Fracture numérique : Différence entre versions

De Wiki livre Netizenship
m (En intro, mis les paroles de la chanson de Dutronc en italique)
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== '''Internet : une nouvelle source d’inégalités''' ==
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'''Notions-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22fracture+num%C3%A9rique%22 fracture numérique], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=in%C3%A9galit%C3%A9s inégalités],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22fracture%20%C3%A9conomique%22 fracture économique] [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/info-riches info-riches], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/info-pauvres info-pauvres], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22r%C3%A9seau+social%22 réseau social], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22digital+native%22 digital native], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22digital+native%22 digital migrant], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22acc%C3%A8s+libre%22 accès libre], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/exclusion exclusion], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22sagesse+des+foules%22 sagesse des foules], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22alphab%C3%A9tisation+num%C3%A9rique%22 alphabétisation numérique].''
  
''700 millions de Chinois, et moi et moi et moi... J'y pense et puis j'oublie, c'est la vie c'est la vie''. Dans les années 1960, quand Jacques Dutronc chantait cette chanson, ces 700 millions de chinois nous paraissaient si loin, si inaccessibles... Mais avec l'essor d'Internet, les distances se sont réduites. Vite. Beaucoup. Tout est plus près, plus facile d'accès, on rencontre la même personne par hasard dans deux pays différents et notre planète semble toute petite. Du moins, c’est ce que ressentent ceux qui ont la chance d’être du bon côté de la « fracture numérique ».
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'''Profils-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/wikileaks?dm=middle&page_num=0 Wikileaks],  
Fracture numérique, c’est le nom donné à l’inégalité d’accès aux nouvelles technologies, comme Internet. Alors que nous considérions à leurs débuts, que l’ordinateur et Internet n’étaient que des gadjets, nous savons aujourd’hui qu’il s’agit en fait de nécessités, partout dans le monde. Internet est devenu un réel enjeu de société… et une nouvelle source d’inégalités.
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''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/search?what=Albertine+Meunier+ Albertine Meunier], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/Nations-Unies Nations-Unies]''.''
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Internet est-il une nouvelle source d’inégalités ?<br>
  
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À leurs débuts, l'ordinateur et internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité de personnes dont c'était le métier (les informaticiens) et à quelques drôles d'individus qui préféraient bidouiller pendant leur temps libre plutôt que de prendre un bon bol d'air (les hobbyistes). L'informatique et le réseau internet ont, depuis les années 1990, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La circulation de l'information, souvent gratuite, favorise l'équité des chances et rapproche les personnes. La technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Mais, ô paradoxe, internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non-utilisateurs du net, amplifiant ainsi certaines inégalités qui préexistaient.
  
== '''L’isolement des plus pauvres''' ==
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Notons cependant que la société numérique n'a pas encore établi son utilité sociale. Internet doit encore faire ses preuves comme outil de justice sociale. Il ne supplantera sans doute jamais les relations interpersonnelles en face à face, même s'il peut jouer un rôle de facilitation dans bien des circonstances.
  
Sur Terre au début du 21e siècle, 2,6 milliards d'humains vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ils sont tout en bas de l'échelle sociale. Et, tout en haut, un cinquième de la population mondiale consomme à lui seul environ 90% des ressources disponibles. Ces chiffres ont été publiés dans un état des lieux alarmant des Nations Unies en 2010 [1].
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On a baptisé fracture numérique l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies de l'information. La notion même de fracture numérique est calquée sur celle de fracture sociale. Ceux qui sont du bon côté peuvent en principe disposer d’un accès à internet pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer, pour communiquer et même pour augmenter leur pouvoir d'achat (comparateurs de prix, sites de ventes privées à tarifs préférentiels, bons plans, etc.). Les autres connaissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils subissaient déjà : ils se retrouvent exclus d'une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.
  
Comment des différences aussi importantes sont-elles possibles ? Quand même, cela parait incroyable ! Si un paysan en Inde ou en Chine vend sa récolte à des commerçants de sa région, il devrait gagner suffisamment pour vivre dans la dignité, avec bien plus que 2 dollars par jour, même s'il est pauvre. Eh bien non, cela ne se passe pas souvent comme ça. Injustices, petites et grandes, sont monnaie courante. Pourquoi ? A cause du manque de formation pour accéder et produire de l'information de qualité. La plupart du temps, le manque d'information (ou sa faible qualité) amène les gens à ne pas connaître les différentes options qu'ils ont face à des choix qui régissent leur vie. Donc ils acceptent des situations qui les laissent dans un état de dépendance. Il est plus facile de recevoir du poisson que d'apprendre à pêcher. Il est plus facile de faire comme on a toujours fait, comme on nous a appris à faire ou comme nos parents faisaient, plutôt que de tenter de nouveaux comportements sociaux.
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Dans l'esprit de nombreux individus, la fracture numérique se résume à un accès au réseau inégal entre des régions du monde : entre le Nord, qui est hyperconnecté, et le Sud, qui est encore en dehors du circuit, ou entre les zones urbaines et les zones rurales. Cependant, cette fracture peut prendre plusieurs formes, qui dépassent largement les clivages géoéconomiques. La fracture est surtout sociale : elle crée des sociétés à plusieurs vitesses et une forme d'exclusion se crée ou se renforce.  
  
