Des cathédrales aux bazars : Différence entre versions

De Wiki livre Netizenship
(Un concept venu du logiciel libre)
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== Quelle architecture économique ? ==
 
On accorde souvent plus d'attention et de prestige à une belle cathédrale qu'à un bazar anarchique (du moins en apparence). Mais en ce qui concerne les modes d'organisation, d'entreprises ou de projets, ces a priori doivent désormais être remis en question.
 
  
Cathédrale, bazar ? De quoi parle-t-on ? La matière s'assemble selon des logiques dimensionnelles : hauteur, largeur...  
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==Quelle architecture pour les relations socio-économiques?==
Les informations, les idées, les organisations sociales sont également le résultat de ces logiques.
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Certaines organisations sont assemblées suivant la forme de la «cathédrale». D'autres organisations sont assemblées en suivant la forme du «bazar».
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On accorde souvent plus d'attention et de prestige à une belle cathédrale qu'à un bazar anarchique (du moins en apparence). Mais en ce qui concerne les modes d'organisation, d'entreprises ou de projets, ces a priori doivent désormais être remis en question.
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Cathédrale, bazar ? De quoi parle-t-on ? La matière s'assemble selon des logiques dimensionnelles : hauteur, largeur... Les informations, les idées, les organisations sociales sont également le résultat de ces logiques. Certaines organisations sont assemblées suivant la forme de la «cathédrale». D'autres organisations sont assemblées en suivant la forme du «bazar».
  
 
Le système social dit "en cathédrale" fonctionne selon la hiérarchique de statut, à la verticale ou sous forme pyramidale. Le meilleur statut, le pouvoir suprême, se trouve au sommet. De nombreux niveaux intermédiaires le séparent de la base. Cette hiérarchie pyramidale exerce un contrôle important, notamment en s'interposant dans la circulation de l'information et les prises de décision. Tout doit passer d'un échelon hiérarchique à l'autre, du haut vers le bas ou inversement, jamais de manière transversale.
 
Le système social dit "en cathédrale" fonctionne selon la hiérarchique de statut, à la verticale ou sous forme pyramidale. Le meilleur statut, le pouvoir suprême, se trouve au sommet. De nombreux niveaux intermédiaires le séparent de la base. Cette hiérarchie pyramidale exerce un contrôle important, notamment en s'interposant dans la circulation de l'information et les prises de décision. Tout doit passer d'un échelon hiérarchique à l'autre, du haut vers le bas ou inversement, jamais de manière transversale.
  
