Les différents types d'informations

De Wiki livre Netizenship
Révision datée du 11 juillet 2016 à 14:58 par Villa (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Notions-clés : droit d'auteur, création, opinion, mode d'emploi, données publiques information, types d´information, libre,propriété intellectuelle, Copyright,Noosphère,open data,licence libre,logiciel libre.

Profils-clés : Richard Stallman,sam williams,Elinor Ostrom,Jürgen Habermas.


Nous recevons en flux continu des images, sons, odeurs, goûts, sensations, qui sont autant de messages à traiter, interpréter, face auxquels agir et réagir. Le cerveau traiterait environ 400 milliards de bits d'informations par seconde. Cependant, seuls 2 000 de ces bits de données parviendraient à la conscience »[1].. Mais de quelles informations s'agit-il ? Internet n'est qu'un véhicule pour transporter des informations, voici l'occasion de revenir à l'essentiel, au cœur de la société de l'information, en s'inspirant des idées de Richard Stallman dans sa révolution du logiciel libre »[2].

Du plus simple au plus complexe[modifier]

« Au commencement était le Verbe », dit un texte sacré. Verbe au sens information, créatrice d'idées, de motivations. Dans la société contemporaine, l'information peut s'avérer porteuse de richesses (sociales, économiques, culturelle…) plus que la matière elle-même sur laquelle est permet d'agir. Il en existe différents types, qu'étonnamment personne n'apprend à l'école, alors que c'est un des prérequis pour comprendre la société de l'information.

L'information la plus basique est la donnée. Dans le monde numérique actuel, le mode 0 ou 1, par exemple, si on considère que les données numériques sont binaires (ouvert fermé, 1 et 0). Réunies et mises en contexte, des données peuvent prendre un sens, devenir information. Elles sont alors des clés pour agir. Associées, les informations deviennent des savoirs, de la connaissance. Interconnectés, mis en pratique et partagés, les savoirs deviennent culture.

La culture peut être définie comme un « répertoire de solutions aux problèmes et passions des gens, à un certain moment, dans un certain contexte »[3]. Il y a donc de multiples cultures, et l'expression culture va bien au-delà de la seule création artistique. La culture culinaire, par exemple, est un vaste répertoire de solutions aux problèmes et passions des gens liés à leurs besoins alimentaires. Tout au long de l'histoire, l'agriculture, l'architecture ou encore l'éducation ont été pratiquées très différemment selon nos problèmes et passions du moment.

Traversant ainsi les époques, les cultures s'inspirent les unes les autres, pour former des civilisations. Une civilisation est donc un ensemble de codes culturels, de manières de faire, d'arts de vivre, qui évoluent au gré des problèmes et des passions des gens. La civilisation d’Égypte ancienne, la civilisation coloniale ou la civilisation industrielle sont trois exemples de civilisations bien différentes.Par extension, on peut aussi parler de civilisations intra-terrestres non-humaines, comme les civilisations fourmis et termites, avec leurs villes, agricultures et élevages, guerres de territoires, enjeux politiques et démographiques.

Enfin, prises dans leur ensemble, les civilisations se rejoignent et se fondent toutes dans le monde des idées, de la connaissance. Toutes les civilisations ont les mêmes défis pour réussir à échanger des biens et services, à se déplacer, à rester en vie, et elles ont toutes besoin d'accéder à des bases de données très diversifiées de connaissances. Un des termes pour parler de ce patrimoine d'informations partagées, c'est la noosphère »[4]., la sphère des idées. Elle complète la biosphère, sphère du vivant (végétaux et animaux).

Donnees-noosphere.png

Trois types de contributions à la société[modifier]

Une information est définie par son contenu (la forme) et son sens (le fond). On distingue trois types d'informations : les faits, les opinions et les fonctions1. Un contenu peut, bien entendu, combiner deux voire trois types d'informations. « Je vends ma voiture » (c'est une information factuelle), cela va sûrement faire plaisir à quelqu'un parce que c'est une voiture agréable à conduire (c'est une opinion, dont on peut certes débattre) ; « pour l'acheter, il faut m'appeler entre 19 h et 21 h à la maison (c'est l'information fonctionnelle, la marche à suivre).

