Fracture numérique : Différence entre versions
(→Fracture économique) |
(→Encadré) |
||
Ligne 36 : | Ligne 36 : | ||
Mais une telle disparité existe aussi au niveau local : même un pays très bien équipé peut compter des citoyens privés d'accès au réseau pour des raisons économiques. Exemple local venant de l'ONG Caritas à Genève, opulante capitale du commerce mondial et siège d'agences des Nations-Unies: nombreux sont les info-pauvres dans cette cité; nombreux sont les migrants y vivent, de manière précaire, et n'ont pas d'ordinateur. Ils ont dès lors accès à moins d'informations, moins d'opportunités de travail, moins de possibilité de s'insérer socialement et professionnellement. | Mais une telle disparité existe aussi au niveau local : même un pays très bien équipé peut compter des citoyens privés d'accès au réseau pour des raisons économiques. Exemple local venant de l'ONG Caritas à Genève, opulante capitale du commerce mondial et siège d'agences des Nations-Unies: nombreux sont les info-pauvres dans cette cité; nombreux sont les migrants y vivent, de manière précaire, et n'ont pas d'ordinateur. Ils ont dès lors accès à moins d'informations, moins d'opportunités de travail, moins de possibilité de s'insérer socialement et professionnellement. | ||
− | == Encadré | + | === Encadré Faut-il envoyer des ordinateurs en Afrique ?=== |
− | |||
− | + | Quand on pense fossé entre info-riches et info-pauvres, on pense tout de suite aux pauvres africains qui n'ont pas d'ordinateur. | |
+ | L'idée de donner une deuxième vie à un ordinateur, en le confiant à une organisation caritative, est une bonne intention. Elle se heurte néanmoins à plusieurs réalités qui la rendent contre-productive. | ||
− | + | Principalement, en Afrique, les ordinateurs finissent très vite dans des décharges, et il n'y a pas d'infrastructures pour le recyclage. Donc on pollue en croyant bien faire. En plus, il y a les intermédiaires, qui se servent au passage, souvent avant même le départ ou aux douanes. Enfin, même si on donne un ordinateur à un occidental pour un usage en occident, par exemple une banque qui fait une donation à une ONG caritative, le problème peut rester complet : les bénéficiaires. Les chômeurs ou migrants doivent payer des professionnels pour identifier les pannes matérielles, reconfigurer l'outil, assurer une maintenance. Sans parler de l'énergie grise, cette énergie consommée qui est difficile à calculer : transport, grosse consommation électrique de vieux ordinateurs avec des processeurs qui surchauffent... | |
− | |||
− | |||
− | Principalement, en Afrique, les ordinateurs finissent très vite dans des décharges, et il n'y a pas d'infrastructures pour le recyclage. Donc on pollue en croyant bien faire. En plus, il y a les intermédiaires, qui se servent au passage, souvent avant même le départ | ||
− | |||
− | |||
− | |||
− | |||
− | |||
== Fracture géopolitique == | == Fracture géopolitique == |
Version du 26 février 2013 à 18:45
inégalités, équité, inéquité, minorités, information, droits, exclusion, défavorisé
Internet est-il une nouvelle source d’inégalités ?
À leurs débuts, l'ordinateur et internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité de personnes dont c'était le métier (les "informaticiens") et à quelques drôles de gars qui préfèraient bidouiller pendant leur temps libre plutôt que de prendre le grand air. L'informatique et le réseau internet ont, depuis les années 1990, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La circulation d'information, souvent gratuite, favorise l'équité des chances et rapproche les gens. La technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Mais, ô paradoxe, internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non utilisateurs du Net, amplifiant ainsi les inégalités qui préexistaient.
On a baptisé fracture numérique l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies de l'information. Ceux qui sont du bon côté peuvent en principe disposer du net pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer et pour communiquer. Les autres subissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils connaissaient déjà : ils se retrouventexclus d'une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.
Dans l'esprit de certains, nombreux, la fracture numérique se résume à un accès au réseau inégal entre des régions du Monde : le Nord est hyperconnecté alors que le Sud est encore en dehors du circuit.
Cependant, cette fracture peut prendre plusieurs formes, qui dépassent largement les clivages géo-économiques. La fracture est surtout sociale, elle crée des sociétés à plusieurs vitesses. Une forme d'exclusion perdure, se crée ou se renforce.
