Cyberbullying
médias sociaux, cyberharcèlement, cyberbullying, harcèlement numérique, intimidation, actes d'intrusion, happy slapping, stalking, vol d'identité, adresse IP, anonymat.
Sommaire
Le revers de la médaille
Les médias sociaux (wikis, blogs, réseaux sociaux et microblogs) ont radicalement modifié les comportements humains. Aussi séduisants soient-ils par la promesse d’une citoyenneté mondiale qu’ils laissent entrevoir, ils peuvent également être très dangereux et servir des pratiques moins nobles comme le cyberbullying. L'expression cyberharcèlement ou cyberbullying a été créée pour qualifier l’usage des technologies modernes au service de comportements hostiles et répétés envers une personne ou un groupe, dans le but de lui nuire intentionnellement. Le cyberbullying compte plusieurs facettes répertoriées.
L’intimidation
La victime reçoit des e-mails de menaces ou d'insultes provenant le plus souvent d'une source anonyme. Elle peut également se retrouver au cœur de discussions offensantes et cruelles publiées directement sur des blogs ou des messageries instantanées. Ces actions peuvent relever d'actes de harcèlement visant un individu à titre personnel, ou en fonction de son appartenance ethnique, religieuse ou sexuelle. Le harcèlement numérique se caractérise également par l'envoi de virus, de contenu pornographique ou d'un nombre d’e-mails non sollicités assez massif pour bloquer ou perturber l’ensemble de la messagerie virtuelle.
Les actes d'intrusion
Ils concernent les actes de piratage à l’encontre de comptes personnels (boîte de courrier électronique, pages web). L'assaillant obtient par un moyen illicite ou abusif le mot de passe de sa victime et accède à ses espaces personnels. Il peut ensuite y trafiquer ou modifier ce que bon lui semble : supprimer ou voler des informations personnelles, changer les mots de passe de telle sorte que l'utilisateur ne puisse plus accéder à son site ou envoyer des e-mails depuis son compte. Le recours à une fausse identité pour gagner la confiance d’un individu ou pour lui soutirer des informations dans le but intentionnel de nuire (humiliation, menace ou fraude) est également considéré comme un acte intrusif.
La diffamation
L'assaillant met en place un site Web ou un blog lié ou dédié à la victime, voire même prétendument créé par elle. Il y publie alors des contenus diffamants, voire hostiles comme la propagation de rumeurs et de photographies embarrassantes ou encore la diffusion d’informations personnelles sensibles concernant la victime. Ce type de site encourage souvent une partie des utilisateurs à adopter des comportements également hostiles à l’encontre de l'utilisateur persécuté.
Le happy slapping
Cela consiste à choisir une victime, à l’humilier, à l’agresser, à la passer à tabac ou à en abuser sexuellement tout en filmant la scène à l’aide d’un smartphone. La vidéo est ensuite partagée avec le reste de la communauté. Dans de nombreuses situations, les agresseurs sont des adolescents à la recherche d’amusements nouveaux. Ce qu’on appelle également le vidéolynchage peut causer chez ses victimes de graves dommages psychologiques ou physiques.
Le stalking
C'est une forme de harcèlement obsessionnel qui consiste à traquer les moindres faits et gestes d’une personne, en général une célébrité.
Bouc émissaire numérique
Le happy slapping, le stalking, la diffamation ou encore le vol d’identité sont autant de perversions possibles de l’utilisation des médias sociaux et des technologies modernes. Ces cinq comportements ont supplanté les petits mots de menace échangés à la va-vite sous les pupitres, le racket du goûter et autres humiliations juvéniles. De fait le jeu de pouvoir littéralement pervers qui régit l’ordre social (et même celui de la récréation) est amplifié de façon illimitée par les propriétés elles-mêmes sans bornes du numérique. Les conséquences de ces dérives sont bien plus considérables aujourd'hui qu’elles ne l’étaient à l’ère pré-numérique : plus que regrettables, elles sont désormais indélébiles.
(Techno-) sciences sans conscience
L’anonymat assuré aux auteurs de ces débordements par les opérateurs téléphoniques, les réseaux sociaux et les messageries instantanées en est probablement à l’origine. Dans un cas de harcèlement, à moins d’y être contraints par la justice, Orange pas plus que Facebook ou MSN ne divulgueront l’adresse de l’auteur des faits. Le prétexte à cette discrétion est la protection de la sphère privée ; sa raison réelle suggère davantage une volonté des opérateurs de conserver un statut d’instance pivot, unique régulatrice. L’environnement ainsi constitué est favorable à l’impunité et permet aux harceleurs d’abuser moralement de leur victime, le plus souvent sans être inquiétés.
