Fonctions ou produits ? : Différence entre versions
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− | Sous le terme ''format DOC''<ref>Surnommées DOC car ils portent une extension .doc ou .docx.</ref>, on désigne les fichiers qui sont produits par le logiciel Word de Microsoft. C'est certainement le format de fichiers le plus répandu pour travailler sur les documents destinés à l'impression ou à la diffusion (après conversion dans un format adéquat, | + | Sous le terme ''format DOC''<ref>Surnommées DOC car ils portent une extension .doc ou .docx.</ref>, on désigne les fichiers qui sont produits par le logiciel Word de Microsoft. C'est certainement le format de fichiers le plus répandu pour travailler sur les documents destinés à l'impression ou à la diffusion (après conversion dans un format adéquat, notamment de type PDF). Son utilisation est fréquemment source de discussions animées car elle pose des questions d'ordre politique, technique et éthique. |
*Enjeu politique. Comme ce format est géré exclusivement par Microsoft, comment faire si l'on décide d'utiliser un autre logiciel que Word pour lire et/ou écrire des documents dans ce format ? Comment s'assurer sur la durée que l'on voudra toujours passer par Microsoft comme acteur incontournable de notre informatique (personnelle ou professionnelle) ? Quid de la mainmise d'une entreprise à but lucratif, et étrangère, sur un domaine aussi critique que la gestion de l'information (numérique) ? | *Enjeu politique. Comme ce format est géré exclusivement par Microsoft, comment faire si l'on décide d'utiliser un autre logiciel que Word pour lire et/ou écrire des documents dans ce format ? Comment s'assurer sur la durée que l'on voudra toujours passer par Microsoft comme acteur incontournable de notre informatique (personnelle ou professionnelle) ? Quid de la mainmise d'une entreprise à but lucratif, et étrangère, sur un domaine aussi critique que la gestion de l'information (numérique) ? | ||
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*Enjeu technique. Les questions techniques relatives au format DOC concernent la sécurité et la pérennité. En matière de sécurité, ne pas être maître des documents produits et émis par son propre ordinateur équivaut à faire une immense confiance à l'éditeur du logiciel qui les gère. De plus, par le passé, des informations confidentielles non désirées ont été retrouvées dans des documents de ce format. Et pour ce qui concerne la pérennité : comment être sûr que les documents produits aujourd'hui seront exploitables par un quelconque logiciel dans dix ans, sachant que les versions successives de Word font constamment évoluer le format de ses fichiers ? | *Enjeu technique. Les questions techniques relatives au format DOC concernent la sécurité et la pérennité. En matière de sécurité, ne pas être maître des documents produits et émis par son propre ordinateur équivaut à faire une immense confiance à l'éditeur du logiciel qui les gère. De plus, par le passé, des informations confidentielles non désirées ont été retrouvées dans des documents de ce format. Et pour ce qui concerne la pérennité : comment être sûr que les documents produits aujourd'hui seront exploitables par un quelconque logiciel dans dix ans, sachant que les versions successives de Word font constamment évoluer le format de ses fichiers ? | ||
− | *Enjeu éthique. Envoyer un fichier .doc à ses correspondants place ces derniers dans | + | *Enjeu éthique. Envoyer un fichier .doc à ses correspondants place ces derniers dans l'obligation implicite d'utiliser un logiciel spécifique, Word de Microsoft <ref>Il n'y a pas que Word qui gère le format DOC, mais les alternatives produisent parfois des fichiers légèrement différents du format original, ce qui est assez gênant, par exemple lors de l'impression (mise en page, marges, tableaux...).</ref>. |
Cette contrainte, qui semble souvent anodine puisque Word est quasi-omniprésent sur les postes de travail sous Windows, constitue une très forte barrière à l'entrée pour tous les acteurs du logiciel qui voudraient créer des alternatives. L'environnement bureautique paraît donc actuellement une "chasse gardée" de Microsoft. | Cette contrainte, qui semble souvent anodine puisque Word est quasi-omniprésent sur les postes de travail sous Windows, constitue une très forte barrière à l'entrée pour tous les acteurs du logiciel qui voudraient créer des alternatives. L'environnement bureautique paraît donc actuellement une "chasse gardée" de Microsoft. | ||
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'''Article paru dans No Pasaran, n°77, hiver 2009-2010''' | '''Article paru dans No Pasaran, n°77, hiver 2009-2010''' | ||
− | Beaucoup d'utilisateurs d'ordinateurs, y compris militants, rechignent à abandonner Windows pour un système GNU/Linux, tel qu'Ubuntu ou Mandriva, par crainte ou méconnaissance. Voici | + | Beaucoup d'utilisateurs d'ordinateurs, y compris militants, rechignent à abandonner Windows pour un système GNU/Linux, tel qu'Ubuntu ou Mandriva, par crainte ou méconnaissance. Voici quelques réponses susceptibles de réjouer les principales réticences. |
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Version du 30 mars 2013 à 17:21
fonction, produit, alternative, logiciel libre, logiciel privateur
Avant d'aborder en profondeur le concept de culture Libre, un petit détour s'impose : connaissez-vous la distinction fondamentale entre fonctions et produits?
