Les blogueurs et autres consomm'acteurs : Différence entre versions

De Wiki livre Netizenship
(Mots clés)
 
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'''Mots clés'''
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'''Notions-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/communication communication],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/journalisme journalisme], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/contribution contribution],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Consom%27action consom'acteur],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Consom'action consom'action],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=utilis%27acteur utilis'acteur], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/acteur acteur], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/consommateur consommateur], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22soci%C3%A9t%C3%A9+de+l+information%22 société de l'information],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/2.0 web2.0], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/wiki wiki], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/blog blog], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=micro+blog micro blog],[http://www.informaction.info/ inform'action],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Page_web_dynamique web dynamique],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Splog splog],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Spamdexing spamdexing],[http://www.webosphere.fr/ webosphère],[http://www.24heures.ch/suisse/faut-penser-droits-homme-numeriques/story/30962169 gouvernance],[https://fr.wikipedia.org/wiki/Mise_%C3%A0_jour_%28informatique%29  mise a jour], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=interaction interaction], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=medias+sociaux médias sociaux], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22r%C3%A9seau+social%22 réseau social]. ''
  
Communication, contribution, acteur, consommateur,  
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'''Profils-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/oreilly Tim O´Reilly],  
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''[https://fr.wikipedia.org/wiki/PageRank PageRank]'', [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Google ''Google''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/facebook ''Facebook''],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/twitter ''Twitter''], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Wikipedia ''Wikipedia'']''.
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L'homme n'est pas né avec internet. Bien avant la création du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités. Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une enquête d'opinion ou un sondage entreprenait de le consulter — trop rarement cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.
  
=== Il était une fois ... ===
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==Le numérique a tout bouleversé==
  
Oui, avant Internet, il y avait déjà des hommes. Ils '''communiquaient''' par oral en vis à vis. Puis ils ont créé les livres, les journaux, le téléphone, la radios et la TV. Mais dans cet ancien monde, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités au pouvoir. La qualité des projets se mesurait à la force des idées émises. L'avis du public était pris par sondage, mais ils avaient assez peu leur mot à dire dans la grande marche du monde. Et le numérique a tout bouleversé.
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Souvenez-vous de votre première vision du web. Vous avez lu des pages d'informations, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.
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Vous avez commencé à intervenir dans des forums :
  
Souvenez-vous de votre première vision du Web. Vous avez lu des pages d’information, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. N’était-ce qu’un simple moyen de '''communication''' parmi d'autres ? Progressivement vous avez compris que non. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d’une vitrine de magasin virtuel, vous pouviez devenir un vrai '''acteur'''. Vous pouviez vous mettre à intervenir dans des forums. Commenter des articles. Évaluer des produits. Définir vos préférences dans votre profil utilisateur d'une communauté virtuelle. Inviter tous vos amis sur un réseau social. Poster deas annonces. Vendre vos biens et services. Modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipedia. Et voir vos '''contributions''' affichés en temps réel sur toute une série de site-relais.
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* à commenter des articles ;
  
'''Contribution''', c'est le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde. En '''contribuant''', vous avez pu découvrir des options socio-techniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'information, poster, modifier, catégoriser/tagger, relayer, modérer… Elles permis aux simples spectateurs de devenir '''acteurs''' de cette société de l’information. C’est dans cette optique de '''consomm’action''' que les wikis ont été découverts, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs... qui sont autant d'applications de ce que l'on nomme maintenant les ''médias sociaux''.
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* à évaluer des produits ;
  
Leurs points communs : authentification, personnalisation, participation, interaction, confrontation, modération, auto-régulation, combinaison. Et tout cela instantanément, simultanément, sans pouvoir central, à coût très modeste. Le pouvoir citoyen à portée de clic. Une fois connecté au réseau des réseaux, on peut y créer son propre journal, maintenir son public en haleine dans un fil de discussion, interagir avec tout son carnet d’adresse dans l’espace et le temps, '''contribuer''' à son rythme à nos encyclopédies globales. Cette nouvelle culture de la '''consomm'action''' se propage comme un virus. C'est une vague de fond comme un tsunami. Elle entraînant au passage les anciens médias dans cette nouvelle manière de communiquer.
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* à définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle ;
  
Oui, la participation aux médias sociaux est au coeur de la '''transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée'''. Cette production participative améliore les nouvelles compétences cognitives comme la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Certains risquent aussi sont amplifiés. De nouveaux pièges émergent. Car les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans limite autre que notre conscience. Ils sont une nouvelle source d’information, un espace d’expression libre par excellence où se côtoient politiciens, artistes, commerçants et autres bipèdes, toutes générations et origines confondues. C’est pourquoi ''il existe autant de motivation à publier du contenu sur le Web que de… publications''. 
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* à inviter tous vos amis sur un réseau social ;
  
