Bilan: 20 ans après: la parole volée
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Vingt ans après les début de l’informatique grand public, les humains semble avoir adopté l'informatique comme ils avaient adopté la voiture: c'est un vrai désastre.
En résumé, il y a eu conjonction de deux phénomènes :
Phénomène 1 : la puissance de l’informatique.
Les réseaux informatiques, qui sont des systèmes de contrôle des informations financières, sociales, environnementales ou militaires sont donc le plus formidable outil pour doper le développement des richesses. Le premier phénomène est celui d'une accélération globale : la vitesse de circulation des biens et des services, mais aussi la vitesse de réalisation des objectifs, qu'ils soient positifs ou négatifs.
Phénomène 2 : le grand hold-up mondial.
Ce grand hold-up a eu lieu entre 1980 et 2000 environ, dans un nouveau cycle. Les gouvernements ont augmenté les dépenses militaires. Les producteurs d’armes et de services militaires ont reçu l’argent des contribuables en telle quantité qu’ils ont dégagé de grands bénéfices. Avec ces bénéfices, ils ont diversifié leurs activités, notamment en achetant les médias. Aujourd’hui, de nombreux médias, c'est-à-dire les systèmes de production et de diffusion des informations, sont aux mains de lobby militaro-industriels oligarchiques. Or, le rôle des médias est justement de faciliter la prise de conscience des citoyens face aux grands enjeux de société. Et les lobbies refusent que les enjeux soient débattus démocratiquement, parce que cela remet en cause leur pouvoir oligarchique. Les médias se sont donc transformés en services de Big Brother, comme dans le roman 1984 de George Orwell. Nous sommes devenus ce dont nos parents ont tenté de nous protéger dans les années 60 : des consommateurs. Nous avons le sentiment que notre droit à la parole a été volé, au profit d’intérêts pseudo-supérieurs (intérêts des nations) qui nous échappent. Nous avons perdu confiance en la plupart de ceux qui nous gouvernent, et les rares qui se bougent le cul sans peur sont si vite salis et bafoués que cela nous rebute même de se mobiliser. Oui, aujourd’hui les états donnent de l’argent aux fabricants d’armes, et ces derniers utilisent les bénéfices pour contrôler les médias très vite et globalement, grâce aux réseaux informatiques. Oui, la société de l’Information est un désastre social, environnemental, politique, et même économique. La junk-communication règne sur nos quotidiens, et nous avons de moins en moins de choix, malgré l’image de profusion qui se dégage en occident et l’image de pénurie qui se dégage dans les pays de la « périphérie ». C’était déjà comme cela avant l’arrivée des réseaux informatiques, mais les réseaux ont augmentés les fractures sociales, car les réseaux sont une science qui a été utilisée avec trop peu de conscience par des hommes (rarement des femmes) sans scrupule.
Version en ligne
Liste de mécanismes qui explicitent comment arrivés là: fabrication du consensus; auto-censure; société du spectacle...
Cf. schéma à produire
Citoyens donnent argent à état qui le donne à fabricant d’arme qui le donne à médias qui diffuse les informations castratrices pour les citoyens qui donnent de l’argent à l’état…
Au niveau de l’usage personnel, l’informatique est mal perçue par la majorité des utilisateurs: beaucoup de pannes, une tendance à contrôler la vie privée, une complication de plus, une dépendance aux machines, un outil peu chaleureux…
Au niveau de l’usage collectif, l’informatique semble être surtout au service d'une oligarchie de puissants qui traitent les informations pour manipuler les masses. La plupart des intellectuels, scientifiques, économistes, qui cherchent un mode d'emploi simple pour que l'informatique soit vraiment au service de l'humanité, n'arrivent pas suffisamment à s'entendre sur des méthodes communes. A part l'e-mail et le téléphone portable qui facilitent les opérations quotidiennes de tout un chacun, l'informatique a surtout facilité la destruction de la biodiversité sur terre au profit d'un petit nombre. Et d'une certaine manière c'est normal, c'est l'apprentissage par l'échec: on tente un truc, on se plante, on fait un bilan, on recommence sur de meilleures bases. Mais cet échec, c’est l’échec de l’humanité. Il ne faut donc pas rester sur un échec, et ce document est là pour contribuer à présenter des solutions viables, compréhensibles, utiles pour le bien commun.
Extrait de Veillée d’arme en cybérie, par Pierre Mounier Source http://www.homo-numericus.net/article.php3?id_article=208 On l’aura compris, la tendance qui se dégage à l’issue de cette analyse "rétro-prospective", est une balkanisation généralisée du réseau dans un contexte de guerre permanente entre ses acteurs. L’avènement de ce que certains des plus pessimistes ont pu qualifier de « moyen-âge informatique » n’est pas sûr, évidemment. Il est cependant le moins improbable au regard de ce qui s’est passé cette année, révélant la mise en place d’une opposition frontale entre des usages fondés sur la mise en commun et l’échange réciproque entre utilisateurs d’une part, et, d’autre part, le principe d’une diffusion massive de produits culturels unifiés pour le plus grand nombre à partir d’un petit nombre de sources.
Extrait de la fin de l’innocence, par Pierre Mounier Source http://www.homo-numericus.net/article.php3?id_article=198 Écrit en 2001, l’ouvrage de Mueller décrit en effet une situation au cours de laquelle le consensus qui présidait à la gestion d’Internet depuis ses débuts est sur le point de se rompre. Et l’histoire a prouvé depuis que Mueller n’avait pas tort ; car le dernier fil qui retenait la corde s’est brisé lui aussi. Sous-titré « Internet governance and the taming of cyberspace », ce livre traite d’une problématique aussi large et importante par le biais d’une question beaucoup plus étroite et technique, qui commande pourtant tout le reste : la gestion du DNS.
L’objectif en résumé, c’est de montrer la différence entre la sphère commune à tous, que nous devrions considérer comme un patrimoine et cadre commun pour nos opérations de vie, et la sphère individuelle, dans laquelle nous devrions être seul maître de nos actes.