Internet au-delà du petit écran : Différence entre versions

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'''Notions-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/t%C3%A9l%C3%A9vision télévision], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/publicit%C3%A9 publicité], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/passivit%C3%A9 passivité], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/participativit%C3%A9 participativité], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/contribution contribution], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22programmation+neuro-linguistique%22 programmation neuro-linguistique (PNL)],[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/divertissement divertissement], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/information information], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22manipulation+audiovisuelle%22 manipulation audiovisuelle], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/propagande propagande], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22bien+commun%22 bien commun], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22lifetime+value%22 lifetime value], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22lifetime+value%22 télé-réalité].''
  
« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre, pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » C’est avec ces phrases de Patrick Le Lay, prononcée en juillet 2004 alors qu'il était président de la télévision française TF1, que le journaliste d'investigation Christophe Nick s’est demandé jusqu’où pouvait aller la télé. En effet, depuis les années 80 le divertissement sur petit écran ne trouve plus sa force dans la moralité ou l’émotion que dans l’excitation de nos pulsions primitives. Sexe, violence, cruauté, humiliation, le cocktail parfait pour une audience assujettie à une logique économique plus que culturelle. Prochaine étape sur vos écrans HD ? Peut-être la mort en direct.
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'''Profils-clés :''' ''[https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/TF1 TF1], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22Christophe+Nick%22 Christophe Nick], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22Sigmund+Freud%22 Freud], [https://groups.diigo.com/group/e_culture/content/tag/%22Channel+4%22 Channel 4].''
  
=== Voyeurisme ===
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''«&nbsp;Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre, pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible&nbsp;»''. Cette phrase, désormais célèbre, a été écrite par Patrick Le Lay, alors qu'il était président de la chaîne de télévision française TF1<ref>Patrick Le Lay. ''Les Dirigeants face au changement''. Éditions du Huitième jour. 2004.</ref>. Le journaliste d'investigation Christophe Nick en fait le titre d'un documentaire « Le temps de cerveau disponible »<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=lidJiW-VF48 ''Le temps de cerveau disponible''], de Christophe Nick, réalisé par Jean-Robert Viallet et diffusé sur France 2 en 2010.</ref>, dans lequel il analyse les dérives télévisuelles.
  
« La question qui se pose est celle-ci : sommes-nous des trafiquants d’émotions fortes ? Sommes-nous des courtiers en chair encore tiède ? Avons-nous raison de vous montrer ce que vous n’auriez jamais dû ou pu voir ? Avons-nous raison de penser qu’une civilisation se termine et qu’une autre commence ? Les faits sont là. Il est certain que jamais les images n’ont eu aucune importance qu’en ce moment. Autrefois c’est vous qui faisiez les images, et maintenant ce sont les images qui vous font. » Ces mots ont été prononcés par un journaliste en 1957. Ils prouvent que la télévision a toujours été consciente de son pouvoir de nuisance. Cela ne l’a pas empêché de devenir nuisible.
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La télévision ne pose pas problème en tant qu’outil technologique, ce qui indigne ses contradicteurs ce sont les intérêts qu'elle sert désormais. Parce qu’après une courte phase de soumission au pouvoir politique, le petit écran est passé sous le contrôle quasi exclusif des as du marketing, c’est-à-dire des prescripteurs de comportements que sont les publicitaires. Ces derniers suivent les théories issues du marketing américain, la «&nbsp;lifetime value&nbsp;»&nbsp;<ref>Article [http://en.wikipedia.org/wiki/Customer_lifetime_value ''Customer lifetime value''], Wikipedia (consulté le 11.01.2016).</ref>. Il s’agit de fidéliser les consommateurs à des marques et de les conditionner à suivre des modèles comportementaux qui les rendront d’autant plus contrôlables – eux et leur pouvoir d’achat.  
  