Dans les écosystèmes numériques la force d’un projet ne réside plus dans son idée mais par la quantité et la qualité des '''acteurs''' et de leurs '''contributions'''.
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* à poster des annonces ;  
Prenez un étudiant nourri par cette culture de la''' consomm’action'''. C’est tout naturellement qu’il chattera avec des camarades, commentera les résultats sportifs sur un forum, corrigera une erreur de date sur une page Wikipedia. Imaginez le choc qu’il vit lorsqu’il se retrouve assis sur un banc d’école à suivre un programme prédéfini sans pouvoir picorer et montrer sa force de '''contributeur''' de cette société de l’information.  Inversement imaginez une personne qui a appris à disserter sur les bancs d’école, face à une page Wikipédia et à un chat elle aura une barrière psychologique et neurolinguistique. Elle sera  programmée pour attendre qu’on lui donne le cadre plutôt que de le cocréer elle-même. Elle ne se sentira pas légitimée malgré ses connaissances potentiellement intéressantes.
 
Certains les appellent''' prosommacteurs''' (Toffler, puis Tapscott), d’autres des nétocrates (Wired; Bard & Söderqvist), d’autres encore des '''utilis’acteurs''' (Rousseau & Bondolfi) ou''' webacteur''' (Pisani). Quel que soit le terme, l’intention est là. Les médias numériques sont l’œuvre de toute la société.
 
  
==== Le symbole du ''2.0'' ====
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* à proposer à la vente vos biens ou vos services ;
Technologiquement, la transition d'un web statique, alias ''web 1'' vers un web dynamique alias web2 s’est fait dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, éditeur de livres sur la culture informatique libre, a diffusé l'expression "web2.0" dès 2005. Elle s'est ensuite peu à peu déclinée dans tous les domaines, pour symboliser le changement culturel qu'apporte un web dynamique et participatif à notre société : gouvernance 2.0,
 
  
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* à modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipedia ;
  
=== Un XXIe siècle sous le signe de l'inform'action ===
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* et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.
  
2011, le Web a 20 ans. Avec ses centaines de millions de forums, wikis, blogs, réseaux sociaux , microblogs instantanés, on parle désormais de ''Webosphère''. Google, Facebook, Twitter et Wikipédia sont les plus connus. Cela représente des centaines de milliards d’articles et de billions de champs différents remplis (titre, corps du message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes). Le Web est le cœur de la convergence de tous les outils numériques qui possède une interface ouverte, standardisée en libre accès, accessible par tous les outils, téléphone, tablette, ordinateurs. Les sites les plus intéressants sont justement ceux où l’on peut interagir en commentant, modifiant, ajoutant des texte, images… Sans ces fonctions un site n’a pas un grand avenir. Quelle crédibilité donner à un site d’achat/vente entre particuliers en ligne s’il n’y a pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur et même l’acheteur ? Quelle légitimité a un scoop sur l’actualité mondiale publié par un blog indépendant s’il n’est pas possible de commenter et proposer des sources alternatives ? 
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Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options socio-techniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'informations, poster, modifier, catégoriser/taguer, relayer, modérer, etc. C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs... Toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les médias sociaux.  
  
D'autre part, si la dominance des médias sociaux semble évidente, la qualité des contenus n'est pas dans sa nature. Les fôtes d'ortograffe et 1 syntaxe maladroite ou sms sont nombreuses, mais bien que pas toujours. C koi ton pb ? Faut-il rejeter ces nouveaux médias sous prétexte d’un manque de crédibilité et de professionnalisme ? Ou, au contraire, saluer l’effacement progressif des barrières entre journalistes, dont c’est le métier, et de la fonction de "communicateur" comme base essentielle d’une citoyenneté active ? Le débat fait rage. On peut ici faire référence à la corporation des journalistes, détentrice du 4e pouvoir, qui dénigre l'idée que les médias sociaux soient des médias à part entière, voire les organes médiatiques de référence de demain. Ce faisant, les journalistes qui ne reconnaissent pas les bloggeurs comme leurs pairs répètent le modèle de toute les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Des précédents ? La corporation des chauffeurs de voiture au début du 20e siècle, qui fut choquée par l'idée que de simples quidam puissent diriger une automobile sans professionnel au volant pour aller au travail. Les samouraïs en 1870, qui refusèrent pour moitié de céder le pouvoir militaire à l'empereur, effrayé par l'idée de troquer leur statut de seigneurs de la guerre pour le statut de maître du commerce de la péninsule japonaise. Ceux qui acceptèrent, pourtant, ont conservé leur nom en haut de l'affiche : les fils descendants des samouraïs sont à la tête de grandes entreprises comme Sony ou Suzuki.
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Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs, notamment :
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* l'authentification ; [[Fichier:5608 164316.png|thumb]]
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* la personnalisation ;
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* la participation ;
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* l'interaction ;
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* la confrontation ;
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* la modération ;
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* l'autorégulation ;
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* la combinaison.  
  
