Technologies accélératrices : Différence entre versions

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Depuis le début de l'humanité jusque vers la fin du XVIIIème siècle, le nombre d'êtres humains n'a que très peu augmenté. De 400 à 1750, la population est passée de 190 millions à 690 millions, soit une multiplication par un peu plus de 3,5. Mais au cours des trois derniers siècles, la population mondiale a été multipliée par 20, atteignant le nombre de 6 milliards. Après des millénaires de stabilité, cette croissance exponentielle est due au développement des technologies accélératrices.
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Depuis le début de l'Humanité jusque vers la fin du XVIIIème siècle, le nombre d'êtres humains n'a que très peu augmenté. De 400 à 1750, la population est passée de 190 millions à 690 millions, soit une multiplication par un peu plus de 3,5. Mais au cours des trois derniers siècles, la population mondiale a été multipliée par 20, atteignant le nombre de 6 milliards. Après des millénaires de stabilité, cette croissance exponentielle est due au développement des technologies accélératrices.
 
   
 
   
 
La période précédente était caractérisée par un mode vie totalement différent.  
 
La période précédente était caractérisée par un mode vie totalement différent.  
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Parallèlement la découverte du pétrole et la maîtrise des techniques de raffinage déboucha sur de nouvelles inventions. Cela offrit du carburant à nos voitures et à nos avions. On découvrit le plastique, développa nos équipements (ordinateurs, microscopes), imagina la fusée, construisit des centrales nucléaires, etc.  
 
Parallèlement la découverte du pétrole et la maîtrise des techniques de raffinage déboucha sur de nouvelles inventions. Cela offrit du carburant à nos voitures et à nos avions. On découvrit le plastique, développa nos équipements (ordinateurs, microscopes), imagina la fusée, construisit des centrales nucléaires, etc.  
  
Après les deux guerres mondiales, au début du XXème siècle, le rythme s'accéléra de nouveau. Durant les « trente glorieuses », tout se développait partout sur terre. Les pays colonisés accédaient à l'indépendance. La consommation s'emparait des pays industrialisés. Les familles s'équipaient de frigos, de voitures et de téléphones. C'était l'époque de l'abondance et du progrès: congés payés, développement des loisirs et de la culture, stimulation de la créativité, redéfinition de la famille.  
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Après les deux guerres mondiales, au début du XXème siècle, le rythme s'accéléra de nouveau. Durant les « trente glorieuses », tout se développait partout sur Terre. Les pays colonisés accédaient à l'indépendance. La consommation s'emparait des pays industrialisés. Les familles s'équipaient de frigos, de voitures et de téléphones. C'était l'époque de l'abondance et du progrès: congés payés, développement des loisirs et de la culture, stimulation de la créativité, redéfinition de la famille.  
  
 
A partir des années 80, les premières sonnettes d'alarme retentirent:  
 
A partir des années 80, les premières sonnettes d'alarme retentirent:  
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<br>Ces propos ne sont pas rapportés par quelques extrémistes de l'écologie, ils sont tirés d'un rapport scientifique de l'école centrale d'administration. C'est le temple français du productivisme et de l'industrie. Dans le livre, 'Quel futur pour le métaux? Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, ed, EDP Sciences, page 39, les auteurs expliquent que l'industrie automobile actuelle n'est qu'une gigantesque machine à détruire la planète qui transforme des minerais concentrés et exploitables en ferraille presque inutilisable. On est bien loin d'une économie « circulaire » où rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le recyclage du métal est limité par la nature dispersive des usages comme dans la peinture les encres ou les cosmétiques.  
 
<br>Ces propos ne sont pas rapportés par quelques extrémistes de l'écologie, ils sont tirés d'un rapport scientifique de l'école centrale d'administration. C'est le temple français du productivisme et de l'industrie. Dans le livre, 'Quel futur pour le métaux? Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, ed, EDP Sciences, page 39, les auteurs expliquent que l'industrie automobile actuelle n'est qu'une gigantesque machine à détruire la planète qui transforme des minerais concentrés et exploitables en ferraille presque inutilisable. On est bien loin d'une économie « circulaire » où rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le recyclage du métal est limité par la nature dispersive des usages comme dans la peinture les encres ou les cosmétiques.  
 