Après la privatisation des années 80, la téléréalité est la deuxième révolution dans l’histoire de la télévision française. Avec la téléréalité, toutes les transgressions deviennent possibles. On élimine, on humilie et on s’exhibe en même temps. Le dispositif est conçu pour que ces transgressions soient vécues pour de vrai. Chaque participant est sommé de repousser tous les interdits. Contrairement aux mécanismes d’exhibition et de voyeurisme des années 80 et 90, les diffuseurs de téléréalité ne se contentent plus de la parole. Ils exigent des passages à l’acte. Les candidats doivent vivre en direct et en prime time tout ce qui pourra satisfaire leurs propres pulsions. C’est le spectacle du sexe, des larmes, de la violence. Ces passages à l’acte renouvelés entraînent les candidats vers des comportements de plus en plus régressifs. La domination de l’autre et le narcissisme, la cupidité et le cynisme deviennent les valeurs dominantes. Pour les adolescents, très nombreux à regarder la téléréalité, l’identification aux héros de ces émissions fonctionne à la perfection. Les passages à l’acte des candidats, estampillés du fameux « vu à la télé », deviennent pour eux une norme valable, des faits et gestes parfaitement imitables.
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Lorsqu'on parle de programmes télévisuels, ne faudrait-il pas plutôt parler de « programmation neuro-linguistique » (alias PNL, discipline de la communication verbale) ? Comment les slogans publicitaires parviennent-ils à reprogrammer notre cerveau avec de nouvelles croyances, de nouveaux besoins ? Les spécialistes du marketing connaissent parfaitement les moindres rouages de notre mémoire. Ils excellent dans l’art de la persuasion inconsciente. Par exemple : pourquoi le rythme des images est-il particulièrement élevé dans les pages de publicité ? Parce que la fréquence des coupes renforce la mémorisation (même si cet artifice de vente mobilise beaucoup d’énergie pour le spectateur, qui a tendance à épuiser son cerveau). Pourquoi avez-vous envie d’acheter une voiture coûteuse après un message effrayant de la prévention routière ? Parce que, dans la foulée du clip, on vous a passé une publicité pour une superbe berline avec des airbags dernier cri...
  
Toutes les sociétés ont toujours été faites, quelles qu’elles fussent, animistes, impériales, monarchiques, etc., elles ont toujours mis en place des dispositifs de contrôle des pulsions. Et là on peut se dire qu’on est arrivé à un point de l’histoire de l’humanité extrêmement inquiétant, moi je ne crois pas qu’il ait jamais existé une société qui prôna, de cette manière-là, l’exploitation des pulsions.
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==Voyeurisme  ==
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Depuis les années 1980, le divertissement sur petit écran tire moins sa force dans la moralité ou l’émotion que dans l’excitation de nos pulsions primitives. Sexe, violence, cruauté, humiliation, le cocktail parfait à destination d’une audience assujettie à une logique économique plus que culturelle.
  
Le problème ce n’est pas la télévision en soi. C’est la télévision telle qu’elle est passée sous le contrôle du marketing des produits de consommation. Avant, elle était sous le contrôle du pouvoir politique, c’était un problème évidemment. Mais aujourd’hui elle est sous le contrôle des prescripteurs de comportement que sont les publicitaires. Et ce que visent les publicitaires c’est essentiellement, selon des théories qui viennent du marketing américain d’ailleurs, de ce que l’on appelle la « lifetime value », qui vise à fidéliser des consommateurs à des marques, à des modèles comportementaux, pour pouvoir contrôler leur comportement et leur pouvoir d’achat le plus longtemps possible.
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Pour démontrer à quel point les producteurs d’émissions de radio et télévision ont toujours été conscients des manipulations médiatiques possibles, Christophe Nick  commence son documentaire, « [https://www.youtube.com/watch?v=lidJiW-VF48 Le temps de cerveau disponible] », par l’extrait d’une émission de 1957, dans lequel un présentateur fixe la caméra en prenant les téléspectateurs à parti:
  
Dès lors que la télévision brise le respect de l’intégrité physique, dès lors qu’elle nous repense, nous re-fabrique, elle se rapproche de l’ultime transgression.  
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''«&nbsp;La question qui se pose est celle-ci&nbsp;: sommes-nous des trafiquants d’émotions fortes&nbsp;? Sommes-nous des courtiers en chair encore tiède&nbsp;? Avons-nous raison de vous montrer ce que vous n’auriez jamais dû ou pu voir&nbsp;? Avons-nous raison de penser qu’une civilisation se termine et qu’une autre commence&nbsp;? Les faits sont là. Il est certain que jamais les images n’ont eu autant d’importance qu’en ce moment. Autrefois, c’est vous qui faisiez les images et maintenant ce sont les images qui vous font».
  
=== Nos bas instincts réveillés par la TV  ===
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Après la privatisation des années 1980, la télévision française connaît une deuxième révolution avec la télé-réalité. La télé-réalité est une révolution dans notre rapport à l'écran et aux informations qu'il propose. Toutes sortes de transgressions deviennent alors possibles ! Le temps est venu de l’élimination mutuelle, de l’humiliation, de l’exhibition, au sein d’un dispositif conçu pour que ces transgressions soient bien réelles. Les participants sont invités à repousser tous les interdits. Contrairement aux mécanismes d’exhibition et de voyeurisme des années 1980 et 1990, les producteurs et diffuseurs de télé-réalité ne se contentent plus de la parole, mais exigent des passages à l’acte. Ceux-ci, encouragés et renouvelés, entraînent les candidats vers des comportements de plus en plus régressifs et pulsionnels. Brutalité, narcissisme, cupidité et cynisme, les valeurs dominantes de la télé-réalité se propagent au sein de la société. De fait, pour de très nombreux adolescents qui regardent ces émissions, le phénomène d’identification fonctionne à merveille. Le passage à l’acte et la libération des instincts, légitimés par l’estampille du vu à la télé, ont été banalisés et ont suscité une imitation massive et décomplexée, pour reprendre un adjectif très en vogue dans la première décennie du nouveau siècle.
  