Cet article recense cinq forme de fracture :
- Economique
- Géopolitique
- Culturelle
- Éducative
- Générationnelle
Sommaire
Fracture économique
La fracture la plus évidente est économique. On la retrouve à une échelle globale qui montre des disparités gigantesques de connexion entre les pays : en 1996, il y avait autant de lignes téléphoniques sur l'île de Manhattan que sur tout le continent africain.[1]
Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment :
- Les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens de se procurer des appareils informatiques ou d'en louer ;
- Les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans l'entourage ne peut encourager l'usage d'internet ;
- Les plus âgés, comme les petits retraités, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.
Sur terre, en ce début du XXIe siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de deux dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90 % des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux des Nations Unies en 2010.
Le manque de moyens empêche à une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité : ils sont confrontés à une rareté de l'information. Parce que les nouvelles technologies permettent d'augmenter la qualité et la quantité des communications, les « bien connectés » sont plus autonomes dans leurs actions quotidiennes. Mais aussi en cas de situation exceptionnelle. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal.
Mais une telle disparité existe aussi au niveau local : même un pays très bien équipé peut compter des citoyens privés d'accès au réseau pour des raisons économiques. Exemple local venant de l'ONG Caritas à Genève, opulante capitale du commerce mondial et siège d'agences des Nations-Unies: nombreux sont les info-pauvres dans cette cité; nombreux sont les migrants y vivent, de manière précaire, et n'ont pas d'ordinateur. Ils ont dès lors accès à moins d'informations, moins d'opportunités de travail, moins de possibilité de s'insérer socialement et professionnellement.
Encadré Faut-il envoyer des ordinateurs en Afrique ?
Quand on pense fossé entre info-riches et info-pauvres, on pense tout de suite aux pauvres africains qui n'ont pas d'ordinateur. L'idée de donner une deuxième vie à un ordinateur, en le confiant à une organisation caritative, est une bonne intention. Elle se heurte néanmoins à plusieurs réalités qui la rendent contre-productive.
Principalement, en Afrique, les ordinateurs finissent très vite dans des décharges, et il n'y a pas d'infrastructures pour le recyclage. Donc on pollue en croyant bien faire. En plus, il y a les intermédiaires, qui se servent au passage, souvent avant même le départ ou aux douanes. Enfin, même si on donne un ordinateur à un occidental pour un usage en occident, par exemple une banque qui fait une donation à une ONG caritative, le problème peut rester complet : les bénéficiaires. Les chômeurs ou migrants doivent payer des professionnels pour identifier les pannes matérielles, reconfigurer l'outil, assurer une maintenance. Sans parler de l'énergie grise, cette énergie consommée qui est difficile à calculer : transport, grosse consommation électrique de vieux ordinateurs avec des processeurs qui surchauffent...
Fracture géopolitique
Le seul facteur économique n'explique pas une mauvaise connexion à Internet pour certains pays ou régions : certaines administrations restreignent délibérément l'accès à Internet pour juguler la liberté de leurs propres citoyens à s'informer et à s'exprimer. Cas de la Chine qui surveille et limite l'accès à Internet de ses citoyens[2]. De même en Corée du Nord, l'accès à Internet est soumis à autorisation spéciale et principalement pour des buts gouvernementaux.[3]
Inversément, la connexion relativement correcte à Internet en Lybie ou en Egypte, a permis les mobilisations populaires dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les réseaux sociaux ont permis aux innitiatives de se coordonner, aux pratiques d'insurrection de s'affiner, par écran interposé.
Enfin, c'est aussi une fracture basée sur les rapports de force entre gouvernements d'une part, qui représentent tous les citoyens, et grands groupes de telecom d'autre part, qui représentent leurs actionnaires. L'exemple, peu documenté mais pourtant essentiel, c'est la téléphonie. D'abord, il s'est agit de cabler tous les foyers. Ce qui a contraint à facturer cher les télécommunications pour couvrir les frais mobile. Ensuite est arrivé le GSM, technologie mondialement utilisée pour les téléphones mobiles, qui repose sur la vente de licences d'exploitations de canaux d'ondes, par les gouvernements. Ces canaux sont couteux à installer, et ensuite il faut bien les rentabiliser, en facturant assez cher les communications. Malgré l'omniprésence d'Internet en parallèle à ces moyens couteux, les usagers de ces réseaux ne commencent qu'à peine à comprendre qu'avec une connexion Internet, on peut aussi téléphoner. Cela réduit les marges bénéficiaires des telecom, et par la même cela réduit les fractures.
