Travail et revenu
Sommaire
Le commencement d'une nouvelle vie
Prenez quelqu'un qui change de région. Il n'a aucun contact pour l'aider à démarrer et cherche du travail. Comment va-t-il s'y prendre? La première chose qui vient à l'esprit est l'importance de créer un réseau de personnes à qui il va pouvoir demander des conseils et peut-être des pistes pour un travail.
Ecopol permet à chacun de gagner sa vie en contribuant continuellement à différents projets ou en mettant en place de nouvelles idées. Ces contributions sont sous la forme de mandats qui peuvent durer de quelques jours à plusieurs années.
Bilan de compétences
D'abord, chaque personne est amenée à faire une liste des compétences dans lesquelles elle considère déjà avoir du savoir, de la maîtrise, voir de l'expertise.
Pendant les premières semaines, elle va en donner des preuves concrètes en allant voir les personnes qui ont elles aussi de l'expérience dans le domaine et leur montrer son savoir-faire.
Il sera déterminé si elle sait effectivement poser un système électrique, gérer des conflits, mener une conversation commerciale, parler couramment quatre langues, et pour quoi ces compétences pourront être utiles.
- une personne douée pour les langues sera employée pour du tourisme
- une autre ayant des connaissances en électricité travaillera en construction
- une autre sachant gérer des conflits sera utile pour la dynamique sociale et économique au sein d'Ecopol.
Savoir donner des cours est aussi intéressant. Quelqu'un capable d'enseigner n'a pas seulement du savoir faire mais de l'expertise, car il sait transmettre ce savoir-faire aux autres. Quelque soit le domaine dans lequel une personne est efficace, on pourra immédiatement confirmer qu'il y a un potentiel.
Et l'assurance du travail?
C'est donc dans ce contexte qu'une personne qui arrive dans l'Ecopol va faire ses premières expériences de travail. Au début ça sera difficile, comme un choc initial, parce qu'il n'y a aucune assurance d'avoir un travail fixe, aucune assurance d'être reconnu, aucune assurance d'être apprécié. Par contre il y a une vraie assurance, c'est que cela sera du commerce équitable; la personne compétente ne se fera pas jeter comme une vieille sandale après avoir tout donné à une entreprise. Pourquoi? Parce que toutes ses contributions seront documentées dans le système web, elle sera reconnue à sa propre valeur et pourra comparer ses contributions à celles des autres.
L'utilité du système informatique en ligne
Dans le système informatique, les maîtres d'apprentissage et les entrepreneurs (qui sont souvent les mêmes personnes) introduisent des requêtes pour des mandats ponctuels ou durables. Un tel cherche un contributeur parlant plusieurs langues pour faire des traductions pendant un séminaire de formation de trois jours, le boulanger de la communauté cherche un assistant pendant les trois mois de la saison haute touristique pour apprendre et l'aider à faire le pain, les constructeurs qui doivent terminer une construction dans un certain délai cherchent un assistant.
La personne va donc travailler à temps partiel et apprendre en même temps. Elle va recevoir des alertes courriel en fonction de ses domaines de compétences. Elle pourra voir toutes les offres d'emploi, comme sur une plateforme de placement temporaire. Elle pourra aussi proposer ses services avec le statut d'indépendant ou de coopérateur, sera engagée pour une période d'essai puis pour une période plus durable si le mandat était durable.
Les critères qualité
Pour chaque prestation fournie, les critères qualité sont édités sur un wiki. Si un maître d'apprentissage ou un entrepreneur n'est pas à l'aise pour définir des critères qualité de manière détaillée, des experts en critères qualité (qui est une compétence en gestion de projet faisant partie des micro-compétences pouvant être développées) vont aider le maître d'apprentissage à définir ces critères qualité. Cela peut prendre moins de dix minutes et sera utile pendant une journée ou plusieurs années.
Exemple
L'assistant du boulanger doit respecter les critères suivants:
- hygiène impeccable
- respect des horaires
- attention permanente pendant la cuisson
- maîtrise des quantités d'usage de chaque ingrédient et des produits de fabrication
- manipulation délicate des pains en vue de leur stockage et livraison
- respect des recettes définies pour chacun des pains, dans une annexe aux critères qualité
Les recettes seront basées sur des pains au levain avec des farines noires et non pas des pains blancs avec de la levure industrielle, ceci permettant d'assurer une qualité de pain qui dure plus longtemps et donc a moins de probabilités d'être jeté à la poubelle parce qu'il est sec avant même d'avoir été consommé. Mais ce qui est bien plus important, c'est qu'il a un véritable effet alicamentaire. C'est-a-dire qu'il est bon pour la santé, il fait vraiment du bien, comme s'il soignait le corps en l'alimentant avec ses sucres lents et des produits de qualité.
