L'identité numérique
Question: Je mets mon web profil régulièrement à jour, je sélectionne avec attention les communautés virtuelles auxquelles je participe, je vérifie les traces numériques que je laisse, je veille à ne pas diffuser d'informations privées sur le web. Qui suis-je?
- Un geek passionné de tout ce qui est lié à l'informatique
- Un internaute maître de son identité numérique
- Un parano de l'informatique
- Un digital natif pour qui le web coule de source
La bonne réponse est la proposition n°2.
Prenez un moteur de recherche, saisissez votre prénom et votre nom (ex. Jean Dubuc) et regardez le résultat : vous y verrez une série de traces numériques d'une personne, sans doute les vôtres, mélangées à des traces d'autres personnes avec le même prénom ou nom de famille. D'autres éléments ne sont pas nécessairement disponibles via un moteur de recherche, notamment les photos que vous avez pu mettre sur un espace sécurisé ou simplement sur le disque dur de votre ordinateur personnel, ou les données qui se baladent dans les bases de données de votre pays de résidence, de vos assurances, etc. L'ensemble de ces informations sur vous, c'est votre identité numérique, au même titre que l'ensemble des informations sur une organisation ou un groupe constitue l'identité numérique de ce groupe. Mais finalement, en quoi cela peut-il nous être important ? Sommes-nous malades de l'ego au point de vouloir absolument tout contrôler de notre réputation et savoir tout ce qui est dit de nous sur le web ou ailleurs ? Non! Les enjeux sont plus subtiles, plus profonds, et finalement plus sains. Il s'agit de choisir si l'on veut que son identité soit définie par d'autres ou par soi-même. Lorsque la première page du résultat d'un moteur de recherche est un profil avec des éléments que vous maîtrisez, vous aurez simplement permis, à ceux qui souhaitent en savoir plus sur votre identité, d'être aiguillés vers quelque chose que vous reconnaissez. Cette démarche est la même que celle que vous adoptez lorsque vous rencontrez les gens en face à face. Un profil web, c'est l'équivalent d'une page officielle, d'un choix volontaire de nous profiler plutôt que de se laisser profiler par d'autres. Fichez-vous plutôt que de vous laisser ficher !
Dans l'identité numérique, on distingue trois parties :
- l'ePortfolio, qui devrait avoir une place centrale, pivot. La majorité des internautes gèrent parfois un ePortfolio sans le formuler ainsi : ils créent une page Facebook, un compte LinkedIn ou Viadeo, publient leur CV sur un site perso, créent un blog et un espace photo. En réunissant toutes ces informations sur une personne, on voit son passé, son présent, comment le contacter, ses réseaux, ses sources d'informations, ses activités. C'est justement ça, un ePortfolio !
- les données privées, par exemple votre numéro de carte bancaire, vos lettres rédigées et sauvées sur votre ordinateur personnel, votre fichier d'adresse, etc.
- les données non-maîtrisées, qui font aussi partie de la réputation. C'est-à-dire tout ce que les autres laissent comme trace à votre sujet, et que l'on ne peut pas maîtriser (par exemple la trace de votre participation à un événement).
Sommaire
Se profiler
Pour devenir un "netizen" (citoyen du Net), il faut d'abord montrer à la communauté des internautes qui vous êtes. Se profiler, c’est donc réaliser des formes de fiches. Les fiches sont utiles en général si vous les produisez spontanément, sans correspondre à un cadre donné par un gouvernement ou une multinationale. Vous devez avoir l’entier contrôle sans conditions comme c’est le cas dans les médias participatifs. Personne doit pouvoir modifier ou manipuler votre profil sans connaître votre mot de passe. C'est le cas sur les CoVi animées par le siège d’Ynternet.org, et d'autres réseaux citoyens. Vous créer un compte dans une CoVi, puis vous réaliser un édito et des articles, avec textes et images modifiables en tout temps. Il s’agit de répondre à la question : qui êtes-vous ? Vous le faites progressivement, sur des années, et à votre manière : poésie, histoires, faits, rapports, conseils...
