L'émergence du Copyleft : Différence entre versions

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Cette dénomination "politiquement correcte" [http://www.gnu.org/gnu/linux-and-gnu.fr.html GNU/Linux] vise en particulier à ce que ne soient pas occultés les objectifs du projet GNU, à savoir la mise à disposition d’un système entièrement libre et plus généralement la garantie des libertés fondamentales.  
 
Cette dénomination "politiquement correcte" [http://www.gnu.org/gnu/linux-and-gnu.fr.html GNU/Linux] vise en particulier à ce que ne soient pas occultés les objectifs du projet GNU, à savoir la mise à disposition d’un système entièrement libre et plus généralement la garantie des libertés fondamentales.  
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La présentation de Linus Torvalds en sauveur de l’informatique moderne — idée reçue médiatique suscitée par la popularité du projet Linux —  agace l'intéressé lui-même : il refuse d'endosser ce rôle qui pour des raisons historiques et logiques devrait légitimement revenir à Richard Stallman. D’autres, comme Eric Raymond, accusent Stallman (? ou Torvalds ?) de discréditer l’idée originelle aux yeux des entreprises. Eric Raymond a lancé le terme « open source », en opposition à Richard Stallman, pour favoriser l’aspect technique du projet plutôt que sa dimension éthique. Quant à Richard Stallman, qui s’est toujours opposé au terme open source dont il craint qu'il ne mène à la confusion et relègue les libertés au second rang des priorités, s'est toujours montré intransigeant quant au respect de l’idéologie initiale.  
 
La présentation de Linus Torvalds en sauveur de l’informatique moderne — idée reçue médiatique suscitée par la popularité du projet Linux —  agace l'intéressé lui-même : il refuse d'endosser ce rôle qui pour des raisons historiques et logiques devrait légitimement revenir à Richard Stallman. D’autres, comme Eric Raymond, accusent Stallman (? ou Torvalds ?) de discréditer l’idée originelle aux yeux des entreprises. Eric Raymond a lancé le terme « open source », en opposition à Richard Stallman, pour favoriser l’aspect technique du projet plutôt que sa dimension éthique. Quant à Richard Stallman, qui s’est toujours opposé au terme open source dont il craint qu'il ne mène à la confusion et relègue les libertés au second rang des priorités, s'est toujours montré intransigeant quant au respect de l’idéologie initiale.  

Version du 29 septembre 2011 à 10:42

Richard Stallman, RMS, logiciel libre, copyleft, GNU, Free Software Foundation, FSF, Linux, Linus Torvalds, Art Libre



Pour le jeune Richard Stallman, tout bascule au début des années 1980. Le jour où l'imprimante Xerox de son laboratoire du MIT (Massachussets Institute of Technology), où il est informaticien, se plaint d'un "bourrage papier", il prend l'initiative d’améliorer lui-même le logiciel qui gère l'imprimante afin de régler le problème. Surprise: le code du logiciel est inaccessible. Et personne n'accepte de le lui fournir. Les employés de Xerox lui rappellent même que la démarche est interdite. Il comprend alors l'enjeu de l'éthique pour les informaticiens, surtout les plus inventifs d'entre eux, ceux qui sont à l'origine des projets informatiques majeurs. Il décide d'agir.

La base logicielle d'un ordinateur, c'est le système d'exploitation. Stallman annonce donc le développement d’un système d’exploitation qu’il nomme GNU, en référence notamment au gnou, un bovidé africain aussi rapide que l'antilope. Il crée dans un deuxième temps la Free Software Foundation (FSF), organisme à but non lucratif, qui permettra l’embauche de programmeurs et la mise sur pied d’une infrastructure légale dédiée à la communauté du logiciel libre. En janvier 1984 il quitte son emploi au MIT pour se consacrer à plein temps au projet GNU. En 1985 il publie Le Manifeste GNU, dans lequel il fait connaître les motivations et les objectifs du projet et fait appel à l’appui de la communauté informatique mondiale.

Afin de s’assurer que tous les logiciels libres développés pour le système d'exploitation GNU resteront libres, Richard Stallman (surnommé RMS) popularise le concept de copyleft, inventé par Don Hopkins, une astucieuse utilisation du droit d’auteur permettant d’assurer la protection légale des quatre libertés fondamentales des utilisateurs d’ordinateur telles que définies par la FSF. En 1989 est publiée la première version de la licence publique générale GNU. Validée par des juristes, elle a vocation à servir le bien commun au niveau des logiciels. Le système GNU est alors très avancé – en 1990 la plupart de ses éléments sont prêts – mais encore incomplet : il manque au système son noyau (ou kernel). En 1991 la naissance du noyau Linux, publié sous licence GPL (General Public License), compatible avec les outils GNU, permet de former le système d’exploitation GNU/Linux.