<br>C'est un gros gâchis de ressources qui se fait au détriment des générations futures en toute connaissance de cause.  
 
<br>C'est un gros gâchis de ressources qui se fait au détriment des générations futures en toute connaissance de cause.  
<br>C'est intolérable. Face à la pollution de l'eau, de l'air, de la terre une seule solution: consommer moins.  
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<br>C'est intolérable. Face à la pollution de l'eau, de l'air, de la terre une seule solution : consommer moins.  
  
 
Est-ce réaliste que dans un pays comme le Brésil où, malgré une classe moyenne de 60 millions d'habitants, 120 millions d'habitants vivent dans de situations très modestes, et une partie de la population meure encore de faim?  
 
Est-ce réaliste que dans un pays comme le Brésil où, malgré une classe moyenne de 60 millions d'habitants, 120 millions d'habitants vivent dans de situations très modestes, et une partie de la population meure encore de faim?  

Version actuelle datée du 3 octobre 2011 à 14:49

Depuis le début de l'Humanité jusque vers la fin du XVIIIème siècle, le nombre d'êtres humains n'a que très peu augmenté. De 400 à 1750, la population est passée de 190 millions à 690 millions, soit une multiplication par un peu plus de 3,5. Mais au cours des trois derniers siècles, la population mondiale a été multipliée par 20, atteignant le nombre de 6 milliards. Après des millénaires de stabilité, cette croissance exponentielle est due au développement des technologies accélératrices.

La période précédente était caractérisée par un mode vie totalement différent.

La partie négative du tableau était composée de guerres, de grandes épidémies et d'une espérance de vie très courte (entre 35 et 50 ans). Une grande partie de la population vivait dans un état de semi-esclavage (les femmes et les paysans principalement). Elle n'avait pas accès à la culture, aux loisirs, et devait travailler tout le temps.

La partie positive nous enseigne que les gens vivaient globalement tranquilles et heureux. Ils étaient en harmonie avec la nature, connaissaient les propriétés curatives des plantes et des minéraux; ils vivaient au rythme des saisons. Ils partageaient beaucoup de temps avec leur famille. Ils voyageaient beaucoup moins, mais ils connaissaient bien le lieu où ils habitaient. Ils pouvaient nager dans les rivières, la nourriture était saine, la pollution n'existait presque pas. Même s'il y avait des guerres, les gens étaient globalement beaucoup plus en paix.

Dans un souci d'aller plus vite et de dépasser les inégalités décrites plus haut, l'homme chercha une nouvelle source d'énergie. Finie la dépendance à la nature, l'utilisation du charbon permit de faire fonctionner les premières chaudières et de faire circuler les premiers trains.

Le XIXème siècle fût l'époque des grandes découvertes: la photographie, l'électricité et le téléphone. A partir de là, le rythme s'accéléra, l'électricité permit d'émettre les premières ondes, qui elles-même donnèrent naissance à la radio et à la télévision.

La miniaturisation de tous ces systèmes d'information permit le développement de l'électronique et du numérique. Parallèlement la découverte du pétrole et la maîtrise des techniques de raffinage déboucha sur de nouvelles inventions. Cela offrit du carburant à nos voitures et à nos avions. On découvrit le plastique, développa nos équipements (ordinateurs, microscopes), imagina la fusée, construisit des centrales nucléaires, etc.

Après les deux guerres mondiales, au début du XXème siècle, le rythme s'accéléra de nouveau. Durant les « trente glorieuses », tout se développait partout sur Terre. Les pays colonisés accédaient à l'indépendance. La consommation s'emparait des pays industrialisés. Les familles s'équipaient de frigos, de voitures et de téléphones. C'était l'époque de l'abondance et du progrès: congés payés, développement des loisirs et de la culture, stimulation de la créativité, redéfinition de la famille.

