques qui nous semblent a priori plus complexes. La boîte à outils, en effet, est plus complexe. Elle fait intervenir des critères requis, des conditions nécessaires. Le monde n'est plus seulement relatif, mais conditionnel. Les conditions du succès ici ne seront pas les conditions du succès là-bas. Le développement de l'usage de termes dotés du suffixe -ité atteste que les choses sont moins tranchées et contradictoires qu'elles ne le furent (comme dans l'opposition classique des systèmes communiste et capitaliste). Les réalités sont de plus en plus nuancées et l'on voit émerger de nouvelles formulations telles « sociabilité », « compatibilité », « évolutivité ». Le suffixe -ité évoque la fluctuation qui remplace ou complète, selon les croyances, la notion de tendance. On parle ainsi de « degré » d'adaptabilité, de créativité, de fonctionnalité… et non plus de « tendance » capitaliste ou communiste.

Les technologies numériques sont au cœur de cette évolution car elles donnent accès à tous et en tout temps à l'ensemble des outils permettant de passer d'un mode de fonctionnement à l'autre, d'une grille de lecture à l'autre, d'un indicateur à l'autre. Ainsi nous développons tous des capacités de sociologue en analysant les comportements humains, ou des pratiques de journaliste en sélectionnant des informations, en les échangeant et en les mettant en perspective.

Ce passage révèle celui d'une culture théorique à une culture de mécanismes pratiques, un glissement du dogme aux faits et à la mobilité, à l'agilité intellectuelle. Ce passage est d'autant plus ardu qu'il nous demande non seulement de participer à la création ou à l'adaptation de ces modes de pensée mais aussi et surtout de les incarner. On ne peut plus se contenter de dicter comment les choses doivent être ; il faut aussi les mettre en œuvre, les habiter pour les faire vivre.

Certaines activités permettent d'identifier et de réunir des pratiques qui pourraient sembler contradictoires. C'est le cas de l'entrepreneuriat social, un concept qui encourage aussi bien la dynamique entrepreneuriale que la culture du bien commun ; les pionniers du changement sont les précieux passeurs requis par cette grande transition ; les créatifs culturels développent de nouvelles solutions face aux enjeux sociétaux ; les médiateurs, dans les domaines sociaux et professionnels (médiateur consommation, médiateur social, médiateur Internet…), au même titre que les modérateurs, créent du lien.

Une transition difficile

Tout le monde est d'accord sur l'urgence de promouvoir des pratiques vraiment durables. Il est plus difficile de dégager une unanimité sur les critères choisis pour définir ces pratiques. La transition se déroule donc souvent à travers des ruptures provoquées par le choc de visions du monde sinon antagonistes, en tout cas délicates à unifier. La progression semble suivre le principe du « trois pas en avant, deux pas en arrière, puis trois pas en avant à nouveau ». Au niveau scolaire et universitaire, les étudiants sont de plus en plus nombreux à rejeter le système qui leur est imposé. Ils réclament une école beaucoup plus flexible, modulaire, moins dogmatique, qui réduise le contrôle exercé par les enseignants et favorise l'entraide entre étudiants. Les mêmes aspirations s'expriment dans le champ politique, où de plus en plus d'organisations de la société civile choisissent de s'engager pour peser dans le processus politique, mais sans présenter de candidats aux élections : elles ne se posent pas en mouvements politiques. Elles revendiqueraient plutôt le droit à une citoyenneté active. Cette dynamique citoyenne a certes toujours existé, mais elle est plus forte aujourd'hui qu'elle ne le fut jamais.

21 critères pour comprendre les 2 tendances au XXIe siècle

Selon le nouveau paradigme d'une société globalisée, où l'information est infinie et la matière finie, les options disponibles sont très nombreuses. Pour prendre les bonnes décisions, il importe d'abord d'avoir défini de bons critères d'analyse. Il est à cette fin indispensable de connaitre les différentes visions du monde (croyances) qui sous-tendent chaque critère. On pourra ensuite utiliser ces critères comme autant d'aides à la décision. Lorsqu'un choix important se propose à nous, nos réflexes sont-ils basés sur les critères anciens d'un monde lui-même fondé sur des modèles, ou sur les critères nouveaux d'un monde de boîtes à outils ? Ce tableau permet de distinguer les deux tendances.

21 critères pour 2 tendances
Tendance et croyance anthropocentriste, l’homme est au centre de l’univers. Tendance et croyance géocentriste, la terre est au centre, l’homme en fait partie, il est gardien de la planète
Cloisonnement Ouverture
Statique Dynamique
Conformisme Adaptabilité
Incompatibilité Compatibilité
Extrémisme Modération
Invariance Évolutivité
Autarcie Mutualisation
Institutionnalisation Modélisation
Répression Prévention
Monolithisme Modularité
Ignorance Attention
Non formalisation Formalisation
Homogénéité Diversité
Opacité Transparence
Mécanique Organicité
Non coopération Coopération
Spéculation Valorisation
Centralisation Décentralisation
Éloignement Proximité
Exclusivité Non exclusivité
Dispersion Finalisation


Article connexe : La polarisation et la convergence, les deux effets du vortex

Compléments

Histoire vraie : Show me the code

Issu de l'histoire de l'informatique libre, l'exemple suivant est édifiant. Linus Torvalds, lorsqu'il a commencé à diffuser le logiciel Linux (1991), recevait de nombreux messages émanant de professionnels de l'informatique. Les uns et les autres lui suggéraient des modifications ou des améliorations, souvent complexes et longues à mettre en œuvre. Pendant un certain temps, Torvalds fit profil bas : il estimait qu'il aurait tort de ne pas tirer parti de l'expérience de personnes plus expérimentées que lui. Il finit pourtant par se lasser des donneurs de leçons et répondit à ceux, toujours prêts à suggérer mais jamais à s'impliquer, que « parler ne coûte rien. Montrez-moi plutôt le code » (Talk is cheap. Show me the code). Il marquait ainsi sa préférence envers ceux qui lui faisaient une proposition solide, accompagnée d'une mise en œuvre fonctionnelle, plutôt qu'à ceux qui se contentaient de prodiguer des conseils sans mettre la main à la pâte.

Le royaume des howto[2]

Imaginez la suite…

On apprend aujourd'hui de plus en plus par soi-même. « Howto » vient de how to [do] (comment faire). Internet est le nouveau royaume des Howto. Toute pratique y est documentée. Souvent sous forme résumée, pas toujours suffisante pour aller au bout des choses, mais toujours pensée pour aider les moins expérimentés ; ainsi, dans une volonté de simplification, les modes d'emploi laissent de côté certains détails réservés aux experts. Chercher un mode d'emploi permet d'ailleurs d'entrer dans la culture des Howto. Concentrés, dans un premier temps, sur les différentes manières permettant de résoudre tel ou tel problème informatique, les Howto ont vite débordé dans tous les domaines accessibles : recettes de cuisine, conseils santé, auto-construction d'habitat, réparation de machines, mais aussi relations de couple, etc. Un problème, une question ? Tapez « comment » suivi de votre question, affinez la recherche et vous trouverez. Essayez, testez, puis modifiez ou commentez si le mode d'emploi déniché n'est pas assez clair. À travers les Howto, c'est l'adaptabilité et la participativité qui s'expriment. Encore deux concepts en -ité

Notes et références

Annexes