Donc comment réduire les fossés sociaux ? Bien des avis convergent : en favorisant l'équité des chances et en rendant les gens autonomes.  
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Cet article recense cinq formes de fractures : économique, géopolitique, culturelle, éducative et générationnelle.
A ce stade, devinette : qu'est-ce qui est compliqué ''à priori'' mais qui peut favoriser l'équité des chances et rendre les gens autonome s'il est bien utilisé ? Vous aviez pensé à Internet ? Bingo !
 
  
Si vous lisez ce livre, vous êtes probablement déjà bien informé, vous avez accès aux médias, à Internet. Et donc vous l'avez expérimenté : les technologies de l'information, dites "numériques", permettent d'accélérer les mouvements d'informations, d'avoir plus d'équité sociale, et de devenir plus autonome dans ses actions quotidiennes. Et vous avez aussi remarqué, peut-être sans y prêter attention, qu'Internet vous donne un avantage sur ceux qui n'y ont pas accès. Tout va plus vite : les décisions, et aussi l'impact des décisions.
 
  
Un train déraille dans une région bien connectée, et rapidement des transports alternatifs sont organisés. Dans une région mal connectée, tout le monde attend, les solutions s'organisent bien plus lentement, l'information passe mal.  
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== Fracture économique ==
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La fracture la plus évidente est économique. On la retrouve à une échelle globale qui montre des disparités gigantesques de connexion entre les pays : au tournant du millénaire, il y avait autant de lignes téléphoniques sur l'île de Manhattan que sur tout le continent africain.<ref>[http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PNABZ059.pdf ''Leland Initiative: Africa Global Information Infrastructure Gateway Project''], '''Jeff Bland''', (1996).</ref>
  
Un pauvre cherche une adresse, il fait du porte à porte, va à pied, demande dans la rue, perd du temps, et doit avoir beaucoup de force intérieure pour atteindre son but. Un riche utilise son GPS et son téléphone portable, fonce sur l'autoroute ; il a des filets de sécurité en permanence.
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Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment&nbsp;:
  
Une développeur de logiciels informatiques a du retard dans son travail, il ne sort plus de chez lui, commande des pizzas livrées à domicile ; et de l'autre côté de la chaine de production, des banlieusards travaillent dans une usine de fabrication de pâte à pizza dans un pays sans protection sociale ni sécurité au travail, pour satisfaire les besoins de l'informaticien. Difficile de trouver dans son quartier une pizzeria fonctionnant selon les principes de l'économie ''sociale et solidaire'', même si c'est parfois possible. Et difficile de trouver un ouvrier dans une usine agroalimentaire d'un pays pauvre qui utilise quotidiennement Internet pour s'informer, défendre ses droits, organiser ses loisirs, améliorer sa santé. Au contraire, l'émergence de l'informatique en réseau a accentué les inéquités sociales, globalisé le fast food, augmenté les écarts de revenus entre riches et pauvres, et cela au sein même de chaque pays.  
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* Les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens d'acheter des appareils informatiques ou d'en louer&nbsp;;
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* Les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans leur entourage ne peut encourager l'usage d'internet&nbsp;;
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* Les plus âgés, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.  
  
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Selon le Rapport sur le développement humain 2014 des Nations-Unies<ref> [http://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr14-report-fr.pdf ''Rapport sur le développement humain 2014''], '''Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)''', (2014).</ref>, les 2,7 milliards d'humains qui sont tout en bas de l’échelle sociale vivent avec moins de 2,5 dollars par jour. A l’opposé, les 85 personnes les plus riches du monde possèdent à elles seules l’équivalent de la richesse des 3,5 milliards d’êtres humains les plus pauvres.
  
== '''Le microcrédit : une porte de sortie ?''' ==
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Le manque de moyens empêche une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité : ils sont confrontés à une rareté de l'information. Vu que les nouvelles technologies permettent d'augmenter la qualité et la quantité des communications, les bien connectés sont plus autonomes, plus performants, plus intégrés socialement et professionnellement. Ce meilleur accès aux informations touche non seulement leurs actions quotidiennes mais aussi des situations exceptionnelles. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal.
  
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Mais une telle disparité existe aussi au niveau local : même une région très bien équipée peut compter des citoyens privés d'accès au réseau pour des raisons économiques. Même à Genève, qui est l'une des capitales du commerce mondial et le siège d'agences des Nations-Unies, vivent des info-pauvres sans ordinateur. Ils ont accès à moins d'informations, moins d'opportunités de travail et ont plus de difficultés à trouver leur place dans la société.
  
