Les communautés intentionnelles

De Wiki livre Netizenship

Nos ancêtres vivaient dans des grottes, en petits groupes.
Avaient-ils fait le choix de vivre ensemble, ou étaient-ils juste motivés par la peur d'être seuls ?
Quelle différence ?

Aujourd'hui nous avons encore peur de la solitude. Bien que l'être humain soit un animal social, lorsqu'il est blessé, il rejette ce lien.
Nous sommes toujours heureux de vivre en famille, en quartier, en communauté, et ce intentionnellement. Nous avons gardé notre libre arbitre, nous pouvons choisir d'aller ailleurs, de quitter le groupe, mais dans la plupart des cas, nous restons.

Avant, la vie était plus simple, il y avait moins de stress, on vivait plus proche de sa propre nature.
Aujourd'hui le temps file. Nous sommes en permanence sollicités. En contrepartie, on risque moins de mourir de maladies incurables à un âge prématuré. Nous jouissons de plus de confort et de stimulations pour le corps et l'esprit.

Choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger nos cultures. C'est choisir son environnement de stimulation.

Dans notre société moderne ce choix est large. Au début, la prudence se mélange à la curiosité. C'est la phase d'apprivoisement, elle peut durer de 6 à 12 mois.

De tout temps, des communautés ont existé. Visualisez les communautés intentionnelles qui existent près de chez vous.
Pas d'idée ?

Prenez par exemple des moines dans un monastère. Au delà de leur choix religieux, ces personnes vivent en cohabitation. Ils chantent ensemble, cultivent la terre, élèvent un troupeau et chacun possède son espace, sa chambre. C'est exactement comme habiter en communauté aujourd'hui. Chez les moines, comme ailleurs, il y a une bonne intention de départ, parfois une existence qui dépasse la mort des initiateurs, parfois des déviances et des abus, mais toujours beaucoup d'apprentissage de la vie en société.

En allant plus loin, on s'aperçoit que le terme "communauté" peut être utilisé pour remplacer la notion de "quartier". On dit par exemple "participer à la vie de sa communauté", pour sous-entendre participer avec les gens de son quartier à une activité.
Une autre utilisation du terme se réfère à l'appartenance culturelle, on parle de la communauté coréenne, chinoise ou française.
L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques, ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. Ici, même si la notion de "communauté" n'est plus intentionnelle, elle est tout de même importante.
Dans le cas d'un pôle international d'écologie communautaire, ce sont des personnes qui font le choix de se rassembler, de mettre des ressources en commun et d'adopter un style de vie.
Lors de la création d'un nouveau pôle, il est essentiel de se référer aux communautés intentionnelles du passé pour s'inspirer de leur réussite. Ainsi, on évite d'avancer en tâtonnant, à l'intuition, et au hasard; mais en s'appuyant sur ce qui existe, de manière à savoir où l'on va.

La communauté Inca[modifier]

Elle était composée, dans les meilleures époques, de plus de 20 millions de personnes. Sans argent, ni propriété privée, ils ont tout de même constitué un empire, ce qui en fait un modèle intéressant. Cependant, à l'arrivée des Espagnols, le manque d'armes et de pratiques guerrières a réduit leurs chances de survie et beaucoup ont été tués. Pendant plusieurs centaines d'années, l'empire Inca a continué d'incarner un mode de vie communautaire doté de plusieurs langues et cultures, et de membres aux qualités différentes.
La clé du succès de cet empire est d'avoir basé la vie communautaire sur le partage des savoir-faire plus que sur la peur ou l'obligation. Pour inclure un peuple à leur empire, les Incas montraient leur supériorité par la maîtrise d'un savoir technique plus évolué et offraient de le partager. Ils régnaient grâce au partage de l'information.
Ecopol reproduit le même schéma, tout savoir se partage. Les personnes désireuses d'apprendre y viendront comme en visite d'une école socio-technique.

Les Amish[modifier]

Ces familles protestantes émergent en Europe à partir de la Renaissance (environ 1600). Etant persécutées, elles partent en Amérique pour y créer des communautés indépendantes. Elles y arrivent par petits groupes, s'y installent et ne bougent plus. Les Amish sont plusieurs millions en Amérique à avoir créé des communautés intentionnelles, parfois sur des régions entières et jusqu'en Argentine. Un des points négatifs est que les jeunes ont assez peu de liberté. Cependant, selon la tradition, à l'adolescence, les jeunes peuvent goûter à la vie moderne en ville. Ils sont libres d'y rester ou de rentrer pour réintégrer la communauté.
Une chose remarquable dans cette communauté est leur conscience écologique d'avant-garde. Bien qu'ils puissent être un peu extrêmes dans leurs pratiques : pas d'électricité, pas d'argent, une religion unique... Ils sont remarquables pour leur proximité avec la nature et leur capacité à s'entendre alors qu'ils sont des milliers. Un exemple frappant de la solidarité au sein de cette communauté est leur manière de construire leurs maisons. Des centaines de membres viennent de partout, les femmes préparent à manger, s'occupent de la partie intérieure, les hommes amènent du bois, et ils construisent la maison en une journée. Une maison Amish est construite en très peu de temps grâce à la forte coopération.
Dans le contexte actuel de dégradation de la qualité de vie, ils sont admirés pour leur mode de vie simple et sain. Créées en 1600, leurs communautés continuent d'exister.

François Marie Charles Fourier[modifier]

Très jeune pendant la révolution française, il présente aux révolutionnaires son projet de ville différente, le Phalanstère. Les révolutionnaires ne sont pas intéressés et le mettent de côté. Il continue quand même ses recherches et diffuse sa pensée.
Dans la théorie de Charles Fourier, le phalanstère est une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir 400 familles (environs 2 000 membres) au milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive avant tout des fruits et des fleurs.
Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables. Plusieurs disciples de la pensée fouriériste tentèrent l'expérience.
La plus célèbre date de 1846, quand Jean Godin, un industriel français fonde le familistère de Guise. Dans ce complexe industriel destiné à produire des poëles à bois, les ouvriers et leurs familles vivent ensemble, dans des locaux aménagés pour le bien-être. Au delà du confort, un système de protection sociale basé sur la solidarité est créé. Ce n'est que dans les années 60 que les activités du familistère de Guise s'arrêteront.
Pendant plus de cent ans, il y eut des expériences de communautés, de gens qui voulaient vivre ensemble. Ils s'assuraient un revenu à l'extérieur et mettaient tout en commun au sein de la communauté.
Dans la pensée de Fourier, beaucoup de codes sont peu intéressants mais on retiendra le principe d'une production qui ne détruisait pas les liens sociaux.

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Focolari, Lanza de vasto et autres inspirations[modifier]

Plusieurs autres communautés intentionnelles existent de part le monde, elles sont listées dans l'article sources d'inspiration. Ce tour d'horizon des communautés intentionnelles nous enseigne qu'Ecopol ne peut pas fonctionner si l'on tente de réinventer la roue. Et que le projet doit s'appuyer sur toutes les expériences existantes.