Examinons ces trois types d'information plus en détail :

  • Les faits, l'information factuelle, c'est tout ce qui est manifeste, qui décrit un état, qui peut être difficilement remis en cause. Par exemple, une annonce : Maison à vendre. Lorsqu’une information n’est pas remise en question, c’est un fait établi. Et s’il n’y a pas consensus sur l’aspect factuel d’une information, elle peut être considérée comme une information d’opinion. Dans le factuel, on est concentré sur des faits.
  • Les opinions englobent les œuvres artistiques, les improvisations et plus largement, tout ce qui ne relève pas d'un mode d'emploi ou d'un fait. Les œuvres peuvent être absolument inédites ou représenter le fruit d'une évolution, d'un assemblage, d'une adaptation d'œuvres antérieures, avec une touche d'innovation, un regard différent, qui est la nature même de la créativité.


Parmi les œuvres d'opinion ou de témoignage on trouve divers types de créations :

  • les mémoires ;
  • les essais ;
  • les commentaires.
  • les travaux d'art et de divertissements.

Du point de vue de la citoyenneté numérique, les opinions pourraient être mises en circulation librement mais sans droit à la modification sauf autorisation de l'auteur et sans nécessairement autoriser un usage commercial par des tiers. Ainsi l'opinion peut circuler librement, sans pour autant être modifiée par un tiers ni revendue pour un profit commercial.

Le copyright est implacable dans sa forme actuelle, car par défaut il interdit le partage de tout type d’œuvre et de savoir. Or dans la pratique, pour la diffusion d'opinions, précisément les travaux d'art et de divertissement, un compromis peut être facilement trouvé.

Par exemple, bien des œuvres de Shakespeare sont des copies modifiées d'œuvres existantes. Shakespeare n'a pas été puni, au contraire, il a été salué pour sa créativité, alors qu'elle était en partie le résultat d'une modification. La politique la plus éthique est probablement celle qui consiste à autoriser au minimum la copie durant une certaine période (par exemple 10 ans), puis à autoriser la copie et les modifications.

  • Les fonctions sont principalement produites et diffusées non pour leur dimension d'information, ayant une valeur intrinsèque, mais pour leur utilité. Ce sont des marches à suivre, des méthodes.

La contribution fonctionnelle comporte des publications telles que :

  • les recettes
  • les modes d'emploi
  • les documents de références (encyclopédie, statistiques, etc.)
  • les codes logiciels

Pour que le plus grand nombre en profite, elles devraient être libres (c'est-à-dire sans droit exclusif d'usage).

Réussir à comprendre ces distinctions entre les différents types d'information est un prérequis pour une véritable analyse des enjeux de l'information, notamment l'épineuse question des droits d'auteur et le choix de la licence en fonction du type d'information. Dans les faits, les utilisateurs des outils numériques peuvent maintenant copier et modifier tout type d'informations, œuvres ou produits. Aujourd'hui, la question n'est pas tant de savoir si c'est « bien » ou « mal » en soi, mais plutôt de reconnaître le type d’œuvre concerné. Par exemple, un auteur peut légitimement opter pour une licence à usage exclusif lorsqu'il s'agit d'une œuvre d'opinion (article de blog, essai, œuvre d'art). A l'inverse, il peut choisir de « protéger », par une licence libre, une information fonctionnelle qu'il considère comme un bien commun de l'humanité (génome d'un plante, méthode pédagogique, manuel d'apprentissage d'un art thérapeutique). Dans ce cas, les licences libres permettent que l'information fonctionnelle, le mode d'emploi, reste accessible à tous.

Documents : publics ou privés ?[modifier]

Les différentes administrations publiques produisent et publient des documents (livres, revues, plaquettes, sites web, etc.) sur différents thèmes : tourisme, sécurité routière, prévention des dépendances, santé, arnaques sur internet. Ce sont les contribuables qui financent ces informations fonctionnelles par leurs impôts. Alors pourquoi ne pas demander aux gouvernements de mettre ces outils ou documentation pédagogique sous des licences libres ? L'autorisation de la copie, modification et redistribution valoriserait ces documents, susceptibles d'être partagés comme un patrimoine de l'humanité.