Alors quoi ? C'est comme ça ? Il faudrait se résigner à accepter que l'écart entre faibles et forts augmente à cause d'Internet ? Non, au contraire ! Souvenez-vous : Internet est un moyen, pas une fin. C'est un outil qui favorise un mode d'organisation qui, bien que complexe, n'est pas centralisateur. Au contraire, il donne un pouvoir équitable à chacun de ses utilisateurs, pour autant que nous soyons aptes à l'utiliser intelligemment. Exemple de bon usage qui réduit la fracture sociale : le micro-crédit. Dans de nombreuses régions du monde, les commerçants des métropoles régionales s'entendent sur l'achat des récoltes des paysans. Ainsi, lorsqu'un commerçant arrive dans un village avec un camion pour le remplir de la récolte locale, il dit implicitement aux paysans : ''« vous n'avez pas le choix ! C'est moi qui décide du prix, car je suis le seul à venir dans votre village éloigné pour acheter votre récolte »''. Le commerçant attend que les paysans du village soient au bout du rouleau, qu'ils craquent et acceptent son prix. Depuis l'arrivée des téléphones mobiles et d'Internet, les paysans peuvent maintenant lui répondre : ''« désolé cher commerçant, nous venons de nous renseigner sur le web ou par téléphone. Nous constatons que le prix moyen serait supérieur si nous allions vendre nos denrées en ville par nous-mêmes. Si vous n'acceptez pas notre prix de vente, nous pouvons louer un camion et descendre dans la métropole pour les vendre. Vous ne tenez plus le couteau par le manche. C'est maintenant nous qui décidons. Proposez-nous un prix équitable, c'est la condition pour continuer à commercer avec vous''. Et que vient faire le micro-crédit là-dedans ? Si le paysan a passé son année à préparer sa récolte, bien souvent il n'a plus d'économie au moment de vendre sa récolte pour louer un camion. Il va alors pouvoir contracter un micro-prêt, dit « micro-crédit », pour louer un camion, descendre en ville, vendre sa récolte à un meilleur prix, remonter dans le village et rembourser le micro-prêt. Souvent les téléphones mobiles ou le matériel du cybercafé du village ont, eux aussi, été acheté grâce au micro-crédit.  
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'''Faut-il envoyer des ordinateurs en Afrique ?'''<br />
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Donner un ordinateur, un vieil ordinateur, est-ce toujours utile ? Quand on pense fossé entre info-riches et info-pauvres, on pense tout de suite aux pauvres Africains qui n'ont pas d'ordinateur. L'idée de donner une deuxième vie à un ordinateur, en le confiant à une organisation caritative, est une bonne intention. Elle se heurte néanmoins à plusieurs réalités qui la rendent contre-productive. En Afrique principalement, les ordinateurs finissent très vite dans des décharges, or il n'y a pas d'infrastructures pour le recyclage. Donc on pollue en croyant bien faire. De plus, il y a des intermédiaires qui se servent au passage, bien souvent aux douanes ou avant même le départ.
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Par ailleurs, même si l'on donne un ordinateur à une personne pour un usage en Occident, par exemple une banque qui fait une donation à une ONG caritative, le problème peut rester le même pour le bénéficiaire qui doit payer des professionnels pour identifier les pannes matérielles, reconfigurer l'outil, assurer une maintenance. Sans parler de l'énergie grise, cette énergie consommée qui est difficile à calculer : transport, grosse consommation électrique de vieux ordinateurs avec des processeurs qui surchauffent, etc.
  
Permettre de passer par-dessus les intermédiaires qui se ''sucrent'' sans vraie valeur-ajoutée : voilà un des intérêts fondamentaux d'Internet. C'est dans cet esprit que de nombreuses actions citoyennes ont été mises en place afin de lutter contre la fracture numérique. On les désigne avec les termes suivants : e-inclusion, inclusion socio-digitale, réduction de la fracture numérique, insertion socio-numérique...
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[[Fichier:PC_afrique.jpg |thumb|Luigi Garino CC BY 2.0]]
Dans un premier temps, les initiatives pour réduire cette fracture visaient les personnes qui n'ont pas accès à l'information, les régions isolées, les populations sans les moyens financiers d'accéder aux technologies numériques. Progressivement, les actions d'inclusion numérique visent aussi personnes qui ont des handicaps physiques, les séniors, bref, toutes les communautés. Internet permet aussi de relocaliser l'économie et de préparer ainsi ''l'après pétrole''. Des initiatives d'inclusion numérique se lancent dans toutes les régions et pour tous les buts.
 
  
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== Fracture géopolitique ==
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Le seul facteur économique n'explique pas la mauvaise connexion à internet de certains pays ou certaines régions : certaines administrations en restreignent délibérément l'accès pour juguler la liberté de leurs propres citoyens à s'informer et à s'exprimer. C'est le cas de la Chine qui surveille et limite l'accès à internet de ses citoyens<ref>Article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Censure_d'Internet_en_R%C3%A9publique_populaire_de_Chine ''« Censure d'internet en République populaire de Chine »''], '''Wikipedia'''. (Consulté le 22.07.14).</ref>. De même, en Corée du Nord, l'accès à internet est soumis à autorisation spéciale, principalement pour des buts gouvernementaux<ref>Article [http://en.wikipedia.org/wiki/Internet_in_North_Korea ''« Internet in North Korea »''], '''Wikipedia'''. (Consulté le 22.07.14).</ref>
  
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Même les États-Unis peuvent faire preuve de velléités coercitives à l'encontre de la liberté d'expression, comme en témoigne l'affaire [http://netizen3.org/index.php/Les_lanceurs_d%27alerte Wikileaks]<ref>En 2010, le gouvernement des États-Unis a condamné la publication de documents secrets sur la guerre en Afghanistan, affirmant que cela menaçait la sécurité de soldats américains engagés en Afghanistan. À cet effet, une enquête a été lancée par le Pentagone, afin de retrouver l'origine des informations. Le Pentagone a exigé que WikiLeaks lui remette immédiatement la totalité des 15 000 documents classés « secret défense » qui n'ont pas encore été divulgués et que ceux qui ont déjà été mis en ligne soient détruits. Voir l'article consacré à [http://fr.wikipedia.org/wiki/WikiLeaks ''WikiLeaks''] sur Wikipedia.</ref>.
 