Tout d’abord, 3 articles-clés :
- Hérédité : quel est votre foyer, votre origine, votre éducation, vos amis ?
- Légende : votre raison d’être sur la planète, votre engagement volontaire, choisi librement, pour rendre la Vie autour de vous plus agréable, pour être un peu plus en harmonie avec votre environnement ?
- Projets (les projets rendent heureux) quelles sont vos ambitions, vos passions, vos espoirs ?
Ensuite vos références essentielles :
Ce sont des documents attachés et des liens, présentez vos références essentielles, personnelles, actuelles :
- Quel genre de musique écoutez-vous, quels livres lisez-vous, qu’avez-vous vécu de marquant ?
- Quels sont vos pôles d’intérêts dans la vie ?
- Quels sont vos forces et vos faiblesses ?
- Quel est votre souvenir le plus agréable ?
- Et votre souvenir le plus pénible ?
- Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
- Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus ?
- Qu’est-ce que vous proposez aux internautes qui visiteront votre profil sur le web ?
- Qu’est-ce qui vous représente le mieux ?
Une inspiration : recette du corps humain de Bernard Werber
Nous, humains, sommes tous très proches, nous savons au fond qui nous sommes.
Tout est inscrit dans le moindre fragment de vous. Il est même possible d’y percevoir les traces de vos ancêtres. Dire qu’il a fallu des milliers de gens qui ne meurent pas trop jeunes, qui s’apprivoisent et s’accouplent pour arriver à votre naissance.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de vous voir en face de moi. Non, ne souriez pas, restez naturel. Regardez profondément en vous. Vous êtes beaucoup plus que vous ne le croyez.
Vous n’êtes pas seulement un nom et un prénom et une histoire sociale.
Vous êtes:
- 71% d’eau claire,
- 18% de carbone,
- 4% d’azote, 2% de calcium,
- 2% de phosphore,
- 1% de potassium,
- 0.5% de souffre,
- 0.5% de sodium,
- 0.4% de chlore.
- Plus une belle cuillère à soupe d’oligo-éléments divers : magnésium, zinc, manganèse, cuivre, iode, nickel, bromure, fluor, silicium. Et une pincée de cobalt aluminium molybdem, maladium, plomb, étain, titane, bore.
Voilà la recette de votre existence.
Tous ces matériaux proviennent de la combustion des étoiles. Et ils sont répartis ailleurs que dans votre corps. Votre eau est similaire à celle du plus anodin des océans, votre phosphore vous rend solidaire des allumettes et votre chlore est semblable à celui qui sert à désinfecter les piscines. Mais vous n’êtes pas que ça.
Vous êtes une cathédrale chimique, un jeu de construction faramineux avec des dosages, des équilibres, des mécanismes d’une complexité à peine concevable. Car vos molécules sont elles- mêmes formées d’atomes, de particules, de quarks, de vide, le tout lié par des forces électromagnétiques, gravitationnelles, électroniques d’une subtilité qui vous dépasse. D’une subtilité qui vous dépasse ? Pas sûr. Si vous avez réussit à trouver ce document c’est que vous êtes malin et que vous connaissez déjà beaucoup de choses du monde. Qu’avez-vous fait de ce savoir ? Peut- être une révolution ? Peut-être une évolution ? Peut-être rien.
Maintenant, installez-vous un peu mieux pour lire. Tenez votre dos droit, respirez plus amplement. Décontractez votre bouche. Inspirez-vous de l’énergie universelle. Tout cela, tout ce qui vous entoure dans le temps et dans l’espace ne sert pas à rien. Vous ne servez pas à rien. Votre vie éphémère à un sens, elle ne mène pas nulle part.
Tout à un sens. Ce n’est pas un hasard si vous êtes là en train de lire. Respirez amplement, détendez vos muscles, ne pensez plus à rien d’autre qu’à l’univers dans lequel vous n’êtes qu’une infime poussière.
Imaginez le temps en accéléré.
Pfout, vous naissez, éjecté de votre mère comme un vulgaire noyau de cerise. Tchac, tchac, vous vous empiffrez de milliers de plats multicolores transformant ainsi quelques tonnes de végétaux et d’animaux en excréments.