Cette dénomination "politiquement correcte" GNU/Linux vise en particulier à ce que ne soient pas occultés les objectifs du projet GNU, à savoir la mise à disposition d’un système entièrement libre et plus généralement la garantie des libertés fondamentales.


La présentation de Linus Torvalds en sauveur de l’informatique moderne — idée reçue médiatique suscitée par la popularité du projet Linux —  agace l'intéressé lui-même : il refuse d'endosser ce rôle qui pour des raisons historiques et logiques devrait légitimement revenir à Richard Stallman. D’autres, comme Eric Raymond, accusent Stallman (? ou Torvalds ?) de discréditer l’idée originelle aux yeux des entreprises. Eric Raymond a lancé le terme « open source », en opposition à Richard Stallman, pour favoriser l’aspect technique du projet plutôt que sa dimension éthique. Quant à Richard Stallman, qui s’est toujours opposé au terme open source dont il craint qu'il ne mène à la confusion et relègue les libertés au second rang des priorités, s'est toujours montré intransigeant quant au respect de l’idéologie initiale.

GNU/Linux est numéro 1 des serveurs web

La majorité des serveurs web utilisent GNU/Linux. En 2010, si vous consultez une page Web, il est fort probable qu'elle soit servie par le système GNU/Linux – plus de la moitié des serveurs Web l'utilisent. Le bien commun a déjà pris ses racines dans la culture informatique, parce qu'un logiciel que tous les experts peuvent modifier et améliorer est plus sûr, plus performant et plus durable qu'un logiciel développé par un groupe limitant le nombre des informaticiens contributeurs. Et qui dit serveur Web dit obligation de qualité, donc le plus souvent... logiciel libre.

Le Copyleft bien au-delà du logiciel

La culture du copyleft, également appelée culture libre, est née avec les logiciels sous l'impulsion de RMS et de très nombreux contributeurs qui avaient un point commun : ils se reconnaissaient entre eux à la qualité de leur contribution et à leur sens du bien commun. L'expression « logiciel libre » fait donc référence à la liberté et non au prix. Pour comprendre le concept, il faut penser à la « liberté d'expression », non à « l'entrée libre ».

Inspiré par cette manière innovante d'envisager le traitement des oeuvres, d'autres initiatives ont progressivement fait sortir le Copyleft du seul monde des logiciels. L'un des premières fut le mouvement Copyleft Attitude, coanimé notamment par Antoine Moreau, qui a lancé la licence d'Art libre.

Aujourd'hui la culture libre, alias culture copyleft, se déploie dans tous les domaines. Des ingénieurs conçoivent par exemple des plans de construction de machines agricoles sous Copyleft permettant à chacun de démarrer sa petite usine de tracteurs localement, sans dépendre d'une licence d'exploitation ou d'une maison mère.

On trouve aussi l'esprit et la lettre du Copyleft appliquées aux banques d'images (libre), à l'architecture libre, aux découvertes et publications scientifiques sous licence libre..

Les obstacles face à la culture Libre

Dans l'excellent ouvrage "Libres enfants du savoir numérique", Florent Latrive recense les obstacles qui se dressent sur le chemin de la culture libre: "Face à l'instinct du Libre, à l'échange et à la diffusion des savoirs, les barbares du Bazar butent sur les lois sur la propriété intellectuelle, les droits d'auteur, les copyrights, les brevets, les licences, autant de balises censées protéger les créateurs pour favoriser l'existence même de cette création. Lorsque les artisans du Libre évoquent l'échange, la connaissance et le partage, les gardiens de la création entendent piratage, copie et plagiat". [1]

