Economie fonctionnelle: les principes
Economie fonctionnelle:'
Vous pensez à déménager dans un lieu durable, vous fixer dans un écoquartier, dans un écovillage, dans un lieu qui fasse sens. Le premier réflexe logique, qui est basé sur ce que font les gens autour de vous, sera d'envisager d'acheter un terrain, une maison pour investir et ainsi, avoir un bien matériel, solide sur lequel vous pourrez construire votre vie. La même chose pour une voiture, vous habitez dans un endroit un peu retiré, à la campagne, il y a des transports publics, mais, malgré tout, c'est difficile pour se promener en famille, pour aller là ou on veut, de toujours utiliser des transports publics, des taxis, ou des voitures louées. Aussi, le plus simple, et d'ailleurs le moins cher, est d'acheter une voiture. Il existe pourtant une alternative fondamentale à ce modèle de propriété privée, c'est l'économie fonctionnelle. Pour l'habitat, ce sont des coopératives d'habitations qui proposent une approche non-propriétaire, où chacun accède à la ressource sans pour autant en être le propriétaire unique. De même pour la voiture, il y a des coopératives de partage de voitures ("car sharing"). Plus largement, le principe de l'économie fonctionnelle est celui du droit d'accès à une ressource, plutôt que celui de la propriété privée. Ainsi, si vous respectez des conditions standards saines, qui sont les mêmes pour tous, vous pouvez accéder, toute votre vie, à un élément à un prix correct et en abondonnant ce réflexe de peur, qui s'exprime à travers la pulsion de posséder, vous abandonner, aussi, le cercle vicieux qui en découle. C'est à dire la spéculation, l'accumulation et la génération d'un petit groupe de gagnants économiques et d'un grand groupe de perdants économiques. Voici les clés du succès de l'économie fonctionnelle:
- Lorsque je ne veux plus le bien dont j'ai l'usage, je le restitue à la communauté qui le réattribuera à des tiers et non, je le passe moi même à des amis, à des proches ou à des héritiers.
- Je suis dans un environnement où il y a de l'emploi pour tout ceux qui le mérite (voir méritocratie). Aussi, tout le monde peut accéder aux ressources de bases, telles que le logement ou le transport.
- Il n'y a pas d'accumulation, donc pas de possibilité de créer une pénurie, source d'augmentation artificielle des prix.
Dans les faits, le microcrédit, le "car sharing", les coopératives d'habitation sont des exemples de cette économie émergente dite "fonctionnelle", qui n'est pas encore très connue mais qui est déjà très présente sur l'ensemble du globe. L'économie fonctionnelle est un des indicateurs clés de la vitalité d'une économie communautaire, et c'est même un prérequis pour passer progressivement d'une économie monétaire à une économie des valeurs.
Ceux qui rejettent l'économie fonctionnelle vous diront que, cela ne marche pas. Certains, parce que c'est une "économie de riches", d'autres, au contraire, parce que c'est une "économie de pauvres". Pour la plupart, parce que c'est une économie marginale, pour les idéalistes, et qu'elle ne peut marcher que parce qu'elle est l'anticorps d'un marché autorégulé basé sur la spéculation et l'accumulation. Il n'en est rien, et un exemple simple est celui de l'empire Inca qui a, pendant plusieurs siècles, permis à plus de 20 millions d'âmes de développer une culture très riche et très vive, dans une dynamique économique sans propriétés où les enfants recevaient un terrain à la naissance et le restituait à la communauté à leur mort. Et ce sans même l'existence d'une monnaie, quand bien même, il s'agissait d'une gouvernance sur plusieurs millions de personnes, toutes ayant besoin d'échanger des biens et des services au quotidien. Enfin, si les détracteurs rejettent une démarche dite de bien commun, qui est l'aspect fondamental de l'économie fonctionnelle, ce sont eux, qui, les premiers, courent demander de l'aide à l'Etat, qui est justement le garant du bien commun, lorsqu'ils risquent la faillite. On voit donc à quel point, l'économie fonctionnelle est avant tout une question de choix de société et qu'elle passe par une grand lâcher prise sur la propriété privée. Ce qui, bien entendu, n'est possible que si on a confiance dans la communauté dans laquelle on vit. |