Du citoyen au netoyen : Différence entre versions

De Wiki livre Netizenship
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A bien des égards, les pratiques de la citoyenneté numérique donnent de nouvelles saveurs aux droits des générations futures à bénéficier des mêmes opportunités que les générations actuelles. Car la netoyenneté est bien souvent le résultat d'une prise de conscience et d'un développement de l'esprit critique face aux médias numériques. Elle permet de prendre ses responsabilités plus que jamais, car on peut voir les traces de chaque contribution, ce qui renforce la motivation à agir pour le bien commun, dans un cercle vertueux.
 
A bien des égards, les pratiques de la citoyenneté numérique donnent de nouvelles saveurs aux droits des générations futures à bénéficier des mêmes opportunités que les générations actuelles. Car la netoyenneté est bien souvent le résultat d'une prise de conscience et d'un développement de l'esprit critique face aux médias numériques. Elle permet de prendre ses responsabilités plus que jamais, car on peut voir les traces de chaque contribution, ce qui renforce la motivation à agir pour le bien commun, dans un cercle vertueux.
Laura Timonen et Vilma Luoma-aho ont analysé l'évolution citoyenne depuis la Grèce Antique jusqu'à l'ère numérique. Elles ont publié leurs résultats sous la forme d'un tableau récapitulatif (ici traduit de l'anglais)<ref>[http://www.jyu.academia.edu/ www.jyu.academia.edu]<ref/>.
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Laura Timonen et Vilma Luoma-aho ont analysé l'évolution citoyenne depuis la Grèce Antique jusqu'à l'ère numérique. Elles ont publié leurs résultats sous la forme d'un tableau récapitulatif (ici traduit de l'anglais)<ref>[http://www.jyu.academia.edu/ www.jyu.academia.edu]</ref>.
  
  

Version du 18 juillet 2016 à 12:38

Notions-clés : E-environnement, citoyen, netoyen, cybercitoyenneté, conscience, culture.incivilité numerique ,action citoyenne,action netoyenne,ere numerique,eportfolio,utilis acteur

Profils-clés : Laura Timonen, Vilma Luoma-aho.


Dans une jolie chocolaterie d'un quartier chic du centre-ville de Genève, un petit panneau rédigé en chinois stipule une étrange consigne : « Veuillez s'il vous plaît ne pas cracher par terre ». Pourquoi ce message, et pourquoi en chinois ? Parce qu’en Chine, cracher par terre est une pratique courante – dans la rue, mais aussi dans les transports publics et dans les magasins. En Suisse, cet acte culturel est vécu comme une incivilité, principalement en raison de critères hygiéniques.

Mettons-nous maintenant à la place d’un citoyen du net averti : il a conscience qu'envoyer une pièce jointe en format .doc peut poser problème à certains destinataires qui n'ont pas opté pour un traitement de texte sous licence propriétaire. Ils pourraient donc ne pas pouvoir accéder au contenu. Notre citoyen du net sait également qu'envoyer un courriel à tous ses contacts sans utiliser la fonction copie cachée constitue également un manque de respect de la vie privée et peut favoriser la propagation des virus informatiques. Il a intégré le fait qu'écrire tout un message en majuscules équivaut à crier, ce qui n’est pas spécialement courtois.

Ce citoyen du net contemple ainsi avec dépit et surprise le comportement des internautes qui n'ont pas développé la même culture que lui. Exactement comme nous regardons, effarés, les Chinois qui crachent par terre dans les chocolateries.

Le rapprochement peut sembler excessif. En fait, il permet de souligner la relativité des perceptions et l'aspect graduel de tout apprentissage culturel[1]. Les Chinois cracheurs n'ont pas conscience qu’ils choquent les étrangers. De même, les internautes faisant preuve d’incivilité numérique n'ont pas conscience de la détérioration qu'ils imposent à l'espace de l'information publique.