RMS, faits divers

  • En 1999, Richard Matthew Stallman (RMS) lance dans The Free Universal Encyclopedia and Learning Resource les idées qui sont à la base de Wikipédia.
  • RMS a écrit la nouvelle Le droit de lire, une mise en garde qui se passe dans un avenir où des technologies de contrôle de la copie sont employées pour restreindre la lecture des livres.
  • Il parle couramment l'anglais, le français, assez couramment l'espagnol, un peu l'indonésien.
  • Il a déclaré à plusieurs reprises « Je puis expliquer la base philosophique du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. Liberté, parce que les utilisateurs sont libres. Égalité, parce qu'ils disposent tous des mêmes libertés. Fraternité, parce que nous encourageons chacun à coopérer dans la communauté »
  • Le vendredi 9 juin 2006, il est allé à Paris présenter une pétition de 165 000 signatures contre la loi DADVSI à l’Hôtel Matignon. Mais il y fut refoulé, une décision « mûrement réfléchie » selon le chef de la sécurité de la résidence du Premier ministre français.
  • Le journaliste américain Sam Williams lui a consacré une biographie, Free as in freedom, que Stallman n’a jamais agréée. La communauté Framasoft lui demandant son concours pour une édition en français de cette biographie, il a accepté d’en écrire la préface à condition de pouvoir annoter largement l’œuvre originale.
  • L’astéroïde 9982 Stallman a été nommé en hommage à Richard Stallman, l’astéroïde numéroté 9965 porte le nom du projet GNU.
  • Richard Stallman a inauguré à Berga (Espagne) la première rue du logiciel libre au monde le 3 juillet 2010.
  • RMS a écrit la Free Software Song, hymne des logiciels libres.


Adapté de l'article sur RMS dans Wikipédia [2]

L'origine d'un terme

RMS aime jouer, aime défier, aime remettre en question. C'est dans cet esprit qu'il a créé le terme copyleft, que l'on peut traduire en français par « gauche d'auteur » ; le mot entend indiquer que le droit d'un auteur à définir les modalités d'utilisation de son œuvre peut désormais être interprété de différentes façons. En anglais, Copyleft signifie aussi laisser une copie, au sens autoriser la copie. Une autre expression émergente est all rights reversed, qui signifie que les droits sont inversés, et non plus réservés comme dans l'ancien modèle d'usage exclusif. En inversant les droits tout en conservant le principe de droit, les droits de l'auteur servent un autre but, tout en préservant entièrement les intérêts de l'auteur.

Licence GPL

La Licence publique générale GNU, ou GNU General Public License (son unique nom officiel en anglais, communément abrégé GNU GPL, voire simplement « GPL »), est une licence qui fixe les conditions légales de distribution des logiciels libres du projet GNU. L'objectif de la licence GNU GPL, selon ses créateurs, est de garantir à l'utilisateur les droits suivants (appelés libertés) sur un programme informatique [3]. On nomme des droits les quatre libertés fondamentales. Elles sont numérotés de 0 à 3 :

  • La liberté d'exécuter le logiciel, pour n'importe quel usage ;
  • La liberté d'étudier le fonctionnement d'un programme et de l'adapter à ses besoins, ce qui passe par l'accès aux codes sources ;
  • La liberté de redistribuer des copies ;
  • La liberté de faire bénéficier à la communauté des versions modifiées.

Les enjeux de société autour du code source

Un logiciel existe toujours sous deux forme : d'une part des un et des zéros, c'est le programme logiciel tel qu'on le télécharge et l'installe. On ne sait pas les processus qu'il exécute. D'autre part de phrases dans un langage informatique, c'est le code source, et là on peut comprendre comment il fonctionne. Certains codes sources sont privés, d'autres libres d'accès. Pour pouvoir exercer les libertés 1 et 3 du logiciel libre, l'accès au code source est une condition requise. Le code source peut sembler un sujet technique. Il est néanmoins au coeur des enjeux sociaux et économiques, bien au-delà des seuls intérêts des informaticiens. Accéder au code source, c'est comme accéder à ce qu'il y a sous le capot d'une voiture. Sans cet accès, impossible non seulement de réparer, mais aussi de voir comment fonctionne le véhicule. or un logiciel est justement un véhicule d'informations. Cette culture du secret de fonctionnement, qui s'oppose à la culture libre et au partage du savoir qui en découle, génère de sérieux problèmes éthiques. D'où le leitmotiv de RMS : logiciel libre = société libre. Par exemple, impossible de savoir si le programme MS-Word n'envoie pas des copies de vos lettres privées ou commerciales à l'entreprise Microsoft, qui les revend à vos concurrents ? Idem pour vos recherches sur Google, vos informations sur Facebook : quels sont les usages de nos informations que ces éditeurs de logiciels nous cachent ? Les enjeux de l'accès au code source se durcissent encore avec le vote électronique, le commerce électronique, et la gestion de toutes les bases de données : médicales, agences de renseignements... Comprendre la notion de code source et ses enjeux, c'est aussi comprendre les défis de la démocratie de notre ère numérique. Sans même parler de l'impact économique du choix de logiciels propriétaires qui permet, par exemple, de comprendre que le fait d'installer des logiciels non-libres dans les écoles favorise la création des conditions d'une privatisation de la société.

Sources et notes