« A la pause de midi, je bois mon Nescafé, je mange sur le pouce au Mac Do', je bois un Coca pour digérer, je fais des recherches sur Google et je parle avec mes amis sur Facebook ». Qu'est-ce que ça donnerait si on enlevait tous ces noms de marques et qu'on se concentrait sur la fonction : je boirais un café, je mangerais un hamburger, je ferais mes recherches sur un moteur de recherche et je discuterais sur un réseau social. Au fond qu'est-ce que ça changerait ? Tout en faisant la même chose, nous ne serions plus les promoteurs (souvent involontaires) de produits et, à ce titre nous faciliterions la possibilité d'avoir divers produits qui proposent le même service. Par exemple :
- Des cafés locaux ;
- Des moteurs de recherche qui favorisent l'équité des chances ;
- Des réseaux sociaux éthiques.
Plus largement, nous valoriserions l'existence de produits fabriqués et diffusés avec plus de proximité, par de petites équipes où les écarts de salaires entre la direction et les collaborateurs sont moins grands. Et aussi des produits où il y a statistiquement moins d'abus de position dominante de la part des fabricants.
Au final, la qualité du produit et son impact sur notre corps et notre esprit pourraient être meilleurs. Bien entendu, tout ceci n'est pas noir ou blanc, c'est sans doute incomplet mais, globalement, la question de la fonction versus produit est essentielle à l'heure où l'information nous conditionne.
Apprendre les fonctions plutôt que les produits permet de nommer ses propres actions sans s'enfermer dans le dialecte spécifique d'une entreprise, d'un microcosme ou d'une mode. Cela permet de faciliter la discussion avec un utilisateur d'un outil analogue. Cela permet également de passer plus facilement d'un outil à l'autre, d'une version à l'autre, sans être systématiquement en demande d'une formation spécifique avant de pouvoir se l'approprier. Sur le plan du développement personnel, il est bénéfique de développer sa capacité d'adaptation, afin d’être capable de passer d’un logiciel à l’autre, en comprenant ses fonctions de base. Ceci favorisa l’éclosion de capacités transversales dont l’usage est essentiel de nos jours.
Sommaire
Libre versus propriétaire
Lorsqu'on a réalisé l'importance de distinguer la fonction du produit, on peut se poser la question suivante : existe-t-il des alternatives au produit que j'utilise ?
Et lorsqu'on est sensibilisé à la thématique des libertés des utilisateurs de logiciel, on peut pousser jusqu'à cette formulation : existe-t-il des alternatives libres au produit que j'utilise ? C'est-à-dire qui me permette de faire la même chose qu'avec le produit que tout le monde utilise mais avec la satisfaction d'être dans une démarche d'émancipation. Voici un tableau qui énumère des alternatives libres à des produits privateurs, pour des fonctions données.