D'autre effets pervers commencent à être connus tel que la dictature de l’immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers ''(voir tableau)''. Ce sont autant de pièges à éviter sur le chemin de la '''consomm’action'''. On comprend mieux pourquoi le web2 suscite les passions, mélange d'attirance et de répulsions.  
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Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et peu coûteuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de quelques clics. Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresses, de contribuer à son rythme aux encyclopédies globales.  
  
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Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un aliment bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer, même si nombreux résistent en paniquant plutôt que de remettre en question leurs pratiques.
  
=== Piano, sano, lontano ===
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La participation aux médias sociaux est au cœur de la transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question pour autant de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé (surdoses, arnaques, etc.).
  
Ces changements troublant induits par les médias sociaux peuvent jeter le doute. Toute transition ne peut s'effectuer sans dérives. Dérives qu'il s'agit de détecter précocement. Facebook, Twitter et Google revendent nos données, castrent notre vie privée ? C'est vrai, c'est un problème. Mais faut-il jeter le bébé Web 2.0 avec l’eau du bain des médias sociaux servant les intérêts de leurs actionnaires ? On voit pourtant que même les plus spéculatifs des médias sociaux sont des outils d’alerte, de renforcement de l’interaction, de la culture de la coopération synergique… Ils sont des outils au service de la démocratie, par exemple dans les mouvements arabes de 2011. Nous y retrouvons anciens camarades, y trouvons des opinions libres, des initiatives hors du commun, qui n'existent que par la force de ces médias participatifs.
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De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience et notre esprit critique, avec ses forces et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'informations et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants, etc. Toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le web explique le nombre des publications qui y fourmillent.  
  
Alors, plutot que méfiance, visons le débat. Mettons les bons gardes-fous. Distinguons les fonctions de médias sociaux, potentiellement excellente, des produits comme Facebook ou Twitter, dont les intentions sont très discutables. Il n’est jamais trop tard pour (re)trouver confiance dans ce Web 2.0 en devenant un''' acteur''' à part entière, car partout on trouve des pionniers bienveillants, qui au-delà de leur statut influent ont fait des '''contributions''' significatives. Des gens éveillés qui vont encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés, leurs élèves à devenir des''' consomm’acteurs''' conscients, critiques, rigoureux, sensibles aux sources, apprenant à jongler élégamment avec les risques et opportunités. Plus que de simples '''consommateurs''', en les accompagnant dans leurs premières '''contribution''', ils favorisent leur développement personnel, social et professionnel. Et puis il y a Wikipedia, avec plus de 100'000 '''contributeurs''' actifs, dont une majorité de moins de 20 ans. Il y a les réseaux sociaux éthiques comme Diaspora Zen3. La liste est si longue.
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Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés et de leurs contributions.  
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Nous sommes en plein naissance d'une nouvelle espèce, heureusement qu'il y a des accoucheurs qui modèrent les blogs, créent des plate-formes de média sociaux éthiques, évitent les pièges. Ils ont '''contribué'''. Ils ont fait leur part. Tout doucement, sainement, pour aller loin. Peut-être suffit-il de donner de la force à ces pionniers, de les mettre en valeur pour avoir eu d’avoir le courage de nager à contre-courant ?
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Ainsi, un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à tchatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipedia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et là comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur.  
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Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipedia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre tchat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais créer soi-même son cadre ne semble pas évidente.
  
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Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leurs nouvelles connaissances légitimées, certains parlent de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres de nétocrates (Wired, Bard & Söderqvist) ou encore d'utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indique clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création, son œuvre.
  