Pif, vous êtes mort.
Qu’avez-vous fait de votre vie ? Pas assez ?
Faites quelque chose, n’importe quoi, de tout petit même, mais bon sang, faites quelque chose de votre vie avant de mourir.
Vous n’êtes pas né pour rien.
Trouvez pourquoi vous êtes né.
Quelle est votre minuscule mission ?
Vous n’êtes pas né par hasard.
Compléments
Les limites de la réputation : calomnie et diffamation
Légalement, chacun peut exprimer une opinion sur une autre personne, pour autant que cette opinion ne soit pas calomnieuse ou diffamatoire. La limite est disponible dans la loi, il y a des jurisprudences, il est difficile de mettre une limite entre liberté d'expression et discrimination, en cas de doute n'hésitez pas à demander.
Exemples : « Je trouve que cette entreprise ou cette personne n'est pas correcte. » est une opinion, même si elle n'est pas étayée, ce n'est pas de la diffamation. Alors que « Cette entreprise ou cette personne fréquente un club de mafieux qui n'hésite pas à enfreindre la loi » peut être considéré comme de la diffamation ou de la calomnie s'il n'y a aucune preuve fondée sur un jugement légal. Par contre, il est possible de dire « Vito Corleone est un célèbre mafieux qui a été jugé plusieurs fois. »
ePortfolio, kesako ? La partie maîtrisée de l'identité numérique
Dès l'apparition du Web, les pionniers ont adopté le principe "tout d'abord, je me présente", devenu la page "à propos de l'auteur" sur les blogs. Dans la formation, on l'appelle maintenant ePortfolio. Ce qui compte, ce n'est pas son résultat sur le Web, comme s'il s'agissait d'une carte de visite virtuelle, mais la réflexion que l'ePortfolio amorce, la démarche qu'il inspire durant sa réalisation et sa mise à jour permanente. Cela pousse à se demander qui suis-je ?, quels sont mes projets ?, comment les présenter, les archiver, les mettre à jour ?, quelles informations partager ?, quelles limites entre domaine public et monde privé ?... C'est aussi le meilleur moyen d'évaluer le degré d'eCulture générale d'une personne, en cherchant sur le Web les traces de tout ce qu'elle a publié volontairement et involontairement, consciemment et inconsciemment.
Le guichet unique
Internet a plusieurs canaux de transfert d’informations d’un ordinateur à l’autre. Chaque canal a ses particularités : le Web (la toile), le courriel, IRC (pour le chat), le FTP (transférer des documents d’un ordinateur à un autre). Le web est le canal le plus visible de l’Internet. Aujourd’hui, 98% des internautes ne connaissent que ce canal, parce que ce canal peut devenir en partie tous les autres. Comme si l’invention du moteur à explosion avait permis l’émergence de véhicules de type voiture multifonctions, des voitures pouvant aussi aller traverser les océans par les airs ou par les mers.
Le Web s’utilise de la manière suivante : l’utilisateur ouvre un programme de navigation sur le Web depuis son ordinateur. Il donne l’ordre au navigateur d’aller chercher des informations sur d’autres ordinateurs connectés au réseau Internet, et de les afficher sur son écran dans la fenêtre de ce même logiciel.
Sur le web dans ses débuts (au cours de années 1990), les auteurs ne pouvaient modifier leurs pages sans avoir un certain bagage technique : il fallait préparer ses documents sur son propre ordinateur puis les transférer sur l'ordinateur serveur, auquel les visiteurs allaient se connecter pour les télécharger sans pouvoir interagir et sans que les pages ne soient modifiées avant une autre intervention volontaire de l'auteur. Le web était statique et la publication réservées à un groupe de sachants. Ensuite sont arrivés les programmes permettant de modifier les textes et les images de manière très simple, toujours grâce à cet outil de navigation. On parle d’application web, le Web est devenu dynamique.
Libre ou captif/privateur, le guichet unique est un besoin pour éviter l’intermédiaire webmaster.