Après une lente éclosion puis une maturation difficile, la notion de citoyenneté semble aujourd'hui bien établie. Chacun est citoyen d'un état géographiquement délimité. Le citoyen a des droits et des devoirs. Le mot citoyen a même connu une nette progression de sa popularité au cours des dernières années, au point de se décliner désormais dans de multiples expressions (actions citoyennes, comportements citoyens, etc.) qui reviennent de plus en plus souvent dans les discours politiques et ceux 1des collectivités [2]. Mais cette citoyenneté s’est banalisée et certains en viennent à oublier les devoirs élémentaires qu'elle requiert.

Ainsi, dans les démocraties modernes, tout le monde – ou presque [3]. aujourd’hui le droit de vote. C'est un fait acquis. Est-ce pour cette raison que les taux de participation aux élections ne cessent de faiblir d’un vote à l’autre [4]. Les avantages de la citoyenneté sont-ils solubles dans sa généralisation ? On ne peut nier la crise de la confiance qui atteint globalement les démocraties modernes [5], exprimée par la méfiance des citoyens envers leurs élus et leurs administrations publiques, par l’absentéisme électoral, voire par des émeutes. Cette crise de confiance contribue elle aussi au désintérêt apparent pour la citoyenneté.

Néanmoins, avec l’arrivée d’un internet grand public, un nouveau type de citoyenneté s'est développé. Il peut être considéré comme le prolongement, voire l'approfondissement, de la citoyenneté classique. Certains utilis'acteurs[6] des outils numériques ont en effet compris tout l’intérêt que pouvait représenter le lancement rapide et à grande échelle d’actions citoyennes. Cette culture de la citoyenneté numérique, que l'on pourrait appeler netoyenneté, se développe elle aussi par étapes successives.

Ainsi, le grand public n'a pas encore pris toute la mesure de l'amplification que les nouveaux réseaux pouvaient offrir à la citoyenneté. Certains internautes, encore plongés dans une phase de fascination ludique devant des objets numériques – d'une grande complexité technologique – qui leur font face, n’en exploitent pas les potentialités.

Une personne netoyenne participe activement à cette société de l’information. Elle aide d’autres internautes dans des forums. Elle commente et enrichit les débats l’air de rien, en passant par là. Elle alimente son ePortfolio, centre névralgique réunissant toutes ses contributions, futur standard probable pour sa vie professionnelle. Elle surfe sans publicité et dans des réseaux sociaux co-animés par des passionnés aux mêmes centres d’intérêts qu'elle. Elle consulte ses pairs plutôt que des experts. Elle s’affranchit des distances et offre ses services en télétravail. Elle diversifie ses activités tant sociales que professionnelles. Elle s’autoforme en permanence, se remet en question et s’ouvre à de nouveaux horizons. Tout cela est possible grâce aux propriétés mêmes du numérique [7]

De nouvelles saveurs pour la culture des biens communs

A bien des égards, les pratiques de la citoyenneté numérique donnent de nouvelles saveurs aux droits des générations futures à bénéficier des mêmes opportunités que les générations actuelles. Car la netoyenneté est bien souvent le résultat d'une prise de conscience et d'un développement de l'esprit critique face aux médias numériques. Elle permet de prendre ses responsabilités plus que jamais, car on peut voir les traces de chaque contribution, ce qui renforce la motivation à agir pour le bien commun, dans un cercle vertueux. Laura Timonen et Vilma Luoma-aho ont analysé l'évolution citoyenne depuis la Grèce Antique jusqu'à l'ère numérique. Elles ont publié leurs résultats sous la forme d'un tableau récapitulatif (ici traduit de l'anglais)[8].


Evolution des attentes et des définitions citoyennes

Type de citoyenneté
Particularités de cette citoyenneté
Grèce Antique
Seuls les hommes libres peuvent être actifs politiquement. Ils considèrent la citoyenneté comme un privilège.
Libéralisme
Relation individuelle avec l’État. L'accent est mis sur les droits citoyens. L’État est garant de ces droits.
Communautarisme
L'accent est mis sur la communauté, la participation et l'identité commune. La communauté s'auto-gouverne.
Vision tripartite de Marshall
Une division doit être opérée entre les droits civils, politiques et sociaux.
Globalisation
Va au-delà de l’État-nation et entrevoit peut-être une citoyenneté civile globale. Protection des consommateurs. Investissements éthiques.
Ère numérique
Citoyenneté numérique (netoyen), technologique, urbaine, culturelle, écologique.


