Si tout se partage, comment gagner sa vie ? : Différence entre versions

De Wiki livre Netizenship
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Imaginez que vous cherchez sur le web un mode d'emploi, une recette de cuisine, un guide pratique pour économiser de l'énergie, un conseil pour créer une association, tous trouvés sur le web. Certaines informations que vous découvrez le web (schéma, conseil étape par étape,...) vous semblent particulièrement dignes d'intérêt. Aussi l'idée vous vient-elle de les copier afin de les réutiliser dans votre groupe de travail. distribuer à vos amis. Est-ce légal ?
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La culture du don peut-elle être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif?
  
Si les documents trouvés contiennent la mention expresse autorisant l'usage, la copie, etc, oui. Vous pouvez d'ailleurs faire un don à l'auteur pour l'encourager à poursuivre son travail. '''Car libre n'est pas gratuit'''. L'auteur d'une œuvre sous licence libre peut vendre son œuvre et vendre du service autour de l'œuvre : adaptation, mise à jour, déclinaison...
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Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage », que se faire copier représente un manque à gagner. Or, il faut d'abord reconnaître que nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.
  
Sur un plan financier, la culture du don peut être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif. Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage ». Or, nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.
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Plus important : dans le système actuel, la culture de l'exclusivité ne profite pas forcément aux créateurs ou aux inventeurs. Elle dresse un barrage entre ces créateurs et les utilisateurs des oeuvres. Lorsqu'un client achète un produit, le bénéfice est souvent minime pour le créateur; il profite surtout à une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets.
  
Plus important : vouloir brider la diffusion d'une œuvre rend les utilisateurs esclaves d'un système d’usage exclusif, et donc limité, qui sert principalement les intérêts d'une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets. Ces derniers n'ont souvent pas l'habitude et le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création; donc ils restent dans l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres, qui précède l'ère numérique.
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Lorsque les détenteurs de brevet sont aussi les inventeurs, ces derniers n'ont pas l'habitude et le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création. Leur volonté de protéger leur création les rend plus vulnérable face à l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres. Leur invention circule moins bien, car personne na le droit de la rediffuser ou la modifier.
  
Si l'œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible, via internet. L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement. Pour autant que ce retour soit mérité car une oeuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination). Le créateur peut aussi opter pour un compromis entre le libre et l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence libre qu'une partie de son travail.  
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Si une œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible, via internet. L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement et la constitution d'une communauté de soutien, prête à donner un peu de son temps ou de son argent. Pour autant que le produit soit de qualité ou d'intérêt  : une oeuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination.
  
'''L’oeuvre devient alors produit d’appel.'''
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Tout créateur peut aussi opter pour un compromis entre le libre et l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence Libre qu'une partie de son travail, le moins récent. A chacun de voir comment il peut participer, à son rythme, à cette transition profonde qui affecte le droit d'auteur.  
  
Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'une oeuvre : adaptations, services autour de l’oeuvre, produits dérivés [[Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique|(voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowd funding, crowd sourcing, lead time, etc)]]. Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.
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==L’oeuvre devient produit d’appel==
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Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'un produit : adaptations, services de maintenance et d'assistance, produits dérivés [[Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique|(voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowd funding, crowd sourcing, lead time, etc)]]. Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.
  
 
Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. A titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année.
 
Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. A titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année.
  
De plus, il n'est pas interdit à ceux qui mettent une oeuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir le travail collectif. C'est ainsi que la fondation Wikimedia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding). Ils cassent ainsi la spirale négative engendrée par les licences privatrices/exclusives qui vous forcent à choisir entre payer sans pouvoir contribuer à améliorer ou pirater et être hors la loi; ils amorcent la spirale positive du partage de la connaissance, basée non pas sur les opportunités mais sur la liberté.
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De plus, il n'est pas interdit à ceux qui mettent une oeuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir le travail. Une oeuvre libre n'est pas forcément gratuite, elle fonctionne simplement sur un autre modèle économique qui peut la rendre accessible à tous moyennant d'autres types de rentrées financière. C'est ainsi que la fondation Wikimedia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding). L'un des exemples les plus connu est celui de My Major Company, plateforme web qui permet aux amateurs de musique de soutenir financièrement leurs artistes préférés et de les produire collectivement. Ils cassent ainsi la spirale engendrée par les licences exclusives qui empêche le partage des oeuvres et de la connaissance en le qualifiant de piratage.
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== Notes et références ==
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A lire pour aller plus loin : ''Free !'', Chris Anderson, Éditions Pearson (2009). [http://www.pearson.fr/livre/?GCOI=27440100672130 Résumé]

Version du 4 avril 2013 à 01:37

La culture du don peut-elle être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif?

Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage », que se faire copier représente un manque à gagner. Or, il faut d'abord reconnaître que nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.

Plus important : dans le système actuel, la culture de l'exclusivité ne profite pas forcément aux créateurs ou aux inventeurs. Elle dresse un barrage entre ces créateurs et les utilisateurs des oeuvres. Lorsqu'un client achète un produit, le bénéfice est souvent minime pour le créateur; il profite surtout à une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets.

Lorsque les détenteurs de brevet sont aussi les inventeurs, ces derniers n'ont pas l'habitude et le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création. Leur volonté de protéger leur création les rend plus vulnérable face à l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres. Leur invention circule moins bien, car personne na le droit de la rediffuser ou la modifier.

Si une œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible, via internet. L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement et la constitution d'une communauté de soutien, prête à donner un peu de son temps ou de son argent. Pour autant que le produit soit de qualité ou d'intérêt  : une oeuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination.

Tout créateur peut aussi opter pour un compromis entre le libre et l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence Libre qu'une partie de son travail, le moins récent. A chacun de voir comment il peut participer, à son rythme, à cette transition profonde qui affecte le droit d'auteur.

L’oeuvre devient produit d’appel

Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'un produit : adaptations, services de maintenance et d'assistance, produits dérivés (voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowd funding, crowd sourcing, lead time, etc). Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.

Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. A titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année.

De plus, il n'est pas interdit à ceux qui mettent une oeuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir le travail. Une oeuvre libre n'est pas forcément gratuite, elle fonctionne simplement sur un autre modèle économique qui peut la rendre accessible à tous moyennant d'autres types de rentrées financière. C'est ainsi que la fondation Wikimedia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding). L'un des exemples les plus connu est celui de My Major Company, plateforme web qui permet aux amateurs de musique de soutenir financièrement leurs artistes préférés et de les produire collectivement. Ils cassent ainsi la spirale engendrée par les licences exclusives qui empêche le partage des oeuvres et de la connaissance en le qualifiant de piratage.

Notes et références

A lire pour aller plus loin : Free !, Chris Anderson, Éditions Pearson (2009). Résumé