{| class="wikitable"
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{| class="wikitable"  
|+ '''Social media: blogs, wikis et autres '''consomm'actions''''''
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|+ ''Social media : blogs, wikis et autres '''consomm'actions''''' <ref> Extrait d'un diaporama réalisé par David Fayon, [http://fr.slideshare.net/BertrandSoulier/intervention-de-david-fayon-vulcania#btnNext ''Les réseaux sociaux au coeur du web 2.0 et du web de demain'']. Avec l’aimable autorisation de l’auteur. Copyright David Fayon. Licence CC-BY-SA.</ref>
 
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! Leaders dans le domaine
 
! Leaders dans le domaine
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! Les wikis
 
! Les wikis
| Wikimédia et son projet phare Wikipédia
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| Wikimedia et son projet phare Wikipédia
| Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications comme la mise à jour, le retour à une version précédente...
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| Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications
| Guerre des clochers
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| Guerre de clochers
| Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main
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| Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main
| Patrimoine de l'humanité, 100% licence libre, simple et fiable
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| Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
 
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! Les "weblog" ou "blogs"
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! Les « weblogs » ou « blogs »
| Open Diary, Live Jounral, Blogger
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| Aucun leader, nombreuses plates-formes
 
| Court, moyen terme
 
| Court, moyen terme
 
| Faible qualité des contenus
 
| Faible qualité des contenus
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| Société de spectacle
 
| Société de spectacle
 
| La distance n'est plus un problème
 
| La distance n'est plus un problème
| Parc public, marché de l'amitié, dès 13ans
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| Parc public, marché de l'amitié, dès 13 ans
 
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! Les "Instant" ou "micro-blogs"
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! Les « Instant » ou « micro-blogs »
 
| Twitter
 
| Twitter
 
| Très court terme
 
| Très court terme
 
| Dictature de l'immédiat
 
| Dictature de l'immédiat
| Outils "d'avis à la populace"
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| Outils « d'avis à la populace »
| 144 caractères, style sms, roi du mobile, alerte immédiate  
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| 140 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate  
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|}<small><nowiki>* Liste non exhaustive</nowiki></small>
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==Le symbole du web 2.0==
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La transition technologique d'un web statique, alias web 1 vers un web dynamique - web 2 - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier, en 2005, à diffuser l'expression web 2.0. Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.
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|'''Splog<ref>Article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Splog « Splog »], Wikipedia (consulté le 24.07.2014).</ref>'''
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Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif. « Un splog, parfois francisé en splogue (mot-valise issu de la contraction des mots spam et blog), désigne aussi un blog dont le but est d'augmenter la cote PageRank de Google d'un ou de plusieurs sites affiliés ou de servir de pointeur vers d'autres sites web à indexer. Il s'agit d'un type de référencement abusif (spamdexing) ».
 
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* Liste non exhaustive
 
  
=== Slashdot.org et Linuxfr.org ===
 
  
Ces deux sites web, le premier anglophone et le second francophone, créés respectivement en 1997 et 1998 traitent de l'actualité informatique. La particularité qu'ils ont développée depuis la fin du XXe siècle est de permettre aux utilisateurs de commenter librement le contenu publié. Afin d'éviter tout abus, remarques fallacieuses ou trolls, ils utilisent un système d'autorégulation des usagers inscrits. Ceux-ci possèdent un karma virtuel qui augmente pour toute '''contribution''' améliorant la qualité du site et offrant des informations intéressantes. A l'inverse, le karma diminue si les commentaires sont jugés inutiles ou partiales.
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==Le siècle de l'inform'action==
  
Avec Wikipedia c'est probablement l'agora la plus raffinée, démocratique et consciente des enjeux socio-techniques des médias sociaux.
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En 2011, le web a eu 20 ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs<ref>Article [https://fr.wikipedia.org/wiki/Blog « Blog »], Wikipedia (consulté le 24.07.2014).</ref>, réseaux sociaux, microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de webosphère. En 2015, Google, Facebook, Twitter et Wikipedia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titres, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes, etc.), le web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants - smartphones, tablettes, ordinateurs...  
Méconnus du grand public ce sont ces membres qui font et défont les technologies sur des critères tant technologiques qu'éthiques. Il y a tant à dire que leur commmunauté vaudrait bien une collection de livres à part entière.
 
  
=== Splog ===
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Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.
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Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et une syntaxe maladroite issues le plus souvent du langage SMS sont fréquentes : « C koi ton pb ? ». Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active, source de créativité et d'innovation.
  
Le splog est au blog ce que le spam est au mail. En clair le splog est un commentaire en général désagréable est inutile posté sur un blog, pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif
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Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront, peut-être demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs, ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi, la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XXe siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail...
  