En 1920, Freud découvre qu’un être humain est constitué par deux types de pulsions. Ce qu’il appelle les pulsions de vie et les pulsions de mort. Les pulsions de vie c’est des pulsions érotique, c’est des pulsions qui cherchent à s’unir à l’autre et finalement à engendrer du vivant. Mais en même temps l’être vivant est attiré par la mort. Parce que vivre c’est fatiguant, vivre c’est une épreuve, et donc il y a chez tous les êtres vivants, dit Freud, en même temps une pulsion de vie et une pulsion de mort. Si on admet que la télévision est ce qui exploite systématiquement les pulsions et qui les délie pour pouvoir les exploiter, alors ça veut dire que, ces pulsions ne pouvant plus être liées, elles se déchaînent. Et évidemment, inévitablement, on voit d’abord se déchaîner les pulsions de vie, c'est-à-dire tout ce qui est de l’ordre du sexuel, etc. et à un moment donné on voit apparaître des pulsions de mort, qui sont des pulsions de destruction.  
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Les sociétés d'antan – animistes, impériales, monarchiques, etc – ont toujours mis en place des dispositifs de contrôle de nos bas instincts. Fait sans doute unique dans l'histoire, la nôtre célèbre le libre assouvissement des pulsions et leur exploitation.
  
C’est en Grande-Bretagne, sur Channel 4, que les programmateurs sont allés le plus loin : la dissection de véritables cadavres, le samedi soir.  
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[[Fichier:Mix et Remix - Pensée unique.jpeg|600x600px|vignette|centré|La pensée unique]]
  
Ces pratiques d’exploitation de la mise en scène de la mort à la télévision, qui sont véritablement horrifiques, on aurait dit il y a encore très peu de temps diabolique, elles trouvent leur terrain à la fois avec la satisfaction de la pulsion de mort mais en même temps dans la nécessité de mettre en scène. Parce qu’il faut mettre en scène d’abord, une civilisation met toujours la mort en scène d’abord, d’une manière ou d’une autre. Et là, le faire en l’exploitant commercialement, c'est-à-dire que c’est une mise en scène totalement commerciale, tout comme la marchandise est mise en scène dans les galeries marchandes, est évidemment au service en quelque sorte du contraire de ce pourquoi est en principe fait la mise en scène de la mort, à savoir le respect de la mort.
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==Pulsions de vie et de mort==
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En 1920, Sigmund Freud a postulé que l’être humain était habité par deux types de pulsions qu’il a appelées pulsions de vie et pulsions de mort<ref>Article [http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pulsions_(psychanalyse)&oldid=105169554 « Pulsion (psychanalyse) »], Stipendia (consulté le 11.01.2016).</ref>. Les pulsions de vie sont, en substance, les pulsions érotiques, qui conduisent à l’union avec l’autre et ''in fine'' à engendrer du vivant. Mais, parce que vivre est une entreprise fatigante, voire une épreuve, il existe chez tous les êtres vivants, explique Freud, une pulsion de mort concomitante à la pulsion de vie.
  
Début 2010, Channel 4 a lancé un appel à candidature. Elle recherche un malade, en phase terminale, pour le filmer jusqu’à sa momification.
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En encourageant les pulsions à se délier, littéralement à se « déchaîner », la télévision explore et exploite donc, en toute logique, des territoires intensément sexuels (pulsion de vie) et destructeurs (pulsion de mort). À ce jour, c’est en Grande-Bretagne, sur la chaîne privée Channel 4, que les programmateurs sont allés le plus loin en proposant la dissection filmée de véritables cadavres, le samedi soir. La même chaîne a lancé en 2010 un appel à candidatures : ses producteurs recherchaient un malade en phase terminale pour le filmer jusqu’à sa momification.  
  
