Les deux grands modèles économiques : Différence entre versions
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La wikinomie s'appuie sur quatre idées phares : ouverture, travail collaboratif, partage et action à l'échelle de la planète. ''« La nouvelle entreprise co-innove avec tout le monde (en particulier avec ses clients), partage les ressources qu'autrefois elle gardait jalousement, exploite la puissance de la collaboration de masse et ne se comporte pas comme une multinationale mais comme une entité véritablement planétaire. »''. | La wikinomie s'appuie sur quatre idées phares : ouverture, travail collaboratif, partage et action à l'échelle de la planète. ''« La nouvelle entreprise co-innove avec tout le monde (en particulier avec ses clients), partage les ressources qu'autrefois elle gardait jalousement, exploite la puissance de la collaboration de masse et ne se comporte pas comme une multinationale mais comme une entité véritablement planétaire. »''. | ||
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+ | Ce schéma représente le passage d'une participation individuelle à une participation synergique. Il est applicable à tous les domaines. À l'école par exemple, l'enseignant peut demander à l'élève de rendre un travail en lui remettant le document lui-même ou en postant un lien sur son portfolio. L'enseignant peut demander aux élèves de consulter leurs contributions respectives et de s'en inspirer, voire même de s'attribuer des évaluations réciproques qu'il pourra ensuite valider. | ||
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+ | L'enseignant peut également inciter ses élèves à dépasser la simple utilisation de sources en ajoutant à des œuvres collectives leurs contributions essentielles. Ainsi, ils deviennent « petits contributeurs de grandes œuvres », plutôt que l'inverse. Ces différentes déclinaisons sont applicables aux secteurs du journalisme, de l'économie ou de la recherche scientifique. | ||
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==Showbiz : une culture d'exclusivité == | ==Showbiz : une culture d'exclusivité == |
Version du 17 mars 2013 à 13:59
modèle économique, loi de Moore, CREQ, wikinomie, économie collaborative, transition, société de l'information, licences libres.
Sommaire
Wikinomie : vers un nouveau modèle pour entreprendre ?
Il y a un avant et un après la découverte d'internet. Cette rupture technologique, en permettant une réduction drastique des coûts de production et de distribution de l'information, bouleverse l'ordre économique établi.
Avant le numérique, on ne pouvait pas copier et distribuer sans engager d'importants investissements financiers. Les consommateurs ne pouvaient pas agir et influer sur l'innovation des produits mis à leur disposition. La protection des informations par la propriété intellectuelle, était facile à maintenir, et même légitime pour protéger un travail ou un investissement coûteux.
La donne est en train de changer avec les propriétés du numérique :
- instantanéité (transfert d'informations quasi immédiat) ;
- décentralisation (pas d'instance pivot) ;
- asynchronicité (chacun agit à son rythme) ;
- multilatéralité (échanges de plusieurs à plusieurs) ;
- symétrie (tout le monde est au même niveau).
Dans ce nouveau paradigme : celui qui ne partage pas l'information peut s'avérer perdant ! Sa visibilité se dissout dans l'abondance des informations en libre circulation.
« Dans 20 ans, nous considérerons ce début du XXIe siècle comme un tournant de l'histoire économique et sociale. Nous comprendrons que nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui a des principes, des conceptions du monde et des modèles d'affaires nouveaux, et dont les règles du jeu ont changé. », (Wikinomics, Don Tapscott et Anthony D. Williams [1] )
Bienvenue dans la wikinomie ! Cette « économie de la collaboration entre groupes humains » repose sur une collaboration sans frontières et un usage intensif des technologies numériques libres et open source, à commencer par les sites Wiki[2].
Ce nouveau modèle économique s'imposerait peu à peu sur le modèle traditionnel :
« Il a souvent été dit que pour innover, se distinguer et tenir son rang, l’entreprise doit mettre en œuvre les bonnes pratiques : disposer d'un capital humain de qualité, protéger bec et ongles sa propriété intellectuelle, privilégier le client, penser globalement mais agir localement et enfin savoir mener à bien ses projets (grâce à la qualité des contrôles et de la direction). Or, les mutations en cours rendent ces critères insuffisants et parfois complètement inadaptés », écrivent les auteurs de Wikinomics, s'appuyant sur les travaux de l'équipe de New Paradigme, société d'études spécialisée dans les nouvelles technologies qui a mené de nombreuses enquêtes multiclients pour comprendre comment le Web change l'entreprise.