Le monde associatif et les institutions publiques ont encore un long chemin à parcourir pour développer le réflexe des licences libres et du partage spontané, à l'instar de Wikipedia, afin de mieux contribuer à promouvoir le bien commun dans nos sociétés.

S'engager pour éviter la privatisation de l'eau ou de l'air ? Engageons-nous aussi pour la liberté des documents publics afin d'augmenter leur diffusion. Beaucoup d'informations pourraient ainsi devenir plus accessibles : documents de prévention de la santé (comportements sexuels à risque, conduite en état d'ébriété, violence conjugale, tabagisme, etc.), pratiques citoyennes (mode d'emploi pour créer sa micro-entreprise, pour organiser un festival, etc) ou informations culturelles (festivals, monuments historiques, zones naturelles remarquables, etc.).

L'ouverture des données (en anglais open data »[5]) représente à la fois un mouvement, une philosophie d'accès à l'information et une pratique de publication de données librement accessibles et exploitables. Elle s'inscrit dans une tendance qui considère l'information publique comme un bien commun (tel que défini par l'économiste et politologue Elinor Ostrom »[6]) dont la diffusion est d'intérêt public et général.

Le matériel informatique Notions-clés[modifier]

Une information est définie par son contenu, son sens. On distingue trois types d'informations, les faits, les œuvres et les fonctions[7] :

Les faits, c'est tout ce qui est manifeste, qui décrit un état, qui peut être difficilement remis en cause. Par exemple, une annonce : « Maison à vendre ». Lorsque quelque chose ne peut pas être discuté, on peut dire que c'est factuel. Parfois seulement, une personne définira une information comme factuelle, les autres voudront en débattre.

Dans le factuel, on est concentré sur des faits. Ici ne se pose pas la question de ce qui est vraiment factuel et de ce qui ne l'est que potentiellement (par exemple : je vais mourir un jour, est-ce factuel ?). Le vrai, c'est une question philosophique, voire métaphysique.

Les œuvres englobent les créations artistiques, ainsi que les opinions, les improvisations et plus largement, tout ce qui n'est ni fonctionnel, ni factuel. Les œuvres peuvent être absolument inédites ou représenter le fruit d'une maturation, d'un assemblage, d'une adaptation d'œuvres antérieures, avec une touche d'innovation, de différence, qui est la nature même de la créativité.

Les fonctions sont produites et diffusées non pas pour leur dimension d'information, ayant une valeur intrinsèque, mais pour leur utilité. Ce sont les marches à suivre, les méthodes, les modes d'emploi, les informations qui servent une autre finalité.

Une information peut, bien entendu, combiner deux types ou même les trois types de contenus. « Je vends ma voiture (c'est une information factuelle) qui va sûrement faire plaisir à quelqu'un de bien parce que c'est une voiture agréable à conduire (c'est une information, créative, car c'est mon opinion, mon sentiment ; dont on peut certes débattre pendant des heures). Et pour l'acheter il faut m'appeler entre 19 h et 21 h à la maison (c'est l'information fonctionnelle, la marche à suivre pour acheter ma voiture) ».

« Les faits sont sacrés, mais les commentaires sont libres ». Beaumarchais

Sources et notes[modifier]

  1. Selon l'Unité de Recherche en Sciences Cognitives et Affectives (URECA), Lilles(France).
  2. Sam Williams, Richard Stallman, Christophe Masutti. Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée. Éditions Eyrolles, publié sous la GNU Free Documentation Licence. 2010.
  3. Source : Ray P. H., Anderson S. R. L’émergence des créatifs culturels. Editions Yves Michel, 2001. 512 p.
  4. Le mot est dérivé des mots grecs νοῦς (noüs, « l'esprit ») et σφαῖρα (sphaira, « sphère»), par analogie lexicale avec « atmosphère » et « biosphère ». Ce néologisme a été introduit en 1922 par le Français Teilhard de Chardin dans son essai intitulé Hominisation.
  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_data
  6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom
  7. Jürgen Habermas, Théorie de l'agir communicationnel. Fayard, Paris. 1987 ; et Sam Williams, Richard Stallman, Christophe Masutti. Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée. Éditions Eyrolles - Framasoft, publiée sous la GNU Free Documentation Licence. 2010.

Fonctionnel-factuel-cratif.png

Donnees-noosphere.png