=== Réseaux sociaux: 1, Pornographie: 0 ===
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Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheur de passions, le web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion
  
Dans son Best-seller ''Socialnomics'', Erik Qualman met en lumière des statistiques impressionnantes sur les réseaux sociaux. L'une d'elles nous apprend que la pornographie a été détrônée, après des années de suprématie par... Facebook et ses frères.
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==Discernement, engagement, accompagnement==
Visionnez cette vidéo pour de plus amples informations:
 
[http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57]
 
  
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Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables. 
  
=== Deux mantras de la culture Web ===
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Pour (re)trouver confiance dans ce web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés, à devenir des consom'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés.
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En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces maîtres-passeurs participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.
  
"Publier tôt, mettre à jour souvent"
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Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipedia, dont une majorité de moins de 20 ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talents.
  
"Briller ou disparaître"  
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{|class="wikitable"
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|'''Deux mantras de la culture web'''
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''Publier tôt, mettre à jour souvent''. Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier, à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre et ainsi à obtenir des contributions dès le début.
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Briller ou disparaître
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<ref>[http://appli6.hec.fr/amo/Public/Files/Docs/107_fr.pdf Les passeurs et leur vision de la société de connaissance], Diane de Zelicourt, Observatoire du Management Alternatif, HEC, Paris (2009). Pour aller plus loin, voir la vidéo Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman) ainsi que la vidéo Social Media Revolution 2 (sous-titrée français).</ref> . Il encourage à toujours contribuer, à ne pas perdre son engagement ou encore à accepter de perdre son statut de leader.
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==Quiz : comment publier un document sur le web ?==
  
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Dans le cadre d'une formation, des camarades et moi-même avons produit en groupe un document d'une centaine de pages. Sachant que l'intérêt de ce travail dépasse le cadre dans lequel il a été produit, mes collègues et moi-même souhaitons le publier sur internet pour toucher un large public. Quelles stratégies sont adéquates ? (Plusieurs bonnes réponses) :
  
=== Sources d'information et contenus connexes ===
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1. L'envoyer en format .doc ou .docx par courriel en pièce jointe, à toutes les personnes que l'on connaît, en leur demandant de l'envoyer à leurs amis ;
  
http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog
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2. mettre le document à disposition sur mon site web, en format texte, RTF, HTML et/ou PDF ;
  
http://fr.wikipedia.org/wiki/Splog
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3. plutôt que de le publier sur internet, chercher un éditeur pour une publication papier ;
  
TAPSCOTT Don, Williams Anthony D., Wikinomics, Pearson Education France, Paris, 2007.
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4. ça ne sert à rien car personne ne le lira, donc j'interdis à mes camarades de le publier sur internet ;
  
=== Sources iconographiques ===
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5. chercher un site spécialisé qui pourrait trouver un intérêt à mettre à disposition notre document, afin de profiter de leur public existant ;
  
http://www.journaldunet.com/cc/03_internetmonde/intermonde_blog.shtml
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6. publier le document sur un moteur de recherche populaire afin que le plus grand nombre puisse le trouver.  
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==== Vidéos ====
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Réponses du quiz
Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman)
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La 2 et la 5.
[http://www.youtube.com/watch?v=x0EnhXn5boM&feature=player_embedded#at=57]
 
  
Social Media Revolution 2 (sous-titrée français)
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== Notes et références==
[http://www.youtube.com/watch?v=dP-UxL3KADA]
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<references/>

Version actuelle datée du 20 juillet 2016 à 13:12

Notions-clés : communication,journalisme, contribution,consom'acteur,consom'action,utilis'acteur, acteur, consommateur, société de l'information,web2.0, wiki, blog, micro blog,inform'action,web dynamique,splog,spamdexing,webosphère,gouvernance,mise a jour, interaction, médias sociaux, réseau social.

Profils-clés : Tim O´Reilly, PageRank, Google, Facebook,Twitter, Wikipedia.


L'homme n'est pas né avec internet. Bien avant la création du réseau, il communiquait déjà avec ses semblables, de manière orale et en face à face. Ensuite il a créé le livre, la presse, le téléphone, la radio, la télévision. Mais dans le monde qui était alors le sien, les informations étaient rares, contrôlées par des minorités. Le citoyen lambda pouvait certes, à l'occasion, donner son avis sur la marche du monde, lorsqu'une enquête d'opinion ou un sondage entreprenait de le consulter — trop rarement cependant, pour le responsabiliser et l'impliquer autant qu'il aurait pu le souhaiter.