La wikinomie s'appuie sur quatre idées phares : ouverture, travail collaboratif, partage et action à l'échelle de la planète. « La nouvelle entreprise co-innove avec tout le monde (en particulier avec ses clients), partage les ressources qu'autrefois elle gardait jalousement, exploite la puissance de la collaboration de masse et ne se comporte pas comme une multinationale mais comme une entité véritablement planétaire. ».
Participation synergique
Ce schéma représente le passage d'une participation individuelle à une participation synergique. Il est applicable à tous les domaines. À l'école par exemple, l'enseignant peut demander à l'élève de rendre un travail en lui remettant le document lui-même ou en postant un lien sur son portfolio. L'enseignant peut demander aux élèves de consulter leurs contributions respectives et de s'en inspirer, voire même de s'attribuer des évaluations réciproques qu'il pourra ensuite valider.
Exemple de méthode : obtenir une ou plusieurs évaluations spontanées de tiers ou de groupes de validation définis à l'avance. Les élèves peuvent aussi produire des projets communs en utilisant par exemple un Wiki. L'occasion leur est ainsi donnée de « co-créer », de manière approfondie et concrète.
L'enseignant peut également inciter ses élèves à dépasser la simple utilisation de sources en ajoutant à des œuvres collectives leurs contributions essentielles. Ainsi, ils deviennent « petits contributeurs de grandes œuvres », plutôt que l'inverse. Ces différentes déclinaisons sont applicables aux secteurs du journalisme, de l'économie ou de la recherche scientifique.
C'est le signal du degré de collaborativité d'une activité.
Showbiz : une culture d'exclusivité
Dans l'industrie du show-business, les auteurs cèdent leurs droits à des producteurs et/ou éditeurs, qui les monnayent auprès des distributeurs. Vous avez déjà eu vent de ces chiffres impressionnants : un milliard de recettes pour le dernier film hollywoodien qui vient de sortir, 300 euros la place pour assister au concert de la superstar qui fait sa réapparition après sa cure de désintox'. Mais attention, interdit de prendre des photos ou de les partager, c'est du vol ! L'avertissement le dit bien au début du film : vous n'iriez pas braquer une banque, alors pourquoi copier un DVD ?
Le showbiz concentre les intérêts privés d'un petit groupe de producteurs et d'actionnaires. C'est l'ancien modèle encore dominant, qui sert les intérêts de majors, une poignée de grands groupes dont les bénéfices reposent sur les contrats d’exclusivité. Leur mode de fonctionnement : faire signer aux artistes un contrat promettant le jackpot à ceux dont les œuvres seront les plus commercialisées via les canaux de distribution, ceux tenus par ces mêmes majors.
L'exclusivité qui prive l'auteur de la possibilité de faire jouer une saine concurrence en utilisant plusieurs moyens de diffusion, c'est le modèle vascillant du commerce du spectacle divertissant, attirant, mais dont les limites artificielles imposées par les producteurs/éditeurs entrent en collision avec les possibilités du numérique.
Car ces propriétés permettent l'émergence d'une culture du libre partage, basée sur un autre type de contrat, avec d'autres termes pour régir l'usage des œuvres. Ses nouveaux codes détricotent le modèle dominant de cession exclusive des droits. Alors que ce dernier interdit aux auteurs la possibilité de diversifier les modes de production et de diffusion qui leur permettraient de se confronter à tout moment à leur public, le modèle émergent ne conserve principalement qu'une seule obligation incontournable : la mention de la paternité de l'œuvre par ses utilisateurs bénéficiaires.
Ces nouveaux termes régissant l'usage des œuvres sont encore peu connus, bien que pratiqués depuis les années 90. On les appelle les licences libres et les licences open source, chacune proposant quelques nuances. Elles s'appliquent à toute création, jusqu'aux modes d'emploi dans la gestion d'entreprises. Elles commencent à remporter une large adhésion, notamment à travers les licences dites « Creative Commons » utilisées sur Wikipédia et ailleurs, par des millions de créatifs dans tous les domaines.
Car avec Internet, le modèle privateur s'érode. Notamment parce que les limites entre producteurs et consommateurs s’estompent, chacun pouvant désormais assurer les deux rôles.
Les artistes eux-mêmes sont de moins en moins satisfaits. Combien d’entre eux se plaignent de leur maison d'édition, qui les tient en otage, soit en ne leur versant pas les droits, soit en les empêchant de distribuer leurs œuvres ? Une fois dans le système, ils ne peuvent même plus choisir de donner des créations (une chanson, un film ou une illustration dont ils sont pourtant les auteurs) en vue de soutenir un événement, une cause ou tout simplement d'asseoir leur notoriété.