Fracture culturelle
Décideurs Les organes de décision de diverses collectivités craignent qu'Internet ne soit un vecteur de subversion auprès des populations dont ils ont la responsabilité. Ex. en 2012, une municipalités indienne interdit l'usage des smartphones aux femmes[4].
Hiérarchie Dans tous types d'organisations, les hiérarchies se sentent menacées dans leur autorité par l'omniprésence des médias numériques. On observe alors des réactions de rejet des ressources informatives disponibles sur Internet. Un exemple : dans un grand nombre de cursus académiques, Wikipedia est banni a-priori comme source valide de références bibliographiques, ce qui traduit dans doute une grande méfiance vis-àvis de la sagesse des foules ou une peur du vandalisme de ces outils Wikis ouverts.
De manière similaire, des pratiques déviantes mais marginales débouchent sur des décisions radicales à l'échelle de toute l'organisation. Des cas se produisent régulièrement dans des établissements scolaires, dans des cas de diffamation sur les réseaux sociaux ou des situations de cybertintimidation. Il en résulte un sentiment d'injustice pour ceux qui respectent les règles et se trouvent lésés. Cela débouche parfois sur une recrudescence d'actions de digression de ces règles perçue comme illégitimes[5].
Entreprise Le monde de l'entreprise est également sujet à des réactions de rejet, notamment vis-à-vis des plates-formes de réseautage social, perçues comme une perte de productivité plus qu'un potentiel stratégique. Ces blocages sont généralement liés à l'angoisse que suscitent les transitions en cours, où la régulation du monde du travail doit passer d'un contrôle de la présence des collaborateurs à une orientation résultats. Ainsi, les employés sont plus libres des moyens à mettre en oeuvre pour atteindre leurs objectifs, puisqu'on attend d'eux des résultats à l'aune desquels ils sont évalués. En entreprise, la hiérarchie repose fréquemment sur un statut lié à un cursus académique, un titre ou l'appartenance à certains cercles. La culture Internet bouscule cela en mettant en avance les compétences, étayées par des preuves et des résultats. De telles hiérarchies sont alors beaucoup plus relatives et fluctuantes. Cette manière de penser a encore du mal à être mise en application dans les organismes où les tenants du pouvoir craignent de tomber de leur piédestal.
réduction performance car mal formés (étude Europe du Nord).
- CFF fait un permis de réseaux sociaux pour devenir ambassadeurs de l'entreprise. Autres cas : personnes n'ont pas culture internet nécessaire.
Journaliste qui dit "Je" suis celui qui sait produire de l'info donc le blogueur.
Ex. : Pr JP Trabichet, lorsqu'on lui dde "Dois-je interdire Facebook à mes collaborateurs/étudiants ?" indique "Est-ce que vous interdisez à ces personnes de discuter avec leurs amis ?". Exemple à la fin : Publier tôt, mettre à jour souvent (et indiquer niveau maturité)
Fracture éducative
Au delà des moyens techniques, politiques ou économiques qui éloignent certaines populations de la révolution numérique, une éducation inappropriée condamne beaucoup d'internautes à une intégration restreinte à l'écosystème informationnel du réseau.
Les utilisateurs voient souvent l'utilisation de l'outil informatique comme un obstacle technique, et peu sont ceux qui leur donneront un avis divergent. Il n'est donc pas rare d'entendre "J'ai fait un cours Word donc je suis à l'aise avec l'informatique". Ceci démontre le déficit d'une vision largement répandue d'internet en tant qu'écosystème avec non seulement ses outils, mais surtout ses codes, ses acteurs... qui forment un tout en perpétuelle évolution mais fondé sur des règles qui évoluent à un rythme largement moins soutenu.
Ainsi, même pour des internautes du quotidien, une large frange se cantonne à des usages de consommation proche d'un média tel que le téléphone, la poste, la radio ou la télévision : il ne produisent pas, n'interagissent pas avec des communautés, utilisent la messagerie électronique pour échanger des fichiers volumineux...