=== Sources iconographiques ===
 
http://www.almin.be/newsletter/pics/almin009-05.gif
 
 
 
http://1.bp.blogspot.com/_TlqOebU2Ank/RbP19iCdnwI/AAAAAAAAAGA/59oIi8TT-fY/s400/fracture-num%C3%A9rique.png
 
 
 
http://artic.ac-besancon.fr/histoire_geographie/BJacquet/cartographie/images/web03.gif
 
 
 
http://civitas.blog.tdg.ch/media/01/02/1623193681.jpg
 
 
=== Sources et notes ===
 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique#Probl.C3.A9matiques
 
 
 
Rapport sur la fracture numérique en Suisse, par la CEAT (MM Vodoz, Steiner, etc) : http://www2.unil.ch/cwp/rap_int_pnr51.pdf
 
 
 
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/internet-monde/fracture-numerique.shtml
 
 
 
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'''Version numérique, à reprendre
 
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Des milliards de dollars sont en effet investis chaque année par gouvernements et institutions parapubliques (fondations, associations) pour tenter d'éviter un nouveau drame social mondial : la fracture numérique, alias le fossé digital (''digital divide'' en anglais).
 
  
Selon les gouvernements et la plupart des grandes ONG qui gèrent des projets de réduction de la fracture, il s'agit d'une fracture entre connectés et déconnectés, entre internautes réguliers et ponctuels, entre webmasters et analphabéTICs (TIC signifie dans le jargon institutionnel "Technologies de l'Information et de la Communication"). Pour cela, ils font appel à des représentants de la « Société Civile » (PME, associations) et leur fournissent des ordinateurs. Ainsi, ils facilitent la connexion au réseau Internet, financent quelques cours de Word et organisent de nombreuses conférences sur la nécessité de réduire la fracture. En marge, ils font une photo d’enfants et de femmes devant les ordinateurs pour justifier l’usage de l’argent, fournissent des chiffres impressionnants, et parfois organisent un forum sur Internet et un site qui va durer quelques années avant de s’arrêter faute de moyens... Et voilà, hop, le tour est joué, il y a eu un « acte visible de réduction de la fracture numérique ».
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Inversement, la connexion relativement correcte en Libye ou en Égypte a soutenu les mobilisations populaires dans le monde arabe en 2010 et 2011, les réseaux sociaux ont permis aux initiatives de se coordonner et aux pratiques d'insurrection de s'affiner, par écran interposé.
  
Pour justifier leurs démarches, ils utilisent des arguments quantitatifs : il y a autant de téléphones à New-York que dans toute l'Afrique. Un ordinateur coûte au moins 4 ans de salaire moyen au Bangladesh et seulement 1 mois salaire moyen en Angleterre. Une entreprise suisse a accès à autant d'informations stratégiques pour ses affaires chaque jour qu'une entreprise de Bolivie en une année. 

Mais, concrètement, est-ce en livrant des technologies qu’on réduit une fracture sociale ?
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== Fracture culturelle ==
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Par fracture culturelle, on entend le décalage entre ancienne et nouvelle manière de penser, provoqué par l'émergence de nouvelles pratiques.  
  
Nous l'avons dit: la vraie fracture est sociale. Elle coupe l’humanité entre une minorité qui contrôle les ressources, et une majorité qui les subit, consommateurs involontaires. Mais les mesures pour réduire cette fracture de manière qualitative ne sont pas des mesures visibles dans l’économie de la panique, modèle de gestion dominant en occident.  
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Dans tout type d'organisation, les hiérarchies peuvent sentir leur autorité menacée par l'omniprésence des médias numériques. On observe alors des réactions de rejet des ressources disponibles sur internet. Par exemple : dans un grand nombre de cursus académiques, Wikipédia est a priori banni comme source valide de références bibliographiques, ce qui traduit une méfiance vis-à-vis de la [http://netizen3.org/index.php/Sagesse_des_foules sagesse des foules]<ref>Voir aussi l'article [http://netizen3.org/index.php/Sagesse_des_foules ''Sagesse des foules'', chapitre 6].</ref>, un concept expliqué dans l'article du même nom.
 
 
=== Encart 1 ===
 
'''Argent public et fracture numérique'''
 
  
Difficile d’utiliser l’argent public pour atteindre des objectifs qualitatifs. Les gouvernements ont besoins de résultats à court terme, de chiffres impressionnants. Mais la fracture est entre ceux qui contrôlent l’information par voie numérique, et ceux qui la subissent. Elle réside entre ceux qui se sentent otages des ordinateurs pour assurer leur avenir professionnel, et ceux qui apprécient ces outils pour devenir plus autonomes dans leur développement général. Elle existe entre les responsables informatiques des grandes organisations et les directions des ces organisations qui ne comprennent pas les enjeux des choix qu’ils doivent faire. Elle se loge enfin entre ceux qui ont compris comment « devenir le média », et ceux qui ne voient dans l’E-communication qu’un système moins cher que la poste.
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Le monde de l'entreprise est également sujet à des réactions de rejet, notamment vis-à-vis des plateformes de réseautage social, perçues comme une perte de productivité plus qu'un potentiel stratégique. Ces blocages sont généralement liés à l'angoisse que suscitent les transitions en cours. En effet, la régulation du monde du travail passe de la culture des heures de présence (primant sur la qualité du service) à la culture du résultat (avec la liberté de gestion des heures de présence).
Cette fracture creuse chaque jour plus les inégalités sociales.  
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Grâce aux outils numériques, le monde du travail est désormais beaucoup plus flexible. Les travailleurs qui réussissent à faire du numérique un allié pour profiter de cette flexibilité sont ainsi plus libres des moyens qu’ils emploient pour atteindre leurs objectifs. La culture internet bouscule les anciennes hiérarchies, basées sur le statut, en mettant en avant les compétences, étayées par des preuves et des résultats<ref>Voir l'article [http://netizen3.org/index.php/Hi%C3%A9rarchie_de_statut,_hi%C3%A9rarchie_de_comp%C3%A9tences ''Hiérarchie de statut et hiérarchie de compétences'', chapitre 5].</ref>. Cette manière de penser a encore du mal à être mise en application par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir, menacés dans leur position au sommet de la pyramide.
Si l’électronique dope les dynamiques, il faut s’assurer que nous dopons une dynamique de construction de la planète, et non de destruction de la planète.
 