Le numérique a tout bouleversé[modifier]

Souvenez-vous de votre première vision du web. Vous avez lu des pages d'informations, comme on lit un livre. Vous avez traité des messages, comme on traite un courrier postal. Et peu à peu, vous avez compris que vous n'aviez pas affaire à un moyen de communication tout à fait comme les autres. De simple utilisateur d’un bureau de poste ou d'une vitrine de magasin virtuel, vous vous êtes senti devenir progressivement acteur.

Vous avez commencé à intervenir dans des forums :

  • à commenter des articles ;
  • à évaluer des produits ;
  • à définir les préférences de votre profil utilisateur au sein d'une communauté virtuelle ;
  • à inviter tous vos amis sur un réseau social ;
  • à poster des annonces ;
  • à proposer à la vente vos biens ou vos services ;
  • à modifier une page créée par un autre internaute, par exemple sur Wikipedia ;
  • et à voir vos contributions affichées en temps réel sur une succession de sites-relais.

Le mot de passe pour entrer dans ce nouveau monde, c'est la contribution. En contribuant, vous avez pu découvrir des options socio-techniques réservées aux utilisateurs enregistrés : paramétrer le flux d'informations, poster, modifier, catégoriser/taguer, relayer, modérer, etc. C'est ainsi que les simples spectateurs ont pu devenir les acteurs de cette nouvelle société de l'information. C'est dans la même perspective de consomm'action qu'ont été imaginés les wikis, puis les blogs, les réseaux sociaux, les microblogs... Toutes ces applications qui constituent ce que l'on appelle aujourd'hui les médias sociaux.

Ces médias sociaux ont des règles et des usages communs, notamment :

  • l'authentification ;
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  • la personnalisation ;
  • la participation ;
  • l'interaction ;
  • la confrontation ;
  • la modération ;
  • l'autorégulation ;
  • la combinaison.

Leur utilisation est instantanée, ouverte à la simultanéité, affranchie de toute autorité centrale et peu coûteuse. Le pouvoir citoyen est soudain à portée de quelques clics. Une fois connecté au réseau des réseaux, il est possible de créer son propre journal, de maintenir son public en haleine au gré d'un fil de discussion, d'interagir dans l'espace et le temps avec l'ensemble de son carnet d’adresses, de contribuer à son rythme aux encyclopédies globales.

Cette nouvelle culture de la consomm'action se propage comme un aliment bénéfique, elle déferle comme une lame de fond. Et dans son élan, elle entraîne les anciens médias invités à s'adapter à cette nouvelle manière de communiquer, même si nombreux résistent en paniquant plutôt que de remettre en question leurs pratiques.

La participation aux médias sociaux est au cœur de la transformation de notre mode de fonctionnement et de pensée. Ce mode de production participatif optimise les compétences cognitives telles que la perception, le raisonnement, la conscience, le langage, l'intelligence et la transdisciplinarité. Il n'est pas question pour autant de faire preuve d'angélisme : de nouveaux risques sont apparus, des pièges inédits jusqu'alors ont émergé (surdoses, arnaques, etc.).

De fait, les médias sociaux magnifient la diversité culturelle, sans autre limite que notre conscience et notre esprit critique, avec ses forces et ses faiblesses. Ils représentent à la fois une nouvelle source d'informations et un espace d'expression libre par excellence, où se côtoient politiciens, artistes, commerçants, etc. Toutes générations et origines confondues : la multiplicité des motivations à publier sur le web explique le nombre des publications qui y fourmillent.

Au sein de ces écosystèmes numériques, la force d'un projet ne procède plus de son concept originel mais de la quantité et de la qualité des acteurs concernés et de leurs contributions.

Ainsi, un étudiant nourri par cette culture de consomm'action, exercé à tchatter avec ses camarades, à commenter les résultats sportifs sur un forum dédié ou à corriger telle ou telle imprécision sur une page Wikipedia, supportera de plus en plus difficilement de devoir rester assis dans une salle de cours à suivre un programme prédéfini : impossible pour lui de picorer ça et là comme il en a l'habitude et de faire la démonstration de sa force de contributeur.

Inversement, quelqu'un qui n'aura appris à réfléchir et à disserter que sur les bancs de l'école se trouvera aussi déconcerté face à une page Wikipedia, effrayé par les barrières psychologiques et neurolinguistiques du moindre tchat virtuel : quand on a été programmé pour recevoir un cadre donné établi par d'autres, l'idée qu'on peut désormais créer soi-même son cadre ne semble pas évidente.