Ce que les gens qui font ça sont en train de faire, c’est détruire la société. Ils sont en train de détruire toute confiance, ils sont en train de détruire les relations entre les individus, les parents, les enfants, donc tous les modèles d’autorité. Ils produisent de l’incontrôlable, ils produisent des individus « désaffectés », ils produisent de la guerre civile, ça ne peut que conduire à une hyper-violence.
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Ce qui est ici à l’œuvre n’est rien de moins que la destruction des fondations sociales et humaines sur lesquelles s’est lentement bâtie la civilisation. La destruction de la confiance, la destruction des relations entre les individus, entre parents et enfants, la destruction en conséquence de tous les modèles d’autorité. Ce qui engendre, inévitablement, des populations atomisées, «&nbsp;désaffectées&nbsp;», incontrôlables. Ce modèle de gouvernement par l’instinct produit de l’hyper-violence, ferment de la guerre civile.<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=lidJiW-VF48 Le temps de cerveau disponible], documentaire de Christophe Nick, réalisé par Jean-Robert Viallet, diffusé sur France 2 en 2010.</ref>.
  
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[[Fichier:Mix et remix manipulation.png|700x700px|vignette|centré|La manipulation par les médias]]
  
''Adapté du Documentaire TV "le temps de cerveaux disponible" écrit par Christophe
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==Passifs devant l'écran ==
Nick.''
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Des études montrent que, lorsque nous regardons la télé, nous sommes en fait anesthésiés et plongés dans un état de relaxation. Les changements de plans entraînent biologiquement une baisse du rythme cardiaque. Chez les téléspectateurs disposant de grands écrans, la baisse du rythme cardiaque s’avère plus intense<ref>Byron Reeves, Annie Lang, Eun Young Kim, Deborah Tatar. ''[http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/s1532785xmep0101_4#.U9DgvPl_uSp Les effets de la taille des écrans et du contenu des messages sur l’attention et l’état d’éveil]''. Media Psychologie, vol. 1, n° 1, pp. 49-67. 1999, cité dans Sébastien Bohner. ''150 petites expériences de psychologie des médias''. Dunod, Paris. 2008.</ref>. Cet effet physique est produit par un « réflexe d’orientation », une expression qui désigne notre adaptation naturelle aux milieux visuels changeants : le ralentissement du rythme cardiaque et l’afflux de sang au cerveau entraînerait notamment une mobilisation de l’attention vers la nouveauté.
  
[http://www.mefeedia.com/watch/31604589 Vidéo]
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Ce ralentissement cardiaque expliquerait aussi notre état de « bien-être » devant la télévision, dû au rythme élevé des coupes. D’où la difficulté que l’on éprouve de s’en extraire par la suite. Cela demande un effort que l’on ressent comme une forme de torpeur... Dès lors, on peut considérer, sans exagérer, que la télévision s’attaque à l’intégrité psychique et physique des individus.
  
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Selon des statistiques françaises, 87&nbsp;% des enfants d’âge scolaire passent au minimum deux heures par jour devant la télévision. Or, la passivité ainsi induite s'oppose directement au bon développement de l'enfant, comme l’explique Anne Jeger, psychologue clinicienne à Lausanne (Suisse)<ref>Cité par Daniela Wittwer. ''La télévision n'est pas un jeu d'enfant''. ''La Liberté'', 3 novembre 2010.</ref>&nbsp;:
  
=== Encart: Les enfants devant la télé ===
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''L'enfant passif devant un écran ingurgite des messages et des images qui transmettent des valeurs et des croyances véhiculées dans les émissions regardées. Si ses parents sont absents, il va faire siennes ces valeurs. Car l'enfant se construit en s'identifiant et en imitant les modèles qu'il rencontre. Les médias influencent sa pensée, sa représentation du monde et celle des autres (gentils/méchants). Image simpliste du monde et perception tronquée d'une réalité qui est nuancée dans la vraie vie. On sait aujourd'hui qu'il suffit de vingt minutes d'exposition aux images cathodiques pour que les ondes cérébrales bêta, caractéristiques de l'état de veille, se transforment en ondes alpha qui nous rendent vulnérables aux suggestions.''
  