A partir des années 80, les premières sonnettes d'alarme retentirent:
« Les ressources sont limitées! »
« La pollution est excessive! »
« Il faut mettre un frein! »

Les technologies qui accéléraient le mouvement sont passées du statut de sources de progrès à sources de problèmes. La société était droguée, elle en voulait toujours plus. Est venu le temps de la dictature de l'immédiat, de la tyrannie de l'instant, de l'impatience générale, des fastfood, des journaux gratuits, des téléphones jetables tous les ans, des machines aux pannes programmées par les fabricants, des meubles IKEA usés au bout de dix ans. Epoque du tout achetable, tout jetable: le monde est devenu une grande poubelle. L'étude de ces technologies qui accélèrent, nous montre que l'électricité et les moteurs sont à l'origine de presque tous les changements. Sans ces deux inventions, on ne peut plus faire grand chose, on fait un bond dans le passé. Sans comparer cette époque à l'âge de pierre, on ne peut pas non plus parler du confort moderne.

Il faisait froid dans les maisons. Voyager prenait beaucoup de temps. La médecine moderne n'était qu'à ses débuts. Il nous serait très difficile de revenir en arrière.

Jadis les stimulations venaient principalement de l'intérieur: besoins physiologiques, sollicitations familiales, vie sociale limitée à celle du village... Nous vivons aujourd'hui une époque de stimulations extérieures. Nous avons beaucoup plus d'options, ceci contribue à notre développement. Mais il est difficile de dire non à toutes ces sollicitations, nous n'avons pas un sens des responsabilités suffisant pour gérer toutes ces accélérations.

Néanmoins, nous pourrions:

  • vivre avec beaucoup moins
  • entrer dans une culture de sobriété heureuse
  • limiter le confort à son strict minimum
  • entrer dans une démarche de simplicité volontaire

sans pour autant nous priver des miracles de la science moderne. Nous devrions consommer avec beaucoup de modération ces 200 dernières années de progrès.

Un gros problème de santé? Hop, un examen médical est nécessaire, vive les technologies accélératrices! Le laser, les rayons X et autres systèmes de scann ultra-sophistiqués sont à notre service.

Un proche est malade, il ne lui reste plus que quelques jours à vivre? Fiout, prenons un train à grande vitesse voire même un avion. Cependant, nous n'avons pas besoin de ces technologies tous les jours.

Ne serions-nous pas capables de ne consommer que le nécessaire? Ne pouvons-nous pas éviter les gadgets et les technologies accélératrices inutiles?

Nous le pouvons, et simplement!

En réduisant l'obsession du nouveau et du rapide, en nous dédiant à l'écoute de nous-même et du monde, nous pourrions reconstruire au XXIème siècle ce que nous avons détruit au XXème.

Est-il possible de bien vivre en refusant la dynamique de développement effréné?Peut-on retrouver l'équilibre et l'harmonie entre l'homme et la nature?

Ecopol propose des solutions pour répondre à toutes ces questions positivement.

La décroissance soutenable[modifier]

« Non, un véhicule même électrique n'est jamais propre! »
« Non un téléphone portable n'est pas écologique même si sa coque est en fibre de bambou! »
« Qui peut croire qu'une taxe écologique sur quelques produits électroniques compense les dégât environnementaux de leur production? »
Ces propos ne sont pas rapportés par quelques extrémistes de l'écologie, ils sont tirés d'un rapport scientifique de l'école centrale d'administration. C'est le temple français du productivisme et de l'industrie. Dans le livre, 'Quel futur pour le métaux? Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, ed, EDP Sciences, page 39, les auteurs expliquent que l'industrie automobile actuelle n'est qu'une gigantesque machine à détruire la planète qui transforme des minerais concentrés et exploitables en ferraille presque inutilisable. On est bien loin d'une économie « circulaire » où rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le recyclage du métal est limité par la nature dispersive des usages comme dans la peinture les encres ou les cosmétiques.
C'est un gros gâchis de ressources qui se fait au détriment des générations futures en toute connaissance de cause.
C'est intolérable. Face à la pollution de l'eau, de l'air, de la terre une seule solution : consommer moins.

Est-ce réaliste que dans un pays comme le Brésil où, malgré une classe moyenne de 60 millions d'habitants, 120 millions d'habitants vivent dans de situations très modestes, et une partie de la population meure encore de faim?
Bien sûr que c'est réaliste car réduire ne signifie pas se serrer la ceinture mais organiser intelligemment l'usage des ressources.
Pourquoi avoir un frigo par appartement?
Pourquoi avoir une ou plusieurs voitures par maison?
Pourquoi distribuer des téléphones portables à tout le monde?

