Si tout se partage, comment gagner sa vie ? : Différence entre versions

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''culture du don, business model, brevet, droits d'auteur, communauté, contribution, temps, argent.''
 
''culture du don, business model, brevet, droits d'auteur, communauté, contribution, temps, argent.''
 
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La culture du don peut-elle être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif?
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La culture du don peut-elle être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif ?
  
Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage », nous pensons que se faire copier représente un manque à gagner. Or, il faut d'abord reconnaître que nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.
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Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage », nous pensons que se faire copier représente un manque à gagner. Or, il faut d'abord reconnaître que nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.
  
Plus important : dans le système actuel, la culture de l'exclusivité ne profite pas forcément aux créateurs ou aux inventeurs. Elle dresse un barrage entre eux et les utilisateurs. Lorsqu'un client achète un produit, le bénéfice est souvent minime pour le créateur; il profite surtout à une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets.
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Plus important : dans le système actuel, la culture de l'exclusivité ne profite pas forcément aux créateurs ou aux inventeurs. Elle dresse un barrage entre eux et les utilisateurs. Lorsqu'un client achète un produit, le bénéfice est souvent minime pour le créateur ; il profite surtout à une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets.
  
 
Lorsque les détenteurs de brevet sont aussi les inventeurs, ces derniers n'ont pas l'habitude ni le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création. La volonté de protéger leur création les rend plus vulnérables à l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres. Leur invention circule moins bien, car personne n'a le droit de la rediffuser ou la modifier.
 
Lorsque les détenteurs de brevet sont aussi les inventeurs, ces derniers n'ont pas l'habitude ni le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création. La volonté de protéger leur création les rend plus vulnérables à l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres. Leur invention circule moins bien, car personne n'a le droit de la rediffuser ou la modifier.
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Si une œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible. Via internet, c'est désormais chose aisée et surtout peu coûteux.
 
Si une œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible. Via internet, c'est désormais chose aisée et surtout peu coûteux.
  
L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement. La constitution d'une communauté de soutien, prête à donner un peu de son temps ou de son argent s'acquiert en acceptant de donner un peu de soi-même (en temps ou en ''manque à gagner''). Pour que cette communauté soit forte, le produit doit être de qualité ou présenter un réel intérêt pour les utilisateurs. Une oeuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation critique d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination.
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L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement. La constitution d'une communauté de soutien, prête à donner un peu de son temps ou de son argent s'acquiert en acceptant de donner un peu de soi-même (en temps ou en ''manque à gagner''). Pour que cette communauté soit forte, le produit doit être de qualité ou présenter un réel intérêt pour les utilisateurs. Une œuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation critique d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination.
  
Un créateur peut aussi opter pour un compromis, décider de ne pas choisir entre le libre ou l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence libre qu'une partie de son travail, le moins récent notamment. A chacun de voir comment il peut participer, à son rythme, à cette transition profonde qui affecte le système du droit d'auteur.  
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Un créateur peut aussi opter pour un compromis, décider de ne pas choisir entre le libre ou l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence libre qu'une partie de son travail, le moins récent notamment. À chacun de voir comment il peut participer, à son rythme, à cette transition profonde qui affecte le système du droit d'auteur.  
  
==L’oeuvre devient produit d’appel==
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==L’œuvre devient produit d’appel==
Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'un produit : adaptations, services de maintenance et d'assistance, produits dérivés [[Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique|(voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowdfunding, crowdsourcing, lead time, etc)]].
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Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'un produit : adaptations, services de maintenance et d'assistance, produits dérivés [[Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique|(voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowdfunding, crowdsourcing, lead time, etc)]].
  
Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.
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Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.
  
Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. A titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année et économisé beaucoup de frais de conseils juridiques.
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Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. À titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année et économisé beaucoup de frais de conseils juridiques.
  
Il n'est pas interdit à ceux qui mettent une oeuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir leur travail. Une oeuvre libre n'est pas forcément gratuite, elle fonctionne simplement sur un autre modèle économique qui peut la rendre accessible à tous moyennant d'autres types de rentrées financière. C'est ainsi que la fondation Wikimedia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding).
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Il n'est pas interdit à ceux qui mettent une œuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir leur travail. Une œuvre libre n'est pas forcément gratuite, elle fonctionne simplement sur un autre modèle économique qui peut la rendre accessible à tous moyennant d'autres types de rentrées financières. C'est ainsi que la fondation Wikimédia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding).
  
 
L'un des exemples les plus connu est celui de My Major Company<ref> [http://www.mymajorcompany.com/ www.mymajorcompany.com]</ref>, plateforme web participative qui permet aux amateurs de musique de financer leurs artistes préférés et de les produire collectivement. Ils cassent ainsi la spirale engendrée par les licences exclusives qui empêchent le partage des informations en le qualifiant de piratage.
 