Le boulanger spécialisé dans ce domaine pas très connu mais pourtant essentiel est Marc Allaire. Il fait des pains au levain sans levure industrielle mais donne aussi des cours pour montrer comment fabriquer du pain artisanal de qualité durable (conservation 5 à 7 jours) et bon pour la santé avec des coûts de production tout à fait raisonnables, voir inférieurs à ceux du marché.
Le chemin du nouvel arrivant
Comme expliqué ci-dessus, il a d'abord mis en valeur ses compétences en rencontrant des experts et en montrant ce qu'il sait faire.
Deuxièmement, il a commencé à faire des petits travaux, par exemple chez le boulanger, l'électricien ou le responsable de l'accueil des visiteurs étrangers, pour ensuite développer des compétences transversales comme la capacité de former des gens.
Il va donc pouvoir assez rapidement (entre un minimum d'1 an et un maximum de 15ans) monter sa propre micro-entreprise. Sans être une obligation, c'est une expérience extrêmement enrichissante pour développer des compétences de responsabilité, de transfert de savoir-faire, de formation permanente, de culture du partage, de la citoyenneté et au final pour s'accomplir en tant qu'être humain, qui se construit tout en construisant son environnement.
Une personne qui arrive avec l'objectif d'être autonome tout en transférant son savoir-faire à d'autres va donc, en parallèle à son travail, bénéficier de différentes formations théoriques et pratiques qui lui permettront de développer des expertises.
Que gagne-t-on et que peut-on faire avec ce que l'on gagne?
L'élément central du revenu est le nombre d'heures de travail nécessaires pour vivre dignement. Le principe est le suivant: une personne qui a un niveau d'expert doit être capable de fournir un travail dans n'importe quel domaine pour une durée maximum d'environ 25 heures par semaine (ce chiffre peut changer avec une certaine marge mais doit rester modeste. On ne doit jamais arriver à 40 heures par semaines et il sera difficile d'arriver à moins de 20. L'idée est donc d'osciller entre 22 et maximum 30 heures par semaine).
Avec ces 30 heures de travail efficaces par semaine, le travailleur a un crédit qu'il peut utiliser pour l'accès à l'ensemble des ressources, logement, nourriture; des possibilités de passer une dizaine d'examens par année avec des cours de certification, etc.
Concrètement, une personne travaille environ 25 heures par semaine en respectant les critères qualité du bon assistant en boulangerie et en travaillant à un rythme soutenu mais selon les critères de travail définis par le bureau du travail, c'est-à-dire:
- pauses possibles chaque heure
- formation continue
- bienveillance
- possibilité de bénéficier d'aide en cas de maladie ou d'invalidité
Elle aura en contrepartie accès à un logement, la nourriture de base, la formation et aux activités culturelles. En conséquence, si une personne travaille 25 heures en fournissant une qualité impeccable, elle peut utiliser le reste de son temps pour se former, vivre en société, échanger, se développer personnellement, avoir une vie de famille, monter des projets personnels hors de toute logique économique, etc.
La micro-entreprise
Le chemin du nouvel arrivant
Les étapes d'insertions professionnelle:
- découvrir sur place, comprendre l'équilibre entre école et génération de revenus
- faire son diagnostique et présenter sa candidature
- être accepté dans l'école et obtenir le statut de micro-entrepreneur indépendant
- démarrer, créer la confiance avec des prestataires, découvrir plusieurs opportunités
- faire son trou, avoir une situation stabilisée, où on est partenaire, associé, assistant, collaborateur ou suppléant d'une personne ou d'un groupe de personnes qui fournissent une ou plusieurs prestations dans un ou plusieurs domaines
- devenir maître de formation et transférer son savoir-faire à d'autres
- sortir du système, arrêter de générer des revenus, parce qu'on a au moins 75 compétences et qu'on a demandé à sortir du système, car il faut le demander, à partir là la personne n'a plus besoin d'utiliser des outils informatiques. Et parce qu'elle a tellement montré qu'elle était équilibrée, qu'elle avait le sens du bien commun, qu'elle avait bien compris, elle fait ce qu'elle veut. N'importe quand des gens peuvent réintroduire une requête pour qu'elle doive réintégrer le système en disant que ça ne joue pas (mais ça c'est déjà un truc qui s'appelle la consécration, article à part entière dans le fonctionnement → les sages, qui ont démontré qu'ils avaient les 75 compétences et qui ont exprimé le vœu de sortir du système financier.)