Selon des statistiques française, 87% des enfants en âge de scolarité passent au minimum deux heures par jour devant la télévision. Or, explique Anne Jeger, psychologue clinicienne à Lausanne, la passivité du téléspectateur s'oppose au bon développement de l'enfant. Ses commentaires : ''L'enfant passif devant un écran ingurgite des messages et des images qui transmettent des valeurs et des croyances véhiculées dans les émissions regardées. Si ses parents sont absents, il va faire siennes ces valeurs. Car l'enfant se construit en s'identifiant et en imitant les modèles qu'il rencontre. Les médias influencent sa pensée, sa représentation du monde et celle des autres (gentils/méchants). Image simpliste du monde et perception tronquée d'une réalité qui est nuancée dans la vraie vie. On sait aujourd'hui qu'il suffit de vingt minutes d'exposition aux images cathodiques pour que les ondes cérébrales bêta caractéristiques de l'état de veille se transforment en ondes alpha qui nous rendent vulnérables aux suggestions. Devant un écran, l'enfant entre dans un monde qui est de toute façon virtuel puisqu'il passe à travers une image. Les images ont un pouvoir excitant sur lui et captent son attention. La TV empêche de prendre des initiatives, de s'ennuyer – ce qui est essentiel pour développer sa maison intérieure, son imagination, sa créativité – et rend dépendant. Les effets sont sidérants: fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, isolement social, obésité voire agressivité et violence. Et même si certaines émissions sont instructives, il manque des échanges et du contact pour élaborer et confronter sa pensée. Car sans pensée critique, pas d'esprit critique et de recul sur les évènements télévisuels et les évènements de la vie. Quand à la violence, elle a toujours existé. Elle fait partie de nous. Elle se réveille quand elle est stimulée, provoquée. Et que se passe-t-il dans la tête d'un enfant quand il reste des heures devant un écran à regarder passivement des personnes se brutaliser et s'entretuer? Cette violence s'imprègne inévitablement dans son cerveau et génère de la peur... Et la peur génère la violence. Le monde est donc perçu comme menaçant et angoissant avec tous les autres symptômes qui en découlent.''
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''&nbsp;Devant un écran, l'enfant entre dans un monde qui est de toute façon virtuel puisqu'il passe à travers une image. Les images ont sur lui un pouvoir excitant et captent son attention. La télévision empêche de prendre des initiatives, de s'ennuyer – ce qui est essentiel pour développer sa maison intérieure, son imagination, sa créativité – et rend dépendant. Les effets sont sidérants&nbsp;: fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, isolement social, obésité voire agressivité et violence.''
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''&nbsp;Et même si certaines émissions sont instructives, il manque des échanges et du contact pour élaborer et confronter sa pensée. Car sans pensée critique, pas de recul sur les événements télévisuels et les événements de la vie. Quant à la violence, elle a toujours existé. Elle fait partie de nous. Elle se réveille quand elle est stimulée, provoquée. Et que se passe-t-il dans la tête d'un enfant quand il reste des heures devant un écran à regarder passivement des personnes se brutaliser et s'entretuer&nbsp;? Cette violence s'imprègne inévitablement dans son cerveau et génère de la peur... Et la peur génère la violence. Le monde est donc perçu comme menaçant et angoissant, avec tous les autres symptômes qui en découlent.&nbsp;»''
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== La télé et internet : deux niveaux d’attention différents ==
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Personne n’oblige ainsi les Italiens à regarder les chaînes de télévision de Berlusconi, ni les Français à rester plantés plusieurs heures d’affilée devant TF1. Face à l’intoxication télévisuelle servie par quelques groupes dominant l’économie, c’est donc à chacun de prendre ses responsabilités ! Faute de quoi nous ne sommes que les complices de notre propre intoxication, via notre penchant à la passivité.
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Par ailleurs, le mode de fonctionnement de la télévision reste par essence inéquitable&nbsp;: une station émet, produit&nbsp;; le téléspectateur reçoit, consomme, voire subit.
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Il en va tout autrement sur internet, un média où l'on peut choisir soi-même ses programmes (ses vidéos, ses émissions en streaming et, plus largement, ses lectures). Car à la différence des médias presse, radios et TV, sur internet, l’information peut circuler de manière :
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* '''Décentralisé&nbsp;:''' pas de centre de décision unique, chacun décide de son destin numérique&nbsp;;
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* '''Asynchrone&nbsp;: '''chacun agit à son rythme – une option que la télévision commence à proposer avec des émissions à la carte ou la possibilité d’interrompre provisoirement un programme diffusé en direct&nbsp;
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* '''Persistante&nbsp;:''' les traces sont durables, ce qui facilite la transparence et complique la gestion des informations ; 
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* '''Multilatérale&nbsp;:''' elle permet les échanges entre groupes d’utilisateurs, ce qui n’est pas le cas de la télévision.
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Si on rajoute l’'''instantanéité''', cela donne ''cinq propriétés du numérique''<ref>Voir l'article [http://netizen3.org/index.php/Les_propri%C3%A9t%C3%A9s_fondamentales_du_num%C3%A9rique Les propriétés fondamentales du numérique], chapitre 1.</ref>. Et cela change tout. Le consommateur d'images, via la télévision, devient un ''télespect'acteur'' via le net.
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Il est incontestable qu’internet peut engendrer les mêmes vices et dérives que la télévision (comme peut en témoigner l'essor de la pornographie). Mais le web, à la différence de la télévision, a pour vocation de sortir l’internaute de son seul rôle de consommateur et de faire de lui un «&nbsp;acteur&nbsp;» de son écosystème d’information. De nombreux sites, sans but lucratif, sont motivés par le seul plaisir de partager un savoir de qualité. Leurs concepteurs accueillent ainsi à bras ouverts les connaissances des internautes qui leur permettront d’améliorer leur contenu. ET sans publicité lorsque c'est possible.
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Finalement, les médias unidirectionnels et servant des intérêts privés tels que la plupart des radios, télévisions et journaux ne sont-ils pas voués à disparaître ? En 2015, cette question est au centre des préoccupations de la profession. Parallèlement, les médias multidirectionnels servant le bien commun ne sont-ils pas amenés à devenir la référence pour nos services d’information ?
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== Notes et références ==
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Version actuelle datée du 18 juillet 2017 à 14:53