Même parmi les communautés de spécialistes de l'outil informatique, de nombreux individus ont des comportements inadaptés. Par exemple, certains concepteurs web vendent à leurs clients des sites qui limitent, voire empêchent l'analyse du site par les moteurs de recherche, fréquemment via l'usage de la technologie Flash de l'éditeur Macromedia. Un site entièrement géré par cette technologie n'est pas, à proprement parler, un site web car la notion de pages n'existe plus : on est dans une application. Par exemple, il peut devenir impossible d'indiquer l'emplacement d'une ressource interne au travers d'un simple lien hypertexte. Il faut alors indiquer à ses correspondants le chemin à parcourir dans l'application pour aboutir à ladite ressource : rendez-vous sur la page d'accueil, puis cliquer sur tel lien, ensuite sur tel autre, enfin entrez tels mots dans le formulaire et validez. Non seulement, c'est fastidieux, mais cela va à l'encontre des principes fondateurs d'accessibilité des ressource publiées.
Fracture générationnelle
Ma chérie, dit le papa à sa fille de 12 ans, j'ai acheté un logiciel qui filtre les contenus interdits aux mineurs, pour que tu arrêtes de visiter ses sites qui ne sont pas de ton âge. Euh... tu peux m'aider à l'installer s'il te plait ? Cette histoire ne vous rappelle rien ? Vous avez vous aussi vécu le choc entre ceux pour qui internet c'est naturel, et ceux qui ne se sentent pas à l'aise devant un écran, qui doivent se concenbtrer pour ne pas faire d'erreur, qui panique dès qu'une fonction change, qui ne connaissent pas les raccourcis...
C'est le principe de fracture entre migrants du numérique, et natifs. Bien au-delà des questions de manipulation technique, il y a un certain choc intergénérationnel dans la manière de voir le monde, nos croyances et nos pratiques. Heureusement que de nombreux initiatives permettent de réduire ces fractures. Par exemple en France, Albertine Meunier organise des atelier internet avec des femmes de plus de 77 ans. C'est l'opération "un thé avec Albertine". Elle filme ces grands-mamans en train de boire le thé et de décrire de manière précise et relax des concepts complexes comme "qu'est-ce qu'un hacker?". Avec ses vidéos sur le web, elle a réussi à motiver un nombre incalculable de séniors de se mettre à l'informatique, et d'apporter ainsi aux jeunes générations leur expérience de vie, pour rester critique face aux médias, affiner leur orthographe, découvrir d'autres cultures...
Encadré : Et la fracture émotionnelle?
A toutes ces fractures s'ajoute la fracture émotionnelle : vraiment pas drôle, en effet, de se faire planter par... son ordinateur, ou le réseau. Surtout pendant la rédaction d'un mail de trois kilomètres, sans sauvegarde. La vie numérique, c'est comme l'amour, on fait des erreurs de débutants et puis on apprend! Il n'empêche que cela peut en décourager plus d'un. Entre attraction et répulsion nos coeurs balancent. Avec internet, c'est souvent un peu «je t'aime moi non plus»...
Fracture numérique
Petite histoire d'une révolution…
Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes paysannes. Ils se partagent les régions, créant de la sorte des situations de monopole. Lorsque l'un d'entre eux arrive dans un village avec le camion destiné à charger la récolte locale, il se trouve, face aux paysans, en situation de force : « Vous n'avez pas le choix. C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte. » Ce prix, le sien, finit en général par être accepté.
Mais avec l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans équipés ont désormais la possibilité de répondre : « Nous sommes navrés, cher négociant, mais nous venons de nous renseigner sur le Web ou par téléphone. Il en ressort que si nous allions vendre notre récolte en ville par nous-mêmes, nous en obtiendrons un prix supérieur. Alors si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous louerons un camion et irons vendre notre récolte en ville. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons. »
Et de ses laissés pour compte
L'isolement géographique est un autre facteur de fracture numérique : l'accès à un lieu connecté est plus aisé en ville, directement dans un cybercafé ou avec l'aide d'utilisateurs déjà équipés. En milieu urbain, même sans ordinateur, il est possible de recueillir l'information, tant elle circule : conversations, commerces diffusant radio ou télévision… L'information est partout dans l'air. A contrario, dans un petit village de montagne, qui plus est peu peuplé où personne n'a accès à Internet, les chances de recueillir l'information de manière indirecte sont inexistantes : pas de cybercafés, ni de lieux de rencontre ou de cours d'informatique. Les liens avec l'extérieur sont trop limités pour que l'information pénètre le village. Sans Internet, ni téléphone, l'information reste en ville… sans même que les villageois se rendent compte de leur préjudice.