  
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Diverses collectivités craignent parfois qu'internet ne soit un vecteur de subversion auprès des populations dont ils ont la responsabilité. Par exemple, en 2012, une municipalité indienne a interdit l'usage des smartphones aux femmes !<ref> [http://globalvoicesonline.org/2012/12/08/women-banned-from-using-mobile-phones-in-indian-villages/ ''Women Banned from Using Mobile Phones in Indian Villages'']. '''Sarah Lakshmi''', GlobalVoices online, (2012).</ref>
  
'''Définitions'''
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== Fracture éducative ==
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Au-delà des moyens techniques, politiques ou économiques qui éloignent certaines populations de la révolution numérique, une éducation inappropriée condamne beaucoup d'internautes à une intégration restreinte à l'écosystème informationnel du réseau.
  
La fracture numérique est une fracture sociale accentuée par les progrès technologiques liés à l'informatique et à Internet. Elle peut être définie comme "l'inégalité dans l'accès et l'usage des technologies numériques."
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Les utilisateurs voient souvent l'utilisation de l'outil informatique comme un obstacle purement technique. Il n'est donc pas rare d'entendre « j'ai fait un cours Word donc je suis à l'aise avec l'informatique ». N’est-ce pas faire preuve d’un manque de vision plus large de l’informatique ? Un réseau d’ordinateurs connectés constituant un réel écosystème, avec non seulement des outils, mais aussi des codes culturels, des normes et des valeurs qui forment un tout en perpétuelle évolution.  
  
Socio Digital inclusion : descriptif de ce que c'est Socio digital inclusion ainsi qu'illiteracy (alphabétisation numérique) et fluidité numérique (digital fluency), les différents niveaux de compétences de l'eculture, avec les médiateurs tout en haut et encore les pilotes en disant que ça se fait partout, etc. Comparatif Wikimedia, Debian (chaque fois des développeurs, membres d'un conseil, etc.)
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Ainsi, une large frange des internautes, même ceux qui en font un usage quotidien, se cantonne à des usages proches d'un média tel que le téléphone, la poste, la radio ou la télévision : ils ne produisent pas, n'interagissent pas avec des communautés ou utilisent leur messagerie électronique pour échanger des fichiers bien trop volumineux...  
  
== Version en ligne ==
+
Même parmi les communautés de spécialistes de l'outil informatique, de nombreux individus ont des comportements inadaptés. Par exemple, certains concepteurs web vendent à leurs clients des sites qui limitent, voire empêchent l'analyse du site par les moteurs de recherche, souvent via l'usage de la technologie Flash de l'éditeur Macromedia. Un site entièrement géré par cette technologie n'est pas, à proprement parler, un site web car la notion de pages n'existe plus : on est dans une application. Par exemple, il peut devenir impossible d'indiquer l'emplacement d'une ressource interne au travers d'un simple lien hypertexte. Il faut alors indiquer à ses correspondants le chemin à parcourir dans l'application pour aboutir à ladite ressource : « Rendez-vous sur la page d'accueil, puis cliquer sur tel lien, ensuite sur tel autre, enfin entrez tels mots dans le formulaire et validez ». C'est non seulement fastidieux, mais cela va également à l'encontre des principes fondateurs d'accessibilité des ressources publiées.
  
=== Reste à faire ===
+
== Fracture générationnelle ==
Théo: synthèse
+
« Ma chérie, dit un père à sa fille de 12 ans, j'ai acheté un logiciel qui filtre les contenus interdits aux mineurs, pour que tu arrêtes de visiter ces sites qui ne sont pas de ton âge. Tu peux m'aider à l'installer s'il te plaît ? »
  
important: de toute façon y a une volonté citoyenne, donc de toute façon ça va dans le bon sens, mais parfois ça frise, voire c'est carrément contre-productif, et souvent ça a un impact faible par rapport aux moyens investis, parce que y a des brides et des déviances involontaires et non anticipées, et ça pose problème
+
Vous avez, vous aussi, vécu le choc entre ceux pour qui internet est naturel, et ceux qui ne se sentent pas à l'aise devant un écran, qui doivent se concentrer pour ne pas faire d'erreurs, qui paniquent dès qu'une fonction change, qui ne connaissent pas les raccourcis, etc.
  