Pour désigner ceux, de plus en plus nombreux, qui aspirent à voir leurs nouvelles connaissances légitimées, certains parlent de prosommacteurs (Toffler, puis Tapscott), d'autres de nétocrates (Wired, Bard & Söderqvist) ou encore d'utilis'acteurs (Rousseau & Bondolfi) ou webacteurs (Pisani). Chacun de ces termes indique clairement que les médias numériques ne se contentent pas de s'adresser à l'ensemble de la société : ils sont sa création, son œuvre.

Social media : blogs, wikis et autres consomm'actions [1]
Leaders dans le domaine Durée de vie de l'information (tendance générale) Effets pervers* Effets positifs* Spécificités
Les wikis Wikimedia et son projet phare Wikipédia Moyen, long terme avec de nombreuses possibilités de modifications Guerre de clochers Culture de la coopération synergique où l'on s'entraide main dans la main Patrimoine de l'humanité, 100 % licence libre, simple et fiable
Les « weblogs » ou « blogs » Aucun leader, nombreuses plates-formes Court, moyen terme Faible qualité des contenus Encourage l'interaction libre par le biais de commentaires Journal de bord avec articles chronologiques
Les réseaux sociaux Facebook Court, moyen terme Société de spectacle La distance n'est plus un problème Parc public, marché de l'amitié, dès 13 ans
Les « Instant » ou « micro-blogs » Twitter Très court terme Dictature de l'immédiat Outils « d'avis à la populace » 140 caractères, style SMS, roi du mobile, alerte immédiate
* Liste non exhaustive

Le symbole du web 2.0[modifier]

La transition technologique d'un web statique, alias web 1 vers un web dynamique - web 2 - s'est produite dans le tournant des années 2000. Pour symboliser la maturité naissante de cette culture web participative, Tim O'Reilly, auteur d'ouvrages consacrés à la culture informatique libre, a été le premier, en 2005, à diffuser l'expression web 2.0. Elle a été progressivement déclinée dans tous les domaines et désigne aujourd'hui le changement culturel qu'un internet dynamique et participatif est à même d'apporter aux sociétés humaines : la gouvernance 2.0.

Splog[2]

Le splog est au blog ce que le spam est au mail : un commentaire en général désagréable et inutile, posté sur un blog et pointant en direction d'un autre blog à but commercial et lucratif. « Un splog, parfois francisé en splogue (mot-valise issu de la contraction des mots spam et blog), désigne aussi un blog dont le but est d'augmenter la cote PageRank de Google d'un ou de plusieurs sites affiliés ou de servir de pointeur vers d'autres sites web à indexer. Il s'agit d'un type de référencement abusif (spamdexing) ».


Le siècle de l'inform'action[modifier]

En 2011, le web a eu 20 ans. Fort de ses centaines de millions de forums, wikis, blogs[3], réseaux sociaux, microblogs instantanés, il justifie qu'on parle désormais de webosphère. En 2015, Google, Facebook, Twitter et Wikipedia en sont les planètes les plus célèbres. Peuplé de centaines de milliards d'articles et de billions de champs différents (titres, corps de message, pièces jointes, images, nombre de visiteurs, notes, etc.), le web est le cœur où convergent tous les outils numériques qui possèdent une interface ouverte, standardisée en libre accès et accessible par l'ensemble des outils existants - smartphones, tablettes, ordinateurs...

Les sites les plus intéressants sont ceux où il est possible d'interagir en commentant, modifiant, ajoutant textes ou images à la matière présente. Un site d'achat/vente entre particuliers qui ne proposerait pas de commentaires participatifs évaluant le produit, le vendeur, voire l'acheteur, aurait du mal à asseoir sa crédibilité. Il en irait de même d'un blog indépendant qui publierait un scoop sans s'ouvrir aux commentaires et aux sources alternatives.

Par ailleurs, si la prédominance des médias sociaux semble désormais incontestable, la qualité de leurs contenus n'est pas encore systématique, loin s'en faut. Les fôtes d'ortograffe et une syntaxe maladroite issues le plus souvent du langage SMS sont fréquentes : « C koi ton pb ? ». Leur imperfection actuelle pourrait conduire à rejeter en bloc les nouveaux médias, en vertu de leur manque de rigueur et de professionnalisme. Mais il y a là également matière à saluer l’effacement progressif des barrières entre le métier de journaliste et la fonction de communicateur : l'éveil possible d'une citoyenneté vraiment active, source de créativité et d'innovation.