La plupart des États nations fonctionnent de cette manière. La plupart des entreprises aussi, où l'on doit en référer à un supérieur hiérarchique. Il est fréquent de recevoir un courrier important, une décision officielle par exemple, signé par une personne qui a le "droit de signature", le statut de "responsable administratif"; alors qu'en fait le courrier a été préparé par d'autres personnes qui traitent ce dossier, des subalternes, et le signataire appose sa griffe quasiment les yeux fermés. Au-delà de la signature, c'est toute la culture de la gestion qui est influencée par cette approche cathédrale.  
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La plupart des États nations fonctionnent de cette manière. La plupart des grandes entreprises aussi, où l'on doit en référer à un supérieur hiérarchique. Il est fréquent de recevoir un courrier important, une décision officielle par exemple, signé par une personne qui a le "droit de signature", le statut de "responsable administratif"; alors qu'en fait le courrier a été préparé par d'autres personnes qui traitent ce dossier, des subalternes, et le signataire appose sa griffe quasiment les yeux fermés.
Plus largement, dans l'organisation cathédrale, la consommation est séparée de la production. Les consommateurs ne doivent pas comprendre ou modifier les produits qu'ils consomment.
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Au-delà de la signature, c'est toute la culture de la gestion qui est influencée par cette approche cathédrale. Plus largement, dans l'organisation cathédrale, la consommation est séparée de la production. Les consommateurs ne doivent pas comprendre ou modifier les produits qu'ils consomment.
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== La dynamique horizontale ==
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==La dynamique horizontale==
Bien différent est le fonctionnement des hiérarchies dans un bazar! Il n'y a pas de position dominante a priori. Chacun apporte sa proposition, son patrimoine, et partage. Ceux dont les contributions sont les plus intéressantes réussissent à réunir une communauté autour d'eux (fournisseurs et clients) et en deviennent naturellement leaders. L'organisation spatiale est donc bien plus horizontale, mais pas entièrement. Dans chaque petit groupe, non seulement chacun peut être le chef d'un petit morceau de l'activité, mais il peut aussi y avoir plusieurs chefs. La notion de chef se transforme en simple notion de (co-)responsable d'activité. Les responsables doivent sans cesse démontrer qu'ils méritent leur place, ou avoir la sagesse de réduire leur attente de pouvoir diriger, en (re-)devenant simple contributeur aux projets.
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Bien différent est le fonctionnement des hiérarchies dans un bazar! Il n'y a pas de position dominante a priori. Chacun apporte ses informations complexes sous forme de connaissance, savoirs faire et savoirs être, et les met au service de la communauté. Car plus l'information est partagée, plus elle prend de la valeur. Ceux dont les contributions sont les plus intéressantes réussissent à réunir une communauté autour d'eux (fournisseurs et clients) et en deviennent naturellement leaders.
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L'organisation est donc bien plus horizontale, mais pas entièrement. Dans chaque petit groupe, non seulement chacun peut être le chef d'un petit morceau de l'activité, mais il peut aussi y avoir plusieurs chefs. La notion de chef se transforme en simple notion de (co-)responsable d'activité. Les responsables doivent sans cesse démontrer qu'ils méritent leur place, ou avoir la sagesse de réduire leur attente de pouvoir diriger, en (re-)devenant simple contributeur aux projets.
  
 
Dans un bazar, la pression est moindre, les relations sont plus simples, basées sur l'expérience pratique, informelles, la réputation sans tâche. Chacun peut donc participer à plusieurs groupes, parfois comme leader, parfois comme contributeur, et trouver diverses places en fonction des contextes. Cette modularité de la culture hiérarchique facilite la fusion des rôles entre consommateurs et des producteurs, encouragés à améliorer les produits et services pour leur propre usage.
 
Dans un bazar, la pression est moindre, les relations sont plus simples, basées sur l'expérience pratique, informelles, la réputation sans tâche. Chacun peut donc participer à plusieurs groupes, parfois comme leader, parfois comme contributeur, et trouver diverses places en fonction des contextes. Cette modularité de la culture hiérarchique facilite la fusion des rôles entre consommateurs et des producteurs, encouragés à améliorer les produits et services pour leur propre usage.
  
== Un concept venu du logiciel libre ==
 
  
Ces deux logiques ''cathédrale versus bazar'' ont toujours existé. La cathédrale s'opposait à l'anarchisme. Mais l'arrivée du numérique a permis de faire émerger une approche plus nuancée du bazar, pas si anarchique finalement. Les communautés d'informaticiens ont servi de laboratoire d'idées. Car les propriétés de décentralisation et de multilatéralité ont entraîné l'émergence de ce nouveau type d'organisation. En offrant la possibilité de laisser une trace de toutes les contributions, et donc de faire des choix plus raisonnés, basé sur la qualité de chacun à contribuer à un projet, le numérique donne de la transparence au mode opératoire. Ceci permet de contrôler l'anarchie potentielle d'un bazar.
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==Un concept venu du logiciel libre==
  