Gagner sa vie
Comment ça fonctionne?
Le principe de base, c'est que les gens font des petits boulots, ça leur prend peut-être une journée, une semaine, ça peut même prendre deux heures ; c'est des petites activités. Au début ils vont colmater les brèches, ils vont là où ça manque, parce qu'il y a toujours un endroit où ça manque, y a toujours des gens qui se disent « bon le mois prochain je ferai un peu plus, et le mois d'après je ferai un peu moins, etc. » C'est souvent des activités assez sympa, par exemple cuisiner en équipe en écoutant de la musique, avec précision et qualité, mais quand même dans une ambiance très chaleureuse et amicale. Souvent les gens travaillent en petites équipes où par exemple y en a un qui connaît bien, les autres lui demandent et il montre ; c'est du transfert de savoir-faire informel. Donc au début les gens font faire ça : prendre ce qui est disponible, donner des coups de mains, à gauche à droite, et être payés pour avoir donné des coups de mains. Le terme officiel c'est main d’œuvre, homme à tout-faire, assistant, etc. Et finalement on va lui dire « Ah mais là t'étais vraiment bon! Tu pourrais faire un peu plus!La prochaine fois qu'il y a une place qui se libère dans notre équipe, je te proposerai d'y entrer comme associé, ou comme partenaire, etc. Tu pourras travailler à mi-temps chez nous. » ça peut être n'importe quoi, par exemple l'équipe qui gère les infrastructures sportives, même des gens qui ont des compétences artistiques, y a toujours des activités musicales le samedi soir, et y a des cachets pour les artistes. Ça pourrait donner par exemple « Ce que vous avez fait à la soirée bénévole Jam session de mardi soir, c'était vraiment bien, vous avez été défrayé, ben là vous pouvez revenir et vous serez payé un peu mieux... » C'est toujours l'idée de faire ses preuves petit à petit. Donc la personne va gagner plein de petits morceaux de sous, et elle va dire « moi je passe mon temps à utiliser le système informatique, à devoir chaque fois valider, redemander des paiements, c'est compliqué, j'aimerais avoir quelque chose où j'ai pas tout le temps à utiliser cet ordinateur à ce point-là, ou à faire appel à un médiateur pour utiliser l'ordinateur, j'aimerais faire un travail un petit peu plus régulier, j'aimerais générer des revenus... » Et on va lui dire « Ben écoutes si tu veux générer des revenus de manière un peu régulière, ben faut que tu crées la confiance chez un des maîtres d'apprentissage... ». Et il va devenir l'assistant, le partenaire, le collègue, l'ami d'un maître d'apprentissage, et c'est son but, c'est la deuxième étape, c'est de s'intégrer. Puis chaque mandat aura une certaine somme, pour un certain nombre d'heures de travail, pour un résultat – parce qu'il y a aussi les travaux au résultat et les travaux à l'heure, ça dépend un petit peu des prestations qu'on fournit – et voilà la personne listera tout ce qu'elle est capable de faire, elle le fera et elle génère ses revenus, et les stabilise progressivement en ayant des sources moins diversifiées, mais par contre elle a une confiance qui est créée et elle garde toujours au minimum trois-quatre clients. Mais par exemple une personne « classique » pourrait être en même temps infirmier pour les personnes âgées, payé à la tâche en fonction des situations, médiateur Internet, assistant de renfort pour les moments difficiles, en même temps disponible pour l'accueil des touristes, et en même temps avoir une responsabilité générale régulière d'entretien du jardin botanique. Voilà une situation classique d'une personne au sein du groupe : il y a un aspect technique pour le jardin botanique, y a un aspect social pour l'accueil des touristes pendant la saison haute, y a un aspect socio-technique pour l'infirmer qui doit être en même temps capable d'écoute et de panser des plaies. Pour chacune des compétences, il y aura des outils spécifiques, pour l'un ce sera un téléphone pour se faire appeler parce qu'il est infirmer, pour le jardin botanique, ce sera de travailler à distance avec un chef botanistes qui a donné le réseau de contact des botanistes de la région et des botanistes internationaux à qui on peut poser des questions en cas de problème, en même temps c'est aussi un peu pédagogique parce qu'il doit faire l'accueil des gens, etc.