Il est possible de donner l'accès à ces outils dans des espaces collectifs comme des cybercafés, des centres de covoiturage, des espaces de réfrigération, tout en encourageant l'initiative individuelle.

Autrefois les ingénieurs étaient fiers de concevoir des produits qui duraient. Aujourd'hui, ils sont contraints de programmer l'obsolescence des machines.

Ce n'est pas un impératif technique, c'est un choix de société.

Ecopol en propose un autre: remettre la durabilité au coeur l'économie de marché pour qu'elle soit basée sur la morale et de l'éthique. L'objectif est de rendre la concurrence loyale, faire que l'initiative soit encouragée sur le long terme et revaloriser les relations humaines par des critères tels que la qualité et la lenteur. Nous sommes bien sûr persuadés que nous avons besoin de plus de poètes, de musiciens et d'acteurs de théâtre. Mais si nous voulons ensemble nous fixer des objectifs de société différents de ceux d'aujourd'hui, il faudra bien freiner le vaisseau fou de la consommation.

Nous aurons besoin de compétences techniques et organisationnelles, ne serait-ce que pour guider certains choix ou aider la transition. Les habitants peuvent tout à fait devenir des ingénieurs-philosophes.
« Adapté d'un entretien par Vincent Chenex de Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon dans le journal la Décroissance, n°76, février 2011 »

Cette grande réconciliation entre les compétences techniques et les compétences sociales n'est pas encore assez à l'oeuvre et mérite d'être encouragée, et c'est là tout le propos d'Ecopol, la spécialisation de chacun.
La logique industrielle actuelle s'appuie sur des flux mondialisés. Les chaînes de montage assemblent des modules livrés par des sous-traitants qui sont ensuite envoyés ailleurs pour une autre étape du processus productif. Il est difficile d'avoir une vision globale de la situation. Sans cette vision la prise en compte des aspects éthiques et environnementaux est quasi impossible.
Beaucoup de gens croient que la technique résoudra les problèmes du monde. Dans la pratique, la raréfaction des matières premières produisant l'énergie, l'érosion des sols, la disparition de la biodiversité, sont les principaux défis à relever, mais il est impossible de tous les gérer en même temps.
Notre système actuel est dans une impasse quasi totale, c'est une question difficile à aborder et encore plus à accepter. La solution résiderait dans le développement d'un équilibre individuel entre conscience technique et conscience sociale.
La valorisation des compétences transversales, proposée au sein d'Ecopol va dans ce sens. Etre conscient de ces dangers et adopter les comportements adéquats permettraient d'atteindre un objectif simple, celui de la joie de vivre. Limiter sa consommation offrirait à nos enfants un espace débarrassé des nuisances de la voiture, loin de la surconsommation et purifié de la publicité.

Nous vivrions dans une société conviviale et sereine, nous aurions une alimentation équilibrée, nous évoluerions dans un environnement sain, nous serions en bonne santé, et nous pourrions combattre les inégalités. Pour vivre dans cette société, il faut tout de même que nous acceptions certaines normes, des mesures réglementaires notamment fiscales et environnementales. Pour inverser la tendance, il faudrait réduire notre dépendance aux produits qui détruisent la planète. Ce sont des engagements nécessaires pour passer à une société vraiment durable.


Encart[modifier]

«La liberté et l’équité resteront lettres mortes dans une société organisée autour de l’automobile et de l’école, qui met l’économie au centre de la vie sociale. Pour en finir avec les pénuries cycliques nées de l’avarice, de l’incompétence et des dégâts causés par la croissance économique, il convient de réduire l’économie formelle et de permettre le développement de sphères de subsistance autonomes. En remettant la politique et l’éthique, auxquelles l’activité économique doit être soumise, au centre de la vie sociale, on remplacera l’obsession de la croissance économique par une société conviviale qui garantira à chacun le libre accès aux outils de la communauté dans le respect de la liberté des autres.»


Extrait du Manifeste souscrit le 5 décembre 2007 par des participants au colloque "La convivencialidad en la era de los sistemas", organisé à Cuernavaca (Mexique) en l’honneur d’Ivan Illich à l’occasion du cinquième anniversaire de sa mort.

Sites de référence:

http://www.decroissance.org/

http://www.bien-vivre.org/

'Manifeste complet sous: http://www.decroissance.info/Celebration-du-reveil