''' Tableau '''
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C'est le principe de fracture entre migrants du numérique et les digital natives. Bien au-delà des questions de manipulation technique, il y a un certain choc intergénérationnel dans la manière de voir le monde, nos croyances et nos pratiques. Heureusement, de nombreuses initiatives permettent de réduire ces fractures. Par exemple, en France, Albertine Meunier organise des ateliers internet avec des femmes de plus de 77 ans : l'opération un thé avec Albertine. Elle filme ces grands-mamans en train de boire le thé en décrivant de manière précise et relax des concepts ardus comme qu'est-ce qu'un hacker ?  Avec ses vidéos sur le web<ref> [http://www.hyperolds.com www.hyperolds.com]</ref>, elle a réussi à motiver un nombre incalculable de seniors de se mettre à l'informatique. Ils apportent ainsi aux jeunes générations leur expérience de vie, pour rester critique face aux médias, affiner leur orthographe, découvrir d'autres cultures, etc.
  
 
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| '''Et la fracture émotionnelle ?'''
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A toutes ces fractures s'ajoute la fracture émotionnelle : ça fait parfois mal, en effet, de se faire planter par ... son ordinateur, ou le réseau. Surtout pendant la rédaction d'un mail de trois kilomètres qu'on n'a pas sauvegardé. La vie numérique, c'est comme l'amour, on fait des erreurs de débutants, et puis on apprend ! Il n'empêche que cela peut en décourager plus d'un. Entre attraction et répulsion, nos cœurs balancent aussi face à la vie virtuelle. Avec internet, c'est parfois je t'aime moi non plus ...
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== Notes et références==
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<references/>

Version actuelle datée du 19 juillet 2017 à 12:14

Notions-clés : fracture numérique, inégalités,fracture économique info-riches, info-pauvres, réseau social, digital native, digital migrant, accès libre, exclusion, sagesse des foules, alphabétisation numérique.

Profils-clés : Wikileaks, Albertine Meunier, Nations-Unies.


Internet est-il une nouvelle source d’inégalités ?

À leurs débuts, l'ordinateur et internet étaient perçus comme des gadgets réservés à une minorité de personnes dont c'était le métier (les informaticiens) et à quelques drôles d'individus qui préféraient bidouiller pendant leur temps libre plutôt que de prendre un bon bol d'air (les hobbyistes). L'informatique et le réseau internet ont, depuis les années 1990, démontré leur caractère essentiel à la vie sociale et économique de chacun d'entre nous, partout dans le monde. La circulation de l'information, souvent gratuite, favorise l'équité des chances et rapproche les personnes. La technologie numérique aide à réduire les différences sociales entre ses utilisateurs. Mais, ô paradoxe, internet a également contribué à creuser l'écart entre utilisateurs et non-utilisateurs du net, amplifiant ainsi certaines inégalités qui préexistaient.

Notons cependant que la société numérique n'a pas encore établi son utilité sociale. Internet doit encore faire ses preuves comme outil de justice sociale. Il ne supplantera sans doute jamais les relations interpersonnelles en face à face, même s'il peut jouer un rôle de facilitation dans bien des circonstances.

On a baptisé fracture numérique l'inégalité d'accès aux nouvelles technologies de l'information. La notion même de fracture numérique est calquée sur celle de fracture sociale. Ceux qui sont du bon côté peuvent en principe disposer d’un accès à internet pour défendre leurs droits et leurs idées, pour s'informer, pour communiquer et même pour augmenter leur pouvoir d'achat (comparateurs de prix, sites de ventes privées à tarifs préférentiels, bons plans, etc.). Les autres connaissent un désavantage supplémentaire à ceux qu'ils subissaient déjà : ils se retrouvent exclus d'une nouvelle dimension de la société, qui leur échappe chaque jour un peu plus.

Dans l'esprit de nombreux individus, la fracture numérique se résume à un accès au réseau inégal entre des régions du monde : entre le Nord, qui est hyperconnecté, et le Sud, qui est encore en dehors du circuit, ou entre les zones urbaines et les zones rurales. Cependant, cette fracture peut prendre plusieurs formes, qui dépassent largement les clivages géoéconomiques. La fracture est surtout sociale : elle crée des sociétés à plusieurs vitesses et une forme d'exclusion se crée ou se renforce.

Cet article recense cinq formes de fractures : économique, géopolitique, culturelle, éducative et générationnelle.


Fracture économique[modifier]

La fracture la plus évidente est économique. On la retrouve à une échelle globale qui montre des disparités gigantesques de connexion entre les pays : au tournant du millénaire, il y avait autant de lignes téléphoniques sur l'île de Manhattan que sur tout le continent africain.[1]

Les victimes de la fracture numérique sont nombreuses, notamment :

  • Les plus pauvres, qui n'ont pas les moyens d'acheter des appareils informatiques ou d'en louer ;
  • Les plus éloignés des centres villes, qui n'ont accès ni au réseau, ni aux cybercafés, et dont personne dans leur entourage ne peut encourager l'usage d'internet ;
  • Les plus âgés, qui n'ont pas encore réussi à s'adapter à ce nouveau fonctionnement social.

Selon le Rapport sur le développement humain 2014 des Nations-Unies[2], les 2,7 milliards d'humains qui sont tout en bas de l’échelle sociale vivent avec moins de 2,5 dollars par jour. A l’opposé, les 85 personnes les plus riches du monde possèdent à elles seules l’équivalent de la richesse des 3,5 milliards d’êtres humains les plus pauvres.