Dans son livre ''la cathédrale et le bazar'' (1998)<ref>http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar/</ref>, Eric S. Raymond analyse le succès de projets de logiciels libres, dont le code source est ouvert, générant par nature une organisation de type bazar, avec plein de petits groupes de travail qui interagissent et pouvant voir ce que tous les autres font. Le succès des logiciels libres, bien que peu connu, est fulgurant en fait dans l'économie mondiale. La majorité des pages web qui sont affichées tournent sur des logiciels libres, conçu par des gens s'organisant dans des hiérarchies de type bazar. Ceci démontre la pertinence de gouvernance de projet basée sur le partage de l'information et l'équité des chances qui sont le propre de bazar. Et ça marche bien au-delà du logiciel, dans l'architecture, les arts, les machines agricoles... mais uniquement si on utilise des outils numériques pour coordonner nos efforts.
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Ces deux logiques ''cathédrale versus bazar'' ont toujours existé. La cathédrale s'opposait à l'anarchisme. Mais l'arrivée du numérique a permis de faire émerger une approche plus nuancée du bazar, pas si anarchique finalement. Les communautés d'informaticiens ont servi de laboratoire d'idées. Car les propriétés de décentralisation et de multilatéralité des écosystèmes numériques ont entraîné l'émergence de ce nouveau type d'organisation.
L'idée de hiérarchie bazar, popularisée avec le monde des logiciels libres et à code ouvert, a donc servi de catalyseur pour faciliter une transition : le bazar, comme logique organisationnelle, s'étend aujourd'hui à d'autres domaines.
 
  
Le bazar n'entrave ni la réussite d'un projet ni la qualité de son résultat.  
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En offrant la possibilité de laisser une trace de toutes les contributions, et donc de faire des choix plus raisonnés, basé sur la qualité de chacun à contribuer à un projet, le numérique donne de la transparence au mode opératoire. Ceci permet à chacun de voir le mode d'organisation et de choisir celui qui lui convient, sans tomber dans les options radicles du tout vertical ou tout horizontal.
  
Deux succès notoires : GNU/Linux<ref>Linux, système d'exploitation libre, est né dans le milieu hacker de la rencontre entre le développement collaboratif et décentralisé via Internet et le mouvement du logiciel libre.</ref>, système leader pour les serveurs web, et Wikipédia l'encyclopédie en ligne dans le top10 des sites les visités au monde. Il existe plusieurs millions de projets bazar, qui comme wikipedia utilisent Internet mais ne sont pas des projets logiciels. Leur succès provient de leur qualité&nbsp;: ils sont améliorables continuellement par tous. Seule condition&nbsp;: respecter les règles de fonctionnement de la communauté. Là réside sans doute une des clés de la force du bazar. Ces projets fonctionnent grâce à des micro-hiérarchies de ''contributions'' (ex.&nbsp;: «Il a sans doute raison, car c'est lui qui a résolu le dernier bug sur cette partie du programme la dernière fois.&nbsp;»), dans l'esprit, justement, d'un bazar.  
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Dans son livre ''La cathédrale et le bazar'' (1998)<ref>http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar</ref>, Eric S. Raymond analyse le succès de projets de logiciels libres, dont le code source est ouvert, générant par nature une organisation de type bazar, avec plein de petits groupes de travail qui interagissent et pouvant voir ce que tous les autres font. Le succès des logiciels libres, bien que peu connu, est fulgurant en fait dans l'économie mondiale.
  
Cette approche bazar remplace progressivement les hiérarchies de ''statut'', symbolisées par des comportements comme&nbsp;:
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La majorité des pages web qui sont affichées tournent sur des logiciels libres, conçu par des gens s'organisant dans des hiérarchies de type bazar. Ceci démontre la pertinence de gouvernance de projet basée sur le partage de l'information et l'équité des chances qui sont le propre de bazar.
  