Le débat est on ne peut plus actuel. Il engage notamment la corporation journalistique, détentrice du quatrième pouvoir, qui admet difficilement que les médias sociaux sont des médias à part entière et seront, peut-être demain, les médias de référence. Il est permis de se demander si les journalistes qui ne reconnaissent pas les blogueurs comme leurs pairs, ne tendent pas à reproduire le modèle de toutes les corporations dépassées par les ruptures technologiques. Ainsi, la corporation des chauffeurs automobiles, au début du XXe siècle, ne comprenait-elle pas qu'un simple quidam puisse aspirer à prendre lui-même le volant de sa voiture pour se rendre au travail...

Parmi les autres effets pervers propres au développement des médias sociaux, la dictature de l'immédiat, la société de spectacle et la guerre de clochers sont le plus souvent mises en avant. Autant de pièges à éviter sur le chemin de la consomm'action. Déclencheur de passions, le web 2.0 n'en finit pas de susciter fascination et répulsion

Discernement, engagement, accompagnement[modifier]

Réflexion et débat valent mieux que méfiance et repli. Il y a des garde-fous à mettre en place. Et il est en effet plus que jamais nécessaire d'exercer son discernement entre les différents médias sociaux, à l'utilité variable de l'un à l'autre. Les intentions de géants tels que Facebook ou Twitter sont ainsi très discutables.

Pour (re)trouver confiance dans ce web 2.0, le meilleur moyen est encore d'en devenir un acteur à part entière : les pionniers bienveillants sont légion et disponibles. Au-delà de leur statut influent, ils ne demandent qu'à encourager leurs étudiants, leurs collaborateurs, leurs pairs, leurs employés, à devenir des consom'acteurs conscients, critiques, rigoureux, sensibles à l'origine de leurs sources, capables d'apprendre à jongler élégamment avec les risques et les opportunités rencontrés.

En les accompagnant dans leurs premières contributions, ces maîtres-passeurs participent favorablement au développement personnel, social et professionnel de leurs émules.

Les 100 000 contributeurs actifs de Wikipedia, dont une majorité de moins de 20 ans, attendent eux aussi à bras ouverts les nouveaux venus. Grâce aux modérateurs de blogs, aux créateurs de plateformes sociales éthiques, aux guides discrets et bienveillants qui aident à éviter les nouveaux pièges, l'espèce qui naît sous nos yeux ne manque pas d'accoucheurs de talents.

Deux mantras de la culture web

Publier tôt, mettre à jour souvent. Il encourage à passer de l'idée qu'on doit attendre qu'une œuvre soit mûre pour la publier, à l'idée qu'il est mieux de publier l'intention, de mentionner le degré de maturité d'une œuvre et ainsi à obtenir des contributions dès le début. Briller ou disparaître [4] . Il encourage à toujours contribuer, à ne pas perdre son engagement ou encore à accepter de perdre son statut de leader.

Quiz : comment publier un document sur le web ?[modifier]

Dans le cadre d'une formation, des camarades et moi-même avons produit en groupe un document d'une centaine de pages. Sachant que l'intérêt de ce travail dépasse le cadre dans lequel il a été produit, mes collègues et moi-même souhaitons le publier sur internet pour toucher un large public. Quelles stratégies sont adéquates ? (Plusieurs bonnes réponses) :

1. L'envoyer en format .doc ou .docx par courriel en pièce jointe, à toutes les personnes que l'on connaît, en leur demandant de l'envoyer à leurs amis ;

2. mettre le document à disposition sur mon site web, en format texte, RTF, HTML et/ou PDF ;

3. plutôt que de le publier sur internet, chercher un éditeur pour une publication papier ;

4. ça ne sert à rien car personne ne le lira, donc j'interdis à mes camarades de le publier sur internet ;

5. chercher un site spécialisé qui pourrait trouver un intérêt à mettre à disposition notre document, afin de profiter de leur public existant ;

6. publier le document sur un moteur de recherche populaire afin que le plus grand nombre puisse le trouver.


Réponses du quiz La 2 et la 5.

Notes et références[modifier]

  1. Extrait d'un diaporama réalisé par David Fayon, Les réseaux sociaux au coeur du web 2.0 et du web de demain. Avec l’aimable autorisation de l’auteur. Copyright David Fayon. Licence CC-BY-SA.
  2. Article « Splog », Wikipedia (consulté le 24.07.2014).
  3. Article « Blog », Wikipedia (consulté le 24.07.2014).
  4. Les passeurs et leur vision de la société de connaissance, Diane de Zelicourt, Observatoire du Management Alternatif, HEC, Paris (2009). Pour aller plus loin, voir la vidéo Social Media Revolution 3 (4:15 version via Erik Qualman) ainsi que la vidéo Social Media Revolution 2 (sous-titrée français).