L’exemple des cracheurs chinois vu précédemment peut être complété par une multitude d’autres comportements dictés par notre culture. Certains d’entre eux peuvent trouver leur équivalent dans le monde numérique comme le propose le tableau ci-après :

Tableau des comportements citoyens et netoyens

Contexte
Action Citoyenne
Action netoyenne
Écologie
Trier ses déchets. Ne pas envoyer de pièces jointes trop volumineuses. N'imprimer que si c'est vraiment nécessaire.
Respect des choix d'autrui
Utiliser un langage non-discriminatoire[9] qui ne stigmatise pas ceux ayant des choix et des pratiques différentes des nôtres. Utiliser des formats ouverts pour les échanges d'informations par voie électronique.
Économiser les ressources de l'écosystème
Ne pas gâcher l'eau, l'électricité et toutes les ressources naturelles. Ne pas dupliquer des contenus là où un simple lien suffirait, ne pas télécharger des documents dont on n'a pas l'utilité, envoyer un lien vers une ressource plutôt que le document lui-même à plusieurs destinataires.
Respect des travailleurs
Acheter des marchandises issues du commerce équitable. Acheter des équipements électroniques dont les concepteurs respectent les droits des travailleurs.
Mobilisation
Manifester devant une centrale nucléaire. Élire le gouvernement de la ou des communautés thématiques dans lesquelles on contribue (Wikipedia, Debian, Creative Commons...).
Contribution
Ramasser une bouteille vide sur une plage. Corriger une faute dans Wikipedia ou écrire un courriel à l'auteur d'une page comportant des erreurs.
Intégration
Participer à l'intégration harmonieuse et à l'instruction civique des jeunes et des nouveaux arrivés (immigrés, nouveaux installés,...)

Rédiger des documents remis à tout nouvel arrivant afin qu'il puisse trouver ses repères.

Participer à l'intégration harmonieuse et à l'eCulture des jeunes et des migrants numériques.

Rédiger collaborativement des documents remis à tout nouvel internaute afin qu'il puisse trouver ses repères.

Débattre
Participer aux réflexions et débats sur le devenir de son quartier, de sa ville, de sa région ou de la Terre. Participer aux réflexions et débats sur le devenir de sa communauté en ligne, des sites relatifs ou d'internet.
Revendication
Initier ou signer une pétition. Initier ou signer une ePétition.

Notes et références

  1. Le terme d'acculturation recouvre deux sens différents. En psychologie sociale, il désigne le processus d'apprentissage par lequel l'enfant reçoit la culture de l'ethnie ou du milieu auquel il appartient. D'autre part, en anthropologie culturelle, il désigne les phénomènes de contacts et d'interpénétration entre civilisations différentes.
  2. Développement Durable et Comportement Citoyen du Consommateur , Béatrice Canel Depitre, Conférence sur les tendances marketing en Europe, Université Ca' Foscari de Venise (2000).
  3. Article « Droit de vote des étrangers », Wikipedia (consulté le 24.07.2014)
  4. Pourquoi si peu de jeunes exercent-ils leur droit de vote ?!, Thomas Laberge, comefornews.com (2010)
  5. Voir par exemple France 2013 : les nouvelles fractures,, Ipsos / CGI Business Consulting, Le Monde, Fondation Jean Jaurès et le Cevipof (2013).
  6. Voir l'article Les blogueurs et autres consom'acteurs, chapitre 4.
  7. Voir l'article Les propriétés fondamentales du numérique, chapitre 1.
  8. www.jyu.academia.edu
  9. Exemple de langage non-discriminatoire : le langage épicène