Des solutions ?
Les technologies modernes n'ont encore développé aucune méthode assez efficace pour chasser les détraqueurs du Web. Il existe néanmoins quelques solutions partielles qui permettent de prévenir ou du moins de réduire la fréquence et l’ampleur des abus numériques. Ainsi les wikis (par exemple Wikipedia) enregistrent-ils automatiquement l'adresse IP des contributeurs qui souhaitent conserver leur anonymat. Un contrôle minutieux des publications effectuées est également réalisé par la communauté des contributeurs aguerris. En cas d'abus, l’adresse IP est immédiatement bloquée. L’environnement créé par les wikis n'est certes pas imperméable aux déviances humaines, mais il leur est fortement défavorable.
Du côté de la loi, on rappellera que l’utilisation du nom d’un tiers (vol d’identité) aux fins de médisance est pénalement répréhensible [1]. La déposition de plainte, preuves à l'appui, contre le cyberharcèlement est donc tout à fait recevable par les tribunaux.
L’engagement individuel est une autre amorce de réponse efficace, lorsqu’il permet par exemple d’identifier les cercles vicieux et contribue à réorienter les harceleurs actifs ou potentiels vers des pratiques responsables et citoyennes.
Faits
La cyberintimidation diffère de l’intimidation traditionnelle. En effet,
- elle n’a pas de limite : la cyberintimidation peut suivre un élève rentré à la maison après l’école et en tout autre endroit où des technologies de communications sont accessibles ;
- elle peut être plus dure : on dit souvent en ligne ce qu’on ne dirait pas en vis-à-vis parce qu’on ne peut pas observer la réaction de l’autre ;
- elle a une plus grande portée : il est possible de se moquer d’une cible isolée en se servant d’un courriel ou d’un site Web destiné à un groupe particulier ou au monde entier. Personne n’est à l’abri de la cyberintimidation, y compris les professeurs, les directeurs d’école et autres adultes ;
- elle peut être anonyme : on utilise souvent des adresses de courriel et des noms fictifs. Le plus souvent le cyberintimidateur connaît sa victime, mais la victime ne sait pas qui est son cyberintimidateur.
Le dicton « les mots nous glissent sur le dos comme l’eau sur les plumes d’un canard » n’est pas toujours juste. Les mots peuvent faire mal.
Conseils aux (jeunes) victimes de cyberintimidation
- Ne réponds pas aux messages ou aux affichages des cyberintimidateurs. Si possible, bloque l’expéditeur des courriels ou messages.
- Garde une copie des messages reçus. Tu n’as pas à les lire, mais tu auras besoin de cette copie si tu décides de dénoncer la cyberintimidation.
- Parles-en à quelqu’un, un parent, un professeur, un policier ou un adulte en qui tu as confiance.
- Si les messages ont été postés sur un site ou une page Web, il faut communiquer avec le fournisseur de services Internet (FSI). La plupart des FSI ont des politiques sur l’utilisation de leur service ainsi que sur les mesures qu’il est possible de prendre si ces politiques ne sont pas respectées. Un grand nombre de sites Web contiennent un lien ou un bouton qui permet de signaler un contenu inapproprié. Dans certains cas, les propriétaires des sites Web peuvent eux-mêmes retirer le contenu et avertir la personne qui l’a affiché, mais dans d’autres cas, il faut porter plainte.
Tu peux également :
- élaborer des règles pour contrer la cyberintimidation dans ton école avec l’aide d’autres élèves, de professeurs et du personnel de l’administration ;
- sensibiliser ta communauté à la cyberintimidation en organisant des assemblées, en distribuant des dépliants ou en posant des affiches.
Si tu cyberintimides les autres :
- tu dois réaliser que la cyberintimidation est aussi méchante, voire plus, que les formes d’intimidation traditionnelles. Les personnes intimidées en ligne ressentent principalement la même chose que les autres personnes intimidées.
- Souviens-toi que tu ne devrais pas dire en ligne ce que tu ne dirais pas en face à face.
- Respecte la nétiquette : respecte les autres en ligne comme tu voudrais qu’on te respecte.
d'après: http://www.petiteshistoiresdinternet.ch/