Quand écologie et informatique font bon ménage

De Wiki livre Netizenship

Que se passe-t-il lorsque: vous voulez réserver un billet d'avion ou de train, vous avez un problème avec votre ordinateur ou votre téléphone, vous voulez faire appel à votre assurance ou votre banque? Vous appelez une hot-line, on vous demande vos références de client et on vous attribue un numéro de dossier dit « numéro de ticket ».

Désormais, votre demande n'a plus besoin d'être expliquée. Elle a été enregistrée et une référence lui a été attribuée. Lorsque vous rappelez cette référence, votre interlocuteur sait immédiatement de quoi il s'agit, ce qui a été fait et ce qui reste à faire.

Ce traitement des requêtes par informatique, rend chaque client unique, chaque demande spécifique.

Le « numéro de ticket » permet de suivre le traitement de la requête. Elle peut être en cours de traitement, en état de validation ou fermée. En état de validation, la requête a été résolue mais on attend que vous confirmiez votre satisfaction; en état fermé vous avez déjà montré que vous étiez satisfait.

Un autre exemple de système de traitement est celui du code barre. Une fois que chaque objet a été référencé, en un coup de scanner, on peut obtenir toutes les informations désirées. Cette méthode facilite grandement, la gestion des stocks et les transferts d'informations.

Ces systèmes de traitement informatiques facilitent la communication, limitent l'incertitude. L'information n'appartient plus à une personne en particulier, elle est directement attachée à l'objet (code barre) ou compilée sur une base de données informatique (numéro de ticket).

Rendre l'information libre est essentiel. Les problèmes de communication sont autant de parasites, de freins, de stress pour atteindre un objectif de pratiques vraiment durables.

Faire appel à l'informatique ne signifie pas remplacer l'humain, mais permet de faciliter la communication et l'échange.

Lorsque l'on veut créer un centre écologique communautaire, l'objectif est de protéger la nature et de développer les capacités humaines. Utiliser les systèmes de traitement informatiques permet de ne pas laisser les problèmes de communication entraver la réalisation du projet.

L'utilisation de l'outil informatique est souvent liée à l'image du Big Brother, du contrôle et de la surveillance par la machine des vies humaines. L'informatique et les machines sont avant tout au service de l'homme.

Utilisées avec conscience et de manière modeste, elles permettent de faciliter la communication, de rendre plus efficace le traitement des données. C'est la voie qu'a choisi ECOPOL.

Le défi est donc, d'utiliser l'informatique de manière appropriée. Le mouvement qui a le mieux réussi dans ce domaine est le mouvement du logiciel libre.

Ce mouvement n'est pas technologique, c'est un choix de société. Donner à chacun la possibilité d'utiliser des outils informatiques en toute transparence permet une gestion durable et éthique de l'information. Prendre part à un débat ou recevoir des alertes par e-mail ou sms sur un thème précis, fait de nous des citoyens informés et actifs. Dans le cas de l'écoville, c'est la possibilité de connaître les dernières évolutions dans le domaine, d'être tenu au courant des possibilité de travail, de voyage ou de rencontres.

La culture des logiciels libres n'appartient pas qu'aux associations ou aux écovilles. De nombreux gouvernements et entreprises l'ont aussi adopté.

Au-delà des coûts moins élevés, cette utilisation de l'informatique met en valeur les contributions de chacun et d'assure un partage du savoir. En effet, si tout le monde accède au savoir, les chances de réussir sont réparties plus équitablement. Chacun possède ainsi la chance de se développer, que ce soit dans l'Ecopol ou ailleurs.

La fusion entre écologie et culture des logiciels libres revient à associer innovation sociale et innovation technologique. Les nouvelles pratiques sociales issues des écolieux sont appuyées et renforcées par la gestion communautaire que propose la culture libre. Une personne souhaitant mettre en place un cours sur la gestion de l'eau ou la résolution des conflits, sera mise au courant des innovations et réalisations déjà faites. Son travail en sera facilité et amélioré.

Le deuxième avantage de cette fusion est celle de la trace, appelé également traçabilité. En rendant l'information accessible à tous, ce sont les plus méritant, ce qui ont prouvé par leur trace qu'ils étaient les plus investis qui peuvent profiter en priorité des opportunités. Prenons l'exemple, d'une personne arrivant avec son bateau dans un écolieu et proposant d'emmener avec lui cinq autres personnes pour une croisière. Sans système d'information, les cinq premiers badauds rencontrés auraient profité de cette occasion. Avec une diffusion large de l'information et une bonne connaissance de chacun par leur trace, les cinq personnes intéressées et s'impliquant le plus pour la communauté se verront offrir la croisière.