Notions-clés : télévision, publicité, passivité, participativité, contribution, programmation neuro-linguistique (PNL),divertissement, information, manipulation audiovisuelle, propagande, bien commun, lifetime value, télé-réalité.

Profils-clés : TF1, Christophe Nick, Freud, Channel 4.


« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre, pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ». Cette phrase, désormais célèbre, a été écrite par Patrick Le Lay, alors qu'il était président de la chaîne de télévision française TF1[1]. Le journaliste d'investigation Christophe Nick en fait le titre d'un documentaire « Le temps de cerveau disponible »[2], dans lequel il analyse les dérives télévisuelles.

La télévision ne pose pas problème en tant qu’outil technologique, ce qui indigne ses contradicteurs ce sont les intérêts qu'elle sert désormais. Parce qu’après une courte phase de soumission au pouvoir politique, le petit écran est passé sous le contrôle quasi exclusif des as du marketing, c’est-à-dire des prescripteurs de comportements que sont les publicitaires. Ces derniers suivent les théories issues du marketing américain, la « lifetime value » [3]. Il s’agit de fidéliser les consommateurs à des marques et de les conditionner à suivre des modèles comportementaux qui les rendront d’autant plus contrôlables – eux et leur pouvoir d’achat.

Lorsqu'on parle de programmes télévisuels, ne faudrait-il pas plutôt parler de « programmation neuro-linguistique » (alias PNL, discipline de la communication verbale) ? Comment les slogans publicitaires parviennent-ils à reprogrammer notre cerveau avec de nouvelles croyances, de nouveaux besoins ? Les spécialistes du marketing connaissent parfaitement les moindres rouages de notre mémoire. Ils excellent dans l’art de la persuasion inconsciente. Par exemple : pourquoi le rythme des images est-il particulièrement élevé dans les pages de publicité ? Parce que la fréquence des coupes renforce la mémorisation (même si cet artifice de vente mobilise beaucoup d’énergie pour le spectateur, qui a tendance à épuiser son cerveau). Pourquoi avez-vous envie d’acheter une voiture coûteuse après un message effrayant de la prévention routière ? Parce que, dans la foulée du clip, on vous a passé une publicité pour une superbe berline avec des airbags dernier cri...

Voyeurisme[modifier]

Depuis les années 1980, le divertissement sur petit écran tire moins sa force dans la moralité ou l’émotion que dans l’excitation de nos pulsions primitives. Sexe, violence, cruauté, humiliation, le cocktail parfait à destination d’une audience assujettie à une logique économique plus que culturelle.

Pour démontrer à quel point les producteurs d’émissions de radio et télévision ont toujours été conscients des manipulations médiatiques possibles, Christophe Nick commence son documentaire, « Le temps de cerveau disponible », par l’extrait d’une émission de 1957, dans lequel un présentateur fixe la caméra en prenant les téléspectateurs à parti:

« La question qui se pose est celle-ci : sommes-nous des trafiquants d’émotions fortes ? Sommes-nous des courtiers en chair encore tiède ? Avons-nous raison de vous montrer ce que vous n’auriez jamais dû ou pu voir ? Avons-nous raison de penser qu’une civilisation se termine et qu’une autre commence ? Les faits sont là. Il est certain que jamais les images n’ont eu autant d’importance qu’en ce moment. Autrefois, c’est vous qui faisiez les images et maintenant ce sont les images qui vous font».

Après la privatisation des années 1980, la télévision française connaît une deuxième révolution avec la télé-réalité. La télé-réalité est une révolution dans notre rapport à l'écran et aux informations qu'il propose. Toutes sortes de transgressions deviennent alors possibles ! Le temps est venu de l’élimination mutuelle, de l’humiliation, de l’exhibition, au sein d’un dispositif conçu pour que ces transgressions soient bien réelles. Les participants sont invités à repousser tous les interdits. Contrairement aux mécanismes d’exhibition et de voyeurisme des années 1980 et 1990, les producteurs et diffuseurs de télé-réalité ne se contentent plus de la parole, mais exigent des passages à l’acte. Ceux-ci, encouragés et renouvelés, entraînent les candidats vers des comportements de plus en plus régressifs et pulsionnels. Brutalité, narcissisme, cupidité et cynisme, les valeurs dominantes de la télé-réalité se propagent au sein de la société. De fait, pour de très nombreux adolescents qui regardent ces émissions, le phénomène d’identification fonctionne à merveille. Le passage à l’acte et la libération des instincts, légitimés par l’estampille du vu à la télé, ont été banalisés et ont suscité une imitation massive et décomplexée, pour reprendre un adjectif très en vogue dans la première décennie du nouveau siècle.