L'un des exemples les plus connu est celui de My Major Company<ref> [http://www.mymajorcompany.com/ www.mymajorcompany.com]</ref>, plateforme web participative qui permet aux amateurs de musique de financer leurs artistes préférés et de les produire collectivement. Ils cassent ainsi la spirale engendrée par les licences exclusives qui empêchent le partage des informations en le qualifiant de piratage.
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
A lire pour aller plus loin : ''Free&nbsp;!'', Chris Anderson, Éditions Pearson (2009).
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À lire pour aller plus loin : ''Free&nbsp;!'', Chris Anderson, Éditions Pearson (2009).
  
 
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Version du 10 juin 2013 à 22:25

culture du don, business model, brevet, droits d'auteur, communauté, contribution, temps, argent.


La culture du don peut-elle être aussi rémunératrice, voire plus, que la culture de l'usage exclusif ?

Nous avons pourtant l'habitude de penser qu'il faut protéger les œuvres des risques de « piratage », nous pensons que se faire copier représente un manque à gagner. Or, il faut d'abord reconnaître que nos idées sont invariablement inspirées par d'autres. On ne crée presque jamais à partir de rien.

Plus important : dans le système actuel, la culture de l'exclusivité ne profite pas forcément aux créateurs ou aux inventeurs. Elle dresse un barrage entre eux et les utilisateurs. Lorsqu'un client achète un produit, le bénéfice est souvent minime pour le créateur ; il profite surtout à une minorité de producteurs, éditeurs, propriétaires de brevets.

Lorsque les détenteurs de brevet sont aussi les inventeurs, ces derniers n'ont pas l'habitude ni le réflexe de commencer par encourager le partage dès le début de la création. La volonté de protéger leur création les rend plus vulnérables à l'inertie du modèle de gestion exclusive des œuvres. Leur invention circule moins bien, car personne n'a le droit de la rediffuser ou la modifier.

Si une œuvre documentaire est réalisée à compte d'auteur, ce dernier a tout intérêt à la placer sous licence libre, afin de lui assurer l'audience la plus large possible. Via internet, c'est désormais chose aisée et surtout peu coûteux.

L'économie du don permet d'améliorer sa notoriété, qui génère par la suite un retour sur investissement. La constitution d'une communauté de soutien, prête à donner un peu de son temps ou de son argent s'acquiert en acceptant de donner un peu de soi-même (en temps ou en manque à gagner). Pour que cette communauté soit forte, le produit doit être de qualité ou présenter un réel intérêt pour les utilisateurs. Une œuvre sous licence libre est confrontée à l'évaluation critique d'une large communauté, ouverte potentiellement à tous les intéressés, sans discrimination.

Un créateur peut aussi opter pour un compromis, décider de ne pas choisir entre le libre ou l'exclusif, par exemple en ne plaçant sous licence libre qu'une partie de son travail, le moins récent notamment. À chacun de voir comment il peut participer, à son rythme, à cette transition profonde qui affecte le système du droit d'auteur.

L’œuvre devient produit d’appel

Il est possible de générer des revenus via les multiples compléments qui peuvent émaner d'un produit : adaptations, services de maintenance et d'assistance, produits dérivés (voir « Les nouveaux signaux et scénarii de l'économie numérique » : crowdfunding, crowdsourcing, lead time, etc).

Plus important encore, c’est en amont de la création que se joue l’essentiel : la capacité de s’associer pour collaborer à plusieurs en se partageant les rôles, et ainsi faire émerger une communauté de créateurs, contributeurs, bénéficiaires.

Cette communauté soutient le développement des projets, y compris leur financement par tous les moyens possibles. À titre d’exemple, les leaders du projet Open Source Ecology (développement de machines industrielles sous licence libre) ont mobilisé leur communauté pour co-rédiger sur une page web, à plusieurs centaines de personnes, le plan financier et les courriers aux investisseurs. Ils ont ainsi collecté des centaines de milliers de dollars en une année et économisé beaucoup de frais de conseils juridiques.

Il n'est pas interdit à ceux qui mettent une œuvre sous licence libre de demander aux internautes de verser une contribution pour soutenir leur travail. Une œuvre libre n'est pas forcément gratuite, elle fonctionne simplement sur un autre modèle économique qui peut la rendre accessible à tous moyennant d'autres types de rentrées financières. C'est ainsi que la fondation Wikimédia qui gère Wikipédia, récolte plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Et elle n'est pas la seule. De nombreux artistes choisissent ce modèle du financement participatif ou citoyen(crowdfunding).

L'un des exemples les plus connu est celui de My Major Company[1], plateforme web participative qui permet aux amateurs de musique de financer leurs artistes préférés et de les produire collectivement. Ils cassent ainsi la spirale engendrée par les licences exclusives qui empêchent le partage des informations en le qualifiant de piratage.

Notes et références

À lire pour aller plus loin : Free !, Chris Anderson, Éditions Pearson (2009).