* «&nbsp;j'ai raison, car je suis ton chef&nbsp;»&nbsp;;  
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Et ça marche bien au-delà du logiciel, dans l'architecture, les arts, les machines agricoles... mais uniquement si on utilise des outils numériques pour coordonner nos efforts. L'idée de hiérarchie bazar, popularisée avec le monde des logiciels libres et à code ouvert, a donc servi de catalyseur pour faciliter une transition : le bazar, comme logique organisationnelle, s'étend aujourd'hui à d'autres domaines.
* «&nbsp;j'ai raison, car j'ai fait cinq années d'études et toi seulement deux&nbsp;».  
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Le bazar n'entrave ni la réussite d'un projet ni la qualité de son résultat.
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Deux succès notoires : GNU/Linux<ref>Linux, système d'exploitation libre, est né dans le milieu hacker de la rencontre entre le développement collaboratif et décentralisé via Internet et le mouvement du logiciel libre</ref>, système leader pour les serveurs web, et Wikipédia l'encyclopédie en ligne dans le top10 des sites les visités au monde. Il existe plusieurs millions de projets bazar, qui comme wikipedia utilisent Internet mais ne sont pas des projets logiciels. Leur succès provient de leur qualité : ils sont améliorables continuellement par tous. Seule condition : respecter les règles de fonctionnement de la communauté.
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Là réside sans doute une des clés de la force du bazar. Ces projets fonctionnent grâce à des micro-hiérarchies de contributions (ex. : ''«Il a sans doute raison, car c'est lui qui a résolu le dernier bug sur cette partie du programme la dernière fois. »''), dans l'esprit, justement, d'un bazar.
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Cette approche bazar remplace progressivement les hiérarchies de statut, symbolisées par des comportements comme :
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* « j'ai raison, car je suis ton chef » ;
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* « j'ai raison, car j'ai fait cinq années d'études et toi seulement deux ».
  
 
On voit ainsi que le pouvoir dans les organisations est intimement lié au statut, qui donne le droit ou non de contrôler l'information. Ce qui est nouveau, c'est justement que le numérique permet à tous de co-contrôler l'information. Dans l'approche bazar, comme les producteurs sont aussi les consommateurs, ils peuvent faire évoluer ensemble les produit et services plus rapidement, car ils ont accès à toutes les informations nécessaires pour bien décider ensemble.
 
On voit ainsi que le pouvoir dans les organisations est intimement lié au statut, qui donne le droit ou non de contrôler l'information. Ce qui est nouveau, c'est justement que le numérique permet à tous de co-contrôler l'information. Dans l'approche bazar, comme les producteurs sont aussi les consommateurs, ils peuvent faire évoluer ensemble les produit et services plus rapidement, car ils ont accès à toutes les informations nécessaires pour bien décider ensemble.
  
Et comme le monde numérique ne connaît pas les distances, tous peuvent y contribuer où qu'ils se trouvent et à tout moment. De plus, par leur nombre important, les acteurs du bazar identifient plus vite les problèmes et trouvent la solution rapidement.  
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Et comme le monde numérique ne connaît pas les distances, tous peuvent y contribuer où qu'ils se trouvent et à tout moment.  
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Par leur nombre important, les acteurs de la communauté socio-économique des logiciels libres identifient plus vite les problèmes et trouvent la solution rapidement. C'est pourquoi,  à la différence des projets gérés par des communautés fonctionnant sur le principe de la cathédrale, les communautés qui adoptent les principes bazar peuvent être plus réactifs, plus flexibles et ainsi plus efficaces pour trouver des solutions. Exemple :  un acte de vandalisme sur wikipédia est souvent repéré par des patrouilleurs en moins de deux minutes...
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C'est pourquoi, au contraire d'autres concurrents non-libres, les bugs du logiciel GNU/Linux sont corrigés avec une réactivité incroyable (parfois en quelques heures). Un acte de vandalisme sur wikipédia est souvent repéré par des patrouilleurs en moins de deux minutes...
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==Les organisations socio-économique en pleine mutation==
  
== Les organisations socio-économique en pleine mutation ==
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Le fonctionnement en cathédrale reste prédominant dans le modèle économique actuel de ce début du XXIe siècle. Mais la mutation est en cours. Le bazar, modèle organisationnel émergent, est en train de bouleverser le rapport de force bien au-delà de la seule économie numérique.
  
Le fonctionnement en cathédrale reste prédominant dans le modèle économique actuel de ce début du XXIe siècle. Mais la mutation est en cours. Le bazar, modèle organisationnel émergent, est en train de bouleverser le rapport de force bien au-delà de la seule économie numérique.
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Ces deux modes d'organisation se retrouvent notamment dans les médias. Les médias traditionnels exercent un quasi-monopole (du haut vers le bas) sur l'information et sont souvent intégrés dans des groupes transnationaux encore plus gros, qui produisent et vendent du matériel militaire, de l'électronique...  
  