Les sociétés d'antan – animistes, impériales, monarchiques, etc – ont toujours mis en place des dispositifs de contrôle de nos bas instincts. Fait sans doute unique dans l'histoire, la nôtre célèbre le libre assouvissement des pulsions et leur exploitation.

La pensée unique

Pulsions de vie et de mort[modifier]

En 1920, Sigmund Freud a postulé que l’être humain était habité par deux types de pulsions qu’il a appelées pulsions de vie et pulsions de mort[4]. Les pulsions de vie sont, en substance, les pulsions érotiques, qui conduisent à l’union avec l’autre et in fine à engendrer du vivant. Mais, parce que vivre est une entreprise fatigante, voire une épreuve, il existe chez tous les êtres vivants, explique Freud, une pulsion de mort concomitante à la pulsion de vie.

En encourageant les pulsions à se délier, littéralement à se « déchaîner », la télévision explore et exploite donc, en toute logique, des territoires intensément sexuels (pulsion de vie) et destructeurs (pulsion de mort). À ce jour, c’est en Grande-Bretagne, sur la chaîne privée Channel 4, que les programmateurs sont allés le plus loin en proposant la dissection filmée de véritables cadavres, le samedi soir. La même chaîne a lancé en 2010 un appel à candidatures : ses producteurs recherchaient un malade en phase terminale pour le filmer jusqu’à sa momification.

Ce qui est ici à l’œuvre n’est rien de moins que la destruction des fondations sociales et humaines sur lesquelles s’est lentement bâtie la civilisation. La destruction de la confiance, la destruction des relations entre les individus, entre parents et enfants, la destruction en conséquence de tous les modèles d’autorité. Ce qui engendre, inévitablement, des populations atomisées, « désaffectées », incontrôlables. Ce modèle de gouvernement par l’instinct produit de l’hyper-violence, ferment de la guerre civile.[5].

La manipulation par les médias

Passifs devant l'écran[modifier]

Des études montrent que, lorsque nous regardons la télé, nous sommes en fait anesthésiés et plongés dans un état de relaxation. Les changements de plans entraînent biologiquement une baisse du rythme cardiaque. Chez les téléspectateurs disposant de grands écrans, la baisse du rythme cardiaque s’avère plus intense[6]. Cet effet physique est produit par un « réflexe d’orientation », une expression qui désigne notre adaptation naturelle aux milieux visuels changeants : le ralentissement du rythme cardiaque et l’afflux de sang au cerveau entraînerait notamment une mobilisation de l’attention vers la nouveauté.

Ce ralentissement cardiaque expliquerait aussi notre état de « bien-être » devant la télévision, dû au rythme élevé des coupes. D’où la difficulté que l’on éprouve de s’en extraire par la suite. Cela demande un effort que l’on ressent comme une forme de torpeur... Dès lors, on peut considérer, sans exagérer, que la télévision s’attaque à l’intégrité psychique et physique des individus.

Selon des statistiques françaises, 87 % des enfants d’âge scolaire passent au minimum deux heures par jour devant la télévision. Or, la passivité ainsi induite s'oppose directement au bon développement de l'enfant, comme l’explique Anne Jeger, psychologue clinicienne à Lausanne (Suisse)[7] :

L'enfant passif devant un écran ingurgite des messages et des images qui transmettent des valeurs et des croyances véhiculées dans les émissions regardées. Si ses parents sont absents, il va faire siennes ces valeurs. Car l'enfant se construit en s'identifiant et en imitant les modèles qu'il rencontre. Les médias influencent sa pensée, sa représentation du monde et celle des autres (gentils/méchants). Image simpliste du monde et perception tronquée d'une réalité qui est nuancée dans la vraie vie. On sait aujourd'hui qu'il suffit de vingt minutes d'exposition aux images cathodiques pour que les ondes cérébrales bêta, caractéristiques de l'état de veille, se transforment en ondes alpha qui nous rendent vulnérables aux suggestions.