Le manque de moyens empêche une grande partie de la population mondiale d'accéder aux équipements numériques. Les plus pauvres, déjà handicapés par leur faible niveau de vie et le pouvoir qu'acquièrent dès lors sur eux les plus riches, sont les premières victimes de cette nouvelle iniquité : ils sont confrontés à une rareté de l'information. Vu que les nouvelles technologies permettent d'augmenter la qualité et la quantité des communications, les bien connectés sont plus autonomes, plus performants, plus intégrés socialement et professionnellement. Ce meilleur accès aux informations touche non seulement leurs actions quotidiennes mais aussi des situations exceptionnelles. Prenons l'exemple d'un train qui déraille dans une région bien connectée : très rapidement, des transports alternatifs vont être mis en place. Dans une région mal connectée, l'attente va se prolonger, les solutions s'organiseront plus lentement, car l'information circule mal.

Mais une telle disparité existe aussi au niveau local : même une région très bien équipée peut compter des citoyens privés d'accès au réseau pour des raisons économiques. Même à Genève, qui est l'une des capitales du commerce mondial et le siège d'agences des Nations-Unies, vivent des info-pauvres sans ordinateur. Ils ont accès à moins d'informations, moins d'opportunités de travail et ont plus de difficultés à trouver leur place dans la société.

Faut-il envoyer des ordinateurs en Afrique ?
Donner un ordinateur, un vieil ordinateur, est-ce toujours utile ? Quand on pense fossé entre info-riches et info-pauvres, on pense tout de suite aux pauvres Africains qui n'ont pas d'ordinateur. L'idée de donner une deuxième vie à un ordinateur, en le confiant à une organisation caritative, est une bonne intention. Elle se heurte néanmoins à plusieurs réalités qui la rendent contre-productive. En Afrique principalement, les ordinateurs finissent très vite dans des décharges, or il n'y a pas d'infrastructures pour le recyclage. Donc on pollue en croyant bien faire. De plus, il y a des intermédiaires qui se servent au passage, bien souvent aux douanes ou avant même le départ. Par ailleurs, même si l'on donne un ordinateur à une personne pour un usage en Occident, par exemple une banque qui fait une donation à une ONG caritative, le problème peut rester le même pour le bénéficiaire qui doit payer des professionnels pour identifier les pannes matérielles, reconfigurer l'outil, assurer une maintenance. Sans parler de l'énergie grise, cette énergie consommée qui est difficile à calculer : transport, grosse consommation électrique de vieux ordinateurs avec des processeurs qui surchauffent, etc.

Luigi Garino CC BY 2.0

Fracture géopolitique[modifier]

Le seul facteur économique n'explique pas la mauvaise connexion à internet de certains pays ou certaines régions : certaines administrations en restreignent délibérément l'accès pour juguler la liberté de leurs propres citoyens à s'informer et à s'exprimer. C'est le cas de la Chine qui surveille et limite l'accès à internet de ses citoyens[3]. De même, en Corée du Nord, l'accès à internet est soumis à autorisation spéciale, principalement pour des buts gouvernementaux[4]

Même les États-Unis peuvent faire preuve de velléités coercitives à l'encontre de la liberté d'expression, comme en témoigne l'affaire Wikileaks[5].

Inversement, la connexion relativement correcte en Libye ou en Égypte a soutenu les mobilisations populaires dans le monde arabe en 2010 et 2011, où les réseaux sociaux ont permis aux initiatives de se coordonner et aux pratiques d'insurrection de s'affiner, par écran interposé.

Fracture culturelle[modifier]

Par fracture culturelle, on entend le décalage entre ancienne et nouvelle manière de penser, provoqué par l'émergence de nouvelles pratiques.

Dans tout type d'organisation, les hiérarchies peuvent sentir leur autorité menacée par l'omniprésence des médias numériques. On observe alors des réactions de rejet des ressources disponibles sur internet. Par exemple : dans un grand nombre de cursus académiques, Wikipédia est a priori banni comme source valide de références bibliographiques, ce qui traduit une méfiance vis-à-vis de la sagesse des foules[6], un concept expliqué dans l'article du même nom.

Le monde de l'entreprise est également sujet à des réactions de rejet, notamment vis-à-vis des plateformes de réseautage social, perçues comme une perte de productivité plus qu'un potentiel stratégique. Ces blocages sont généralement liés à l'angoisse que suscitent les transitions en cours. En effet, la régulation du monde du travail passe de la culture des heures de présence (primant sur la qualité du service) à la culture du résultat (avec la liberté de gestion des heures de présence). Grâce aux outils numériques, le monde du travail est désormais beaucoup plus flexible. Les travailleurs qui réussissent à faire du numérique un allié pour profiter de cette flexibilité sont ainsi plus libres des moyens qu’ils emploient pour atteindre leurs objectifs. La culture internet bouscule les anciennes hiérarchies, basées sur le statut, en mettant en avant les compétences, étayées par des preuves et des résultats[7]. Cette manière de penser a encore du mal à être mise en application par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir, menacés dans leur position au sommet de la pyramide.

Diverses collectivités craignent parfois qu'internet ne soit un vecteur de subversion auprès des populations dont ils ont la responsabilité. Par exemple, en 2012, une municipalité indienne a interdit l'usage des smartphones aux femmes ![8]

Fracture éducative[modifier]

Au-delà des moyens techniques, politiques ou économiques qui éloignent certaines populations de la révolution numérique, une éducation inappropriée condamne beaucoup d'internautes à une intégration restreinte à l'écosystème informationnel du réseau.