Ces deux modes d'organisation se retrouvent notamment dans les médias. Les médias traditionnels exercent un quasi-monopole (du haut vers le bas) sur l'information et sont souvent intégrés dans des groupes transnationaux encore plus gros, qui produisent et vendent du matériel militaire, de l'électronique...
 
 
De la même manière, les géants de l'informatique (en 2012 Microsoft, Apple, Google ou Facebook) maîtrisent totalement l'utilisation et le développement de leurs produits, tout en se diversifiant dans des domaines qui leur assurent de rester des groupes de dimension considérable et à hiérarchie verticale, des cathédrales, plutôt que de migrer vers des réseaux de petits groupes fonctionnant en bazar, horizontalement (comme le modèle Linux).
 
De la même manière, les géants de l'informatique (en 2012 Microsoft, Apple, Google ou Facebook) maîtrisent totalement l'utilisation et le développement de leurs produits, tout en se diversifiant dans des domaines qui leur assurent de rester des groupes de dimension considérable et à hiérarchie verticale, des cathédrales, plutôt que de migrer vers des réseaux de petits groupes fonctionnant en bazar, horizontalement (comme le modèle Linux).
  
Ces entreprises cathédrales ne sont pas les mieux armées pour résister à l'invasion de la société numérique : la somme de multiples bazars, tous en réseau, représentant une concurrence sérieuse (on aborde alors le concept décrit dans l'article "la longue traîne").  
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Ces entreprises cathédrales ne sont pas les mieux armées pour résister à l'invasion de la société numérique : la somme de multiples bazars, tous en réseau, représentant une concurrence sérieuse (on aborde alors le concept décrit dans l'article "la longue traîne").
  
En revanche, l'économie sociale et solidaire et foncièrement adaptée à la culture bazar propre au numérique, c'est pourquoi son modèle semble plus pertinent et adapté à l'ère du numérique. Rappelons ici ses valeurs et principes :  
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En revanche, l'économie sociale et solidaire et foncièrement adaptée à la culture bazar propre au numérique, c'est pourquoi son modèle semble plus pertinent et adapté à l'ère du numérique. Rappelons ici ses valeurs et principes :
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# respect du bien commun
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# solidarité et coopération
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# coopération
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# diversité
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# autonomie
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# citoyenneté active
 +
# mutualisation
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# bien-être social
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# innovation ouverte
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# gouvernance décentralisée
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# partage de l'information
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# culture du don
  
* solidarité
 
* bien commun
 
* coopération
 
* multipartisme
 
* autonomie
 
* citoyenneté active
 
* bénéfice mutuel
 
* bien-être social
 
* liberté fondamentale
 
* innovation ouverte
 
* vente de service plutôt que de produit
 
* gouvernance décentralisée
 
* partage de l'information
 
* culture du don
 
  
 
== Notes et références ==
 
== Notes et références ==
 
  <references/>
 
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Version du 17 décembre 2012 à 19:29

cathédrale, bazar, culture libre, GNU/Linux



Quelle architecture pour les relations socio-économiques?

On accorde souvent plus d'attention et de prestige à une belle cathédrale qu'à un bazar anarchique (du moins en apparence). Mais en ce qui concerne les modes d'organisation, d'entreprises ou de projets, ces a priori doivent désormais être remis en question.

Cathédrale, bazar ? De quoi parle-t-on ? La matière s'assemble selon des logiques dimensionnelles : hauteur, largeur... Les informations, les idées, les organisations sociales sont également le résultat de ces logiques. Certaines organisations sont assemblées suivant la forme de la «cathédrale». D'autres organisations sont assemblées en suivant la forme du «bazar».

Le système social dit "en cathédrale" fonctionne selon la hiérarchique de statut, à la verticale ou sous forme pyramidale. Le meilleur statut, le pouvoir suprême, se trouve au sommet. De nombreux niveaux intermédiaires le séparent de la base. Cette hiérarchie pyramidale exerce un contrôle important, notamment en s'interposant dans la circulation de l'information et les prises de décision. Tout doit passer d'un échelon hiérarchique à l'autre, du haut vers le bas ou inversement, jamais de manière transversale.