Fonction | Produits à visée exclusive | Produits libres |
---|---|---|
Matériel informatique | Macintosh, | PC (IBM compatible) |
Réseaux informatiques | Minitel, videotexte | Internet (TCP/IP) et ses canaux : Web (HTTP) et mél (SMTP, POP, IMAP) |
Système d'exploitation (OS pour Operating System) | MS-Windows, MacOS, Android | FreeBSD, OpenBSD, NetBSD, GNU/Linux avec les distributions Debian, Ubuntu, RedHat... |
Formats | Voir l'article Les formats au coeur de l'informatique | Voir l'article Les formats au coeur de l'informatique |
Bases de données géographiques et cartographie | Google Maps | OpenStreetMap |
Suite bureautique
|
MS-Office
|
OpenOffice.org, Libre Office
|
Navigateur web | MS Internet Explorer | Mozilla Firefox |
Traitements de Courriels | Outlook, Courrier, Lotus | Mozilla Thunderbird |
Hébergement de sites web | AOL, MSN | Ouvaton, Cooperation.net, lautre.net, Apinc |
Services Web: réseaux sociaux, hébergement, courriel | Google, Facebook, Youtube, Twitter, Linkedin, Yahoo! Mail, Hotmail | Zen3, Ouvaton, Diaspora, Tigweb, Cooperation.net, Nolog |
Conclusion : L'interopérabislité est un critère à prendre en compte pour l'innovation. elle permet de dynamiser des communautés d'utilisacteurs. Seul un code source ouvert permet la mobilisation d'une communauté et donc une large adoption de ces produits qui deviennent des standards, et obtiennent la légitimité de fonction.
Quizz : fonction versus produits
Question : si le simple utilisateur d'outils informatiques souhaite que le produit qu'il utilise réponde le mieux à ses besoins, il est utile de permettre à différents produits remplissant les mêmes fonctions d'émerger. Dans ce sens, lesquelles des activités suivantes font-elles référence à une fonction sans faire appel à un produit particulier ? (plusieurs bonnes réponses) :
- Discuter sur MSN ;
- Chercher des informations dans un moteur de recherche ;
- Publier sur MySpace ;
- Relever sa boîte Hotmail ;
- S'abonner à un fil RSS ;
- Mettre à jour son blog ;
- Produire un document PDF ou Word ;
- Bavarder par messagerie instantanée ;
- Faire une recherche dans Google ;
- Utiliser un traitement de texte ou un tableur ;
- Paramétrer son filtre à pourriel.
Encadré : Citation-clé
« Penser produits, c'est penser information privatisée. Penser fonctions, c'est penser information partagée. » - Auteur inconnu.
Fin d'encadré
.doc, simple format ou monopole ?
Sous le terme format DOC[1], on désigne les fichiers qui sont produits par le logiciel Word de Microsoft. C'est certainement le format de fichiers le plus répandu pour travailler sur les documents destinés à l'impression ou à la diffusion (après conversion dans un format adéquat, notamment de type PDF). Son utilisation est fréquemment source de discussions animées car elle pose des questions d'ordre politique, technique et éthique.
- Enjeu politique. Comme ce format est géré exclusivement par Microsoft, comment faire si l'on décide d'utiliser un autre logiciel que Word pour lire et/ou écrire des documents dans ce format ? Comment s'assurer sur la durée que l'on voudra toujours passer par Microsoft comme acteur incontournable de notre informatique (personnelle ou professionnelle) ? Quid de la mainmise d'une entreprise à but lucratif, et étrangère, sur un domaine aussi critique que la gestion de l'information (numérique) ?
- Enjeu technique. Les questions techniques relatives au format DOC concernent la sécurité et la pérennité. En matière de sécurité, ne pas être maître des documents produits et émis par son propre ordinateur équivaut à faire une immense confiance à l'éditeur du logiciel qui les gère. De plus, par le passé, des informations confidentielles non désirées ont été retrouvées dans des documents de ce format. Et pour ce qui concerne la pérennité : comment être sûr que les documents produits aujourd'hui seront exploitables par un quelconque logiciel dans dix ans, sachant que les versions successives de Word font constamment évoluer le format de ses fichiers ?
- Enjeu éthique. Envoyer un fichier .doc à ses correspondants place ces derniers dans l'obligation implicite d'utiliser un logiciel spécifique, Word de Microsoft [2].
Cette contrainte, qui semble souvent anodine puisque Word est quasi-omniprésent sur les postes de travail sous Windows, constitue une très forte barrière à l'entrée pour tous les acteurs du logiciel qui voudraient créer des alternatives. L'environnement bureautique paraît donc actuellement une "chasse gardée" de Microsoft.
Migrer sous GNU/Linux? (encadré)
Article paru dans No Pasaran, n°77, hiver 2009-2010
Beaucoup d'utilisateurs d'ordinateurs, y compris militants, rechignent à abandonner Windows pour un système GNU/Linux, tel qu'Ubuntu ou Mandriva, par crainte ou méconnaissance. Voici quelques réponses susceptibles de réjouer les principales réticences.