Le troisième avantage est la précision qu'offre les systèmes d'informations informatiques. Comme chaque information est répertoriée dans un système informatique, on peut savoir avec précision et exactitude, ce qu'il s'est passé et qui a été à l'origine de telle ou telle action. Ceci permet de répartir les différentes taches de manière plus équitable et d'être plus juste à l'heure de prendre une décision. Plus largement, l'informatique permet de réduire les écarts entre la théorie de l'écologie et la pratique de l'écologie, à tous les niveaux; traitement des déchets, relations sociales, partage des savoirs etc.

La trace et la disponibilité des informations permettent de réduire la dépendance vis à vis du groupe pionnier. Comme toutes les discussions à l'origine de décisions ont été enregistrées, il suffit de les consulter pour éviter de débattre à nouveau. En outre, lorsque les pionniers viennent à disparaître, toutes ces archives permettent de ne pas perdre d'informations. Il y a l'assurance que les nouveaux arrivants puissent trouver les arguments utilisés pour une décision donnée dans la base de données, ce qui explique pourquoi et comment les choix ont été fait. Et ce, quel que soit le domaine: l'énergie, l'éducation ou l'alimentation. Les responsables peuvent ainsi faire évoluer les choses en douceur sans prendre de grandes décisions risquées et en ayant toujours l'assurance d'avoir l'appui bienveillant des contributeurs précédents qui ont laissé des traces.

La culture des logiciels libres permet de développer des service de formation continue. Bien qu'une personne puisse assurer qu'elle possède les compétences pour une tâche donnée, une plateforme web évolutive et mise à jour de manière participative facilitera la démarche de formation. Prenons le cas d'un nouvel arrivant dans une écoville. Pour s'assurer de sa bonne intégration, il faut lui présenter le lieu, son mode de fonctionnement, et la philosophie qui y est attachée. Bien que quelqu'un puisse lui transmettre toutes les informations dès le premier jour, la possibilité qu'offre une plateforme web évolutive est indispensable. Le nouvel arrivant pourra se rappeler ces informations si il en a besoin, pourra comprendre pourquoi ces règles ont été mises en place, pourra en proposer de nouvelles, ou interroger sur le sens de celles qu'il ne comprend pas.

Quelque soit l'activité, il est essentiel que la notion d'école technique et de centre de formation ne soit pas basée sur les savoirs spécifiques de certains formateurs, mais bien sur les savoirs largement disponibles sur une plateforme web, du type wiki par exemple.

Un autre avantage de l'utilisation d'une plateforme web évolutive, dans le cas d'une écoville, est celui des possibilités de traduction. Ainsi les règles, les modes de fonctionnement, les outils de gestion, les listes de vérification, les critères qualité et les activités-événements, sont disponibles et compréhensibles par tous. Ceci permet une meilleure implication de tous les acteurs internationaux qui viennent ponctuellement ou durablement partager les activités d'Ecopol.

En conclusion, ce n'est pas Internet qui est intéressant c'est l'existence même du numérique. Comme l'eau et l'air, le numérique a des propriétés liées aux informations qu'il fait circuler et qui facilitent les relations humaines. Ces propriétés sont:

  • décentralisées: pas d'instance pivot
  • multilatérales: de plusieurs à plusieurs
  • asynchrones: chacun à son rythme
  • instantanées: transfert d'informations quasiment immédiat
  • symétriques: tout le monde est au même niveau

Ces propriétés sont à la base des écolieux.

Aujourd'hui, ces expérimentations ne sont que très peu connues. Diffuser l'information et faire connaître ces expériences permettraient que d'autres vivent la même aventure. Cela provoquerait, pour les écolieux, le passage de l'ère artisanale à l'ère industrielle; non pas au sens de pollution mais au sens d'expansion. Grâce aux outils informatiques ces modes de fonctionnement pourraient devenir une source d'information et d'espoir face aux défis du XXIème siècle.

Quelques exemples de fonctionnement de la plateforme web d'ECOPOL:

  • L'ensemble des échanges de biens et de services est géré par un système informatique (plate-forme web) accessible de manière décentralisée.
  • Chacun peut présenter des requêtes et traiter les requêtes en attente, en fonction des micro-compétences déjà validées, sur 2 niveaux : expérience (savoir faire dans les situations courantes) et expertise (savoir faire dans des situations complexes).
  • Un service de téléphonie interne gratuit et largement disponible permet de faire appel à des médiateurs Internet pour aider à formuler et introduire toute requête. Ainsi les habitants n'ont pas à accéder personnellement à un écran d'ordinateur plus que 2 à 6 heures par semaine pour gérer leurs activités.