La plupart des États nations fonctionnent de cette manière. La plupart des grandes entreprises aussi, où l'on doit en référer à un supérieur hiérarchique. Il est fréquent de recevoir un courrier important, une décision officielle par exemple, signé par une personne qui a le "droit de signature", le statut de "responsable administratif"; alors qu'en fait le courrier a été préparé par d'autres personnes qui traitent ce dossier, des subalternes, et le signataire appose sa griffe quasiment les yeux fermés.

Au-delà de la signature, c'est toute la culture de la gestion qui est influencée par cette approche cathédrale. Plus largement, dans l'organisation cathédrale, la consommation est séparée de la production. Les consommateurs ne doivent pas comprendre ou modifier les produits qu'ils consomment.


La dynamique horizontale

Bien différent est le fonctionnement des hiérarchies dans un bazar! Il n'y a pas de position dominante a priori. Chacun apporte ses informations complexes sous forme de connaissance, savoirs faire et savoirs être, et les met au service de la communauté. Car plus l'information est partagée, plus elle prend de la valeur. Ceux dont les contributions sont les plus intéressantes réussissent à réunir une communauté autour d'eux (fournisseurs et clients) et en deviennent naturellement leaders.

L'organisation est donc bien plus horizontale, mais pas entièrement. Dans chaque petit groupe, non seulement chacun peut être le chef d'un petit morceau de l'activité, mais il peut aussi y avoir plusieurs chefs. La notion de chef se transforme en simple notion de (co-)responsable d'activité. Les responsables doivent sans cesse démontrer qu'ils méritent leur place, ou avoir la sagesse de réduire leur attente de pouvoir diriger, en (re-)devenant simple contributeur aux projets.

Dans un bazar, la pression est moindre, les relations sont plus simples, basées sur l'expérience pratique, informelles, la réputation sans tâche. Chacun peut donc participer à plusieurs groupes, parfois comme leader, parfois comme contributeur, et trouver diverses places en fonction des contextes. Cette modularité de la culture hiérarchique facilite la fusion des rôles entre consommateurs et des producteurs, encouragés à améliorer les produits et services pour leur propre usage.


Un concept venu du logiciel libre

Ces deux logiques cathédrale versus bazar ont toujours existé. La cathédrale s'opposait à l'anarchisme. Mais l'arrivée du numérique a permis de faire émerger une approche plus nuancée du bazar, pas si anarchique finalement. Les communautés d'informaticiens ont servi de laboratoire d'idées. Car les propriétés de décentralisation et de multilatéralité des écosystèmes numériques ont entraîné l'émergence de ce nouveau type d'organisation.

En offrant la possibilité de laisser une trace de toutes les contributions, et donc de faire des choix plus raisonnés, basé sur la qualité de chacun à contribuer à un projet, le numérique donne de la transparence au mode opératoire. Ceci permet à chacun de voir le mode d'organisation et de choisir celui qui lui convient, sans tomber dans les options radicles du tout vertical ou tout horizontal.

Dans son livre La cathédrale et le bazar (1998)[1], Eric S. Raymond analyse le succès de projets de logiciels libres, dont le code source est ouvert, générant par nature une organisation de type bazar, avec plein de petits groupes de travail qui interagissent et pouvant voir ce que tous les autres font. Le succès des logiciels libres, bien que peu connu, est fulgurant en fait dans l'économie mondiale.

La majorité des pages web qui sont affichées tournent sur des logiciels libres, conçu par des gens s'organisant dans des hiérarchies de type bazar. Ceci démontre la pertinence de gouvernance de projet basée sur le partage de l'information et l'équité des chances qui sont le propre de bazar.

Et ça marche bien au-delà du logiciel, dans l'architecture, les arts, les machines agricoles... mais uniquement si on utilise des outils numériques pour coordonner nos efforts. L'idée de hiérarchie bazar, popularisée avec le monde des logiciels libres et à code ouvert, a donc servi de catalyseur pour faciliter une transition : le bazar, comme logique organisationnelle, s'étend aujourd'hui à d'autres domaines.

Le bazar n'entrave ni la réussite d'un projet ni la qualité de son résultat.