« Je n'y connais rien, je ne suis pas informaticien. »
On ne parle pas de programmation mais bel et bien de l'utilisation d'un système libre.
« On m'a dit que c'était trop compliqué à installer. »
II suffit de savoir lire pour le faire, d'avoir un graveur (intégré aux ordinateurs depuis des années) et un CD-R vierge de 80 minutes (frais : 1 euro). Si tu n'arrives pas à graver le système sur un CD-R (obligatoire), Ubuntu t'en envoie même un gratuit par la poste. Pour le reste, il suffit d'aller sur le site d'Ubuntu et de suivre, une à une, les procédures...
« J'ai pas le temps de me lancer dans ça. »
Lecture de la documentation comprise, il faut deux heures maximum pour découvrir puis installer Ubuntu, puis se livrer à une première découverte.
« Je ne veux pas effacer le système Windows et j'ai peur de perdre mes données sur l'ordinateur. »
Tu ne perdras rien du tout. Tu auras une session Windows (si tu souhaites le conserver) et une session Ubuntu (où tu pourras transférer tes données d'ailleurs, car tout est compatible avec Windows).
« Qu'est-ce que ça change ? »
Tout, ou presque. Le changement le plus profond, c'est la philosophie du logiciel et du système libre et gratuit, basé sur la coopération et l'entraide de la communauté de chaque système. C'est ce formidable élan coopératif international qui a abouti à un tel niveau réussite. Car tout est gratuit, testé, fiable et pratique. Le système d'Ubuntu 9.10 est fourni avec une floppée de logiciels dans tous les domaines (bureautique, gestion de projets, musique, PAO, DAO, jeux...). Grâce à la logithèque, tu peux à loisir installer et désinstaller chaque logiciel, chaque programme, chaque jeu... Tu personnalises ton ordinateur, facilement, gratuitement, selon tes besoins exacts. Avec une maintenance et des conseils totalement gratuits, sans aucun risque de virus. Grâce à Ubuntu, je me suis mis à aimer l'informatique alors que je n'étais que simple utilisateur auparavant.
« Un ordinateur sur mesure, tu peux préciser ? »
Avec le système Ubuntu 9.10, tu ne vas pas télécharger des logiciels sur le net, tu pars directement du menu (onglet « application » - logithèque) pour les tester et éventuellement les intégrer à ton système. Il y a des centaines de logiciels sur ta logithèque, tu peux en trouver d'autres sur les sites GNU/Linux. Avec ce système, tu détermines avant tes besoins. Puis, tu testes des logiciels (gratuits avant, pendant, après...) et gardes ceux dont tu as besoin. C'est pourquoi il est important de lister tes besoins et ceux de tes proches avant de te lancer !
« Le gratuit, j'y crois pas, faudra bien payer un jour »
C'est vrai que tout est tellement gratuit que cela en devient gênant. Pas d'abonnement, pas d'argent à dépenser pour les antivirus, les logiciels, la maintenance... Tu n'es plus une vache à lait, mais un coopérant ! C'est pourquoi il ne faut pas voir les systèmes GNU/Linux en tant que consommateur : être coopérant, c'est signaler les bugs, proposer des idées, essayer, pourquoi pas, de programmer en propageant la philosophie du logiciel libre. Évidemment, rien n'est obligatoire, mais je trouve moralement correct de rendre ce qu'on a reçu d'une manière ou d'une autre !
« Pourquoi te fatiguer, c'est terminé, Windows 7 va tout enfoncer. »
MS-Windows permet de voir dix films en même temps et de contrôler à distance l'ordinateur de tes enfants : c'est bien comme philosophie... un « gadget », ni réellement utile, ni même distrayant ! C'est mieux pour les jeux, c'est indéniable : effectivement, Ubuntu ne propose pas de jeux où des militaires canardent des terroristes à longueur de journée, mais plutôt des jeux de réflexion, de délassement...
« C'est fini là ? »
Je n'ai qu'une chose à rajouter : essaie par toi-même !
Raphaël M.
Sources iconographiques
Réferences
- ↑ Surnommées DOC car ils portent une extension .doc ou .docx.
- ↑ Il n'y a pas que Word qui gère le format DOC, mais les alternatives produisent parfois des fichiers légèrement différents du format original, ce qui est assez gênant, par exemple lors de l'impression (mise en page, marges, tableaux...).