Les utilisateurs voient souvent l'utilisation de l'outil informatique comme un obstacle purement technique. Il n'est donc pas rare d'entendre « j'ai fait un cours Word donc je suis à l'aise avec l'informatique ». N’est-ce pas faire preuve d’un manque de vision plus large de l’informatique ? Un réseau d’ordinateurs connectés constituant un réel écosystème, avec non seulement des outils, mais aussi des codes culturels, des normes et des valeurs qui forment un tout en perpétuelle évolution.

Ainsi, une large frange des internautes, même ceux qui en font un usage quotidien, se cantonne à des usages proches d'un média tel que le téléphone, la poste, la radio ou la télévision : ils ne produisent pas, n'interagissent pas avec des communautés ou utilisent leur messagerie électronique pour échanger des fichiers bien trop volumineux...

Même parmi les communautés de spécialistes de l'outil informatique, de nombreux individus ont des comportements inadaptés. Par exemple, certains concepteurs web vendent à leurs clients des sites qui limitent, voire empêchent l'analyse du site par les moteurs de recherche, souvent via l'usage de la technologie Flash de l'éditeur Macromedia. Un site entièrement géré par cette technologie n'est pas, à proprement parler, un site web car la notion de pages n'existe plus : on est dans une application. Par exemple, il peut devenir impossible d'indiquer l'emplacement d'une ressource interne au travers d'un simple lien hypertexte. Il faut alors indiquer à ses correspondants le chemin à parcourir dans l'application pour aboutir à ladite ressource : « Rendez-vous sur la page d'accueil, puis cliquer sur tel lien, ensuite sur tel autre, enfin entrez tels mots dans le formulaire et validez ». C'est non seulement fastidieux, mais cela va également à l'encontre des principes fondateurs d'accessibilité des ressources publiées.

Fracture générationnelle[modifier]

« Ma chérie, dit un père à sa fille de 12 ans, j'ai acheté un logiciel qui filtre les contenus interdits aux mineurs, pour que tu arrêtes de visiter ces sites qui ne sont pas de ton âge. Tu peux m'aider à l'installer s'il te plaît ? »

Vous avez, vous aussi, vécu le choc entre ceux pour qui internet est naturel, et ceux qui ne se sentent pas à l'aise devant un écran, qui doivent se concentrer pour ne pas faire d'erreurs, qui paniquent dès qu'une fonction change, qui ne connaissent pas les raccourcis, etc.

C'est le principe de fracture entre migrants du numérique et les digital natives. Bien au-delà des questions de manipulation technique, il y a un certain choc intergénérationnel dans la manière de voir le monde, nos croyances et nos pratiques. Heureusement, de nombreuses initiatives permettent de réduire ces fractures. Par exemple, en France, Albertine Meunier organise des ateliers internet avec des femmes de plus de 77 ans : l'opération un thé avec Albertine. Elle filme ces grands-mamans en train de boire le thé en décrivant de manière précise et relax des concepts ardus comme qu'est-ce qu'un hacker ? Avec ses vidéos sur le web[9], elle a réussi à motiver un nombre incalculable de seniors de se mettre à l'informatique. Ils apportent ainsi aux jeunes générations leur expérience de vie, pour rester critique face aux médias, affiner leur orthographe, découvrir d'autres cultures, etc.

Et la fracture émotionnelle ?

A toutes ces fractures s'ajoute la fracture émotionnelle : ça fait parfois mal, en effet, de se faire planter par ... son ordinateur, ou le réseau. Surtout pendant la rédaction d'un mail de trois kilomètres qu'on n'a pas sauvegardé. La vie numérique, c'est comme l'amour, on fait des erreurs de débutants, et puis on apprend ! Il n'empêche que cela peut en décourager plus d'un. Entre attraction et répulsion, nos cœurs balancent aussi face à la vie virtuelle. Avec internet, c'est parfois je t'aime moi non plus ...

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Notes et références[modifier]

  1. Leland Initiative: Africa Global Information Infrastructure Gateway Project, Jeff Bland, (1996).
  2. Rapport sur le développement humain 2014, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), (2014).
  3. Article « Censure d'internet en République populaire de Chine », Wikipedia. (Consulté le 22.07.14).
  4. Article « Internet in North Korea », Wikipedia. (Consulté le 22.07.14).
  5. En 2010, le gouvernement des États-Unis a condamné la publication de documents secrets sur la guerre en Afghanistan, affirmant que cela menaçait la sécurité de soldats américains engagés en Afghanistan. À cet effet, une enquête a été lancée par le Pentagone, afin de retrouver l'origine des informations. Le Pentagone a exigé que WikiLeaks lui remette immédiatement la totalité des 15 000 documents classés « secret défense » qui n'ont pas encore été divulgués et que ceux qui ont déjà été mis en ligne soient détruits. Voir l'article consacré à WikiLeaks sur Wikipedia.
  6. Voir aussi l'article Sagesse des foules, chapitre 6.
  7. Voir l'article Hiérarchie de statut et hiérarchie de compétences, chapitre 5.
  8. Women Banned from Using Mobile Phones in Indian Villages. Sarah Lakshmi, GlobalVoices online, (2012).
  9. www.hyperolds.com