Deux succès notoires : GNU/Linux[2], système leader pour les serveurs web, et Wikipédia l'encyclopédie en ligne dans le top10 des sites les visités au monde. Il existe plusieurs millions de projets bazar, qui comme wikipedia utilisent Internet mais ne sont pas des projets logiciels. Leur succès provient de leur qualité : ils sont améliorables continuellement par tous. Seule condition : respecter les règles de fonctionnement de la communauté.

Là réside sans doute une des clés de la force du bazar. Ces projets fonctionnent grâce à des micro-hiérarchies de contributions (ex. : «Il a sans doute raison, car c'est lui qui a résolu le dernier bug sur cette partie du programme la dernière fois. »), dans l'esprit, justement, d'un bazar. Cette approche bazar remplace progressivement les hiérarchies de statut, symbolisées par des comportements comme :

  • « j'ai raison, car je suis ton chef » ;
  • « j'ai raison, car j'ai fait cinq années d'études et toi seulement deux ».

On voit ainsi que le pouvoir dans les organisations est intimement lié au statut, qui donne le droit ou non de contrôler l'information. Ce qui est nouveau, c'est justement que le numérique permet à tous de co-contrôler l'information. Dans l'approche bazar, comme les producteurs sont aussi les consommateurs, ils peuvent faire évoluer ensemble les produit et services plus rapidement, car ils ont accès à toutes les informations nécessaires pour bien décider ensemble.

Et comme le monde numérique ne connaît pas les distances, tous peuvent y contribuer où qu'ils se trouvent et à tout moment.

Par leur nombre important, les acteurs de la communauté socio-économique des logiciels libres identifient plus vite les problèmes et trouvent la solution rapidement. C'est pourquoi, à la différence des projets gérés par des communautés fonctionnant sur le principe de la cathédrale, les communautés qui adoptent les principes bazar peuvent être plus réactifs, plus flexibles et ainsi plus efficaces pour trouver des solutions. Exemple : un acte de vandalisme sur wikipédia est souvent repéré par des patrouilleurs en moins de deux minutes...


Les organisations socio-économique en pleine mutation

Le fonctionnement en cathédrale reste prédominant dans le modèle économique actuel de ce début du XXIe siècle. Mais la mutation est en cours. Le bazar, modèle organisationnel émergent, est en train de bouleverser le rapport de force bien au-delà de la seule économie numérique.

Ces deux modes d'organisation se retrouvent notamment dans les médias. Les médias traditionnels exercent un quasi-monopole (du haut vers le bas) sur l'information et sont souvent intégrés dans des groupes transnationaux encore plus gros, qui produisent et vendent du matériel militaire, de l'électronique...

De la même manière, les géants de l'informatique (en 2012 Microsoft, Apple, Google ou Facebook) maîtrisent totalement l'utilisation et le développement de leurs produits, tout en se diversifiant dans des domaines qui leur assurent de rester des groupes de dimension considérable et à hiérarchie verticale, des cathédrales, plutôt que de migrer vers des réseaux de petits groupes fonctionnant en bazar, horizontalement (comme le modèle Linux).

Ces entreprises cathédrales ne sont pas les mieux armées pour résister à l'invasion de la société numérique : la somme de multiples bazars, tous en réseau, représentant une concurrence sérieuse (on aborde alors le concept décrit dans l'article "la longue traîne").

En revanche, l'économie sociale et solidaire et foncièrement adaptée à la culture bazar propre au numérique, c'est pourquoi son modèle semble plus pertinent et adapté à l'ère du numérique. Rappelons ici ses valeurs et principes :

  1. respect du bien commun
  2. solidarité et coopération
  3. coopération
  4. diversité
  5. autonomie
  6. citoyenneté active
  7. mutualisation
  8. bien-être social
  9. innovation ouverte
  10. gouvernance décentralisée
  11. partage de l'information
  12. culture du don


Notes et références

  1. http://www.linux-france.org/article/these/cathedrale-bazar
  2. Linux, système d'exploitation libre, est né dans le milieu hacker de la rencontre entre le développement collaboratif et décentralisé via Internet et le mouvement du logiciel libre