 Devant un écran, l'enfant entre dans un monde qui est de toute façon virtuel puisqu'il passe à travers une image. Les images ont sur lui un pouvoir excitant et captent son attention. La télévision empêche de prendre des initiatives, de s'ennuyer – ce qui est essentiel pour développer sa maison intérieure, son imagination, sa créativité – et rend dépendant. Les effets sont sidérants : fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, isolement social, obésité voire agressivité et violence.

 Et même si certaines émissions sont instructives, il manque des échanges et du contact pour élaborer et confronter sa pensée. Car sans pensée critique, pas de recul sur les événements télévisuels et les événements de la vie. Quant à la violence, elle a toujours existé. Elle fait partie de nous. Elle se réveille quand elle est stimulée, provoquée. Et que se passe-t-il dans la tête d'un enfant quand il reste des heures devant un écran à regarder passivement des personnes se brutaliser et s'entretuer ? Cette violence s'imprègne inévitablement dans son cerveau et génère de la peur... Et la peur génère la violence. Le monde est donc perçu comme menaçant et angoissant, avec tous les autres symptômes qui en découlent. »

La télé et internet : deux niveaux d’attention différents[modifier]

Personne n’oblige ainsi les Italiens à regarder les chaînes de télévision de Berlusconi, ni les Français à rester plantés plusieurs heures d’affilée devant TF1. Face à l’intoxication télévisuelle servie par quelques groupes dominant l’économie, c’est donc à chacun de prendre ses responsabilités ! Faute de quoi nous ne sommes que les complices de notre propre intoxication, via notre penchant à la passivité.

Par ailleurs, le mode de fonctionnement de la télévision reste par essence inéquitable : une station émet, produit ; le téléspectateur reçoit, consomme, voire subit. Il en va tout autrement sur internet, un média où l'on peut choisir soi-même ses programmes (ses vidéos, ses émissions en streaming et, plus largement, ses lectures). Car à la différence des médias presse, radios et TV, sur internet, l’information peut circuler de manière :

  • Décentralisé : pas de centre de décision unique, chacun décide de son destin numérique ;
  • Asynchrone : chacun agit à son rythme – une option que la télévision commence à proposer avec des émissions à la carte ou la possibilité d’interrompre provisoirement un programme diffusé en direct 
  • Persistante : les traces sont durables, ce qui facilite la transparence et complique la gestion des informations ;
  • Multilatérale : elle permet les échanges entre groupes d’utilisateurs, ce qui n’est pas le cas de la télévision.

Si on rajoute l’instantanéité, cela donne cinq propriétés du numérique[8]. Et cela change tout. Le consommateur d'images, via la télévision, devient un télespect'acteur via le net.

Il est incontestable qu’internet peut engendrer les mêmes vices et dérives que la télévision (comme peut en témoigner l'essor de la pornographie). Mais le web, à la différence de la télévision, a pour vocation de sortir l’internaute de son seul rôle de consommateur et de faire de lui un « acteur » de son écosystème d’information. De nombreux sites, sans but lucratif, sont motivés par le seul plaisir de partager un savoir de qualité. Leurs concepteurs accueillent ainsi à bras ouverts les connaissances des internautes qui leur permettront d’améliorer leur contenu. ET sans publicité lorsque c'est possible.

Finalement, les médias unidirectionnels et servant des intérêts privés tels que la plupart des radios, télévisions et journaux ne sont-ils pas voués à disparaître ? En 2015, cette question est au centre des préoccupations de la profession. Parallèlement, les médias multidirectionnels servant le bien commun ne sont-ils pas amenés à devenir la référence pour nos services d’information ?

Notes et références[modifier]

  1. Patrick Le Lay. Les Dirigeants face au changement. Éditions du Huitième jour. 2004.
  2. Le temps de cerveau disponible, de Christophe Nick, réalisé par Jean-Robert Viallet et diffusé sur France 2 en 2010.
  3. Article Customer lifetime value, Wikipedia (consulté le 11.01.2016).
  4. Article « Pulsion (psychanalyse) », Stipendia (consulté le 11.01.2016).
  5. Le temps de cerveau disponible, documentaire de Christophe Nick, réalisé par Jean-Robert Viallet, diffusé sur France 2 en 2010.
  6. Byron Reeves, Annie Lang, Eun Young Kim, Deborah Tatar. Les effets de la taille des écrans et du contenu des messages sur l’attention et l’état d’éveil. Media Psychologie, vol. 1, n° 1, pp. 49-67. 1999, cité dans Sébastien Bohner. 150 petites expériences de psychologie des médias. Dunod, Paris. 2008.
  7. Cité par Daniela Wittwer. La télévision n'est pas un jeu d'enfant. La Liberté, 3 novembre 2010.
  8. Voir l'article Les propriétés fondamentales du numérique, chapitre 1.