Partage versus exclusivité
Le schéma suivant décrit les deux tendances. Dans les faits, la frontière qui les sépare est floue, car nous sommes en phase de transition globale. Le modèle du Libre est déjà largement défini et documenté, mais il reste compris uniquement par une minorité. Cependant, une fois qu'il est intégré ou expérimenté, rares sont les utilisateurs qui reviennent en arrière.
Etape de vie d'une information | Modèle de gestion à tendance exclusive | Modèle de gestion à tendance de partage |
---|---|---|
Ce qui conditionne le tout: la conception et le développement de l’œuvre | Dopage, spéculation, grands espoirs, secret de fabrication, compétition. | Développement organique, petit à petit, modeste (« dans son garage »), ouvert, coopératif. |
Une fois mon œuvre créée, quel mode de gestion et quelle licence seront les plus efficaces ? | Contrôle basé sur l’exclusivité, création d’une pénurie artificielle, cession des droits des auteurs à des promoteurs/éditeurs. | Confiance basée sur quatre libertés fondamentales, reconnaissance des auteurs à chaque étape de contribution, toutes les évolutions sont possibles. |
Quel mode de diffusion de l’œuvre ? | Concurrence, bénéfice à court terme, vente du droit d’usage d’un produit | Coopération et compétition constructive (alias coopétition), vente du service autour d’un produit (conseil, formation, adaptations sur-mesure, veille) |
Quel impact social, culturel et économique global dans la société de l'information? | Dynamique de : - hiérarchie de statut ; |
Dynamique de : - hiérarchie de compétences ; |
Crise de remise en question, alias CREQ
Commencer à pratiquer les modèles socio-économiques du Libre, c'est souvent les adopter. Mais pour y parvenir, il faut faire un gros effort. Au début, non seulement on ne comprend pas bien, mais il n'est pas étonnant que l'on ressente de la répulsion face à ces nouvelles dynamiques. Il faut en effet à cette occasion, remettre en question la vision qu'on avait de la propriété des idées, du mode de développement d'un produit ou d'un projet et de la manière d'échanger avec ses semblables. L'écrivain Bernard Werber [3] décrit ainsi cette profonde crise de remise en question, alias CREQ : « L’homme est en permanence conditionné par les autres. Tant qu’il se croit heureux, il ne remet pas en cause ces conditionnements. Il trouve normal qu’enfant on le force à manger des aliments qu’il déteste, c’est sa famille. Il trouve normal que son chef l’humilie, c’est son travail. Il trouve normal que sa femme lui manque de respect, c’est son épouse (ou vice-versa). Il trouve normal que le gouvernement lui réduise progressivement son pouvoir d’achat, c’est celui pour lequel il a voté. Non seulement il ne s’aperçoit pas qu’on l’étouffe, mais encore il revendique son travail, sa famille, son système politique et la plupart de ses prisons comme une forme d’expression de sa personnalité. Beaucoup réclament leur statut d’esclave et sont prêts à se battre bec et ongles pour qu’on ne leur enlève pas leurs chaînes. Pour les réveiller il faut des CREQ, « Crises de Remise En Question ». Les CREQ peuvent prendre plusieurs formes : accidents, maladies, rupture familiale ou professionnelle. Elles terrifient le sujet sur le coup, mais au moins elles le déconditionnent quelques instants. Après une CREQ, très vite l’homme part à la recherche d’une autre prison pour remplacer celle qui vient de se briser. Le divorcé veut immédiatement se remarier. Le licencié accepte un travail plus pénible… Mais entre l’instant où survient la CREQ et l’instant où le sujet se restabilise dans une autre prison, surviennent quelques moments de lucidité où il entrevoit ce que peut être la vraie liberté. Cela lui fait d’ailleurs très peur. » C'est pour cette raison que la transition d'un modèle d'exclusivité à un modèle de partage s'effectue par à-coups, par sauts de puce, comme autant de petites secousses, selon le principe deux pas en arrière (stress, peur), trois pas en avant (remise en question, ouverture). Le mouvement « Open Source », par son approche pragmatique et économique, c'est à dire moins idéaliste ou politique que le mouvement Libre, semble jouer un rôle de facilitateur de cette transition. |
Notes et références
- ↑ 2006, Edition Portfolio, traduit en français chez Pearson 2007
- ↑ Un wiki est un site web dont les pages sont modifiables par les visiteurs afin de permettre l'écriture et l'illustration collaboratives des documents numériques qu'il contient. Il utilise un langage de balisage et son contenu est modifiable au moyen d’un navigateur Web
- ↑ Article sur les CREQ [1] sur le site ESRA