Par ailleurs, dans toutes les sociétés, sans distinction de classe sociale ou de localisation, les personnes les plus âgées sont plus sujettes à l'exclusion numérique. La plupart d'entre elles ne parviennent pas à intégrer à leur quotidien cette nouvelle dimension de la société, ce qui aggrave encore le fossé entre les générations. Plusieurs programmes ont été mis en place pour aider les « anciens », qui ne sont pas nés avec le numérique, à intégrer les nouveaux schémas de pensées nécessaires à la compréhension et à l'utilisation du numérique au quotidien.
La fracture numérique ne sort pas de nulle part : elle est une amplification des fractures sociales. Être exclu du numérique (ne pas avoir accès à Internet, ne pas posséder de téléphone portable, etc.) entraîne des conséquences, sociales et politiques dont nul n'avait idée au lancement d'Internet.
Inclure plutôt qu'exclure
Pour lutter contre la fracture numérique, il existe plusieurs approches, baptisées réduction des fossés numérique, accès pour tous, inclusion socio-digitale, insertion socio-numérique, eInclusion. Comme un enfant qui passe par divers stades de maturité, ces initiatives connaissent divers niveau ou degré de conscience. Dans un premier temps, on donne des ordinateurs, on fait des photos avce des enfants pauvres qui sourient devant un écran. Progressivement, on inclu aussiles personnes en situation de handicaps, les seniors, les laissés pour compte. Puis la question devient plus globale. On réflechi à la question du partage, On ose aborder la question qui peut fâcher : faire des donations, comme par exemple Microsoft qui donne des licences Windows pour équiper les écoles ou Google qui offre ses services gratuits aux écoles, n'est-ce pas une manière de donner du poisson plutot que d'apprendre pêcher, voir me donner une première dose de drogue gratuitement ? Car c'est un fait : pour apprendre aux nouvelles générations à développer des pratiques de communication conscientes, adaptées aux besoins, avec des critiques constructives, il faut leur permettre de connaitre les plans de fabrication et de développer une expertise localementpour adapter les outils aux besoins de chaque groupe. Plutot que de donner des machines, pourquoi ne pas leur apprendre à les fabriquer, les recycler ? Plutot que de donner des logiciels, pourquoi ne pas leur apprendre à les développer ? C'est là le coeur du débat : donner des produits de seconde main laissant les bénéficiaires dans une situation de consommateurs, ou faire l'effort de créer un marché local dynamique en les formant au commerce équitable dans leur marché informatique local ?
Dans les faits, il n'y a pas grand monde qui ne soit tout noir ou tout blanc. Les bonnes volontés sont souvent fragilisées par la complexité des enjeux, et les donations, souvent contreproductive à court terme, génératrice d'exclusion, permettent aux bénéficiaires de faire leur expériences, de casser leurs premières machines comme nous l'avons fait, car cette technologie est bien délicate. Il est toujours possible d'apprendre à se déprogrammer de l'idée de manger du poisson, et d'essayer d'apprendre à pêcher. L'adversité est notre alliée. Les fractures sont des symboles de crises, qui portent les germes de nouvelles opportunités. Encore faut-il un environnement global quelque peu favorable. Mais c'est là une autre histoire...
Sources et notes
- ↑ Tiré de Leland Initiative: Africa Global Information Infrastructure Gateway Project : http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PNABZ059.pdf
- ↑ Internet censorship in the People's Republic of China http://en.wikipedia.org/wiki/Internet_censorship_in_the_People%27s_Republic_of_China
- ↑ Wikipedia : Internet in North Korea http://en.wikipedia.org/wiki/Internet_in_North_Korea
- ↑ Women Banned from Using Mobile Phones in Indian Villages http://globalvoicesonline.org/2012/12/08/women-banned-from-using-mobile-phones-in-indian-villages/
- ↑ Anne Collier : parle de "go underground". http://www.parentsprotect.co.uk/files/a_parents_guide_to_facebook.pdf
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques
Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml